Canal de l'Aqueduc

Le canal de l'Aqueduc est un canal de l'île de Montréal reliant le fleuve Saint-Laurent à l'arrondissement du Sud-Ouest où il alimente l'Usine Atwater de l'aqueduc de Montréal. Situé au sud du canal de Lachine, il s'étend sur 8 kilomètres en longeant le boulevard De La Vérendrye.

Canal de l'Aqueduc
Géographie
Pays Canada
Québec, Montréal
Début LaSalle
45° 24′ 57″ N, 73° 37′ 53″ O
Fin Le Sud-Ouest
45° 28′ 23″ N, 73° 34′ 30″ O
Caractéristiques
Statut actuel En service
Longueur 8,1 km
Largeur 35−50 m
Alimentation Fleuve Saint-Laurent
Usage Eau potable
Histoire
Année d'ouverture 1856
Schéma

Description

Le canal de l'Aqueduc débute au fleuve Saint-Laurent, entre le pont Mercier et les rapides de Lachine. L'eau qui l'alimente est captée au milieu du Saint-Laurent, à 610 mètres de la rive. Elle s'engouffre dans un bloc de béton de 66 mètres sur 12 d’où quatre conduites de 2,1 mètres de diamètre, fixées au lit du fleuve, l'achemine vers une chambre de régularisation sous la berge. En hiver des canalisations font circuler de l’eau chaude dans le massif de béton pour contrer l'effet du frasil. Cette eau est chauffée à 60 °C dans un réservoir au moyen de six brûleurs au gaz naturel d’une capacité de 2,9 MW. La température de l’eau captée est ainsi élevée légèrement au dessus du point de congélation[1].

Le canal effectue ensuite un parcours nord-est à travers les arrondissements LaSalle, Verdun et du Sud-Ouest jusqu'à une station de pompage et un réservoir souterrain (45° 28′ 14″ N, 73° 34′ 18″ O ).

Le canal est d'une longueur de 8,1 kilomètres et varie en largeur de 35 et 50 mètres. Cette largeur importante permettait, l’été, de fournir plus de 5 000 chevaux de puissance hydraulique aux pompes avant que ces dernières ne soient entièrement électrifiées[1]. Il est bordé tout au long de son parcours par de la végétation [2]. Une piste cyclable longe sa rive sud depuis les années 1980[3].

Histoire

En 1801, sous l'impulsion des marchands Montréalais, dont Joseph Frobisher, apparaît la première compagnie privée de distribution d'eau potable, la Compagnie des propriétaires de l'Aqueduc de Montréal (C.P.A.M). L'eau captée d'un étang du village de la Côte-des-Neiges est amenée par gravité dans des tuyaux en bois jusqu'à des citernes au pied du Mont-Royal et, de là, distribuée. Un autre système tire son eau du port de Montréal mais doit être abandonné car la proximité du collecteur d’égouts William donne un mauvais goût à l'eau[4].

En 1816 Thomas Porteous rachète la compagnie pour la somme de 5 000 livres (environ 745 000 dollars canadiens de 2016) et se rend à Glasgow pour y étudier le réseau de distribution d'eau. À son retour il investit 40 000 livres (environ 6 millions de dollars de 2016) pour moderniser son système par des tuyaux de fonte de quatre pouces (10,16 cm), des réservoirs de 240 000 gallons (1 091 ) à revêtement de plomb et des pompes à vapeur tirant l'eau du fleuve Saint-Laurent, faisant de Montréal la ville la mieux desservie d'Amérique après Philadelphie[1].

Naissance du canal

En 1845, la municipalité en pleine croissance rachète les installations de distribution d'eau de la compagnie dans le but d'en développer le réseau. Les dommages causés par deux incendies à l'été 1852 s'ajoutent aux pressions des assureurs pour motiver la construction d'un aqueduc. Le canal de Lachine est envisagé mais son eau polluée est jugée trop dangereuse pour l’intégrité des tuyaux de fonte du réseau. Une commission présidée par le conseiller municipal Edwin Atwater[5] décide donc la construction d'un nouveau système, tel que proposé par l'ingénieur Thomas C. Keefer.

Un aqueduc de 8 kilomètres dont l'embouchure est située 2,4 kilomètres en aval des rapides de Lachine est creusé entre 1854 et 1856. Il permet de prélever l'eau du fleuve à un endroit où elle est raisonnablement propre, et de l'acheminer jusqu'au Pavillon des roues, construit à l'emplacement actuel de l'usine Atwater. De là, la force hydraulique actionne deux roues reliées à six pompes qui font monter l'eau jusqu'au réservoir McTavish, au pied de la montagne, d’où elle est dispensée[1].

Amélioration continue

En parallèle du développement urbain le système d'approvisionnement en eau de Montréal va être continuellement amélioré. En 1863, en remplacement de la rivière Saint-Pierre, un canal d'évacuation des eaux est creusé[4] du Pavillon des roues jusqu'au fleuve. En 1868, des pompes à vapeur viennent suppléer les pompes hydrauliques. Le canal de l'aqueduc est élargi en 1870, puis en 1905 et enfin en 1913, pour fournir toujours plus de puissance hydraulique. De nouvelles entrées d'eau sont construites en 1873 et 1877 le long de la rive.

Traitement de l'eau

Au début du XXe siècle, la purification de l'eau se limitant à son passage par un bassin de décantation, le taux de mortalité infantile à Montréal est parmi les plus élevés en Amérique du Nord et les épidémies sont toujours présentes[6]. La découvertes des micro-organismes pathogènes mène l'ingénieur en chef Georges Janin à proposer dès 1880 la construction d'une usine de traitement de l'eau. Ce faisant il s'oppose à une proposition de longue date d'acheminer à Montréal l'eau d'une source lointaine, solution retenue alors à New-York (Aqueduc de Croton) et Boston (Aqueduc Cochituate (en)). Il déclarera à ce propos : « J'ai réussi à réduire à l'état de légende les dispendieux projets d'amener l'eau des Laurentides ».

En 1909, pour diminuer la contamination de l'eau, un tunnel d’amené d’un diamètre de 2,59 mètres est construit le long de la rive nord du canal sur toute sa longueur[1]. Dans la même volonté, la prise d'eau de la conduite est placée dans le fleuve, à 366 mètre du bord, pour limiter l’entrée de sédiments[7].

L’entrée du canal à LaSalle, 1947.

Après une épidémie de fièvre typhoïde en 1910 le conseil municipal décide de chlorer l'eau potable. Janin, qui a étudié les installations parisiennes, avec des ingénieurs Américains ayant travaillé à New-York et Chicago, apportent leur contribution à la construction, entre 1911 et 1918, de l'usine de traitement actuelle[8]où l’eau est filtrée et désinfectée à l’hypochlorite de calcium.

En 1923, une nouvelle station de pompage est construite au sud de l’extrémité ouest du canal. Les pompes à vapeur sont remplacées par des pompes électriques. En 1951 une nouvelle prise d’eau est implantée à 610 mètres de la rive du Saint-Laurent.

L'usine de filtration de LaSalle, qui porte le nom de Charles-Jules Des Baillets, ingénieur en chef de la Commission de l’Aqueduc, sera construite entre 1973 et 1978.

Références

  1. « Montréal, je me souviens !: Aqueduc », sur montrealjemesouviens.blogspot.ca (consulté le )
  2. « Secteur du canal de l'aqueduc - Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal », sur patrimoine.ville.montreal.qc.ca (consulté le )
  3. « Piste cyclable du canal de l'aqueduc: Piste cyclable en bordure du canal de l'aqueduc à Montréal, Verdun et Lasalle », sur pistescyclables.ca (consulté le )
  4. (en) « Montreal Waterworks, Part I », sur Under Montreal, (consulté le )
  5. toponymie.gouv.qc.ca
  6. ICI Radio-Canada Première, « Chronique d'Hugo Lavoie », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le )
  7. (en) « Montreal Waterworks, Part II », sur Under Montreal, (consulté le )
  8. « Hommage à notre vénérable aqueduc | Archives de Montréal », sur archivesdemontreal.com (consulté le )

Articles connexes

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