Bataille de Thèbes
La bataille de Thèbes désigne le siège et la destruction complète de la cité grecque de Thèbes en décembre 335 av. J.-C. La cité se révolte contre la domination macédonienne imposée par Philippe II. Alexandre le Grand, jeune roi de Macédoine alors en guerre contre des tribus illyriennes, intervient rapidement afin de mater le soulèvement. Abandonnée par ses alliés, Thèbes combat seule la puissante armée macédonienne. Vaincue, la cité est entièrement détruite sur ordre d'Alexandre.
Date |
- |
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Issue | Destruction de la cité |
Thèbes | Royaume de Macédoine |
Alexandre le Grand |
Batailles
Contexte historique
En 336 av. J.-C., Alexandre le Grand succède à son père Philippe à la tête du royaume de Macédoine. Il lui faut tout de même s'imposer dans un pays où les périodes de changement du pouvoir ouvrent la voie à de nombreuses tentatives de coup d'état. Efficacement secondé par sa mère Olympias et Antipatros, ancien officier de Philippe II, Alexandre assassine ses rivaux potentiels puis combat les tribus thraces et gètes afin de stabiliser les frontières septentrionales du royaume[1].
Lors de la bataille de Chéronée de 338, Philippe et Alexandre avait écrasé la coalition menée par Thèbes et Athènes. Les cités grecques ont accepté la domination macédonienne. À l'hiver 338 , elles sont réunies au sein de la ligue de Corinthe où elles s'associent à la koinè eirènè, la paix commune, imposée par Philippe. Lors de ce rassemblement, Philippe est élu hégémon des Grecs pour mener la guerre contre les Perses achéménides. Au moment de l'avènement d'Alexandre, la situation semble pacifiée en Grèce et le jeune roi s'apprête à passer en Asie.
Depuis 338, les Thébains sont obligés d'héberger une garnison macédonienne sur la Cadmée, l'acropole de la cité. Une rumeur sur la mort d'Alexandre lors d'un combat sur les bords du Danube ainsi que les subsides envoyées par le Grand Roi Darius III déclenchent la révolte de Thèbes[1]. Les Athéniens et les Spartiates promettent de soutenir la cité. Apprenant la défection des Thébains et les complicités dont ils disposent, Alexandre traverse la Grèce à marche forcée avec ses troupes et franchit les Thermopyles surprenant les Grecs. Selon Plutarque[2], il aurait alors déclaré : « Démosthène me traitait d'enfant quand j'étais en Illyrie et chez les Triballes, puis d'adolescent quand je suis entré en Thessalie ; je veux lui faire voir devant les murs d'Athènes, que je suis un homme. »
Le siège de Thèbes
Plutarque relate en détail la bataille et la destruction de Thèbes[3]. Alexandre arrive aux portes de Thèbes dont les habitants n'ont pas imaginé qu'il puisse venir si vite, croyant au départ avoir affaire à Antipater. Il laisse le temps à la cité de changer d'avis et demande que Phoenix et Prothytès, probablement les inspirateurs de la révolte, soient livrés. Il promet également d'accorder l'impunité à ceux qui changeraient de camp. Les Thébains rejettent ces tentatives de négociations alors qu'ils savent qu'aucun secours ne viendra d'Athènes ou de Sparte. Alexandre lance l'assaut contre la cité. Appuyée par la garnison macédonienne toujours présente sur la Cadmée, l'armée macédonienne entre dans Thèbes et s'empare dans la ville. Plutarque dénombre près de 6 000 morts du côté thébain pendant les combats.
La résistance de Timocleia
Dans la Vie d'Alexandre, Plutarque relate l'histoire de la Thébaine Timocleia[4], une femme « renommée et vertueuse ». Lors des combats, des soldats macédoniens pillent et saccagent sa demeure. Après l'avoir violée et battue à plusieurs reprises, le chef des Macédoniens, un Thrace, lui demande si elle avait de l'or ou de l'argent caché. Timocleia le conduisit dans le jardin et lui montre le puits dans lequel elle avoue avoir jeté tous ses biens les plus précieux. Alors que le Thrace se penchait pour apercevoir ces objets, Timocléia le poussa au fond du puits avant de le tuer en lui lançant des pierres. Les soldats macédoniens l'amenèrent devant Alexandre. Le roi lui ayant demandé qui elle était, Timocléia aurait répondu : « Je suis la sœur de Théagénès, qui a combattu contre Philippe pour défendre la liberté des Grecs et qui est tombé à Chéronée, où il était stratège ». Sa réponse et son acte auraient suscité l'admiration d'Alexandre qui ordonna de la laisser partir avec ses enfants.
La destruction de Thèbes
Suivant la politique de son père, Alexandre demande au conseil de la ligue de Corinthe de statuer sur le sort de la cité[1]. Les ennemis traditionnels de Thèbes en Béotie et en Phocide profitent de la situation et remettent en avant la vieille histoire du « médisme » thébain : alliance de Thèbes avec Xerxès lors de la seconde guerre médique. Alexandre veut frapper les cités grecques de terreur afin d'avoir les mains libres pour ses projets orientaux. Afin de satisfaire ses alliés locaux, la cité de Thèbes est rasée. À l'exception des prêtres, des hôtes des Macédoniens et des descendants du poète Pindare, l'ensemble de la population, 30 000 selon Plutarque, est vendue en esclavage.
Notes et références
- Goukowsky 1993, p. 254.
- Plutarque, Alexandre, 9.
- Plutarque, Alexandre, 8-12.
- Plutarque, Alexandre, 12.
Sources antiques
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XVII, 8-14.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Alexandre, 8-13.
Bibliographie
- Pierre Briant, Alexandre le Grand, PUF, coll. « Que sais-je ? », (1re éd. 1974) ;
- Pierre Briant, Alexandre le Grand : de la Grèce à l'Inde, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », ;
- Johann Gustav Droysen, Alexandre le Grand, Éditions Complexe, coll. « Le Temps & Les Hommes », (1re éd. 1833), 490 p. (ISBN 978-2-87027-413-2) ;
- Paul Goukowsky, Le monde grec et l'Orient : Alexandre et la conquête de l'Orient, t. 2, PUF, coll. « Peuples et Civilisations », (1re éd. 1975), 307 p. (ISBN 2-13-045482-8) ;
- (en) Nick Sekunda et John Warry, Alexander the Great: His Armies and Campaigns 334-323 BC, Osprey Publishing, , 144 p. (ISBN 1855327929).
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