Chapelle Saint-Martin du Beuvray

La chapelle Saint-Martin est une chapelle catholique située au sommet du mont Beuvray dans le massif du Morvan en France, édifiée entre le XIe et le XIIIe siècle et en ruines aux XVIIe et XVIIIe siècles.

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Chapelle Saint-Martin

La croix et la nouvelle chapelle Saint-Martin.
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire saint Martin
Type Chapelle
édifice actuel : oratoire
Rattachement abbaye Saint-Symphorien d'Autun
Début de la construction entre le XIe et le XIIIe siècle
Autres campagnes de travaux 1876 : construction d'une nouvelle chapelle
Style dominant 1876 : néo-roman
Date de démolition en ruines au XVIIe siècle, vestiges au XVIIIe siècle
Géographie
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Saône-et-Loire
Commune Saint-Léger-sous-Beuvray
Lieu-dit la Chaume (mont Beuvray)
Coordonnées 46° 55′ 16″ nord, 4° 02′ 12″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : Nièvre
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté

Elle est située sur l'emplacement d'un temple gallo-romain de la cité éduenne de Bibracte, érigé au début de notre ère. En 376, l'évangélisateur Martin de Tours y aurait détruit des idoles païennes. Le site conserve une présence religieuse et rituelle de l'Antiquité à aujourd'hui et accueille d'importantes foires durant plusieurs siècles. Une nouvelle chapelle est édifiée en 1873.

Près du monument actuel figurent une croix monumentale, aussi érigée en l'honneur de saint Martin en 1851 et qui succède à une croix en bois plus ancienne, ainsi que les vestiges de la fontaine Saint-Martin, un lieu de rites plus ancien.

Localisation

La chapelle est située au lieu-dit la Chaume, sur le territoire de la commune de Saint-Léger-sous-Beuvray, en Saône-et-Loire, à deux pas de la frontière avec Glux-en-Glenne, dans la Nièvre, qui sépare le sommet en deux. Elle est élevée à 810 mètres d'altitude[1].

Histoire

Temple antique

Le site archéologique de la chapelle Saint-Martin intègre l'oppidum éduen de Bibracte installé sur le Beuvray, auquel à succédé la ville Augustodunum (Autun), vers l'an 0, mais qui a survécu après cette date. La site bénéficie de recherches lors de la première campagne de fouilles menée au XIXe siècle par Jacques-Gabriel Bulliot. Lorsque des fouilles reprennent près de cent ans plus tard, en 1984, la chapelle est l'un des deux principaux champs de fouille, avec la porte du Rebout[2].

Bulliot met au jour un temple gallo-romain de type fanum. Il est édifié sur un plan classique, avec une cella carrée en son centre, entourée par un portique. Ces constations sont vérifiées lors de la fouille de 1984[2]. Des débris de marbre cannelé, de porphyre, de mosaïques de verre et de losanges de schiste noir attestent de la présence de décorations. Ces nouvelles recherches permettent d'avancer une date de construction à l'époque impériale, au début de notre ère[3]. Bulliot avait attribué le temple à une déesse Bibracte, se basant sur une plaque découverte à Autun portant l'inscription « dea bibracti », mais on sait depuis que la plaque est un faux du XVIIe siècle (fabriqué afin de renforcer la théorie selon laquelle Bibracte se situerait à Autun), déjà contesté à son époque[3].

La seconde fouille doit aussi déterminer si le site a succédé à un sanctuaire à l'âge du fer, comme c'est le cas sur d'autres sites similaires en Europe. Il n'a pas été retrouvé de traces d'une occupation antérieure[2],[4], à l'exception d'un fossé, au maigre mobilier, dont le rôle n'est pas défini[2].

Première chapelle « en l'haut du Beuvray »

Selon la légende, saint Martin, parti d'Augustodunum (Autun), monte en 376 au mont Beuvray pour y détruire des idoles païennes. Poursuivi par des païens, il doit son salut à un bon prodigieux de son âne  qui a laissé la trace de son pas sur plusieurs pierres à légendes du Morvan[5].

La date de construction de la chapelle Saint-Martin est inconnue et est estimée entre le XIe et le XIIIe siècle. Ses terres appartiennent à l'abbaye Saint-Symphorien d'Autun[6].

En 1233, Alix, châtelaine de Glenne, lègue dans une charte des aumônes à l'église du Buvrait[7]. En 1454, un terrier relatif aux redevances, dîmes, censes, etc. de la chapelle de M. saint Martin, en l'haut de Beuvray est dressé par ordre du cardinal Jean Rolin, évêque d'Autun et prieur de Saint-Symphorien. Il est écrit : « À Saint-Gengoul, au hameau de Velle, la chapelle a moitié du disme. Un quart appartient au prieur de Vanoise, l'autre au prieur de Marcigny, excepté au terrage de Pierre de la Bussière, où Saint-Symphorien ne prend rens. À Champrobert, à Mesle, à Périgny, paroisse d'Issy-l'Évêque, à Magny, à la Boutrille, à la Planche, à Pierrefitte, à la Chèze, etc., à la Montagne des Châteaulx, en venant de Thoulon à La Roche, au Champ de la Pierre ou Champ au Sire, commune de Poil, la chapelle de Saint-Martin de Beuvray lève des dismes entières ou conjointes[8]. »

En 1604, la chapelle est en ruines. Près d'elle se trouvait un presbytère[9]. Il est attesté que la chapelle Saint-Martin « en l'haut du Beuvray » perçoit au XVIIe siècle la moitié des dîmes de la paroisse de Millay[6] et une partie de celle de Poil[10]. La présence de vestiges est signalée dans un témoignage de 1725. Vers 1750, la carte de Cassini n'indique pas de chapelle, seulement le site de foires du haut du Beuvray[9].

La chapelle est le lieu d'un pèlerinage et les foires du Beuvray, organisées le premier mercredi de mai et le , prennent place à proximité. Au nord du plateau, un couvent de cordeliers est élevé au XIVe siècle et disparaît entre le XVIIe et le XIXe siècle[11].

Nouvelle chapelle du XIXe siècle

Sous l'initiative de l'archéologue Jacques-Gabriel Bulliot, découvreur de Bibracte[12], une nouvelle chapelle est érigée en 1876 sur les substructions du temple antique[13] et à l'emplacement de l'abside de l'ancienne chapelle[4]. La première pierre est posée le par l'archevêque de Reims Jean-François Landriot, originaire d'Autun, et la chapelle est bénie le par l'évêque d'Autun Adolphe Perraud, en présence des membres du Congrès scientifique[12].

L'édifice est un petit oratoire[9] en granite et de style néo-roman. Il conserve le culte de saint Martin[13].

Une plaque est apposée en 1987 « à la mémoire de Pierre Mehu, guide du Beuvray. Au-delà de sa compétence qui était grande, il parlait de Bibracte avec son cœur.  »[14].

Monuments à proximité

Fontaine de Saint-Martin

En contre-bas de la Chaume, aux pieds des remparts, se situe les vestiges de la fontaine Saint-Martin[15], qui fut un lieux de rites thérapeutiques pour les femmes enceintes[9].

Croix de Saint-Martin

Après la disparition de la chapelle, il ne subsiste du culte de saint Martin au Beuvray qu'une croix de bois[16]. Elle intègre le rite païen de la fontaine Saint-Martin : les femmes, après s'être trempé le sein dans l'eau, viennent s'y prosterner et déposer une jarretière ou un ruban rouge en offrande pour obtenir du lait plus abondant[16],[17].

Le monument finit par s'écrouler[16]. Il est remplacé en 1850 par une croix monumentale de granite[18], élevée par le 27e congrès archéologique siégeant à Nevers[18]. Elle porte au-dessus de sa base l'image populaire de Martin donnant son manteau à un mendiant à Amiens[16]. Elle porte également l'inscription suivante[15] :

« A St Martin, apôtres des gaules en souvenir de son passage au Beuvary CCCLXXVI - monument du 17e congrès archéologique. Nevers. MDCCCLI »

Notes et références

  1. « Chapelle Saint-Martin du Buevray » sur Géoportail.
  2. Anne-Marie Romero, Bibracte. Archéologie d'une ville gauloise, Bibracte-Centre archéologique européen, , 152 p. (ISBN 2-9096-6853-3), p. 56 et 65.
  3. Bertin et Guillaumet 1987.
  4. Claude Rolley (coord.), Claude Péquinot et Ginette Picard (avec la collaboration de Vincent Guichard et l'équipe « Bibracte »), Le Morvan gallo-romain, Château-Chinon, Académie du Morvan, coll. « Bulletins » (no 1), (lire en ligne), « Bibracte avant la reconquête », p. 12.
  5. Baudiau 1865, p. 484.
  6. Baudiau 1865, p. 447.
  7. Bulliot 1856, p. 236.
  8. Bulliot 1856, p. 239.
  9. Patrimoine du Morvan, chapelle.
  10. Baudiau 1865, p. 454.
  11. Baudiau 1865, p. 485.
  12. Anatole de Charmasse, « Jacques-Gabriel Bulliot, président de la Société éduenne, correspondant de l'institut : Sa vie et son œuvre (suite) », Mémoires de la Société éduenne, no 32, , p. 265-411, en particulier p.  282-283 (lire en ligne).
  13. Charlos Bossu, Alain Clivet, Maurice Delgrange, Geneviève Joninon, Jean Menand, André Morisson et Georges Rollin (préf. Christian Leroy), Brochure sans nom, avec en couverture le hêtre de Brunot, La Charité-sur-Loire, M. Bernardat, 32 p., p. 8.
  14. « Chapelle St Martin sur le Mt Beuvray à Saint-Léger-sous-Beuvray (71) », sur petit-patrimoine.com (consulté le ).
  15. Patrimoine du Morvan, chapelle et fontaine.
  16. Baudiau 1865, p. 486.
  17. Bulliot 1856, p. 231.
  18. Lucien Gueneau, Nos bons saints miracleurs & guérisseurs : monsieur saint Martin, le bon saint Gengoux, Nevers, imprimerie de la Tribune, , 51 p. (lire en ligne), p. 24.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques-Gabriel Bulliot et Joseph-Étienne de Fontenay, Le mont Beuvray et la Croix de Saint-Martin, Autun, Dejussieu et L. Villedey, , 50 p. (lire en ligne)
    Historique de la chapelle Saint-Martin du Beuvray et récit de la cérémonie d'édification de la croix de Saint-Martin.
  • abbé Baudiau, Le Morvand ou essai géographique, topographique et historique de cette contrée (deuxième édition), vol. 1, Nevers, (1re éd. 1854), 629 p. (lire en ligne), p. 484-487.
  • Jacques-Gabriel Bulliot, Essai sur le système défensif des Romains dans le pays Éduen, Paris, Dumoulin, , 256 p. (lire en ligne), p. 228-252.
  • « Bénédiction de la chapelle Saint-Martin du Beuvray », dans Congrès scientifique de France, Quarante-deuxième session tenue à Autun du 4 au , t. 1, Autun, imprimerie Dejussieu père et fils, , 532 p. (lire en ligne), p. 89-97.
  • Jacques-Gabriel Bulliot et Félix Thiollier, La mission et le culte de Saint Martin d'après les légendes et les monuments populaires dans le pays Éduen : Étude sur la paganisme rural, Autun, librairie Dejussieu, , 482 p. (lire en ligne).
  • Danièle Bertin et Jean-Paul Guillaumet, Bibracte (Saône-et-Loire) : ville gauloise sur le mont Beuvray, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, coll. « Guides archéologiques de la France », , 110 p. (ISBN 2-11-080908-6, notice BnF no FRBNF36630023, lire en ligne), lire en ligne sur Gallica.

Liens externes

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