Château de Mégrine

Le château de Mégrine est un ancien palais situé à Mégrine en Tunisie. Il abrite désormais une école primaire.

Château de Mégrine

Vue actuelle de la façade Nord du château de Mégrine
Période ou style Mauresque
Propriétaire actuel Ministère de l'Éducation
Destination actuelle École primaire
Coordonnées 36° 46′ 21″ nord, 10° 13′ 53″ est
Pays Tunisie
Gouvernorat Ben Arous
Municipalité Mégrine
Géolocalisation sur la carte : Tunisie

Localisation

Le bâtiment est situé dans le gouvernorat de Ben Arous, sur le territoire de la municipalité de Mégrine, une banlieue au sud de Tunis.

Description

Cour agrémentée de vasques et de miroirs d'eau

Il s'agit d'une luxueuse habitation de plaisance construite en rez-de-chaussée dans le style mauresque et entourée de vérandas, de galeries, de colonnades et de terrasses[1].

Le corps de logis principal comprend dix pièces vastes, pavées de marbre et de mosaïques. Les murs sont revêtus de céramiques hispano-mauresques, ornées de plafonds à caissons, de boiseries sculptées, de fontaines et de colonnes anciennes. Il comprend aussi deux salles de bains[1].

Un bâtiment annexe renferme trois chambres et un salon d'été de style tunisien. Il est séparé du bâtiment principal par une cour de marbre agrémentée de vasques et de miroirs d'eau[1].

Les communs comportent sept chambres et une lingerie. Le château est doté d'un garage, de caves et de buanderies. L'éclairage et le chauffage électrique ainsi que le téléphone y sont installés[1].

Le parc Monceau[2], s'étendant sur environ trois hectares, clos de murs et complanté d'essences rustiques et d'orangers, entoure le château[1]. Il est loti dans les années 1930[3].

La propriété possède aussi des écuries et une cour d'honneur[2],[3].

Historique

Détail du plan de Mégrine avec l'emplacement du château et du parc Monceau

L'histoire du château est reliée à celle du domaine de Mégrine. La construction de l'édifice semble datée du milieu du XIXe siècle[3]. Il s'agissait d'une villa construite sur une colline du domaine[3]. Le premier habitant connu est Lorenzo Mintuf dit Mifsud (, Il-Birgu-, Mégrine), un Maltais immigré en Tunisie en 1830[2].

À sa mort, son fils aîné Giuseppe (Joseph) Mifsud (, Tunis-?) hérite de la propriété qu'il vend en 1886, après l'instauration du protectorat français de Tunisie, à Adolphe Bontoux[4] (, Lyon-?) et à son beau-frère Arthur Brölemann[5],[6] (, Lyon-, Lyon)[7],[8].

Dès 1898, Brölemann se désengage de la société, le domaine et la villa passant en majorité aux mains de la famille de Bontoux (avec son fils Maurice Bontoux et son gendre Étienne Mallet, descendant de Guillaume Mallet, baron de Chalmassy et de Christophe-Philippe Oberkampf)[9]. Les autres propriétaires sont le comte Fernand Foy (, Paris-, Compiègne)[10],[11], le comte Olivier Le Bault de la Morinière de la Rochecantin (, Freigné-, Suisse)[12] et le baron Stanislas Benoist-Méchin (6 avril 1854, Chinon-6 mai 1923, Paris)[8].

Devenu actionnaire majoritaire et mandataire du domaine en 1901, le comte Foy séjourne régulièrement à la villa. Dans les années 1920, il entreprend d'importants travaux d’embellissements[13], fait construire des écuries et une piscine octogonale sur une terrasse en roche naturelle[3],[8].

Fonction

Le château de Mégrine servait principalement d'habitation aux gérants du domaine de Mégrine[9],[14],[15].

Outre les propriétaires du domaine[7], plusieurs personnalités des cercles mondains de l'époque séjournent au château de Mégrine, tel que Arthur de Gravillon[9],[16],[17],[18], qui est répertorié comme lieu de villégiature dans l'Annuaire des châteaux et des villégiatures[19].

Façade Sud telle que modifiée par le comte Foy dans les années 1920

À la suite du décès des principaux actionnaires du domaine (La Rochecantin en 1915 et Benoist-Méchin en 1923), Foy devient le seul habitant attesté du château. En 1925, le domaine, son château et son parc sont vendus par le comte Foy à la direction générale de l’agriculture. Il est autorisé à garder le château et le parc jusqu'en 1927, date à laquelle ils font l'objet d'une vente aux enchères[10]. La direction générale de l’agriculture se porte alors acquéreur[8] mais le château reste inoccupé. Il accueille les bals du 14 juillet, et sert de local à l'association syndicale des propriétaires de Mégrine[20],[8]. Il est cédé à l'instruction publique en 1930 et devient, l'année suivante, l'école primaire de Mégrine-Coteaux, toujours en activité[2],[3].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Wehrmacht occupe le château, sa façade Nord offrant un panorama exceptionnel sur Tunis, son lac, son golfe et sa banlieue Nord[8].

Dès 2013, l'Association Mégrine pour l'innovation et la sauvegarde organise une suite d'événements intitulés pARTimoine avec deux expositions[21],[22],[23],[24],[25] et une soirée musicale[26],[27],[28],[29], dans le cadre d'un projet visant au classement du château en tant que monument[30]. Un dossier de classement est déposé auprès de l'Institut national du patrimoine en 2013.

Notes et références

  1. Direction des domaines et de la colonisation, Notice sur la mise en vente du château de Mégrine, .
  2. « Le Château de Mégrine, le monument malmené », sur amis.tn, (consulté le ).
  3. Lilia Blaise, « Le château oublié de Mégrine : un patrimoine à redécouvrir les 8 et 9 février », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  4. Catalogue général officiel, t. 12, Lille, L. Danel, , 637 p. (lire en ligne), p. 540.
  5. « Brölemann, Arthur, Auguste », sur patronsdefrance.fr (consulté le ).
  6. « Décret décernant la croix de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur à Arthur Brölemann », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  7. « À l'étranger », Le Figaro, no 26, , p. 2 (ISSN 1241-1248, lire en ligne, consulté le ).
  8. Ahmed Medfaï, Ahmed Abdelkefi et Jilani Gharsallah, Mégrine hier et aujourd'hui, Mégrine, Mairie de Mégrine, , 226 p..
  9. Arthur de Gravillon, En revenant de Tunis, Paris, Albert Savine, , 64 p. (lire en ligne), p. 43.
  10. « Le château et le parc de Mégrine », Les Annales coloniales, no 16, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Baron de Tully, Annuaire des grands cercles et du grand monde, Paris, A. Lahure, , 631 p. (lire en ligne), p. 343.
  12. Marie Madeleine de Menou, comtesse de la Rochecantin, « Le mouvement littéraire », Revue illustrée, no 23, , p. 748 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Yvonne de Lestrange, « Il y a une saison tunisienne », Vogue, vol. 8, no 9, , p. 25 (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Liste générale des membres de la Société de géographie commerciale de Paris au 1er décembre 1903 », Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris, t. XXVII, , p. 31 (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Séance du 27 août 1896 », Journal de la Société nationale d'horticulture de France, iII, t. XVIII, , p. 746 (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Avis mondains », Le Figaro, no 94, , p. 5 (ISSN 1241-1248, lire en ligne, consulté le ).
  17. « Déplacements et villégiatures des abonnées du Figaro », Le Figaro, no 233, , p. 6 (ISSN 1241-1248, lire en ligne, consulté le ).
  18. « Déplacments et villégiatures des abonnés du "Gaulois" », Le Gaulois, , p. 4 (lire en ligne).
  19. Annuaire des châteaux et des villégiatures, 1909-1910, Paris, La Fare, , 619 p. (lire en ligne), p. 462.
  20. « Un coin verdoyant de la banlieue tunisienne : Mégrine », L'Afrique du Nord illustrée, no 555, , p. 10-11 (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Une association pour la sauvegarde et l'innovation du patrimoine de la ville de Mégrine », sur tunisie.co (consulté le ).
  22. « Coup d'œil sur l'association AMIS », sur institutfrancais-tunisie.com (consulté le ).
  23. « Le patrimoine architectural de Mégrine s’expose », sur archi-mag.com, (consulté le ).
  24. « Tunis : valorisation et protection du château de Mégrine », sur africanmanager.com, (consulté le ).
  25. « Vers le classement du Château de Mégrine comme monument historique », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  26. Mohamed Ali Sghaier, « Le château de Mégrine, un patrimoine à redécouvrir le 27 août », sur webdo.tn, (consulté le ).
  27. « ART-IMOINE : le château de Megrine, une école, une histoire », sur rtci.tn, (consulté le ).
  28. « De bonnes raisons pour revaloriser un grand patrimoine », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  29. Hechmi Khalladi, « Mégrine valorise son patrimoine architectural », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  30. « En vidéo : la renaissance du château de Mégrine, joyau architectural et historique », sur tunisieco.tn (consulté le ).
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