Château de Cruseilles

Le château de Cruseilles est un ancien château, probablement du XIIIe siècle, aujourd'hui ruiné, situé dans la commune de Cruseilles, dans le département de la Haute-Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Château de Cruseilles
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle
Propriétaire initial Maison de Genève
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 46° 02′ 12″ nord, 6° 06′ 17″ est [Note 1]
Pays France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Genevois
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Cruseilles
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie

Situation

Le château de Cruseilles appartient au comté de Genève. Il est installé sur la route reliant la cité de Genève à Annecy[1]. Il se trouve, en venant de Genève, après le col du mont Sion, et avant le passage des Usses et de la Caille[1]. Un chemin secondaire permet, en longeant le versant sud du Salève, en passant par les villages du Sappey et de Vovray-en-Bornes, de rejoindre la vallée de l'Arve et le château de Mornex[2]. Ainsi le bourg que défendait le château possédait trois portes, « celle du Pontet, du côté de Genève, prenant nom du faubourg [...] ; celle du côté d'Annecy au sud-est et la troisième, dite du Corbet, au midi ; peut-être encore une poterne sur le chemin de Ronzier »[3].

La rue actuelle du Corbet permettait de rejoindre le château[3].

Le château est associé à la maison forte dite de Pontverre[4],[5], qualifié de « petit château » des nobles de Cruseilles[5]. Ce dernier, disparu, se situait en contrebas du château de Cruseilles, en rive droite des Usses[6].

Histoire

Selon le conservateur du musée d'Annecy, Marc Le Roux (1854-1933), l'édifice a du être construit au XIIIe siècle[4].

Le comte Amédée II de Genève prévoit dans son testament que son épouse, Agnès de Châlons, reçoit l'usufruit des châteaux et châtellenies d'Annecy, Clermont, Chaumont, La Bâtie et La Balme de Sillingy, ainsi qu'une dot de 5 000 livres tournois, garantie par les possessions de Cruseilles et d'Hauteville[7],[8].

À partir de 1402, Cruseilles comme le comté de Genève entrent dans le domaine de la maison de Savoie[9].

En 1563, bien qu'en état de délabrement, il sert de prison[10]. Les troupes espagnoles s'y réfugient en 1590, lors du sac de la ville[10].

Lorsque l'on met en place le cadastre du duché de Savoie, il ne reste du château qu'une tour carrée[10].

Description

En 1865, il ne reste qu'une tour que le baron Achille Raverat (1812-1890) décrit l'édifice comme étant habité par un paysan[10],[11]. L'intérieur de la tour est aménagé avec une salle voûtée[10],[11]. Autour, on n'aperçoit « les débris d'anciens bâtiments ; toute l'esplanade est encombrée de tronçons de remparts au milieu desquels on a conquis quelques espaces cultivés en jardins. La porte d'entrée et une partie des remparts existent encore. Sur le cintre aigu de la porte sont sculptées la croix et les armes de Savoie[10],[11]. »

Le château possède une chapelle (capella castri) dédiée à sainte Agathe, mentionnée en 1371-1373[3]. On mentionne trois chapellenies au début du XVe siècle, lors d'une visite pastorale[12].

Châtellenie de Cruseilles

Le château de Cruseilles est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[13],[14]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[15]. Au XIIe siècle, le comte de Genève partage le pouvoir à Cruseilles avec un vidomne (ou vicomte, vice dominus)[16],[17] (v. 1160 : Guillaume, vidomne ; 1179 : Humbert, vicomte ; 1282 : Johannet, vidomne). Toutefois, les vidomnes, marqués par le caractère héréditaires de la charge, sont remplacés, au cours du XIIIe siècle, par un châtelain, nommés directement par le comte[17].

Au XVIIe siècle, les armes du mandement de Cruseilles se blasonnaient ainsi : Une coquille d’argent sur gueules[18].

Le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[19],[20]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[21]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[22].

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 251-261-154 « Cruseilles ».
  • Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 84. .
  • Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2).
  • Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 410 p., p. 219 : chapitre 11, les châteaux de Cruseilles.

Fonds d'archives

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. Les auteurs de l'Histoire des communes savoyardes le confondent avec Guy, mort en 1294, fils de Raoul de Genève.
  3. Le patronyme de Viriaco des chartes est parfois traduit de Viry ou de Virieu(x) d'où une certaine confusion.
  4. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[25].

Références

  1. Châteaux savoyards 1961, p. 219.
  2. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 525.
  3. Châteaux savoyards 1961, p. 86.
  4. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 259
  5. Châteaux savoyards 1961, p. 84.
  6. Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, « Dictionnaire du Duché de Savoie », Tome II, 1840, La Fontaine de Siloé, coll. « L'Histoire en Savoie », (ISSN 0046-7510, lire en ligne), « N°9, Nouvelle série », p. 34.
  7. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 424, « 1677 » (lire en ligne, REG 0/0/1/1620 et REG 0/0/1/1677).
  8. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 248.
  9. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 252.
  10. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 258
  11. Achille Raverat, Haute-Savoie. Promenades historiques, pittoresques et artistiques en Genevois, Sémine, Faucigny et Chablais, Lyon, 1872 , p. 298 (lire en ligne).
  12. Louis Binz, Vie religieuse et réforme ecclésiastique dans le diocèse de Genève pendant le grand schisme et la crise conciliaire (1378-1450), vol. Mémoires et Documents, t. 1, Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève, , 552 p. (ISBN 978-2-600-05020-3, lire en ligne), p. 417.
  13. [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Étienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  14. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413 et suivantes.
  15. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  16. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 411.
  17. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 251.
  18. J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II, , p. 249 (lire en ligne).
  19. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  20. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  21. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  22. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  23. ADS2.
  24. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 939, « Cruseilles ».
  25. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
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