Charles Rigault de Genouilly
Charles Rigault de Genouilly, né le [1] à Rochefort (Charente-Inférieure) et mort le à Paris, est un amiral français qui fut ministre de la Marine sous le Second Empire. Il mena une expédition maritime de colonisation en Chine puis au Vietnam. Il fut élevé à la dignité d'amiral de France et fait grand-croix de la Légion d'honneur. Il fut l'un des fondateurs de la Société des secours aux naufragés à laquelle il légua la plus grosse partie de sa fortune[2].
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Biographie
Charles Rigault de Genouilly est le fils d'un ingénieur maritime, Jean-Charles Rigault de Genouilly, ainsi que le neveu de l'amiral Claude Mithon de Senneville de Genouilly. Il entre dans la Marine comme aspirant après avoir intégré l'École polytechnique en 1825. Il participe aux affaires de Grèce, au forcement de l'entrée du Tage, à la prise d'Ancône où il pénètre le premier dans la citadelle.
En juillet 1841, à trente-quatre ans - avancement exceptionnel à cette époque - Rigault de Genouilly, promu capitaine de frégate (le grade de capitaine de corvette n'existant pas alors) est affecté au Dépôt des cartes et des plans, ancêtre du service hydrographique pour y travailler à la traduction d'un Routier des Antilles qui sera finalement publié en 1843.
Il commande la corvette La Victorieuse lors de la bataille de Tourane contre la marine du royaume du Vietnam en 1847. Nommé capitaine de vaisseau à l'âge relativement précoce de quarante-et-un ans, il se distingue en commandant le premier vaisseau mixte, le Charlemagne, lors de ses essais, en 1851.
Lors du bombardement de Sébastopol, en 1855, il commande les batteries de la marine débarquées à terre : son action lui vaut une certaine célébrité auprès du grand public, les étoiles de contre-amiral, et un siège au Conseil d'Amirauté. Lors du siège, il dut la vie sauve à l'action de l'enseigne de vaisseau Charles-Édouard Hibert, qui fut blessé à sa place[3].
En 1857, il est nommé commandant d'une expédition en Chine, projetée depuis plusieurs années, mais retardée par les événements de Crimée. Son action, concertée avec les Britanniques, va se borner à quelques coups de force périphériques, faute de moyens suffisants. Les canonnières de l'expédition franco-britannique forcèrent l'entrée défendue par les forts de Taku et remontèrent la Hai He (appelé Pei-Ho par les Européens) jusqu'à Tianjin[4]. Après l'entrée des alliés à Tianjin, un traité de paix est finalement signé, le 27 juin 1858, sans toutefois régler véritablement la question. Pourtant, le 8 août 1858, Rigault de Genouilly est promu vice-amiral, et nommé commandant en chef du corps expéditionnaire dans les mers de Chine. Il décide alors de se porter vers l'Annam. Henri Rieunier, futur amiral et ministre de la marine, fut l'un des plus proches et des plus fidèles de ses officiers au cours des campagnes de Crimée, Chine, Cochinchine et lors de la guerre franco-prussienne.
Le 30 août, son escadre mouille devant Tourane (l'actuelle Đà Nẵng) ; deux jours plus tard, un ultimatum est adressé à l'empereur Tu-Duc, mais demeure sans réponse. Rigault tente un débarquement, s'empare facilement de Tourane, mais, faute de matériel adapté et d'hommes, il doit renoncer à attaquer la capitale, Hué, et il est même contraint de se retirer. Il décide alors de changer de stratégie et d'attaquer la Basse-Cochinchine, grenier à riz du royaume. Le 17 février, il parvient à prendre Saïgon. Mais la nouvelle des mécomptes des Européens en Chine parvient à la cour de Hué et renforce la résolution des Annamites. Épuisé par le climat, Rigault abandonne son commandement au contre-amiral Page ; ce dernier est contraint d'évacuer Tourane et concentra ses faibles ressources dans Saïgon qu'il déclara port franc et où il ne laissa sur place qu'une petite garnison de moins de 800 Français sous les ordres du capitaine de vaisseau d'Ariès secondé par le colonel espagnol Gutierrez qui commandait 200 hommes de Manille, avant que l'amiral Page, avec toutes les forces dont il disposait, se mette aux ordres de l'amiral Charner pour prendre part à la guerre de Chine qui recommençait. La ville de Saïgon, sans l'amiral Page, pendant près d'un an, va subir les assauts répétés de l'armée annamite, jusqu'à l'arrivée providentielle de l'expédition Charner. Nommé sénateur à son retour en France, il est décoré de la médaille militaire.
Après cette expédition, Rigault offre une cloche chinoise aux Missions étrangères de Paris au nom du corps expéditionnaire français à Canton qui sera placée dans le Jardin des Missions étrangères en 1873.
Peu importe la relativité des succès militaires de Rigault de Genouilly. Le personnage, ambitieux et orgueilleux, sait tourner les choses à son avantage : « Je dois maintenir et je maintiens que j'ai pris Saïgon, que je ne l'ai point abandonné, qu'il n'a pas été à reprendre, et que c'est moi qui ai donné Saïgon à la France », écrit-il, en 1862, dans une lettre personnelle au ministre de la Marine pour se plaindre de certains de ses détracteurs. Rigault de Genouilly a aussi ses défenseurs, parmi lesquels l'amiral Hamelin, les maréchaux Pélissier et Canrobert; on lit ses bulletins aux Tuileries, on le dit très proche de l'impératrice…
Le 27 janvier 1864, Rigault de Genouilly est élevé à la dignité d'amiral de France et le 20 janvier 1867, nommé ministre de la Marine en remplacement de Prosper de Chasseloup-Laubat. Grâce à la confiance personnelle de Napoléon III, il parvient à surmonter toutes les tourmentes de la fin de l'Empire (Émile Ollivier aurait voulu le remplacer par l'amiral Jurien de la Gravière). En 1865, il accepte la présidence de la Société centrale de sauvetage des naufragés, constituée à l'initiative du peintre de marine Théodore Gudin[5]
Lorsque éclate la guerre franco-prussienne, Rigault de Genouilly paralyse son administration par ses hésitations : il souhaiterait commander en personne la flotte expéditionnaire en Allemagne. Le 7 août 1870, après les premières défaites françaises en Alsace et en Lorraine, cherchant à prendre le commandement de la défense de Paris, Rigault de Genouilly, ministre de la marine, avait fait décider par la régente, l'impératrice Eugénie, que les équipages de la flotte non utilisés pour le service de mer seraient appelés à Paris et exclusivement chargés de la défense des forts de Romainville, de Noisy, de Rosny, d'Ivry, de Bicêtre, de Montrouge, ainsi que des batteries de Montmartre et de Saint-Ouen et qu'une flottille, formée de bateaux légers et de canonnières, opérerait sur la Seine. Après avoir démissionné - à cause de ces difficultés d'organisation - le 4 septembre 1870, il quitte aussitôt Paris pour suivre une cure dans les Pyrénées (la rumeur prétendra l'avoir localisé à Barcelone sans doute parce que c'était un port) et se retire chez lui, à Paris, où il vit ses dernières années, soigné par ses neveux.
Il meurt au 4 rue d'Anjou à Paris le dimanche 4 mai 1873 à 4 h du soir, des suites de fièvres, vraisemblablement consécutives au paludisme, contracté en Indochine . Ses obsèques sont célébrées aux frais de l’État le vendredi 9 mai à midi en l’église des Invalides et, selon ses dernières volontés, il est inhumé au cimetière de Rochefort (Charente-Inférieure), sa ville natale, après que son corps fut déposé provisoirement (en attendant l'achèvement du caveau) dans la chapelle des Marins de l'église Saint-Louis de Rochefort à partir du 10 mai jusqu'au 30 juillet.
Références
- au 91 rue des Fonderies (devenue en 1899 rue de la République)
- [cf. le legs à la caisse des Invalides d'une somme de 140 000 francs placée en rente sur l'État dont le revenu est affecté au paiement des pensions viagères de 100 francs à de simples matelots retraités pour blessures reçues devant l'ennemi ou en service commandé, et à défaut, à des matelots retraités pour cause d'infirmité contractées sur les bâtiments de l'État - décret d'acceptation du 20 août 1873].
- « Dossier de l'ordre de la Légion d'honneur de Charles Édouard Hibert », base Léonore, ministère français de la Culture.
- Discours prononcé sur la tombe de M. Edmond Ploix, le 22 août 1879 par Mr L.Gaussin (ingénieur hydrographe), impr. de Cerf et fils (Versailles),1879 sur Gallica.
- Baron Gudin, « Souvenirs du baron Gudin, peintre de la marine (1820-1870) , publiés par Edmond Béraud », sur Gallica, (consulté le ), p. 17 et suiv.
Bibliographie
- Jean-Philippe Zanco, Dictionnaire des ministres de la marine 1689-1958 [détail des éditions]
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, 2002, p. 451-452
- Hervé Bernard, La Conquête de la Cochinchine, dossier paru dans le magazine du Second Empire Napoléon III no 18, mars-avril-mai 2012.
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Charles Rigault de Genouilly (1807-1873) de Gy-les-Nonains au Ministère de la Marine, en passant par la mer de Chine
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