Assadour

Assadour Bezdikian (dit Assadour) est un peintre-graveur né le à Beyrouth au Liban. Il vit et travaille à Paris depuis 1964.

Œuvre

C'est un artiste connu pour sa rigueur et sa recherche de matières. Assadour a inventé de nouvelles techniques de gravure qui ont par la suite nourri son œuvre picturale. Le caractère dynamique de son travail provient de sa vision du mouvement comme un élément de composition. L’emploi du collage ou du trompe l’œil comptent également parmi les techniques qu'il utilise[1],[2],[3],[4],[5].

« Ses compositions détaillées dépeignent des corps transformés, transfigurés et métamorphosés avec des objets architecturaux et cosmologiques. [...] Dans les années 1980, le travail d'Assadour a commencé à se concentrer sur le paysage abstrait, où les formes et les couleurs géométriques créent des visions de villes changeantes, apparemment déchirées et réarrangées selon un récit magistral. Puis à partir des années 1990 il revient à l'étude de la figure humaine dans l'espace. S'appuyant sur des influences allant de l'iconographie bouddhiste et des masques tribaux africains aux peintures de la Renaissance, le travail d'Assadour nous interroge sur notre place dans le monde, la construction de l'identité et le rôle du destin, du temps et de l'histoire. »[6]

Assadour parle de sa démarche en ces termes:

« Il existe deux dangers dans le monde, dans la vie et dans la peinture: l'extrême ordre et l'extrême désordre. Je cherche toujours à contrôler l'ordre et le désordre : si je vois que dans une oeuvre il y a trop d'ordre, j'y insère une secousse, un tremblement de terre; au contraire, s'il y a trop de désordre, je dois rétablir une règle. [...] Dans mes oeuvres il y a le monde d'aujourd'hui: ces mannequins anonymes, ces nombres qui ne veulent rien dire, ces non-lieux. C'est la vie d'aujourd'hui qui est anonyme, avec des personnes seules apparemment heureuses, qui semblent accepter leur condition, mais qui ne sont pas pleinement conscientes de ces conditions et de la réalité. Une réalité parfois horrible - peut être suis-je trop pessimiste ... Par chance il y a la peinture! La peinture est tout pour moi, j'en ai besoin physiquement : quand je commence à peindre, la vie est plus intense, je ne suis plus pris par la spirale du désespoir » [7]

Biographie

Très tôt éveillé au dessin, la sensibilité plastique d'Assadour est déjà remarquée à Beyrouth où il arrive premier au concours de l'Institut culturel italien dont la récompense est un voyage d'étude en Italie. C'est à cette occasion qu'il trouve les matériaux et les aspirations picturales qu'il recherchait. En 1962 et 63 il suit donc des cours à l'Académie Pietro Vannucci à Pérouse et découvre la gravure grâce à l'enseignement du Père Diego, tout en s'imprégnant de l'art de la Renaissance. De retour à Beyrouth, grâce à l'attribution d'une bourse d'étude dont il est le lauréat en 1964, il s'inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris à l'atelier de Lucien Coutaud. C'est sous son égide qu'il apprend la gravure à l'eau-forte et commence des expérimentations techniques. Il approfondit aussi plus particulièrement l'aquarelle, le dessin et la peinture. Le constructivisme, l’abstraction, ou l’expressionnisme alimentent son imaginaire et guident ses recherches[7].

En 1969, il s'installe pour de nombreuses années dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés où il fréquente architectes, poètes, artistes, collectionneurs, galeristes et amateurs d’art. Dès sa première exposition personnelle à la Galerie La Pochade boulevard Saint-Germain en , son travail est remarqué pour ses aquarelles et ses eaux-fortes dont la minutie et l'onirisme inspirent les mots de Philippe Soupault[8]. Il expose ensuite en 1977 et 1983 à la galerie Sagot-le-Garrec. Max Clarac-Sérou lui consacre également deux expositions à la Galerie du Dragon en 1982 et 1986. C'est à l'occasion de cette dernière que des poètes tels qu'Edouard Glissant[9], Krikor Beledian[10], Jean Daive[11] ou Luigi Mormino[12] participent à l'évènement sous forme de poèmes en prose sur sa peinture.

Il collabore régulièrement avec des poètes et des écrivains pour accompagner de ses gravures des livres de bibliophilie aux tirages limités[7].

Assadour est également acteur de nombreuses manifestations : au Salon de Mai dont il a été membre du Comité de 1974 à 1977, à La Jeune Gravure Contemporaine à Paris dont il a également été un membre actif de 1975 à 1979 et est depuis 1975 membre sociétaire des Peintres Graveurs Français[13].

Rapidement après sa première exposition parisienne sa notoriété s'est étendue à l'échelle internationale. Le critique italien Giuseppe Appella apprécie son travail et en 1974 son œuvre est présentée à Rome, son retentissement l'amène par ricochet au Luxembourg, à Amsterdam, en Allemagne et dans toute l'Europe. Assadour expose de nouveau à Beyrouth en 1975 , mais la guerre du Liban éclate[14],[15].

Son travail continue de se diffuser à travers le monde : à partir de 1980 c'est l'Asie qui le découvre avec une première exposition personnelle au Japon, Assadour explore le pays, plus tard ce sera Taïwan puis Séoul... il reste charmé par ce continent. En 1983 à l'occasion d'un vernissage à Lima au Pérou, il visite le Machu Pichu et est inspiré par la puissance de l'Art Inca.

Au cours des années 80, il fait évoluer sa peinture et c'est pour sa participation à la FIAC de 1986 que la galerie Faris présente entre autres des huiles sur toile qui marquent les esprits. En 1997, 2004 et 2005 c'est à la Galerie Cahiers d’Art dirigée par Yves de Fontbrune à Paris que ses huiles et acryliques sont affichées[14],[15].

Assadour a fait l’objet de plus de 120 expositions monographiques et rétrospectives comme notamment au musée Bochum (Allemagne) en 1991, au musée Pericle Fazzini à Assise (Italie) en 2008 ainsi qu’à l’occasion de la réouverture du musée Sursock de Beyrouth en 2016[16]. Il a par ailleurs participé à environ 175 biennales ou expositions collectives à travers le monde et obtenu de nombreux prix dont le Grand Prix des Arts de la Ville de Paris qu'il reçoit des mains de Jacques Chirac en 1984[13].

Ses œuvres ont pris place entre autres dans les collections du Cabinet des Dessins et Estampes du Musée des Offices de Florence, de la Bibliothèque Nationale de France, du Fonds national d'art contemporain de Paris, de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne, de la Collection Samsung de Séoul, ou du British Museum de Londres[13].

Principales expositions personnelles

années 1960 et 70

1971 : Galerie La Pochade, Paris

1974 : Studio Internazionale d’Arte Grafica “L’Arco”, Rome

1975 : Alex Manoogian Art Center, Beyrouth

1977 : Galerie Sagot-Le-Garrec, Paris

années 1980

1982 : Galerie du Dragon, Paris

1983 : Galerie El Puente, Lima

1984 : Galerie Vivant, Tokyo

1984 : New Aspect Gallery, Taipei, Taiwan

1986 : FIAC Galerie Faris, Exposition personnelle, Paris

1989 : FIAC-SAGA Galerie du Luxembourg, Luxembourg

années 1990

1991 : Museum Bochum, Bochum (Rétrospective)

1992 : Galleria Della Pergola, Pesaro

1993 : Galerie Cegrac, La Corogne

1993 : Théâtre de Beyrouth, Beyrouth

1995 : Keum San Gallery, Séoul

1997 : Cahiers d'Art, Paris

années 2000

2001 : AMAC (Association Mouvement d’Art Contemporain), Chamalières

2008: Galleria Saletta Galaverni, Reggio Emilia

2008 : Museo Pericle Fazzini, Assise (Rétrospective)

années 2010

2013 : Fondation Tito Balestra, Longiano (Rétrospective)

2014 : MIG. Museo Internazionale di Grafica, Castronuovo di Sant'Andrea (Rétrospective)

2016 : Musée Sursock, Beyrouth (Rétrospective)

2016 : MUA. Musei di Aliano, Palazzo Di Leo, Aliano (Rétrospective)

2019 : Fondazione - Museo Leonardo Sinisgalli, Montemurro (Rétrospective)

Principales expositions collectives, biennales et salons

  • Salon de mai, Paris, France, 1967 / 1968 / 1972 / 1973 / 1974 / 1975 / 1976 / 1977 / 2014
  • Biennale internationale de la gravure, Cracovie, 1970/1972/1974/1976/ 1978/1980/1991
  • Les Peintres-Graveurs Français, Paris, 1972 / 1974 / 1976 / 1978 / 1982 / 1984 / 1999 / 2015
  • La Jeune Gravure Contemporaine, Paris, 1974 / 1975 / 1976 / 1977
  • First New York International Drawing Biennale, Bronx Museum of Art, New York, 1977
  • British International Print Biennale, Bradford, 1979 / 1982
  • Male Formy Grafiki, Lodz, 1981 / 1990 / 2014
  • World Print Council, New York, 1983
  • Le Paysage dans L’Art Contemporain, École des beaux-arts, Paris, 1989
  • Forum culturel libanais, Unesco, Paris, 1999
  • I Cento Amici del Laboratorio, Laboratorio d’Arte di Grafica, Modena, 2013
  • L’automne, Moonshin Museum, Séoul, 2013
  • Museo del Tricolore, Reggio Emilia, 2017
  • Vanni Scheiwiller e l’arte da Wildt a Melotti, Galleria Nazionale d’Are Moderna e Contemporanea, Rome, 2019-2020

Publications de bibliophilie

Livres illustrés

  • Libero de Libero, La Vecchiaia Nevica, L’Arco Edizioni d’Arte Roma, Vanni Scheiviller, Milano, 1978
  • Camilllo Sbarbaro, Poésies, La Pergola Edizioni, Pesaro, 1978
  • Krikor Beledian, Objets et Débris, Édition M.H., Paris, 1978
  • Luigi Mormino, L’Oiseleuse, Les Impénitents, Paris, 1978
  • Gabriele d’Annunzio, La Pioggia nel Pineto, Edizioni d’Arte Legenda Celeniana, Avezzano, 1978
  • Krikor Beledian, Fragments du Père, Edition Club 80, Luxembourg, 1979
  • Libero de Libero, Poésie, Edition A.Mondadori, Milano, 1980
  • Roberto Sanesi, Predelles, La Pergola Edizioni, Pesaro, 1983
  • Luigi Mormino, Poésie du Temps Bref, Éditions Origine, Luxembourg, 1983
  • Roberto Linzalone, Natura molta,  L’Arco Edizioni d’Arte, Roma, 1983
  • Lengua, Editrice Flaminia, Pesaro, 1983
  • Max Clarac-Sérou, L’Après-Saison, Éditions Pour le Plaisir, Paris, 1984
  • Yannis Ritsos, Substitutions, Éditions l’Échoppe, Caen, 1985
  • Adonis, Célébrations 2, Éditions du Palimpseste, Lyon, 1990
  • Issa Makhlouf, Égarements, Éditions André Biren, Paris, 1993
  • Aires n°18 : Composition - Jacqueline Naba - Bernard Noël - Dessin de Assadour, Paris, 1994
  • Gianni d’Elia, Salienza, Edizioni della Pergola, Pesaro, 1999
  • Georges Perec, Breve note sull’arte e il modo di riordinare i propri libri, Edizioni Henry Beyle, Milano, 2010

En collaboration avec d'autres artistes

  • Marcel Proust, L’Affaire Lemoine, Les Amis bibliophiles, Paris, 1971
  • Sicile/Siciles, Editions Club 80, G.D. Luxembourg, 1985
  • 4 artistes 4 poètes, Mediart, Luxembourg, 2004
  • Cartella Omaggio a Leonardo Sciascia, 4 incisori per Leonardo Sciascia : Assadour, Rodolfo Ceccotti, Carla Tolomeo, Carla Horat, Associazione Amici di Leonardo Sciascia, Firenze, 2014

Prix

  • Médaille d’or, Terza Bienale Internazionale della Grafica d’Arte, Firenze, 1972
  • Médaille d’argent de la ville d'Épinal, Biennale internationale de l’estampe, Épinal, 1973
  • Grand Prix, Première Biennale Internationnale de Givet, 1975
  • Prix du Président de la ville de Cracovie, Biennale internationale de la gravure, Cracovie, 1980
  • Honorable Mention, Norvegian International Print Biennale, Fredrisktad, 1980
  • Médaille d’Honneur, Male Formy Grafiki, Lodz, 1981
  • Grand Prix des Arts de la Ville de Paris, Paris, 1984
  • Prix Gabriel Ollivier, XXIV Prix International d’Art Contemporain de Monte Carlo, 1990
  • Médaille d’Honneur, Small Graphic Forms Lodz, 1981 - 1996
  • The Prize of Ministry of Art and Culture, Fifth International Art Triennale, Majdanek, 1997

Collections

- Cabinet des dessins et gravures du Musée des Offices, Florence, 1975

- Bibliothèque Nationale de France, Paris, 1981

- Musée, Château d’Annecy, Annecy

- Fonds national d'art contemporain, Paris, 1983

- Fonds régional d'art contemporain de Normandie-Caen (anciennement Frac Basse-Normandie),1984

- Musée d’Art contemporain, Skopje

- Fondation Calouste Gulbenkian, Lisbonne

- Centre de la Gravure et de l’Image imprimée, La Louvière

- Collection Paribas, Paris

- National Museum of Warshaw, 1986

- National Museum of Silesia, 1986

- Collection Samsung, Seoul

- Musée Sursock, Beyrouth, 1996 (donation collection Pierre Cardahi)

- CCCPL, Reggio Emilia

- Cremona Civic Museum, A.D.A.F.A. Prints & Drawings cabinet, Cremona, 2007

- MIG. Museo Internazionale della Grafica, Castronuovo Sant’Andrea (PZ), Italie, 2011- 2015

- Moonshin Museum, Séoul, 2012

- Victoria & Albert Museum, Londres 2016

- British Museum, Londres, 2017

- Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, Roma, 2019

Articles de presse choisis

  • Assadour, Le Monde, Paris,
  • Assadour, L’Aurore, Paris,
  • Etel Adnan, Assadour : Faire et défaire les mondes, L'Orient-Le Jour, Beyrouth, 1975
  • Jean-Marie Dunoyer, Grands et Jeunes de Demain, Le Monde, Paris, (repris avec le titre Rêveries du Repos et de la Violence, Le Monde, Paris, )
  • Françoise Woimant (Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale), Assadour, Nouvelles de l'estampe, n.36, Paris, 1977
  • Luigi Mormino, Autorevole elogio di una lucida follia : scoperto Assadour, La Notte, Milano,
  • Giuseppe Appella, Le scene della memoria e del sogno, "L’Osservatore Romano", Città del Vaticano,
  • Nohad Salameh, Assadour au « réveil » : « Mes nouvelles aquarelles ? Un travail d’archéologue », Le Réveil, Beyrouth,
  • Mirèse Akar, Le Mystère Assadour, L'Orient-Le Jour, Beyrouth,
  • Gaston Diehl, Assadour, Nouvelles de France : Revue du ministère des Relations Extérieures, n.108, Paris,
  • Vittorio Rubiu, Gli acquarelli di Assadour, Corriere della Sera, Milano,
  • P. Schneider, Voyages en Sicile, Luxemburger Wort, Luxembourg, G.D. Luxembourg,
  • Inside FIAC, Art News Magazine, New York,
  • Fiona Dunlop, Contemporary Visions of Utopia, Art International 12, Zurich, automne 1990
  • Sandro Parmiggiani, Assadour : incidere e dipingere contro l’inarrestabile frammentazione del mondo, Colophon, n.13, pp. 4-11, Belluno,

Principales monographies

  • Philippe Soupault, Assadour, Catalogue de l’exposition Galerie La Pochade, Paris, 1971
  • Libero de Libero, Disegni di Assadour, Editions All’Insegna del Pesce d’Oro, Milano, 1977
  • Giuseppe Appella, Assadour – Opera Grafica 1966-1977, Editions Scheiwiller, Milano, 1977
  • Carlo Belli, Acquarelli di Assadour, Editions All’Insegna del Pesce d’Oro, Milano, 1980
  • Max Clarac-Sérou, Au pays de la transparence, Editions du Dragon, Paris, 1982
  • Jean Daive, Krikor Beledian, Max Clarac-Serou, Édouard Glissant, Luigi Mormino, Assadour – Tempéras & Aquarelles, Editions du Dragon, Paris, 1986
  • Giuseppe Bonaviri, Assadour in Lucania, Edizioni della Cometa, Roma,  1987
  • Sepp Hiekisch-Picard, Joseph Paul Schneider, Krikor Beledian, Christoph Kauffmann, Brigitte Heublein, Assadour – Peinture, Aquarelles, gravures1966-1991, Editions Museum Bochum, Bochum 1991
  • Elias Khoury (préface), Adonis, Issa Makhlouf, Joe Tarrab, Etel Adnan, Joseph Paul Schneider, Jean-Jacques Lévèque, Grzegorz Sztabinski, Fiona Dunlop, Krikor Beledian, Assadour 1993, Catalogue de l’exposition Théâtre de Beyrouth, Ain El Mreisseh - Beyrouth, 1993
  • Kim Tschang-Yeul, Assadour, Catalogue de l’exposition Keum San Gallery, Séoul, 1995
  • Daniel Sibony, Assadour, Catalogue de l’exposition AMAC, Chamalières, 2001
  • Gerard Xuriguera, Assadour – Gravures, Aquarelles, Peintures, Editions F.V.W., Paris, 2004
  • Zeina Arida, Nora Razian, Assadour Landscape in Motion, Sursock Museum, Beyrouth, 2016
  • Federico De Melis, Assadour a Montemurro. Opere dal 1967 al 2013, Edizioni della Cometa, Roma, Italia, 2019.

Ouvrage de référence

  • Michel Fani, Dictionnaire de la peinture au Liban, Éditions de L’escalier, Saint-Didier, 1998, p. 38-43
  • Jacques Busse, Bénézit - Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers - Volume 1, Éditions Gründ, Paris, 1999
  • Michel Fani, Dictionnaire de la peinture Libanaise, Éditions Michel de Maule, Paris, 2013, p. 62-73

Notes et références

  1. (it) Giuseppe Appella, , Milano, Editions Scheiwiller, 1977, «Assadour è uno di questi giovani che, nati con una vocazione, ricchi di talento e di mestiere (oggi è padrone di una tecnica che si fa essa stessa invenzione), con un lavoro paziente e l’assoluto dominio del mezzo usato sempre in economia, sta mettendo insieme un’opera complessa che, smontando le macchine costruite sui resti ancora fumanti del folklore, smitizza l’equivoco della civiltà tecnologica.»
  2. Etel Adnan, « Assadour: Faire et défaire les mondes »,L’Orient le jour, 1975 « Assadour est avant tout un graveur : « Quand je grave, dit-il j'exprime un côté analytique de mon tempérament, je dissèque l'image et, avec elle, la pensée. Je suis comme un chirurgien. J'aime ce côté presque sadique de la gravure ». Ce parfait artisan ne part pas d'idées générales, heureusement, mais d'une démarche abstraite. Quand il intitule une gravure La Voie lactée, et bien qu'il aboutisse à un personnage féminin mécanisé et participant de la mécanique céleste, ce n'est pas parce qu'il est parti d'une image globale, mais plutôt d'une dynamique de formes essentielles dont le jeu, sur la surface plane de la plaque de cuivre, a donné naissance à une géométrie du ciel. Il part d'un triangle, d'un carré, de rapports mathématiques dépouillés, il crée un environnement purement géométrique... Quand il dessine un triangle, il ne pense pas à la Pyramide égyptienne, mais à celle des classes élémentaires de notre enfance. Seulement, il y a comme une magie qui se faufile, un champ magnétique qui se développe à partir de ces figures, et c'est là où nous avons affaire à un véritable artiste : ses figures malgré elles pour ainsi dire, s'aimantent et se repoussent, vivent de la vie planétaire. Assadour se place peut être à son insu, à ce moment de l'histoire de la pensée qui est parti du dix-huitième siècle : une croyance presque maçonnique dans les vertus des mathématiques fait de lui une sorte de magicien. Il croit encore qu'on peut expliquer les choses par leurs mécanismes. Il démonte, il dissèque, il catalogue ses découvertes qui deviennent son vocabulaire.»
  3. (pl) Grzegorz Sztabinski, La nature et la géométrie dans les travaux d ‘Assadour, Lodz, BWA Galeria Balucka, , « Dans les réalisations de l'artiste se manifestent des éléments connus et pris en considération depuis les temps d'Euclide, comme le cercle, le carré, le triangle, le cône, la sphère. (...) D'autre part, la nature. Certains travaux ressemblent à la terre vue d'une grande hauteur, d'un avion ou d'un hélicoptère.(...)Il est curieux que, malgré la double inspiration mentionnée plus haut, du point de vue formel les travaux eux-mêmes ne semblent pas doubles, composées de deux couches. Au contraire, ils produisent une impression d'unité, de cohésion. Certainement cela est dû à la gamme homogène des couleurs propre aux réalisations d'Assadour. Toutefois, le problème ne se ramène pas aux couleurs. Les formes sont elles aussi à ce point liées les unes aux autres qu'elles constituent un tout géométrique et naturel. Mais l'analyse sémantique oblige à rejeter l'idée d'un tout. Un examen minutieux des détails en convainc. On peut alors remarquer que dans les travaux apparaissent de petites silhouettes humaines disposées conformément aux lois de la perspective à vol d'oiseau. Elles se tiennent donc sur ce que nous interprétons comme étant la terre, un paysage, parfois elles lèvent un bras comme pour saluer l'observateur regardant d'un hélicoptère. La remarque de ces petites figures renforcent la conviction de la justesse d'une interprétation réaliste, mimétique des travaux d'Assadour. Cette conviction devient cependant rapidement douteuse. A côté on découvre en effet des chiffres ou des signes tracés hâtivement, faisant penser à des notes sur des cartes, des plans, etc. L'illusion de réalisme disparaît pour faire à une interprétation fondée sur un code mathématique et cartographique.Quelle est la cause du caractère trompeur des réalisations d'Assadour ? »
  4. Joseph Paul Schneider, Assadour 1993, Beyrouth, Théâtre de Beyrouth, , « Assadour, comme l’abeille, ne cesse de secréter des images qui nourrissent papier et toile de ses jeux de masques, de miroirs et de symboles dans des “décors-paysages” aux rouages soigneusement étudiés qui sont (souvent) autant de pièges. Il nous fait prendre conscience, à travers les périls ourdis sur ses chemins dessinés, gravés et peints, de cette tension permanente de l’impulsion créative à travers les accumulations de signes écrits, inscrits dansés dans les architectures de cités et d’univers, de nos antériorités obscures ou encore de ces visions de planètes (encore) inconnues.»
  5. Gerard Xuriguera, Assadour – Gravures, Aquarelles, Peintures, Paris, Editions F.V.W.,  Le jeu interactif entre le chromatisme et l'encre de la gravure, sous-tend l'incessant balancement entre son souhait de croire à un espoir possible, et ce qui demeure scellé dans sa mémoire, car l'imagination est somme toute un art de l'hybridation". (...) Dans cet univers simultanément construit et déconstruit, mais au plus intime de la loi et de l'équilibre, dans cette broderie aux contours martelés et aux parentés déconnectées, s'interposent de légers reliefs texturiels et de courts rubans qui déconcertent notre lecture en simulant le trompe l'oeil, alors qu'avant tout, la peinture en commande les pouvoirs. (...)Avec l'eau-forte, technique où il a peu de rivaux, Assadour n'accepte pas l'approximatif. Obsessionnellement minutieux, il pousse à l'extrême son objectivité sensible, en travaillant ses plaques en acier ou en cuivre, gommant les plages lisses au profit d'un réseau de sillons et de gaufrages, de préférence, qui forment des tensions et des fusions inespérées. A l'huile, à l'acrylique, il laisse respirer ses motifs, mais les architectures avec autant de rigueur et de puissance contenue. A l'aquarelle, où il excelle, si le papier ne lui sied pas, il s'applique à en modifier le grain par des piquetages, de lentes érosions ou de volontaires oppositions chromatiques, en misant sur une approche souple et légère, sans repentir, lui qui n'apprécie la spontanéité que par intermittence. Ce faisant, en reprenant la même thématique flottante, Assadour conçoit un monde déstabilisé, qui en évitant les ornières mimétiques de l'idéologie, nous renvoie inéluctablement aux dérèglements du nôtre. En cela, il adhère à la modernité de son époque, tout en restant lui-même, à l'écart des élucubrations post-modernistes et des redondances conceptuelles. Basées sur la trace, et plus spécifiquement l'emprunte, ses images exhalent un parfum d'entre-deux, d'atmosphère suspendue en continuelle métamorphose, ou « rien n'est innocent et où rien n'est vrai et où tout peut l'être », comme écrivait Pirandello. »)
  6. (en) Nabû Production, « Assour »,
  7. (it) Sandro Parmiggiani, « Assadour: incidere e dipingere contro l'inarrestabile frammentazione del mondo », Colophon n°13, , p. 4 à 11
  8. Philippe Soupault, Assadour, Paris, Catalogue de l’exposition Galerie La Pochade,
  9. Édouard Glissant, Assadour – Tempéras & Aquarelles, Paris, Editions du Dragon,
  10. Krikor Beledian, Assadour – Tempéras & Aquarelles, Paris, Editions du Dragon,
  11. Jean Daive, Assadour – Tempéras & Aquarelles, Paris, Editions du Dragon,
  12. Luigi Mormino, Assadour – Tempéras & Aquarelles, Paris, Editions du Dragon,
  13. (en + fr + ar) Zeina Arida et Nora Razian, Assadour Landscape in Motion, Beyrouth, Sursock Museum,
  14. (de) Sepp Hiekisch-Picard, Joseph Paul Schneider, Krikor Beledian, Christoph Kauffmann, Brigitte Heublein, Assadour – Peinture, Aquarelles, gravures1966-1991, Bochum, Editions Museum Bochum
  15. Gerard Xuriguera, Assadour – Gravures, Aquarelles, Peintures, Paris, Editions F.V.W.,
  16. Sursock Museum, « An exhibition in the making | Assadour: Landscape in Motion »,
  • Portail de la peinture
  • Portail du Liban
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.