Aspendos

Aspendos (en grec ancien Ἄσπενδος) est une ancienne cité gréco-romaine du sud de l'Asie mineure, située à environ 45 kilomètres à l'est de la ville actuelle d'Antalya. Aspendos est située sur un petit plateau qui domine la vallée avec la rivière Eurymédon qui coule au pied. La présence d'eau et la valeur défensive du site explique sans doute le choix initial de l'emplacement par les premiers occupants.

Aspendos
(grc) Ἄσπενδος

Théâtre d'Aspendos : cavea
Localisation
Pays Turquie
Province Antalya
District Serik
Coordonnées 36° 56′ 20″ nord, 31° 10′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Aspendos

Elle se distingue par son théâtre romain, le mieux conservé de toute l'Asie Mineure, dans lequel tous les étés des spectacles sont organisés. Dans l’Antiquité, le théâtre d’Aspendos pouvait accueillir environ 12 000 spectateurs[1].

Plan d'Aspendos : 1. Aqueduc, 2. Porte nord, 3. Stade, 4. Bouleutérion, 5. Porte est, 6. Marché couvert, 7. Nymphée, 8. Agora, 9. Basilique, 10. Exèdre, 11. Théâtre, 12. Porte sud, 13. Bains, 14. Gymnase

Histoire

Elle fut fondée, selon la tradition antique, à l'époque préhellénique par des colons originaires d'Argos dans l'ancienne province de Pamphylie. Son fondateur, Mopsos, porte un nom d'origine anatolienne et le nom de la ville figurant sur les pièces de monnaie du Ve siècle av. J.-C. et du IVe siècle av. J.-C. est ΕCΤFΕΔIIΥC (Estwedys ou Estwediya), sans doute dérivé du nom d'un ancien roitelet hittite de la région. Cela dénote de fait une forte influence des peuples asiatiques de la région. À l'époque, l'Eurymédon est traversable pour des navires jusqu'à Aspendos et la cité profite de commerce de sel, huile et laine.

D'après la légende, Mopsos faisait partie des chasseurs du sanglier de Calydon, d'où la représentation d'un sanglier sur certaines pièces de monnaie.

Monnaies d'Aspendos, avec les deux noms successifs de la ville.

Dès l'année 546 av. J.-C., Aspendos est sous domination de l'Empire perse à qui elle fournit des troupes, mais la ville peut frapper sa propre monnaie, ce qui indique un certain degré de liberté. Au Ve siècle av. J.-C., Aspendos appartient à la ligue de Délos et lui verse un tribut. À la fin de l'année 334 av. J.-C., la ville se soumet à Alexandre le Grand à condition que le conquérant n'y laisse pas une garnison. Cependant, dès le départ d'Alexandre, les habitants d'Aspendos violent la convention et se préparent à la défense de la cité ce qui indigne Alexandre. Il marche immédiatement sur la cité qui, à la vue d'Alexandre, veut faire la paix. Cette fois, les conditions sont plus fermes pour Aspendos : la cité doit accepter une garnison grecque et céder environ 100 pièces d'or et 4 000 chevaux chaque année. À la mort d'Alexandre, elle est rapidement intégrée au royaume de Pergame, puis rattachée à la province d'Asie à l'époque romaine. Au Ve siècle, elle porte le nom de Primopolis. En 2010, elle est assez bien conservée.

Numismatique

Les premières pièces d'argent montrent des hoplites armés comme symbole de l'armée d'un côté, et des triskèles de l'autre (rangée 1, 460–420 av. JC). Les inscriptions Ε, ΕC, ΕCΤ, ΕCΤFΕ, ΕCΤFΕΔIIΥC apparaissent. Les pièces postérieures montrent deux lutteurs d'un côté, un frondeur et les habituels triskèles de l'autre (rangée 2-4, 400–250 avant JC). Les figures d'Athéna, Héraclès, Zeus et Alexandre le Grand sont représentées encore plus tard (rangée 5, 200-150 avant JC). AC pour ACΠΕNΔOC apparaît également ici pour la première fois. Les pièces de monnaie de l'époque romaine portent les symboles du César respectif et l'inscription ACΠΕNΔION (ligne 6, 200–300 après JC).

Archéologie

La ville a été encore assez peu explorée, malgré son importance à l'époque romaine.

Théâtre romain

Théâtre romain d'Aspendos

Le théâtre, construit par l'architecte local Zénon sous le règne de l'empereur romain Marc Aurèle[2], est l'un des mieux conservés du monde romain, et certainement le mieux conservé d'Asie mineure. Le mur de scène et la cavea du théâtre sont en excellent état : même la galerie supérieure sous arcades est encore très bien conservée.

Une inscription bilingue placée sur la tribune d'honneur du théâtre indique qu'il a été financé par A. Crispinus Arruntianus et A. Curtius Auspicatus entre 161 et 169 ap. J.-C.[3].

Comme une grande partie des cités antiques orientales, Aspendos a été abandonnée vers le VIe-VIIe siècle suite aux invasions arabes. Mais au XIIIe siècle, un prince ou bey d'Ashraf est tombé sous le charme du théâtre romain et l'a restauré pour en faire sa résidence d'été. Cela explique que le monument nous soit parvenu presque intact, alors que le reste de la ville, la basilique et le stade, sont totalement en ruines.

Acropole

La visite de l'acropole, au-dessus du théâtre, révèle les restes importants d'une basilique, mais aussi ceux d'un nymphée, d'une agora (ou forum), de rues, et même d'un stade, immédiatement décelable dans toute son étendue sur les vues satellites, un peu au nord du théâtre.

Aqueduc à siphon double

L'aqueduc romain et son siphon

En contrebas de l'acropole, un aqueduc apportait l'eau depuis les hauteurs situées à quelques kilomètres au nord-ouest. Il comporte un siphon double, sans doute le mieux conservé de tout le monde romain avec ceux de Lugdunum : ses vestiges, tours-réservoirs de chasse et de fuite avec rampants à étages d'arcades, ponts-siphons caractéristiques qui supportaient des tuyauteries parallèles posées à plat, peuvent être suivis sur une longueur de plus d'un kilomètre.

Pont sur l’Eurymédon

Pont sur l’Eurymédon

Bâti par les Romains, ce pont traverse la rivière Eurymédon (en turc : Köprüçay). Les Seldjoukides ont réutilisé les composants du pont romain, effondré probablement à la suite d'un séisme, pour le remplacer par le pont médiéval entretenu jusqu'à nos jours.

Anecdote

Dalida a donné son dernier concert dans ce théâtre, le .

Notes et références

  1. (en) Leland M. Roth, Understanding Architecture : Its Elements, History and Meaning, Boulder, CO, Westview Press, , First éd., 542 p. (ISBN 978-0-06-430158-9)
  2. site Clio la Muse Clio la Muse - Aspendos
  3. (en) Frank Sear, Roman theatres : An architectural study, Oxford University Press, 2006, 609 p., (ISBN 978-0-19-814469-4), p. 14

Annexes

Article connexe

Liens externes

Bibliographie

  • Guy Rachet, Dictionnaire de l'archéologie, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1983
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