Chaire (église)

La chaire (du latin cathedra, « siège ») ou plus complètement la chaire de vérité ou chaire à prêcher, est à l'origine le siège d'un évêque dans son église principale (maintenant désigné sous le terme de cathèdre).

  • En tant que meuble, au Moyen Âge (XIIIe siècle), ce terme désigne un siège en bois à haut dossier et aux accotoirs pleins réservé au maître de maison. Elle est sans dais jusqu'au XVe siècle.

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Chaire médiévale.

La chaire a symbolisé la fonction d'autorité et d'enseignement de l'évêque, ce qui a conduit à deux sens dérivés :

  • en architecture, la chaire désigne également la tribune du prédicateur dans une église ;
  • le terme désigne le poste d'un professeur responsable de l'enseignement d'une matière dans l'enseignement universitaire.

Jusqu'au XVIIe siècle, on utilisait indifféremment les mots « chaire » ou « chaise », la distinction entre les deux termes n'étant pas définitivement fixée à cette époque[1]. Il semblerait que le langage précieux de cette époque refusait les consonnes « dures », considérées comme trop vulgaires.

L'expression « chaire de Saint-Pierre » s'emploie lorsque le Pape parle d'autorité : ex cathedra.

Depuis le concile Vatican II, les chaires de vérité ne sont que rarement utilisées. Pas tellement que ce changement soit issu de la réforme liturgique (qui n'interdit pas d'utiliser la chaire pour l'homélie), mais l'usage de plus en plus répandu des microphones et haut-parleurs permit de revenir à l'ambon comme lieu de prédication. Le prêtre ne doit plus se rendre au centre de la nef (en « chaire ») pour donner son sermon.

Chaire de l'église de Nysted, au Danemark.

Histoire

Dans les vieilles églises, la chaire est plutôt un pupitre disposé sur le côté droit du chœur pour la lecture de l'épître et sur le côté gauche pour celle de l'Évangile. À partir du XIIe siècle, un pupitre surélevé ou une estrade mobile sert à la prédication. L'estrade est en bois, fermée sur trois côtés et recouverte sur le devant d'un tapis.

Les besoins en prédication augmentant, dont celui de combattre l'hérésie, on construit bientôt des chaires à prêcher à même les églises. Il s'agit d'un balcon surélevé auquel on accède par un petit escalier. Pour éviter que le son du prédicateur se perde dans l'enceinte de l'église, un abat-voix est suspendu ou construit au-dessus de la chaire, favorisant ainsi une meilleure distribution de la voix. Pour la même raison, la chaire est placée dans la nef pour que le prédicateur soit plus près de l'assistance et se fasse ainsi mieux entendre[2].

Emplacement de la chaire dans une église

Chaire intérieure

Chaire à prêcher mobile du XVIe siècle (chapelle Saint-Jacques, village de Saint-Léon en Merléac).

Architecturalement, une église est une grande salle qui peut recevoir un public nombreux, massé dans la nef (la partie longue de l'église). La chaire est un point d'où on peut s'adresser à ce public, à une époque où le microphone n'existait pas. Elle se trouve généralement au milieu de la nef, le long d'un mur ou contre un pilier, pour que le prédicateur puisse être entendu par le plus de monde possible.

Traditionnellement, elle est « du côté de l'Évangile » (donc à gauche pour l'observateur, côté nord si l'église est orientée) dans les églises normales. En revanche, dans les cathédrales, sa position normale est à l'opposé du trône pontifical, donc à droite (sud de la nef). Dans les églises à jubé, celui-ci tenait primitivement le rôle de la chaire, donc celles qui s'y trouvent ont été rajoutées par la suite.

La chaire est constituée[3] de la cuve[4] qui constitue la place du prédicateur, et parfois d'un dossier qui à l'arrière relie la cuve à la partie supérieure appelée abat-voix[5].

Chaire extérieure

Quelques rares églises possèdent une chaire extérieure (au bâtiment). Ainsi dans les édifices suivants :

Chaire baroque

L'art baroque est pour l'architecture religieuse[6] avant tout un art triomphant. Issu de la Contre-Réforme dans les pays catholiques, il met en scène les différents points de vue de l'église, dont la chaire est aussi un élément essentiel. Elle doit impressionner l'auditoire des fidèles. Elle est souvent surmontée sur l'abat-voix d'anges, de trompettes, d'instruments, etc. pour accompagner la parole et le prêche. La colombe du Saint-Esprit est souvent représentée pour symboliser l'inspiration divine du sermon, ainsi que le soleil de la Sainte-Trinité qui illumine les cœurs et les consciences.

Notes et références

  1. Molière, Les Femmes savantes : « Les savants ne sont bons que pour prêcher en chaise. »
  2. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1868, article Chaire.
  3. « Chaire à prêcher », justinstorck.free.fr (consulté le 29 mai 2019).
  4. « Cuve de chaire », justinstorck.free.fr (consulté le 29 mai 2019).
  5. « Abat-voix », justinstorck.free.fr (consulté le 29 mai 2019).
  6. C'est la même chose dans les pays orthodoxes, ou protestants dans une moindre mesure (par exemple la Frauenkirche de Dresde).

Annexes

Articles connexes

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