Charles-Marie Himmer

Charles-Marie Himmer, né le à Dinant (Belgique) et mort le à l'abbaye de Soleilmont (Fleurus, Belgique), est un prêtre belge du diocèse de Namur[1].

Charles-Marie Himmer

Charles-Marie Himmer en 1949.
Biographie
Nom de naissance Carlos Himmer
Naissance
à Dinant
Ordination sacerdotale à Namur par Mgr Thomas-Louis Heylen
Décès
à l'Abbaye Notre-Dame de Soleilmont près de Fleurus
Évêque de l’Église catholique
Consécration épiscopale à Tournai
Dernier titre ou fonction Évêque émérite de Tournai
Évêque de Tournai

Fide et Spiritu Sancto (La Foi et l'Esprit-Saint)
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Ordonné prêtre le à Namur, il est nommé évêque de Tournai le , avant d'être sacré évêque (le 98e) le . Le , il devient évêque émérite de Tournai.

Biographie

« Ce n'est pas le travail qui fait mourir. Le fait de rester en activité m'a aidé à bien vieillir. Et aussi une vie sans excès où la prière a sa place ». Ces paroles, Mgr Himmer les adressait, en , à un journaliste lors d'une interview, et l'on peut dire qu'elles traduisent l'exacte vérité.

Depuis ses années d'adolescence jusqu'au jour de sa mort, Carlos Himmer n'a cessé, et sans compter, de donner le meilleur de lui-même en réponse à l'appel du Seigneur qu'il avait entendu à la fin de ses humanités gréco-latines au collège Notre-Dame de Bellevue, en sa ville natale. Enfant d'une famille d'industriels, la question des rapports entre le patronat et le travail sera souvent présente à son esprit.

D'autre part, ses années de séminaire à Rome l'ouvriront définitivement à l'amour de Dieu et des hommes. Doué au surplus d'une vitalité physique et psychique peu ordinaire (sa facilité de récupération après des moments où on le croyait épuisé, a toujours étonné son entourage), Carlos Himmer était de l'étoffe dont on fait les grands évêques.

Après avoir conquis à l'Université Grégorienne les doctorats en philosophie et théologie, il est ordonné prêtre à Namur, le par Mgr Heylen, et nommé presque aussitôt vicaire à Beauraing[2] (où son grand-père maternel était né). Cette désignation fut pour lui l'occasion d'une détente dont il sentait le besoin. Porté par tempérament à l'action et soucieux de contacts humains, les études prolongées qu'il avait faites commençaient à lui peser, et il pouvait confier à Pierre Wilvers qui l'interrogeait à ce sujet: « J'ai vécu, comme vicaire à Beauraing, la vie d'un prêtre de paroisse; ce qui, pour un jeune prêtre ayant fait des études supérieures, représentait le comble de l'espérance. Pendant deux ans, j'ai vécu dans le contact direct avec les gens. J'ai partagé leurs souffrances, leurs problèmes » (La Cité, 14-). C'est au cours de son vicariat qu'il s'initiera aux œuvres naissantes de la jeunesse d'action catholique qu'il avait déjà appris à connaître lors du Congrès A.C.J.B. à Charleroi, les 20 et .

En 1929, il est envoyé au Petit Séminaire de Floreffe comme professeur de philosophie. Dans la ligne tracée par le cardinal Mercier, il y préconise l'étude d'un thomisme ouvert aux philosophies modernes et susceptible d'aborder de front réalités et problèmes actuels. Sous son impulsion, l'usage du latin sera abandonné dans l'enseignement donné aux séminaristes pour faire place au français.

L'abbé Himmer continue cependant à s'occuper activement et avec succès des mouvements de jeunes si bien qu'en 1944, l'évêque de Namur, Mgr Charue, le décharge de son professorat pour lui confier la direction des œuvres de jeunesse catholique dans le diocèse, ainsi que l'organisation de l'École sociale de Namur, sans parler des cours qu'il donnera au Grand Séminaire sur les enjeux et les méthodes de l'Action catholique.

Il y a quelques années, Mgr Himmer se réjouissait encore des premières expériences qu'il avait faites en ce domaine au cours desquelles il avait trouvé, disait-il, un des axes majeurs de son apostolat, et il se plaisait souvent à déclarer « J'ai pratiqué à plein la méthode de Cardijn : voir, juger, agir. J'y suis resté fidèle, et j'y crois toujours ». En , il est nommé chanoine honoraire de la cathédrale Saint-Aubain, et son évêque, Mgr Charue, songe déjà à lui pour le remplacer sur le siège épiscopal de Namur.

À Pâques de l'année 1948, Carlos Himmer est appelé à remplir les fonctions de supérieur au Petit Séminaire de Floreffe où il succéda au chanoine Kaisin. Ces fonctions, il ne les assumera que durant quelques mois - le temps, tout de même, d'y créer une chapelle d'hiver dont il était fier - car à la fin de cette même année 1948, il était élu évêque de Tournai, ainsi que la radio l'annoncera, le , au journal parlé de 13 h.

Évêque de Tournai

On devine les angoisses du nouvel évêque en apprenant sa nomination. Le diocèse de Tournai n'était guère comparable à celui de Namur ; la déchristianisation y était plus poussée ; les problèmes socio-économiques s'y posaient de manière plus urgente ; le palais épiscopal avait été entièrement détruit lors de l'incendie de Tournai en , et la cathédrale elle-même était toujours en cours de restauration. Mais celui qui va désormais s'appeler Mgr Charles-Marie Himmer décide de « croire à la parole de Dieu tout en s'abandonnant à l'Esprit-Saint », choisit comme devise épiscopale Fide et Spiritu Sancto, et consacre sa première lettre pastorale de Carême à La Foi et l'Esprit-Saint. « Ce n'est pas moi, dira-t-il, qui viens à Tournai, mais le Christ qui vient avec moi ».

Sacré en la cathédrale, le , Charles-Marie Himmer succédait à Mgr Étienne Carton de Wiart (décédé le ), et devenait ainsi le 98e évêque de Tournai (et non le cent-troisième, comme l'ont écrit la plupart des journaux). Ce que fut son épiscopat, la lecture de ses Lettres Pastorales (13 tomes et un total de près de trois mille pages) le dit suffisamment ; quelques points forts y émergent régulièrement, au fil des années : apostolat des laïcs ; problème social ; presse et radio-diffusion ; vocations ; clergé ; enseignement chrétien ; églises africaines ; pastorale sacramentaire ; communauté d'entraide ; Vatican II ; réforme liturgique ; structures diocésaines pour le monde d'aujourd'hui ; émigrants ; paix.

Pointons rapidement, en suivant l'ordre chronologique, quelques événements marquants d'un épiscopat qui devait s'étendre sur 28 années.

Ce fut d'abord, en 1949, la campagne en faveur de la restauration des locaux du Grand Séminaire.

En 1950, premières difficultés lors de la Question royale ; Mgr Himmer se voit forcé, dans une note très brève mais incisive, de prendre position à l'occasion d'une lettre confidentielle adressée, en , à Jean Duvieusart, alors ministre des Affaires économiques et des Classes moyennes, par le chanoine Jean Dermine, directeur général des œuvres du diocèse de Tournai ; cette lettre qui n'était pas destinée à être publiée l'avait pourtant été, à la suite d'une manœuvre peu délicate, dans La Nouvelle Gazette, la veille même de la Consultation populaire, et comme cette lettre se montrait fort critique à l'égard du roi Léopold III, l'évêque de Tournai, se voulant l'interprète de la majorité de ses fidèles diocésains, avait tenu à marquer son désaccord à ce propos. Par contre, lorsque dans la suite le cardinal Van Roey proposera aux évêques belges de signer une lettre collective faisant l'apologie inconditionnelle du roi, Mgr Himmer ne se prêta pas à ce désir si bien que finalement le cardinal se résigna à la publier sous sa seule signature.

Le , furent publiés les nouveaux statuts diocésains.

1952 fut, dans le diocèse, une «année sociale»[2] qui connut un réel succès notamment lors du grand rassemblement de Charleroi, le . Dans cette même ligne, l'attention de l'évêque se porta, dans les années qui suivirent sur Le problème du logement en Hainaut (), La menace de fermeture qui pèse sur quelques charbonnages du Borinage () et L'avenir économique du Borinage ().

En 1954, ce sera l'« année mariale », et le grand pèlerinage à Bonne-Espérance ().

1955 sera centré sur la Sauvegarde de l'enseignement chrétien () et la division du diocèse en régions pastorales.

Le eut lieu au charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle la terrible catastrophe minière qui secoua profondément l'opinion publique belge. Après avoir passé plusieurs jours, pendant l'attente éprouvante pour les familles, à soutenir celles-ci[3] - en particulier italiennes, car il avait gardé de ses études à Rome la pratique de cette langue -, Mgr Himmer publia à cette occasion une lettre pastorale sur la Sécurité dans les mines ().
Cette même année, l'évêque de Tournai entreprit, au mois de novembre, à la demande de quelques vicaires apostoliques, un voyage de trois semaines en Afrique centrale (Congo belge et Ruanda-Urundi) qui devait plus encore élargir ses horizons et être à l'origine d'appels régulièrement répétés auprès de son clergé diocésain afin que des prêtres puissent se mettre généreusement au service des populations africaines. Ces appels furent entendus et un collège, principalement desservi par des prêtres du diocèse de Tournai, fut même créé en 1958 à Kitega au Burundi.

Dans cette même perspective toujours et dans le souci de rappeler aux fidèles de son diocèse les exigences, sur tous les plans, d'un véritable esprit de mission, l'évêque de Tournai décida de consacrer la réunion prosynodale de au Rôle missionnaire et apostolique de la paroisse.

Du 21 au et du 6 au , Mgr Himmer organisa à Tournai deux colloques groupant des évêques de toute l'Europe centrale, et portant sur L'Évangélisation du monde ouvrier et les Processus de déchristianisation du monde ouvrier.

Durant les années 1962-1965, l'Évêque de Tournai consacra la majeure partie de son temps et de ses forces aux travaux du Concile dont il communiquait régulièrement, de Rome, les résultats au clergé et aux fidèles du diocèse. Il fera lui-même partie de la Commission chargée de préparer le Décret sur la charge pastorale des évêques dans l'Église (Christus Dominus, ), et on ne peut douter - c'est lui-même qui l'a rapporté - qu'il fut particulièrement heureux de voir inscrire au chapitre 2 de ce Décret la déclaration qui suit: « Dans la transmission de la doctrine, que les évêques manifestent la sollicitude de l'Église à l'égard de tous les hommes, fidèles ou non, et qu'ils accordent en particulier attention aux pauvres et aux petits que le Seigneur les a envoyés évangéliser ». Durant tout le Concile, il participa aussi à un groupe non officiel (qui sera appelé « Église servante et pauvre ») se réunissant chaque semaine, et qui s'était donné pour tâche de sensibiliser l'ensemble des évêques conciliaires au problème de la pauvreté dans l'Église et à son ouverture aux pauvres eux-mêmes. Ce petit groupe qui comprenait, entre autres, Mgr Helder Camara, Mgr Ancel, Mgr Huyghe, et, à titre d'experts, les Pères Chenu et Congar, eut une influence certaine sur l'orientation finale de Vatican II, au point même que Mgr Himmer a pu voir dans la pauvreté la clef de la constitution Gaudium et Spes.

La sensibilisation de l'évêque de Tournai au problème de la pauvreté dans l'Église et dans le monde s'accentuera encore lors de sa participation, en , au Congrès eucharistique de Bombay (où il fut en quelque sorte confronté avec la misère des populations du tiers monde), et lors de plusieurs autres voyages au Zaïre où il put saluer les quatorze prêtres diocésains de Tournai qui, depuis son premier appel, étaient venus se mettre au service des jeunes les plus démunis. La lettre pastorale Partage avec les pays pauvres () fit écho à ces préoccupations.

La mise en œuvre du Concile (réforme liturgique - réorganisation du clergé et des circonscriptions diocésaines - ouverture au monde d'aujourd'hui et aux pauvres, etc.) occupa les années suivantes.

Quelques dates sont ici à relever :

  • , création du premier Conseil presbytéral; fondation par la Conférence épiscopale de Belgique du Séminaire Cardijn, à Jumet, pour les vocations ouvrières; installation à Louvain du Séminaire Saint-Paul pour le premier cycle de formation des séminaristes du diocèse de Tournai ;
  • , instauration du Conseil pastoral ;
  • , ordination en l'église Saint-Joseph à La Louvière, du premier diacre permanent, le Dr Albert Geerts.

Au début de l'année 1971, l'évêque de Tournai eut le plaisir d'annoncer à ses diocésains le huitième centenaire de sa cathédrale, et c'est lui qui prononça l'homélie de circonstance le jour des grandes festivités, le dimanche . Quelques mois plus tard, il dut entrer en clinique pour y subir une opération chirurgicale suivie d'une convalescence qui fut à la fois longue et pénible. Mgr Himmer en porta quelque peu le contre-coup et ses lettres pastorales (La paix dans le monde - La semaine de l'émigrant - La pastorale scolaire, etc.) se firent plus courtes dans les années 1972, 1973 et 1974, sans toutefois que son zèle apostolique et missionnaire en soit en rien diminué.

En 1974 notamment, il jettera les bases, à Rilima, dans le sud du Rwanda, d'un nouveau collège destiné à accueillir les jeunes réfugiés du Burundi.

En 1975, la question se posa d'une division éventuelle du diocèse de Tournai. Mgr Himmer y consacra toute son attention et eut recours en cette occasion à une consultation diocésaine qui trancha pour la négative.

Retraite

Le , l'évêque de Tournai eut à Rome un entretien privé avec le pape Paul VI au cours duquel il présenta sa démission, une démission motivée par l'âge et les prescriptions édictées à ce sujet par le Concile. À lire ses dernières lettres pastorales, on pouvait déjà deviner que cette démission avait été acceptée ; ces lettres ont pour titre: L'Après-Concile () et L'Avenir du diocèse ().

Le , Mgr Himmer annonçait lui-même au peuple chrétien la nomination de son successeur, Mgr Jean Huard, et prenait congé des fidèles dans une lettre, assez émouvante, qu'il intitula Adieu au diocèse () et qui fut elle-même suivie d'une Lettre au clergé qui se présente comme un vibrant et affectueux merci à tous ses collaborateurs. En cette même année 1977, l'ancien évêque de Tournai se retira à l'abbaye Notre-Dame de Soleilmont où il eut à cœur de présider aux offices religieux et de communiquer à la communauté des sœurs trappistines le meilleur de sa doctrine et de son expérience religieuse, non sans se rendre toutefois et bien souvent (en vélo-moteur aussi longtemps qu'il put le faire) à Beauraing pour prêter son concours aux organisateurs des cérémonies et aux pèlerins eux-mêmes. Ces dernières prestations devaient lui valoir de la part de quelques Namurois malicieux l'appellation d'Évêque de Beauraing.

En 1984, un problème cardiaque nécessita son hospitalisation à l'Hôpital de Gilly où il rédigea le texte du très beau testament spirituel qui a heureusement été reproduit sur son souvenir mortuaire.

Mgr Charles-Marie Himmer est décédé à Soleilmont le à trois heures du matin. Ses funérailles furent célébrées à la cathédrale de Tournai, le 15[2], suivies elles-mêmes de l'inhumation au pied du cénotaphe gardant mémoire de tous ceux qui l'avaient précédé. Après un laps de 160 années, son corps repose à présent (puisque l'article 27 de la loi du le permet désormais) auprès du dernier évêque de Tournai officiellement inhumé en la cathédrale, le , Mgr Jean-Joseph Delplancq.

Blason

Blasonnement : D'or au chevron de sable chargé d'une rose du champ

Distinctions

vraisemblablement pour son attitude extrêmement généreuse en faveur de la communauté italienne de son diocèse et en particulier lors du drame du Bois du Cazier à Marcinelle en 1956.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

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