Château de Lugny

Le château de Lugny est situé sur le territoire de la commune de Lugny en Saône-et-Loire, à l'ouest du bourg et au pied de la montagne du Château.

Château de Lugny

Les tours d'entrée du château de Lugny (XIVe siècle), qui encadraient jadis un pont-levis donnant accès à la basse-cour de la maison forte.
Propriétaire initial Seigneurs de la famille noble de Lugny
Propriétaire actuel Association « Les Foyers communautaires »
Destination actuelle Collège du groupe scolaire privé « La Source », Maison des Foyers communautaires
Coordonnées 46° 28′ 21″ nord, 4° 48′ 27″ est
Pays France
Région historique Bourgogne
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Saône-et-Loire
Commune Lugny
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire

Le château, dont le propriétaire était le docteur Jacques dans l'entre-deux-guerres, fut transformé en école (avec internat) en 1946, à l'initiative du père Joseph Robert (1898-1987), curé-archiprêtre de Lugny et fondateur d'une communauté pastorale. Soixante-quinze ans plus tard, il est toujours occupé par cette école, devenue le groupe scolaire privé « La Source ».

Le château, propriété de l'association « Les Foyers communautaires » fondée en décembre 1946 (qui y a son siège : la Maison des Foyers), ne se visite pas.

L'une des rues du bourg de Lugny, dénommée rue du Château, rappelle le souvenir de l'ancienne maison-forte des seigneurs de Lugny[Note 1].

Description

Disposition d'ensemble

Au Moyen Âge, le château de Lugny, flanqué de plusieurs tours et doté d’un donjon « fort élevé et très beau », était ceint de fossés remplis d'eau par la source de la Bourbonne – source dite « des Eaux bleues » – qui jaillit au pied de la montagne du Château.

« Le château est flanqué de quatre tours, il est assez irrégulier. Le seigneur qui l'occupe est baron de cette contrée, ce château est dans un bas, à côté d'une montagne assez haute, les terrasses règnent sur tout le bourg. » a écrit le curé de Lugny au milieu du XVIIIe siècle[1].

Tours d'entrée et bâtiments adjacents

Toutefois, de cet imposant château des seigneurs de Lugny incendié durant la Grande Peur de la Révolution française, il ne reste aujourd'hui que les deux tours rondes d'entrée (à trois étages) traditionnellement datées du XIVe siècle et une partie des communs, bâtiments correspondant pour l’essentiel à ceux de l’ancienne basse-cour de la demeure seigneuriale et formant un quadrilatère.

À chacune des deux tours d’entrée est accolé un étroit bâtiment. Ceux-ci, implantés perpendiculairement l’un à l’autre, sont couverts de hautes toitures à croupes en tuiles plates. La toiture du bâtiment accolé à la tour d’entrée du nord-est est percée dans la croupe d’une lucarne dominant une tourelle circulaire dans œuvre amortissant l’angle entre le bâtiment et la tour.

L'entrée du château de Lugny (détail).

Passées les deux tours d’entrée — qui flanquaient autrefois une porte avec pont-levis aujourd’hui disparue et qui ont conservé plusieurs canonnières réparties sur différents niveaux — on découvre sur la gauche trois ouvertures à arcades partiellement murées rappelant la « porterie », l’ancienne conciergerie du château.

Sur la droite sont visibles deux élégantes baies et leurs arcs en plein cintre moulurés puis l'entrée des anciennes écuries du château – traditionnellement datées du XVIe siècle — auxquelles donne accès une porte avec un arc en anse de panier.

Corps de bâtiment disparu

Le bâtiment dans lequel résidaient les seigneurs de Lugny s’élevait autrefois sur le terre-plein situé entre l’actuelle place de l’Église et la montagne du Château. Incendié dans la nuit du 27 au 28 juillet 1789, il a presque entièrement disparu et seules subsistent de cette construction la base d'une tour circulaire et, sur quelques dizaines de mètres, une petite partie de l’ancienne muraille.

Seigneurs

Quatre familles nobles possédèrent successivement le château de Lugny.

Ci-après, les blasons de ces quatre familles :

Famille de Lugny

La branche directe de cette maison s’éteignit au milieu du XVIe siècle avec Jean de Lugny, chevalier, seigneur de Lugny, comte de Brancion (aujourd’hui hameau de Martailly-lès-Brancion) en tant que seigneur engagiste, baron de Saint-Trivier (Saint-Trivier-en-Dombes, aujourd’hui Saint-Trivier-sur-Moignans), de Branges, de Blaignac, de Lessard et de Sagy, et « dernier héritier mâle de la maison de Lugny ». En 1558, Françoise de Lugny, dame de Lugny, fille et héritière de Jean de Lugny, épousa François Chabot, fils cadet de l'amiral Philippe, marquis de Mirebeau et seigneur de Brion, et la seigneurie de Lugny passa de la maison de Lugny à la maison de Chabot.

Famille de Chabot

Ancienne famille du Bas-Poitou, dont l'origine remonte au XIe siècle.

Famille de Saulx

La famille de Saulx puis de Saulx-Tavannes, illustre et ancienne maison de Bourgogne que l'on fait remonter au XIe siècle, a fourni de grands généraux à la France ainsi que de hauts dignitaires à l'Église. Elle tire son nom du château de Saulx-le-Duc, en Côte-d'Or, forteresse que cette maison possédait déjà au XIIe siècle.

Famille de La Baume de Montrevel

La famille de La Baume — parfois La Beaume, dite La Baume de Montrevel ou La Baume-Montrevel — était une famille noble française originaire de la Bresse. Ses premiers membres sont mentionnés dès le XIIe, avec une filiation suivie à partir du XIVe siècle. Elle s'est éteinte en 1794 avec la décapitation du maréchal des camps et armées du roi Florent-Alexandre-Melchior de La Baume. Cette famille a donné deux cardinaux-archevêques de Besançon, deux grands maîtres des arbalétriers de France, deux maréchaux de France, un maréchal et un amiral de Savoie, un régent de Savoie et un tuteur du comte Aimé IV, un vice-roi de Naples, dix-sept gouverneurs et lieutenants de province, deux chevaliers de l'ordre de Saint-Michel sous Louis XII et François Ier, deux de l'ordre du Saint-Esprit, quatre de l'ordre de la Toison d'or et quatre de l'ordre de l'Annonciade.

Historique

Période de la maison de Lugny

Lugny fut au Moyen Âge le berceau d’une maison de chevalerie – la maison de Lugny – dont la devise était : « N’est oyseau de bon nid qui n’a plume de Lugny ». Celle-ci s’éteignit au milieu du XVIe siècle avec Jean de Lugny (qui mourut en ne laissant qu'une fille) et la seigneurie passa dès lors, successivement, par mariage, entre les mains de trois autres prestigieuses familles nobles.

Période de la maison de Chabot

1558 : Françoise de Lugny, dame de Lugny, fille et héritière du précédent, épouse François Chabot, fils cadet de l'amiral de Brion (Philippe Chabot).

Période de la maison de Saulx

Période de la maison de La Baume

Révolution française

Destruction par les Brigands en juillet 1789

« Le 27 juillet 1789, à six heures et demie du soir, les Brigands quittent ma maison pour se rendre à Lugny où plus de 200 autres qui étaient venus de Péronne les avaient devancés. Ils pénètrent dans le château de M. de Montrevel, brisent les portes, les glaces, les vitraux et tous les meubles, jettent les débris par les fenêtres. […] On ne voit de tous côtés que destruction. Enfin, on met le feu au château. La flamme était si grande entre une et deux heures de la nuit que j’aurais pu lire à ma fenêtre à la lueur du feu. Dans vingt-quatre heures ce château bien meublé fut tout pillé et brûlé ; on ne vit plus que des cheminées en l’air et des murs calcinés par le feu ou noircis par la fumée ; il n’y resta rien, pas même des gonds. » a consigné dans ses registres le curé Louis-François Dubost de la paroisse voisine de Bissy-la-Mâconnaise.

En 1789, le château de Lugny, devenu au XVIIIe siècle relais de chasse des comtes de Montrevel, fut le premier du Mâconnais à être incendié par les « Brigands » – des paysans et artisans révoltés – lors des troubles qui, à la fin de juillet, pendant la Grande Peur, agitèrent le Haut-Mâconnais, ainsi que le Tournugeois et le Clunisois (nuit du lundi 27 au mardi 28 juillet 1789).

L'ensemble du logis seigneurial, la chapelle castrale et le donjon disparurent dans les flammes, mais l'incendie préserva les bâtiments délimitant la basse-cour du château, en particulier les deux tours rondes de l'entrée et les bâtiments contigus.

Le comte de Montrevel ayant été suspecté – à tort – d'avoir émigré, ses bien furent mis sous séquestre par les autorités, parmi lesquels son château de Lugny et les biens en dépendant.

Période récente

La plaque dévoilée en 2018 à la mémoire de Mgr Joseph Robert à l'entrée du parc du château.

Perdant leur vocation agricole après les désastres subis lors de la Révolution française, les bâtiments qui résistèrent à l'incendie abritèrent d'abord une filature de coton (première moitié du XIXe siècle) ; par la suite y furent successivement installés la gendarmerie (Lugny ayant été érigé en chef-lieu de canton en 1790)[2] puis, vers 1910, le presbytère (qui y demeura jusqu'au milieu des années 1980 et son transfert au no 56 de la rue du Pont).

À l'automne 1943, soucieuse de « contenir » les maquis qui se sont fortement développés en Haut-Mâconnais et en Tournugeois depuis l'invasion de la zone libre, l'armée allemande implante une petite garnison à Lugny, qui s'installe au château (commandement) et dans les locaux de la sale des fêtes (hommes de troupe et cantonnement) ; des patrouilles à vélo sillonnent dès lors les villages des environs.

Détail de l'une des tours d'entrée, restaurée en 2020. Ont été retrouvées lors des travaux plusieurs canonnières et l'ouverture qui permettait autrefois d'accéder au passage qui surplombait le pont-levis.

Le château de Lugny, qui fut acheté peu après la Seconde Guerre mondiale par l'abbé Joseph Robert (1898-1987)[Note 2], curé-archiprêtre de Lugny, est, depuis cette époque, un établissement scolaire : le collège du groupe scolaire privé « La Source »[3].

Fin 2020, d'importants travaux de rénovation ont été réalisés à l'initiative des Foyers communautaires, association propriétaire des lieux[4]. Des travaux qui ont permis de procéder à la réfection complète de la longue façade donnant sur le parc Mgr Joseph Robert, puis de la tour ronde du XIVe siècle (où plusieurs canonnières ont été mises au jour et désobstruées) et, en dernier lieu, de la façade nord[5].

Bibliographie

  • Léonce Lex, Notice historique sur Lugny et ses hameaux, Belhomme Libraire Éditeur, Mâcon, 1892.
  • Frédéric Lafarge, Paulette Berthaud, Lugny, mémoire de pierres, mémoire d'hommes, Bibliothèque municipale de Lugny, Lugny, 2006 (ISBN 2-9514028-1-3).
  • Françoise Vignier (sous la dir. de), Le Guide des Châteaux de France, 71 Saône-et-Loire, Editions Hermé, Paris, 1985.
  • François Perraud, Le Mâconnais historique, Protat Frères, Mâcon, 1921.
  • Gilles Auloy (président du Centre de castellologie de Bourgogne), « Le château de Lugny-en-Mâconnais », revue La Physiophile, n° 171, décembre 2019, pages 53 à 58.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Nom qui lui a été attribué dans le 2e quart du XIXe siècle, période au cours de laquelle furent nommées l'ensemble des voies publiques desservant les habitations du bourg de Lugny.
  2. Par acte signé Joseph Soubeyran, notaire nommé d’office suppléant de maître Claude Ravat, notaire à Lugny, du 14 avril 1946, pour la somme de 750 000 francs, à l’épouse du docteur Jacques (Anna Suzanne Louise Jacques, née Patuel). La propriété consistait en un « tènement d'immeuble […] comprenant maison d'habitation principale à usage bourgeois (en mauvais état intérieur), cour, logement d'habitation indépendant avec jardin au sud de ce logement, jardin d'agrément au sud de la maison principale, bois à la suite de ce jardin, ainsi qu'à l'ouest de la maison principale, le tout d'un seul tènement [...], pour une superficie totale de un hectare vingt-huit ares quarante-deux centiares ».

Références

  1. Alain Dessertenne et Françoise Geoffray, La carte de Cassini en Saône-et-Loire : description topographique des paroisses. Transcription intégrale des réponses données par les curés pour la plupart des paroisses de l’actuelle Saône-et-Loire lors de l’enquête lancée pour établir la carte de Cassini en 1757, Cercle généalogique de Saône-et-Loire, 2015, p. 254.
  2. « Déjà en 1846, le bâtiment du presbytère actuel servait de caserne de gendarmerie. Il est probable, d’après la tradition locale, qu’il servit à cet usage dès la première installation de la brigade à Lugny. La municipalité en payait la location aux propriétaires. Il conserva cette affectation jusqu’en 1907, époque où, de par la loi de Séparation, il fut "désaffecté". » Source : note manuscrite d’origine notariale, non signée, datée de janvier 1932, citée par Frédéric Lafarge dans Monseigneur Joseph Robert (1898-1987), Une communauté missionnaire en Mâconnais : Lugny, Les Foyers communautaires et l'Amicale des anciens élèves de l'école « La Source », Lugny, 2019 (ISBN 978-2-9570533-0-8).
  3. Groupe scolaire tirant ses origines d'une école avec pensionnat ayant ouvert en mai 1943 et fondée à des fins d’évangélisation, dans l’espoir de créer localement de futurs foyers profondément chrétiens. Source : « Mémoire de l'école privée de Lugny "La Source" : 1943-2013, 70 ans d'aventure humaine », Lugny, 2013.
  4. Par l'entreprise Bâtir Tradition de Lacrost sous la houlette de l’architecte Frédéric Faucher. Source : « Ravalement de façades à la Maison des Foyers », article de Michel Buchaillard paru dans Le Journal de Saône-et-Loire du 9 octobre 2020.
  5. La finition retenue par l'architecte étant celle dite « de la pierre vue ». Source : Marie-Chantal Laurens, Des façades réhabilitées à la Maison des Foyers communautaires, article publié dans le bulletin municipal de Lugny pour l'année 2020, page 20.
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