Château de Genas

Le château de Genas est une propriété privée protégée en tant que monument historique (ISMH), située à Cléon d'Andran, en Drôme provençale.

Château de Genas

Façade Est du château de Genas
Période ou style Classique
Architecte inconnu
Début construction XVIIe siècle
Fin construction XVIIe siècle
Propriétaire initial famille de Genas
Destination initiale Propriété estivale
Propriétaire actuel Propriété privée
Protection  Inscrit MH (1981, 1989, château, mur, portail et jardin)
Coordonnées 44° 37′ 04″ nord, 4° 55′ 36″ est
Pays France
Région historique Rhône-Alpes
Commune Cléon d'Andran
Géolocalisation sur la carte : France

Situation

Au cœur de la Drôme provençale, le château de Genas est construit dans la plaine des Andrans, entourée des massifs montagneux de la forêt de Marsanne, de la forêt de Saoû ou celle d'Eyzahut. Il est situé à la sortie de village de Cléon d'Andran, sur la route de Marsanne.

La terre de Cléon d'Andran fut sous l'Ancien Régime une seigneurie. Appartenant d'abord aux Adhémar, elle fut cédée par l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem aux Comtes de Poitiers-Valentinois en 1269 qui la cédèrent eux-mêmes en 1295 aux Taulignan. La seigneurie de Cléon d'Andran fut acquise de ces derniers en 1523 par les d'Urre qui la revendirent en 1669 aux Sillol. Les Moutier, derniers seigneurs de Cléon d'Andran, achetèrent en 1782 les terres.

Famille

La famille de Genas, éteinte depuis la fin du XIXe siècle, tire son origine du Dauphiné, près de Lyon, où une ville porte aujourd'hui son nom. Le premier à porter le nom de Genas est Jean Ier au XIIIe siècle. C'est le même qui vint s'établir à Valence où cette famille prit alors racine après avoir vendu son fief de Genas en 1302 à un parent.

Les Genas occupent une place importante dans les annales de la Provence, du Comtat, du Dauphiné et surtout de la ville de Valence. L’histoire de cette famille a fait l’objet de nombreuses publications, marquant son importance. C’est d’abord César de Nostredame en 1613 qui relate certains faits, puis un anonyme, mais surtout deux auteurs qui ont réalisé un travail de recherche remarquable : Pithon-Curt qui lui consacre, dans son nobiliaire, un article important ; et le Comte de Balincourt, descendant par les femmes de cette noble famille qui compulsa cinq cents à six cents pièces d’archives et qui a effectué une généalogie aussi complète que aisée à lire, tirée à seulement 42 exemplaires.  

L’origine du nom de Genas fait débat. Pour Balincourt, il y a un rapport direct avec la plante, le genêt, d’autant plus que celui-ci figure dans les armes des Genas et ce, dès 1260. Cette explication est toutefois contestée, certains ne voyant dans le choix de cette plante qu’un choix délibéré du fait de la signification de celle-ci dans le code héraldique[1].

Histoire

On ne sait pas grand-chose sur la construction du château de Genas, les archives communales ayant été détruites à deux reprises en 1621 ("par ceux de la religion réformée") et 1648 (lors du logement de la compagnie des chevau-légers de M. de Villeneuve). C'est au règne de Louis XIII que remonte l'arrivée des Genas à Cléon. Aimar Giraud, bourgeois de Crest, jouissait avant ce temps de ce domaine. Pierre de Saulces, bourgeois à Bourdeaux, épousa une fille d'Aimar appelée Diane. Leur fille Marguerite épousa Blaise de Genas, seigneur de Beaulieu, le 25 septembre 1605. Marguerite hérita de sa mère, et pour une partie, de ses oncles, nobles Isaac et Alexandre de Giraud, sieur de Divajeu, terre qui échut à Hercule Sibeud de Saint-Ferréol, par son mariage avec Suzanne de Giraud, sœur aînée de Diane. C'est donc sur ces terres dans la plaine des Andrans que fut édifié le château. La famille vint l'habiter en 1614 lorsque Blaise de Genas reçut les propriétés foncières sises à Cléon-d'Andran, d'Aimar Giraud, grand-père de son épouse (A. Lacroix, op. cit., p. 306).

Blaise de Genas était le fils d'Alexandre, seigneur de Beaulieu, près de Valence, et de Claudine de Dorne, mariés en 1557. Ils eurent un fils Paul, mariés le 30 juillet 1641 avec Marguerite Estezet de Valence.

René de Genas (1642-1742), petit-fils de Blaise et fils d'Alexandre, célibataire, lieutenant du roi à Montélimar, puis à Valence, amateur d'art et érudit (riche bibliothèque et tableaux, médailles romaines et pierres anciennes), hérite de son père Paul de Genas. Il mourut centenaire dans son château. En 1692, il signa un contrat avec Pierre Vieux, tailleur de pierres, pour "fourniture des pierres du grand escalier d'Aymard Giraud". "Plan en élévation et perspective du bâtiment et des environs de Genas, situé sur la paroisse de Cléon-d'Andran" (conservé aux archives départementales du Gard, 1697). Malgré quelques différences concernant l'aménagement du parc, ce dessin est assez proche de l'aspect actuel de la façade du château. En 1739, il dressa l'inventaire de ses meubles et collections (inventaire conservé à la médiathèque de Valence). Il s'engagea dans un long procès avec les Sillol à propos du vingtain qu'il refusait de payer (cf. Cléon d'Andran).

Dans le testament de René de Genas (1er mai 1739, déposé chez Maître Mésaugère à Valence), celui-ci mentionne Christophe de Genas, son neveu à la mode de Bretagne, demeurant à Crest, avec substitution au profit de Pierre de Genas, baron de Vauvert, fils de Louis, et s'il mourait sans enfant mâle, le château de Genas reviendrait à l'hôpital Saint-Jean de Valence, ce qui fut le cas après son décès, à l'exception du mobilier, la bibliothèque, les portraits de famille, les papiers et titres des Genas (qui restèrent la propriété des Reynaud de Genas). René de Genas, décédé le 24 août 1742, est enterré dans le cimetière de Cléon d’andran.

En 1782, l'hôpital Saint-Jean de Valence vendit la propriété à M Béraud, de Nîmes, qui le revendit en 1817 à monsieur de Valois, originaire de Lyon, capitaine au régiment d'Angoulême. En 1852, la propriété fut cédée à la famille Raffin, avant d’être reprise par ses propriétaires actuels qui, par les hasards de l'histoire, descendent du frère de Marguerite de Saulces.

La ville de Genas (Rhône) est liée à cette famille dont elle a pris le nom. La famille de Genas (aujourd'hui éteinte) compte parmi ses membres François de Genas (1420-1504), trésorier général des finances de Louis XI et de Charles VIII.

Description

Escalier

Le bâtiment central est orienté est-ouest afin de se prémunir du mistral. Un bois au Nord du parc sert à abriter celui-ci du vent.

Ce bâtiment – rectangulaire – est, dans son côté est, ce que l'on appelle une « façade décor » de style italien, se prêtant merveilleusement à des mises en scène théâtrales ou lyriques compte tenu de son acoustique. Il est flanqué de deux pavillons en saillie aux extrémités (appelés « tour Nord et tour sud » dans le descriptif de 1739 de René de Genas), avec des frontons curvilignes surmontés de génoises. Les avant-corps, bordés de génoises, sont desservis latéralement par deux autres escaliers à balustres. Une aile sud a été rajoutée au XIXe siècle sans bouleverser l'équilibre de l'ensemble.

L'une des originalités du château de Genas tient à son escalier double à balustres, l'un des rares de la région, orné de part et d'autre de lions et surmonté des armes de la famille de Genas (les derniers Genas prirent pour support deux lions, pour devise : « pour la Foy, ma Mie, mon Roy » et timbrèrent l'écusson d'une couronne de Marquis, sommé d'un lion, armé et couronné).

L'ensemble est décrit dans un document du XVIIIe siècle comme suit : « les bâtiments d'exploitation sont séparés par une grande cour de l'appartement du maître, lequel est composé d'un rez-de-chaussée voûté, où est une chapelle, et d'un étage, où est une grande salle, au milieu de six chambres de maître, d'une autre chambre plus petite et à cheminée et de quelques cabinets et aisances, le tout plafonné à corniche en plâtre, parqueté, fougeré ou proprement tablé, carrelé, orné d'un jardin, d'un parterre, d'une grande basse cour, close de mur, porte et grilles de fer »[2]. Les terres, vignes, prés et bois du domaine avaient alors une contenance d'environ 315 setérées[3].

Dans l'inventaire qu'il dressa en 1739 peu de temps avant sa mort, René de Genas décrit « l'escalier double donnant accès à la salle d'en haut, laquelle est flanquée de trois chambres à main droite et de trois chambres à main gauche », comme aujourd'hui. De même, l'énumération des pièces voûtées du rez-de-chaussée coïncide avec la disposition actuelle.

Un plan de travaux et d'agrandissement (non effectués) datant de la fin du XVIIIe siècle se trouve aux archives de Nîmes.


Le parc disposait d'un système hydraulique sophistiqué avec plusieurs bassins de retenue d'eau et canalisations pour l'irriguer (disparu aujourd'hui). Ce système était alimenté par éolienne dans le verger, puisant l'eau dans une vaste pièce voûtée souterraine traversée par une rivière.

Le côté ouest est occupé par une cour et des bâtiments de ferme avec notamment une très belle bergerie.

Protection

Une première protection a été effectuée en 1981 en inscrivant l'escalier extérieur aux monuments historiques et la totalité du château de Genas, son parc, ses murs entourant celui-ci et de sa grille sont inscrits depuis le 31 juillet 1989[4].

Visite

Seul le parc peut-être visité au cours des Journées européennes du patrimoine.

Des représentations théâtrales ont lieu régulièrement durant l'été dans le parc.

Galerie

Héraldique

Armoiries de Blaise de Genas situé sur la façade du château

Les armes des Genas ont souvent été modifiées[5]. Avant 1429, les Genas avaient d'argent au genet de sinople, boutonné d'or. L'union de Louis, l'un d'eux, avec une fille de Charles Spifame, d'Avignon, mais originaires de Lucques, leur fit adopter l'aigle. François de Genas, président de la chambre des comptes du Dauphiné, en 1476, seigneur d'Aiguilles, écartela ses armes : 1° et 4° aux Genas et 2° et 3° aux Spifame, sa mère. Ce sont ces armes qui figurent sur le fronton du château de Genas.

Les armes de la famille de Genas se blasonnent ainsi :
Écartelé : « D’or à un genêt de sinople de quatre branches passées en sautoir, fleuri d’or, écartelé au 2 et 3 de gueules à l’aigle d’argent becqué et membré d’or » auxquelles il faut ajouter les aigles des Spifame[6].

Notes et références

  1. Henri Chaintron et Guy Ibergay, Histoire de Genas et de la châtellenie d’Azieu, 1982
  2. Archives de l'hospice de Valence, B. 62 et 63
  3. une setérée est la surface pouvant être ensemencée avec un sétier de grain. Sa valeur est éminemment variable en fonction du sol et de la nature du grain.
  4. « Château de Genas », notice no PA00116918, base Mérimée, ministère français de la Culture
  5. « Genas Virtuel »
  6. « Genas », sur labanquedublason2.com (consulté le )

Sources

  • Archives de Valence, Histoire de la famille de Genas, cote A150 ;
  • Archives de l'hospice de Valence, cote B.62 et 63 ;
  • Médiathèque municipale de Valence, Inventaire des meubles, médailles, curiosités etc de René de Genas; B 58, 3e pièce en 4 feuillets écrits ;
  • Archives départementales de la Drôme, cote B-592 (mariage de Paul de Genas), E 894, 2467 et 2494 (François de Genas) ;
  • M. Brun-Durand, Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Grenoble, Librairie dauphinoise, 1901 (accessible sur Gallica) ;
  • Edgard de Testu de Balincourt, Histoire de la maison de Genas originaire du Dauphiné et de quelques autres familles du Languedoc qui lui étaient alliées. 1260-1867, Épinal-Bruyères-Melun, 1879-1882, In-8 ;
  • Marius Villard, « Notes généalogiques sur la maison de Genas en Dauphiné », Bulletin de la Société archéologique et de statistique de la Drôme, avril 1912 ;
  • Jean-Antoine Pithon-Curt, Histoire de la noblesse du Comté-Venaissin, d'Avignon et de la principauté d'Orange, Paris, David Jeune et Delormel, 1743, 2 vol. in-4 ;
  • André Lacroix, Histoire de l'arrondissement de Montélimar, t. II, Nyons, Chantemerle, 1973.

Voir aussi

Articles connexes

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