Bétyle

Un bétyle (en latin Baetylus, du grec ancien βαίτυλος / Báitylos) est une pierre sacrée non sculptée, ayant une simple forme géométrique (généralement conique ou tronconique), faisant l'objet de vénération, sans être pour autant une idole (représentant formellement un dieu). Dans les sources antiques, il s'agit plus particulièrement de météorites, au sens strict ou supposé, dans lesquelles les anciens voyaient la manifestation d'une divinité céleste. Les bétyles étaient ordinairement l'objet d'un culte, et parfois d'offrandes[1].

Les bétyles sont en fait des pierres qui sont considérées comme des « demeures divines » par ces peuples anciens. Dans le récit de la Genèse, le nom de Beith-el est donné à la pierre de Jacob, et ce nom fut appliqué par extension au lieu même où il avait eu sa vision pendant que sa tête reposait sur la pierre.

Les bétyles sont désignés chez de nombreux peuples anciens par le nom de « pierres noires », ce qui semble les rapprocher des météorites.

Origine du mot

Le mot bétyle provient de l'hébreu « Beth-el » (« demeure divine » ou « Maison de Dieu »). Par la suite, ce mot fut utilisé par les peuples sémitiques pour désigner les aérolithes, appelés également « pierres de foudre ».

Attestation de bétyles

Procession du bétyle, Palmyre.

Parmi les bétyles attestés par leur existence actuelle ou par l'archéologie, on peut citer :

  • la pierre noire de la Kaaba à La Mecque[2] — elle serait selon la tradition musulmane étroitement liée à l'histoire d'Abraham ; toujours enchâssé dans la Ka'ba, ce bétyle sert de repère lors des circumambulations et reçoit des actes de dévotions (baisers ou touchers) au cours du pèlerinage ;
  • on a retrouvé plusieurs bétyles à Pétra datés du IIe ou du IIIe siècle av. J.-C. et taillés à même le rocher ou simplement gravés ;
  • plusieurs bétyles sont attestés à Palmyre — une scène de procession y montrerait le transport du bétyle sur le dos d'un chameau[réf. nécessaire].

Localisation

Les bétyles sont des objets cultuels de formes et de tailles diverses. Ils peuvent être fixes ou faire l'objet de processions[3].

Les bétyles fixes peuvent se trouver dans l'enceinte d'un temple, dans des niches (comme pour les bétyles de la source de Palmyre[4]) ou dans une construction recouverte d'étoffes appelée qubba et dont la Kaaba de la Mecque serait un exemple[5].

Représentations

Revers d'une monnaie d'Uranius Antoninus (vers 253) représentant le temple du dieu solaire Élagabal à Émèse et son bétyle.

Les bétyles ou leurs représentations étaient nombreux dans les religions de l'Antiquité :

Dans la tradition biblique

Dans la tradition biblique, un bétyle est une pierre dressée vers le ciel symbolisant l'idée de divinité.[pas clair] L'origine de cette pierre est attribuée à une scène de Jacob à Béthel. Celui-ci, endormi sur une pierre, rêva d'une échelle dressée vers le ciel et parcourue par des anges quand Dieu lui apparut et lui donna la pierre en question. Jacob comprend alors que la pierre est une porte vers le ciel et vers la divinité. D'une position allongée, il la fait passer à une position verticale et y répand de l'huile. Il la nomme « Béthel » (Beth : maison, El : divinité ⇒ « maison de Dieu »). Un bétyle ne représente pas Dieu, mais signale sa présence.

En raison d'une confusion probable entre cette signification et un culte d'adoration, cette pratique est condamnée par le texte biblique « Ne vous fabriquez pas de faux dieux, ne dressez pas d'idoles ou de pierres sacrées, ne placez pas dans votre pays de pierres décorées pour les adorer. En effet, je suis le Seigneur votre Dieu. »[8]

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. François Lenormant, « Les bétyles », Revue de l'histoire des religions, vol. 3, t. 409, , p. 31–53.
  2. Claude Gilliot, « Origines et fixation du texte coranique », Études, vol. 12, t. 409, , p. 643–652.
  3. Lammens 1920, p. 39–101.
  4. Robert du Mesnil du Buisson, « Première campagne de fouilles à Palmyre », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 110e année, no 1, , p. 158–190.
  5. (de) Ludwig Ammann, Die Geburt des Islam : historische Innovation durch Offenbarung, p. 16.
  6. (en) A. J. Wensinck et J. Jomier, Encyclopédie de l’Islam, Koninklijke Brill, (DOI 10.1163/9789004206106_eifo_perio), « Kaʿba ».
  7. René Guénon, Symboles fondamentaux de la science sacrée, Paris, Gallimard, (ISBN 2-07-023009-0).
  8. Bible Segond 1910/Lévitique (complet) 26,1.
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