Association professionnelle des magistrats
L'Association professionnelle des magistrats ou APM est un syndicat de magistrats créé en 1981 au lendemain de la première élection de François Mitterrand jusqu'en 2002, date à laquelle elle se met en sommeil. Elle décide de reprendre son activité syndicale en 2012. Elle est située à droite politiquement[1].
Pour les articles homonymes, voir APM.
Histoire
1981 - 2002
Fondée à l'initiative de François Moreau et Éric Varaut[2], avec un collectif de magistrats, l'A.P.M. est née de la réaction d'une fraction du corps judiciaire heurtée par la nouvelle politique issue de cette alternance, spécialement dans le domaine pénal avec l'abolition de la peine de mort, ainsi que devant ce qui pouvait apparaître comme une mainmise sur la Chancellerie des deux syndicats alors existants, au sein d'un corps dont la majorité des membres n'étaient adhérents d'aucune organisation-, avec, d'une part, la collusion entre l'Union syndicale des magistrats, syndicat majoritaire, et les deux premiers gardes des Sceaux socialistes[réf. nécessaire]) — lesquels avaient pris, notamment, comme directeur de cabinet son chef « historique » —, et, d'autre part, la présence en force de membres et responsables du Syndicat de la magistrature - lequel avait, de longue date, inscrit son action au côté de celle des forces de gauche et dont le discours, très militant et très critique à l'égard de l'institution en place, choquait beaucoup de leurs collègues[réf. nécessaire]).
Cette appellation d'« association professionnelle » marquait une volonté de se démarquer des autres syndicats de magistrats, en affirmant la spécificité du syndicalisme judiciaire[réf. nécessaire]).
L'APM insista ainsi sur la nécessité de « la neutralité du juge » et déclara « l'incompatibilité entre des fonctions de responsabilité syndicale et l'appartenance à des cabinets ministériels » : conformément à ses statuts, ceux de ses membres, lors des alternances politiques qui suivirent, qui furent appelés dans des cabinets ministériels, renoncèrent alors à leurs responsabilités syndicales, quand ils en avaient.
En matière pénale, l'A.P.M. combattit ce qu'elle dénonça comme la politique « laxiste » des gouvernements de gauche, et proclama la sécurité comme « première des libertés », développant une philosophie pénale en complète rupture avec le discours jusqu'alors dominant, issu de la « défense sociale nouvelle » ; s'inscrivant ainsi dans un courant de pensée qui, outre-Atlantique, devait inspirer d'importantes inflexions dans l'approche, théorique et pratique, de lutte contre la criminalité (dite, parfois, « réaction néo-classique »)[réf. nécessaire]) ; certitude des peines, efficacité des procédures, critique d'une dérive « sanitaire et sociale », construction d'établissements pénitentiaires etc. furent autant de thèmes privilégiés, qui contribuèrent à l'évolution des esprits, notamment au sein de la classe politique, qui se concrétisèrent -parfois trop timidement au goût de l'organisation-, à la faveur des changements de majorité[réf. nécessaire]).
À côté du discours pénal, l'A.P.M. développa des réflexions sur la modernisation des outils de travail des magistrats et contribua à populariser des thèmes comme la réflexion sur le périmètre de la justice, ou l'aide à la décision[réf. nécessaire]).
Elle a choisi pour devise « quand la prudence est partout, le courage n'est nulle part »
Elle a disposé d'une audience minoritaire mais réelle au sein de la magistrature, traduite, un temps, par des résultats électoraux significatifs (environ 15 % des voix aux élections dans les ressorts où elle se présentait).[réf. nécessaire]
En 1998, un jeu de mots à connotation antisémite d'un de ses membres, Alain Terrail, avocat général à la Cour de cassation, dans un article polémique paru dans la revue de l'A.P.M. Enjeu justice et dirigé contre un substitut du tribunal de Toulon, adversaire déclaré de l'A.P.M. et mis alors en examen pour violation du secret de l'instruction, Albert Lévy, contraint son président, Georges Fenech, directeur de publication de la revue, à la démission et à en répondre en justice[3].
En 2001, son président, Georges Fenech, est aussi mis en cause et poursuivi dans la réception de subventions de Pierre Falcone, l’homme d’affaires impliqué dans l’Angolagate[4].
L'A.P.M a choisi de cesser, fin 2002, de participer à la vie syndicale au sein du corps judiciaire, tout en gardant, pour autant, la structure disponible : contrairement à ce qui a pu, parfois, être écrit, l'association n'a jamais prononcé sa dissolution, ni en 2008 ni à aucun autre moment, et ses responsables n'ont jamais exclu la possibilité d'une relance de leur action.[réf. nécessaire]
Depuis 2012
C'est ce qui a été décidé lors d'une assemblée générale extraordinaire du 17 octobre 2012, où Jean-Paul Garraud, avocat général hors hiérarchie à la Cour d'appel de Poitiers, ancien député, a été élu comme président[5]. L'APM diffuse régulièrement des communiqués et tribunes sur son site internet, lequel présente aussi diverses archives tirées des anciennes publications du syndicat.
Présidents
- 1981-1988[6] : Jean Pringuez
- 1990-1996[7] : Alain Terrail
- 1996-1998 : Georges Fenech
- 1998-2002 : Dominique Henri Matagrin
- 2002-2012 : mise en sommeil
- depuis 2012 : Jean-Paul Garraud
Références
- « Syndicat de la magistrature : une organisation de gauche qui a eu son heure de gloire », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- « Une nouvelle association professionnelle de magistrats », Le Monde, (lire en ligne).
- La chute d'un magistrat, lexpress.fr, Gilles Gaetner , 17 décembre 1998
- Gaetner Gilles, « Des armes et des robes », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- Pourquoi nous souhaitons fonder un syndicat de magistrats de droite, entretien Alexandra Onfray, atlantico.fr, 16 mai 2012
- « Le nouveau bureau de l'APM. », Le Monde, (lire en ligne).
- « L'Association professionnel des magistrats et son ex-président à la droite de la droite », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).