Censure des images en Union soviétique

La censure des images en Union soviétique est l'ensemble des mesures prises pour modifier les documents relatant l'histoire de l'Union soviétique. Il s'agit principalement de falsification d'images photographiques, d'où sont purement et simplement « éliminés » les personnages tombés en disgrâce. Il s'agissait de minimiser le rôle effectif de telle ou telle personnalité, mais également de montrer que les dirigeants n'avaient jamais été en contact avec certains leaders devenus infréquentables.

De gauche à droite : Nikolaï Antipov, Joseph Staline, Serguei Kirov et Nikolaï Chvernik. Ce document a été remanié plusieurs fois, chaque personne tombée en disgrâce voyant son image éliminée de la photo. Staline apparaît seul sur le dernier cliché.

Histoire

Lorsque Joseph Staline prend le contrôle du Parti communiste de l'Union soviétique et devient Président du Conseil des ministres d'URSS, il entame une série de purges visant à éliminer tous types de différents ennemis du peuple, réels ou supposés. Au début, une purge signifiait l'expulsion du Parti, mais à partir des Grandes Purges au milieu des années 1930, les ennemis du parti, opposants, réfractaires aux décisions politique ou au pouvoir de plus en plus absolu de staline, parfois d'anciens membres du parti bolchevique, sont arrêtés, emprisonnés, envoyés au Goulag, exilés en Sibérie ou exécutés. Le gouvernement soviétique tente alors d'effacer de l'histoire l'existence de certaines personnes en prenant différentes mesures : retouche d'image[1],[2], destruction de films et, dans les cas extrêmes, exécution sommaire de toute la famille.

Ainsi, après l'exécution de Lev Kamenev en 1936, son image est retirée des célébrations de la révolution d'Octobre de 1919. De nombreux membres de sa famille sont également éliminés[3]. Son deuxième fils, Yu. L. Kamenev, est exécuté le à l'âge de 17 ans. Son fils aîné, l'officier de l'air A. L. Kamenev, est exécuté le , à l'âge de 33 ans. Sa première femme Olga a été tuée d'une balle le sur ordre de Staline dans la forêt de Medvedev près d'Orel, en compagnie de Christian Rakovsky, de Maria Spiridonova et de 160 autres prisonniers politiques en vue. Seul son plus jeune fils, Vladimir Glebov, a survécu aux prisons staliniennes et au Goulag.

Une photographie de la signature du pacte germano-soviétique (1939) a donné lieu à une falsification. Sur la photo trafiquée se trouvent Ribbentrop et Molotov. Sur l'originale se trouvaient en plus, avec un décor différent, alignés debout derrière eux plusieurs dignitaires soviétiques, dont Staline. Après l'attaque allemande en Russie, il s'agissait alors de minimiser l'engagement de Staline dans ce dossier[4].

Notes et références

Références

  1. (en) « Communism and Propaganda » (version du 22 juillet 2014 sur l'Internet Archive), Newseum.
  2. (en) « Pictures that lie (photos) », CNET.
  3. Orlando Figes, Les Chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline, p. 303, Denoël, 2009.
  4. Antoine Prost, Douze leçons sur l'histoire, Points Seuil, 2014, pages 66-67.

Annexe

Bibliographie

  • (en) David King, The Commissar Vanishes : The Falsification of Photographs and Art in Stalin's Russia, New York, Metropolitan Books, , 1re éd., 192 p. (ISBN 978-0-8050-5294-7, LCCN 97020832).
  • Alain Jaubert, Le Commissariat aux archives. Les photos qui falsifient l'histoire, Broché, 1992.

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