Château de Magrin

Bâti sur une hauteur de 330 mètres dominant la vallée de l'Agout et les coteaux du Lauragais, le site pourrait avoir été occupé par un oppidum gaulois, reconverti en castrum romain, puis remanié par les Wisigoths[2].

La première trace écrite du château date du 7 août 1224, lorsque le chatelain se mit sous la protection du comte de Toulouse Raymond VII (IX[note 1]) En 1279, un acte notarial attribue sa propriété à la famille Brenguier de Puylaurens. Pendant la guerre de Cent Ans, une troupe de bandits l'utilise comme base arrière de ses raids de pillage dans les environs. En 1502, il appartenait à la famille Corneilhan. Lors des guerres de religion, ses occupants devenus protestants, accueillirent Henri de Navarre, futur Henri IV, en 1585[a 1].

Les traces écrites se font plus rares, mais il est probable qu'il a été vendu comme bien national durant la Révolution. Il fut partiellement incendié comme quelques traces en témoignent, puis fut consolidé, lui permettant de le maintenir un état de conservation.

En 1971, il a été acheté par M. Rufino, actuel propriétaire qui le restaure de fond en comble[a 2].

Le château est composé de deux groupes de bâtiments.

Le premier, en partie ruiné, date du Moyen Âge. Les fondations datent du X^e siècle peut-être à l'emplacement d'une fortification gallo-romaine. L'enceinte rectangulaire était ceinte de remparts aujourd'hui abaissés et de fossés comblés. Une tourelle d'angle et une tour ronde défendaient la courtine dominée par un donjon carré de 10 m de haut.

Le second bâtiment date de la Renaissance. Elles ont probablement été commandées par la famille Corneilhan. Elle a repris une partie des bâtiments médiévaux réhabilités Les ajouts du XVII^e siècle n'ont pas modifié le style.

L'entrée est une porte à double battants à arcade en demi cercle. Des demi colonnes supportent un entablement. Une fenêtre à meneau au premier étage et une fenêtre double au second sont pareillement munies de demi colonnes. Ce type de décoration se retrouve dans les riches hôtels pasteliers de Toulouse[a 3]. (hôtel d'Assézat, hôtel de Bernuy...) Une aile comporte le séchoir à pastel ; à l'étage, de longues fentes dans les murs permettaient à l'air de circuler pour sécher les boulettes de pastel. Quatre des huit grilles de séchage ont été conservées[3].

Moulin à pastel et boules en cours de séchage à l'arrière-plan.

facade renaissance et séchoir à pastel du chateau de Magrin

Une salle voûtée regroupe des documents d'époque, des tissus teints en bleu au pastel, des outils anciens destinés à cet artisanat. Le séchoir est une pièce du château dédiée. Il pouvait contenir jusqu'à 100 000 boules de pastel appelées cocagnes. Ce terme a donné pays de Cocagne, synonyme de région à la nature riche et généreuse.

Sous les combles à charpente d'époque apparente, une salle de projection diffuse un film sur l'histoire du château et de la culture du pastel[3].

Parmi les éléments conservés du château, le moulin à pastel et le séchoir sont en état remarquable vu leur âge. C'est ce qui a motivé les propriétaires à ouvrir un musée. Le « moulin à sang » était mue par la traction animale.

Dans le jardin, des plants de pastel permettent au visiteur de reconnaître la plante en rosette aux fleurs jaunes. De l'indigo est aussi cultivé. Ce dernier a été le concurrent qui a fait disparaître une industrie prospère et originale.