Bréhat

L'île de Bréhat [bʁea] (en breton Enez Vriad) est située dans l'archipel de Bréhat, dont elle constitue l'île principale et l'essentiel du territoire de la commune de Île-de-Bréhat (plus de 90 % de celui-ci). Une distance de 1,7 kilomètre la sépare de L'Arcouest (commune de Ploubazlanec), sur la côte nord-est des Côtes-d'Armor.

Pour les articles homonymes, voir Bréhat (homonymie).
Ne pas confondre avec la commune de l'Île-de-Bréhat.

Bréhat
Enez Vriad (br)

Vue de la chapelle Saint-Michel vers le nord-ouest de l'île de Bréhat
Géographie
Pays France
Archipel Archipel de Bréhat
Localisation Manche (océan Atlantique)
Coordonnées 48° 51′ 04″ N, 2° 59′ 52″ O
Superficie 2,90 km2
Point culminant Crec'h Guen (35 m)
Géologie Île continentale
Administration
Région Région Bretagne
Département Côtes-d'Armor
Commune Île-de-Bréhat
Démographie
Population 406 hab. (2013)
Densité 140 hab./km2
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+01:00
Site officiel http://www.iledebrehat.fr
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Bréhat
Géolocalisation sur la carte : France
Bréhat
Géolocalisation sur la carte : Côtes-d'Armor
Bréhat
Île de France

Géographie

Situation

D'une superficie de 290 ha, longue de 3,5 km et large de 1,5 km maximum[1], est en réalité composée à marée haute de deux îles (l'île Sud et l'île Nord), séparées par l'anse de la Corderie, mais réunies entre elles au XVIIIe siècle, par un pont-chaussée (ou pont ar Prat c'est-à-dire « Pont de la Prairie », appelé aussi « pont-chaussée Vauban »)[2].
Le point culminant de l'île (et de l'archipel) est constitué d'un tertre rocheux, le Chrec'h Simon, haut de 35 mètres, situé dans la partie méridionale de l'île Sud.

La population de la commune se regroupe essentiellement sur l'île et compte 444 habitants en 2008[3], dont une grande partie se concentre autour du bourg situé dans la partie orientale de l'île Sud.

« Parler d’île est impropre car il s'agit en fait d'une multitude d'îlots et de roches, (…), un archipel.(…) A force de faire du « rase-cailloux », les marins d'ici sont devenus de redoutables manœuvriers. C'était aussi une île de fameux corsaires, surtout lorsqu'il s’agissait de faire la chasse à l'Anglais. Mais ils pouvaient aussi se faire contrebandiers (…). On déchargeait sur la côte nord une bonne partie de la cargaison et on rentrait côté sud l'air de rien. C’était de bonne guerre ! »[4].

Les deux îles se distinguent tant par leur physionomie que par leurs climats respectifs :

  • l'île Sud : d'un climat plus doux que sa voisine, a favorisé une très grande diversité de fleurs et de plantes, qui a valu à l'ensemble le surnom de l'« île aux Fleurs ».
    On y trouve, en effet, des mimosas, des figuiers, des eucalyptus, des céanothes, des echiums, des agapanthes, ou des hortensias ;
  • l'île Nord : balayée par les vents forts et salés, empêchant la végétation de croître, a développé un paysage aride de landes.

La commune ne fait partie d'aucune intercommunalité[5], bien qu'elle soit adhérente du Smitred Ouest d'Armor pour les questions relatives au traitement des déchets.

Cadre géologique

Carte géologique du Massif armoricain, avec au nord-est le batholite mancellien et ses nombreux plutons de granite cadomien (Trégor, Lanhélin, Louvigné, Vire, Avranches…). Ce batholite dessine une ellipse de 150 km (d'Alençon à la Rance) sur 90 km (de Vitré à Vire)[6].
L'île de Bréhat est renommée pour sa côte de granite rose remarquablement découpée au milieu d'une multitude d'îlots. L'érosion en lames dans le granite est contrôlée par des diaclases subverticales.

Située à l'extrémité orientale du plateau du Trégor, Bréhat est localisée dans la partie médiane du domaine nord armoricain, unité géologique du Massif armoricain qui est le résultat de trois chaînes de montagnes successives. Le site géologique de Bréhat appartient plus précisément à l'unité du Trégor-La Hague représentée principalement par un complexe volcano-plutonique comprenant le batholite du Trégor s.s. (pluton de granitoïdes calco-alcalins  diorites à granites  mis en place au sein des gneiss icartiens et qui fait partie d'un ensemble plus vaste, le batholite mancellien[Note 1]) et les « Tufs de Tréguier » (tufs, ignimbrites et laves intermédiaires à acides)[7].

L'histoire géologique du plateau du Trégor est marquée par le cycle icartien (de ca. -2 200 Ma à -1 800 Ma) dont la géodynamique est mal connue, et le cycle cadomien (entre 750 et 540 Ma) qui se traduit par la surrection de la chaîne cadomienne qui devait culminer à environ 4 000 m[8] et regroupait à cette époque (avant l'ouverture de l'océan Atlantique) des terrains du Canada oriental, d'Angleterre, d'Irlande, d'Espagne et de Bohême[9]. Cette ceinture cadomienne se suit à travers le Nord du Massif armoricain depuis le Trégor (baie de Morlaix) jusqu'au Cotentin. À une collision continentale succède une période de subduction de l'océan celtique[10] vers le sud-est, sous la microplaque Armorica appartenant alors au supercontinent Gondwana. Des failles de direction N40°-N50°enregistrent un raccourcissement oblique, orienté environ NNE-SSW[11]. Cette tectonique régionale entraîne un métamorphisme à haute température et basse pression. À la fin du Précambrien supérieur, les sédiments briovériens issus de l’érosion rapide de la chaîne cadomienne sont ainsi fortement déformés, plissés, formant essentiellement des schistes et des gneiss[12]. Les massifs granitiques du Mancellien (notamment le massif côtier nord-trégorrois, le granite de Plouha, les diorites et gabbros de Saint-Quay-Portrieux), dont la mise en place est liée au cisaillement nord-armoricain[13] scellent la fin de la déformation ductile de l'orogenèse cadomienne[14]. À leur tour, ces massifs granitiques sont arasés, leurs débris se sédimentant dans de nouvelles mers, formant les « Séries rouges » qui se déposent dans le bassin ordovicien de Plouézec-Plourivo, hémi-graben limité au nord par la faille de Trégorrois. Les grands traits de l’évolution géologique du Trégor sont alors fixés. L'altération a également transformé les roches métasédimentaires en formations argilo-sableuses. Enfin, au Plio-quaternaire, les roches du substratum sont localement recouvertes par des dépôts récents issus de l'action du vent (lœss, limons sur les coteaux)[15].

La région de Bréhat est ainsi formée d'un plateau granitique de 30 m de hauteur, recoupé par un champ filonien de dolérite du Trieux[16], roche massive noire, à cristallisation très fine, ayant une composition de basalte tholéitique[17]. Elle correspond à la subduction d'un domaine océanique vers le sud-est sous la marge nord du Gondwana, entraînant un métamorphisme à haute température et basse pression (subduction engendrant un bassin intra-arc ou une zone de chevauchement, les deux hypothèses restant débattues)[18].

Pétrographiquement, parmi les différents granitoïdes du batholite nord-trégorrois, celui de Bréhat et des îlots voisins correspond à l'affleurement du « granite monzonitique de Pommelin-Bréhat », granodiorite rose à grain fin-moyen, ocre par altération météorique, caractérisée par la présence de fines baguettes vert-noirâtre d'amphibole (hornblende) et de petites enclaves arrondies riches en minéraux ferromagnésiens (biotite, hornblende). Le batholite a été ultérieurement (datation à 552 Ma) recoupé par l'intrusion d'un granite rouge aplitique (au Paon, à Guerzido…) montrant fréquemment des miaroles[19].

Économiquement, les granitoïdes de Bréhat et des îlots voisins « ont été recherchés pour les ouvrages portuaires du Goëlo, non seulement à Bréhat, mais aussi à L'Arcouest en Ploubazlanec, à Paimpol, à Port-Moguer en Plouha et même jusqu'à Binic[20] ».

Touristiquement, les principaux aspects de la géologie dans cette région peuvent être abordés au cours de balades naturalistes et géologiques qui permettent d'observer sur un espace réduit du territoire, des roches d'âge et de nature différents, témoins de phénomènes géologiques d'ampleur (magmatisme, tectogenèse, métamorphisme, érosion…)[21].

Personnalités liées à l'île

Notes et références

Notes

  1. De Mancellia, nom latin de la région du Maine, domaine structural de la partie nord-est du Massif armoricain dénommé en 1949 par le géologue Pierre Pruvost. Il est caractérisé par un Précambrien récent au sein duquel se sont mis en place des granitoïdes intrusifs antérieurement au dépôt des terrains paléozoïques ; ce domaine surélevé a été épargné par les transgressions marines du Cambrien.

Références

  1. Présentation de l'archipel sur le site de la commune
  2. Présentation du pont-chaussée Vauban
  3. Populations légales 2008 de la commune : Île-de-Bréhat sur le site de l'Insee
  4. Marie Le Goaziou, "Les Îles de Bretagne", éditions Ouest-France, 1997, (ISBN 2-7373-2312-6)
  5. « L'île de Bréhat entre deux courants… », Ouest-France, 22 février 2014 (en ligne).
  6. Carte géologique de la France au 1/50000 Fougères 13-17, éditions du BRGM, 1981, p. 5
  7. La chaîne panafricaine en Bretagne, France, E. Le Goff, M. Ballèvre, E. Egal, D. Thieblemont, C. Truffert, éditions du BRGM, , p. 5.
  8. « Une promenade, à la découverte des pierres… », sur ouest-france.fr, .
  9. E. ÉGAL et al., Carte géol. France (1/50 000), feuille Pontrieux-Etables-sur-Mer (204), éditions du BRGM, 1996, p. 5
  10. La position de cet océan est suggérée par une importante anomalie magnétique orientée NE-W qui a été reconnue dans la partie médiane de la Manche actuelle et qui pourrait être un corps ophiolitique CF. Serge Elmi et Claude Babin, Histoire de la Terre, Dunod (lire en ligne), p. 64.
  11. (en) J.-P.Brun, P.Guennoc, C.Truffert, J. Vairon, « Cadomian tectonics in northern Brittany: a contribution of 3-D crustal-scale modelling », Tectonophysics, vol. 331, nos 1–2, , p. 229-246 (DOI 10.1016/S0040-1951(00)00244-4).
  12. François de Beaulieu, La Bretagne. La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 15.
  13. (en) Richard Simon D'Lemos, The Cadomian Orogeny, Geological Society Publishing House, , p. 128.
  14. Hubert Lardeux et Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 30.
  15. Jean Plaine, « Plouézec (22) », sur sgmb.univ-rennes1.fr, .
  16. Filons métriques de (méta)dolérites, interprétées comme des laves intrusives paléozoïques ayant subi le métamorphisme varisque.
  17. R.A. Roach, G.J. Lees & M.M. Shufflebotham (1990) - Brioverian volcanism and Cadomian tectonics, Baiede St-Brieuc, Brittany : stages in the evolution of a late precambrian ensialic basin. In R.S D'LEMOS, R.A.STRACHAN, C.G. TOPLEY (eds) : "The Cadomian Orogeny". Geol. Soc. Sp. Publ. 51, p. 41-67
  18. Michel Ballèvre, Valérie Bosse, Marie-Pierre Dabard, Céline Ducassou, Serge Fourcade, et al, « Histoire Géologique du massif Armoricain : Actualité de la recherche », Bulletin de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne, nos 10-11, , p. 21
  19. B. Auvray, J.P. Lefort et J.L. Monnier, Carte géologique à 1 : 50 000 Tréguier, éditions du BRGM, 1976, p. 8
  20. Louis Chauris, « Pour une géo-archéologie du patrimoine : Pierres, carrières et constructions en Bretagne », Revue archéologique de l'Ouest, vol. 30, , p. 262-288 (DOI 10.4000/rao.2184).
  21. Hubert Lardeux et Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 44.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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