Comté de Saint-Pol

Le comté de Saint-Pol (Saint-Pol-sur-Ternoise) correspond au pays du Ternois, région comprise dans le département du Pas-de-Calais entre l'Artois et la Picardie. Il tire son nom de sa capitale, Saint-Pol-sur-Ternoise, qui était à son origine une forteresse composée de deux châteaux très élevés, séparés par un fossé large et profond.

Comté de Saint Pol

fin du Xe siècle  1787/1790

Le comté de Saint Pol dans les Pays-Bas Bourguignons
Informations générales
Statut principauté féodale
Capitale Saint-Pol-sur-Ternoise

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Histoire

Jusqu'en 965, le Ternois fait partie du pagus Teruanensis. Celui-ci paraît alors avoir été démembré : la partie septentrionale, y compris la ville épiscopale de Thérouanne, fut conservée par les comtes de Flandre, qui la divisèrent en deux châtellenies, dont les chefs-lieux étaient Thérouanne et Saint-Omer ; et dès le milieu du XIe siècle, la partie méridionale de l'ancien pagus fut tenue en fief des comtes de Flandre par un comte qui prenait habituellement, du lieu de sa résidence, le titre de comte de Saint-Pol. Ce comte est aussi parfois désigné sous celui de « comte de Ternois » (équivalent français de Teruanensis). De là la restriction du nom de Ternois à ce comté, qui ne comprenait pourtant pas la capitale de l'ancien pagus[1].


Le comté émerge peu à peu sur les ruines de plusieurs pagi et dans une zone de limite entre les mouvances féodales du comté de Boulogne, de celui de Flandre et de leurs dépendances plus ou moins imbriquées. La région est dépendante de la puissance flamande, mais sans qu'on soit forcément face à une vassalité institutionnalisée. Les comtes bénéficient ainsi d'une situation de marge qui leur permet de se tailler un territoire couvrant un arc de cercle de près de 80 km de long entre le Ponthieu, l'Amiénois et le Vermandois[2].

À la fin du XIIe siècle, le comté de Saint-Pol est mouvant de celui de Boulogne[3]., même si le comte de Saint-Pol fait régulièrement hommage au comte de Flandre, quand il peut en tirer profit. Il passe à la maison de Châtillon en 1205, après la mort de Hugues IV. Élisabeth Campdavaine (ou Campdavène, Candavène), sa fille et héritière, avait épousé Gauthier de Châtillon[4],[5]. Ces deux dynasties établissent un pouvoir territorial assez fort et durable, reposant notamment sur l'exercice de la justice et l'émission de nombreuses chartes[6].

Le comté de Saint-Pol, tout comme les comtés de Boulogne et de Guînes, entra dans la mouvance de l'Artois, et, à l'exception des territoires qui furent temporairement occupés par l'Angleterre, ils suivirent ses destinées[7].

À la fin du XIVe siècle, le comté passe dans les mains de la maison de Luxembourg, avec un passage éphémère sous le sceptre d'une branche cadette des Valois-Bourgogne. L'avènement de cette dynastie en Artois, en 1384, provoque en effet la mise sous tutelle du comté, encore plus sensible avec le traité d'Arras en 1435. Le comté de Saint-Pol est alors entièrement cerné par des fiefs bourguignons, et en tant qu'arrière-fief du comté de Boulogne, il est vassal du duc. Le conflit entre Louis XI et Charles le Téméraire est une formidable opportunité pour les Luxembourg qui jouent alors des oppositions pour tenter de se tailler une principauté. Louis de Luxembourg, connétable de France, est le plus brillant représentant de cette politique, même si sa chute fut finalement fatale à la dynastie. Ses héritiers sont privés de leurs terres et le comté est placé sous séquestre de la couronne pendant deux ans entre 1475 et 1477. La dernière des Luxembourg, Marie, fut finalement mariée à un prince français relativement médiocre, François de Bourbon-Vendôme, chef d'une des branches les plus éloignées de la dynastie capétienne. Survivant de plus de cinquante ans à celui-ci, c'est cependant elle qui gouverna le comté pendant la première moitié du XVIe siècle. À sa mort, en 1547, les droits sur le comté passent directement à sa petite-fille Marie de Bourbon, mariée par la suite à Léonor d'Orléans-Longueville.

À partir de la mort du connétable de Saint Pol, en effet le comté est l'objet de conflits systématiques. Il se retrouve au cœur de la rivalité entre les Habsbourg et les Valois en raison de sa situation. Presque entièrement enclavé dans le comté d'Artois, il est réclamé par les deux puissances : les Valois en le considérant comme un fief mouvant du comté de Boulogne, les Habsbourg comme un fief mouvant du comté d'Artois. Il est donc régulièrement ravagé et occupé par Charles Quint, François Ier, Henri II puis Philippe II d'Espagne. Le comté change ainsi très régulièrement de mains et les Bourbon-Saint Pol furent à l'occasion dédommagés par d'autres fiefs, comme le comté de Montfort. Le conflit ne fut finalement réglé qu'au XVIIe siècle avec l'annexion progressive de l'Artois par la France.

Marie d'Orléans-Longueville succéda, l'an 1694, à Charles-Louis, son frère, appelé l'abbé de Longueville, dans le comté de Saint-Pol et ses autres domaines qu'il avait hérités de Charles-Paris, son frère, et dont la régie avait été commise à des curateurs. Marie ne garda point le comté de Saint-Pol. Elle le vendit, par contrats des 15 et , à Elisabeth de Lorraine-Lillebonne, veuve de Louis Ier de Melun, prince d'Épinoy dans l'Artois. Cette vente occasionna un long débat entre les fermiers des domaines du Boulonnais et ceux de l'Artois pour les droits de relief ; les uns soutenant que le comté de Saint-Pol relevait de Boulogne, les autres prétendant qu'il était mouvant de l'Artois, comme étant dans la gouvernance d'Arras. Le procès fut à la fin terminé, par arrêt du conseil du mois de , en faveur des derniers. De cette dernière date à la création des départements en 1790, le comté de Saint-Pol fut donc intégré au comté d'Artois[8].

Notes

  1. Auguste Longnon, Étude sur les pagi de la Gaule, librairie A. Franck, Paris, 1869, p. 51-52
  2. J.F. Nieus, Un pouvoir comtal entre Flandre et France : Saint-Pol, 1000-1300, Bruxelles, de Boek, , p. 13-14
  3. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. I, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981) (lire en ligne)
  4. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 268.
  5. J.F. Nieus, op. cit., p. 109 et sqq..
  6. J.F. Nieus, op. cit. et Ibid., Les chartes des comtes de Saint-Pol (XIe-XIIIe siècles), Turnhout, Breppols, 2008
  7. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 267-268.
  8. Nicolas Viton de Saint-Allais, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles et Agricole Joseph François Xavier Pierre Esprit Simon Paul Antoine, marquis de Fortia d'Urban, L'Art de vérifier les dates..., vol. 17, (lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

  • Portail du Moyen Âge
  • Portail du Nord-Pas-de-Calais
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.