Ashantis

Les Ashantis sont une population d'Afrique de l'Ouest vivant au Ghana. Ils font partie du grand groupe des Akans et se subdivisent eux-mêmes en de nombreux sous-groupes.

Pour les articles homonymes, voir Ashanti.

Ashanti
Chefs ashanti réunis à Mampong

Populations significatives par région
Région Ashanti 11 000 000
Autres
Langues twi
Ethnies liées Akans

Ils parlent le twi qui est une des langues akan[1] appartenant au groupe des langues kwa.

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on rencontre différentes formes : Achanti, Achantis, Asante, Asanti, Ashantee, Ashante, Ashante Twi, Ashantis, Assanti, Tchi, Tschwi, Tshi, Twi[2].

Asante désigne le peuple, et la langue selon Johann Gottlieb Christaller 1875 (1964), p. 427. Pour Meyerowitz, ce sont « les gens de San ». Pour Braffie, ce sont les Asanties : les dispersés ou (villes) « éparpillés afin de conquérir des terres ». Mais la version la plus admise, même par les Asantes, ce serait « le peuple rassemblé à cause de la guerre » traduction de osa nti fo[3].

Drapeau Ashanti

Implantation géographique

La fédération ashanti se développe au XIIIe siècle. La capitale en est Kumasi[4]. Au XIXe siècle, cette civilisation atteint son apogée et occupe près de 70 % du Ghana actuel. La communauté ashanti a été la plus grande de tous les États akan et la plus longue dans le temps. Noyau du clan Oyoko, Asantemanso demeure leur lieu d'origine[5].

L'ensemble du monde akan s'étend aussi en Côte d'Ivoire où il comprend les ethnies intérieures ou littorales, Appolos (Nzema), Anyi, Attié, Baoulé, Alladian, Adjoukrou, Tchaman (ou Ébrié), Abouré, Avikam, Laouien, Abbey (ou Abé, Abbe, Abbay), Abron, etc.

Histoire

Origine

Les Ashanti étaient des conquérants qui se divisaient par groupe et vivaient en petits groupes qui vont former des villes-États vassaux du royaume denkyira. Les Oyoko vont devenir dominants et s'imposer[6]. Osei Tutu sera le premier roi à unifier ces groupes. L'empire était tout d'abord continental puis l'année 1806 marque le début de la conquête de la région côtière. Les Anglais finiront par annexer le Ghana. Ce sera la fin de l'empire ashanti[4].

Empire

Le Drapeau Le drapeau national d'Ashanti est le drapeau national de la nation du royaume Ashanti, adopté par l'empereur Asantehene Prempeh II en 1935, et est basé sur le trône de monarchie absolue Ashanti le Tabouret d'or, qui a été le symbole de l'unité et de sunsum (âme) depuis 1701 le début du XVIIIe siècle.

Empire Asante au Ghana

Le drapeau national d'Ashanti contient une bande horizontale d'or symbolisant la richesse minérale de sol d'or et la richesse de barre d'or d'Ashanti et une bande horizontale verte représentant l'écozone riche de forêt tropicale de nation d'Ashanti ; deux bandes horizontales blanc mince et une bande horizontale noire surmontée du Tabouret d'Or (ou Ashanti : Sika' dwa) le symbole d'unité du peuple Ashanti qui a été le symbole national de l'unité de la nation du royaume Ashanti désigné depuis 1701 dans le présent Le XXIe siècle représentant le peuple Ashanti s'appuyant sur la tradition Ashanti d'un tabouret indiquant la direction du clan, le Tabouret d'Or est devenu le symbole du peuple Ashanti uni et légitimé la règle de son possesseur. [1] [2] [3] Pour défendre le tabouret d'or en 1900, le peuple Ashanti a combattu les Anglais (britanniques) dans la soi-disant nation ashanti's Empress Ya Asantewaa War of the Golden Stool et Ashanti absolu monarchy throne protector of the Golden Stool and office Manhyia Palais.

  • 1620 : les Ashanti sont les vassaux du puissant royaume Denkyira, l'un des deux royaumes avec les Adansi à se partager la forêt alors que les Akwamu sont vers les mines d'or de Birin ainsi que la région d'Accra.
  • Osei Tutu (1695–1712 ou 1717) est le premier roi qui unifie les Ashanti. Dans ses jeunes années, alors qu'il n'était encore que prince, il a été envoyé à la cour de son suzerain Boa du royaume denkyria. C'est là qu'il fera connaissance d'Okomfo qui deviendra son conseil et en quelque sorte son ministre de l'Intérieur. Ils vont mettre en place l'unité du royaume autour du trône en or du roi descendu, d'après le mythe fondateur, du ciel et offert par les dieux comme alliance divine avec le roi. Osei va vaincre le royaume denkyira et celui d'Akyem tout en leur laissant une grande autonomie (les institutions d'origines étaient intactes).
  • Opoku Waré (1731–1742) étend sa souveraineté sur les royaumes de Gonja, Bono, Akyem et Akwapim.
  • 1740 : le royaume de Bono a été un des principaux producteurs d'or. Il s'effondre avec son dernier roi Ameyaou Kwakié en 1740, vaincu par les Ashanti. À la fin du XVIIIe siècle, la fédération ashanti (et sa capitale Kumassi) règne sur une grande partie du monde akan.
  • Osei Kodjo (1752–1781) continue l'extension de l'empire sur les royaumes de Banda, Dagomba (région de la Côte d'Ivoire) tout en continuant à appliquer un système de fédération.
  • Osei Kwamina (1781–1797) dut abdiquer car il ne se consacrait pas assez à la gouvernance de son royaume devenu un axe important pour les forts européens de la côte. On comprend alors l'importance que va prendre l'aire continentale des Ashantis[1].

La guerre contre les Denkyira

Les Hollandais favorisèrent les Denkyira en leur fournissant des armes (y compris des canons, ce qui était très rare de la part des Européens). Malgré cette aide, les Ashanti réussirent à vaincre les Denkyira en 1701 lors de la bataille de Feyiase. Automatiquement, les Hollandais changèrent de camp en dépêchant un ambassadeur Van Nyendael avec des cadeaux afin de les assurer de leur considération. Mais les Hollandais n'arrivaient pas à fournir des biens dont les Ashanti étaient demandeurs, des armes et de la poudre. Leurs tactiques restaient donc assez affaiblies[7].

La guerre contre les Fanti

Les Fanti avaient commencé à soumettre la côte devenant des intermédiaires très intéressés entre les Ashanti et les puissances coloniales. Les Ashanti devenaient une menace pour les Européens car ils avaient pu réunir le nord en une puissante fédération. Rappelons que les Ashanti contrôlaient les échanges entre les territoires où l'on trouvait de l'or et l'Empire songhaï. Les Ashanti avaient donc un intérêt pour la conquête des côtes mais ils se heurtèrent aux Fanti pendant près d'un siècle.

Les Anglais, les Suédois, les Danois et les Hollandais souhaitaient la paix entre les peuples de la côte et ceux de l'intérieur (Ashanti) pour pouvoir commercer tranquillement. Ainsi les Ashanti qui avaient les faveurs des Hollandais (Compagnie des Indes Occidentales) se livraient à des guerres contre les Fanti qui avaient des alliances avec les Anglais. Le , les Anglais subirent au fort de Sékondi les assauts des Ashanti. Mais en réalité, ils voulaient conserver la présence des Anglais pour faire jouer la concurrence. Les assauts étaient surtout des démonstrations de puissance.

La guerre était surtout menée contre les Fanti (dans lesquels on ajoute les Nzima) qui étaient les occupants de la côte. Les Ashanti menèrent pendant deux ans encore une guerre contre les Fanti, ce qui paralysa le commerce. Les Anglais avaient essayé de ramener la paix en donnant des présents. En août 1729, un accord semblait même trouvé. Mais un an plus tard, la guerre reprit de plus belle. Les Fanti ne pouvaient être utilisés en permanence comme médiateurs par les Anglais car il ne fallait pas trop leur donner d'importance et ne pas froisser les Ashanti.

Les Fanti, réunis en confédération, ont pu résister pendant un long moment contre l'expansion coloniale des Ashanti grâce à l'appui des Anglais et ont pu ainsi se maintenir sur la côte mais à un moment donné, les Européens se désintéressèrent de la côte et c'est à ce moment que les Ashanti s'en emparèrent d'une partie en 1806. Mais la traite négrière transocéanique commença à connaître un déclin pour être remplacée par le commerce de l'huile de palme[8].

Annexion anglaise

En juin 1807, le roi Osei Bonsu attaque le fort britannique d’Anomabu pour s’assurer un débouché sur le golfe de Guinée[9]. Les Ashanti razzient les tribus du sud du Ghana actuel (1807, 1811 et 1814)[10].

Le , un traité d’amitié est signé entre le royaume Ashanti et le Royaume-Uni, représenté par Thomas Edward Bowdich[11]. La capitale ashanti, Kumasi, aurait compté 15 000 habitants en 1817, 20 000 en 1820, 30 000 en 1839. Un réseau routier rayonne à partir de la capitale vers les provinces. La route du sud relie Kumasi aux comptoirs européens de la côte (Elmina, Assinie, Axim, Cape Coast), celle du nord rejoint les grandes cités marchandes du Soudan central (Tombouctou, Djenné, Kano, Katsina…).

  • 1831 : George Maclean signe un traité avec les Ashanti qui renoncent à tous les territoires de la côte[12]. Cela marque le début de la colonisation britannique de la Gold Coast. Très tôt, l'organisation militaire des Ashanti, leur richesse et leur expansionnisme colonial suscitèrent l'admiration des Anglais qui leur attribuèrent une supposée supériorité ethnique. Dans l'inconscient collectif des Européens, une confusion s'installa. Les Ashanti devinrent l'unique ethnie de la Côte de l'Or et, aujourd'hui, du Ghana.

Société

Gouvernement

Cérémonie de la cour des Asantes en 1817

Les Ashanti sont régis traditionnellement par un roi appelé Asantehene. Les chefs des peuples vassalisés continuent à s'occuper de la politique locale tandis que l'Asantehene s'occupe de la politique extérieure. Tous ces chefs sont au même niveau que les chefs ashanti. Un impôt annuel est levé pour payer l'armée qui maintient l'unité. Dès qu'un chef local tente de se rebeller, l'armée intervient. Comme généralement dans la communauté akan, la transmission du pouvoir royal est matrilinéaire, un fils de roi ne peut prétendre à la royauté et les luttes pour les successions, parfois sanglantes, ont poussé à l'exil des vagues ashanti essentiellement vers l'actuelle Côte d'Ivoire. La reine-mère est un personnage de grande importance. Chaque Asantehene possède son tabouret royal, précieusement conservé après son décès et vénéré, ainsi qu'un tambour. Le tabouret royal fondateur est représenté sur le drapeau ashanti. Le sabre et le parasol sont les deux autres symboles royaux. Le roi actuel est Otumfuo Nana Osei Tutu II (depuis 1999).

Culture et tradition

Les bâtiments traditionnels ashanti sont classés au Patrimoine mondial.

Les ashanti étaient reconnaissables physiquement par leur teint sombre, et ils ne pratiquaient pas la circoncision jusqu'à ce que celle-ci ne devienne un enjeu de séduction auprès des femmes Ashantis.

De nombreux peuples dans le monde ont hérité de la culture fante-ashanti, notamment la communauté noire en Amérique du Nord ou dans les Guyanes hollandaise et française[13]. Il faut cependant veiller à ne pas attribuer aux seuls Ashanti toutes les cultures de l'aire ghanéenne, ainsi que le font de nombreux journalistes.

La Côte-de-l'Or

Le sol ashanti étant riche en or, ce métal est la base principale de leur civilisation[14]. De nombreux métiers en sont tributaires (orpailleurs, marchands et orfèvres). Bien avant l'arrivée des européens, les Ashanti utilisaient la poudre d'or comme monnaie d'échange. Les poids traditionnels à peser l'or sont célèbres, moulées à la cire perdue, les différents motifs (crocodiles en croix ou à deux têtes, oiseau mythique sankofa) présentent de grandes qualités artistiques. Mais on conserve aussi de nombreuses statuettes animales ou végétales, des emblèmes et armes rehaussées d'or (épées d'apparat, dais, bâtons ou figurines en bois doré à la feuille) et des parures féminines (bracelets, bagues). D'autres objets en laiton comme des cuillères ou des coffrets à poudre d'or (Kuduo) témoignent du rôle culturel prépondérant que ce métal a joué et joue encore.

Croyances

Libations à Kumasi.

Les prêtres ashanti sont presque divinisés et en permanence en connexion avec l'au-delà dont ils peuvent instantanément décrypter les messages divins[15].

Les Ashanti croient qu'il existe sept âmes qui correspondent à chaque jour de la semaine. Ainsi, on donne le nom du jour de la semaine au bébé qui vient de naître[16].

Au point de vue de la réincarnation, l'âme repart vers le Créateur tandis que le principe masculin réside chez les ancêtres et c'est le lien par le « sang » qui est transmis par le ventre de la mère. Un enfant peut devenir une personne identique sans vraiment l'être par rapport à un défunt (souvent l'enfant porte le nom et prénom du défunt)[17].

Notes et références

  1. Jean-Michel Deveau 2005, p. 30 à 35
  2. Source RAMEAU, BnF
  3. Gérard Pescheux 2003, p. 76
  4. Patrick Puy-Denis 1994, p. 35 à 36
  5. Gérard Pescheux 2003, p. 87
  6. Gérard Pescheux 2003, p. 20
  7. Jean-Michel Deveau 2005, p. 163
  8. . L'ensemble de cette section est basé sur le livre Jean-Michel Deveau 2005, p. 178
  9. Robert Shadle, Historical dictionary of the British empire, vol. 1, Greenwood Publishing Group, , 1254 p. (ISBN 978-0-313-29366-5, présentation en ligne)
  10. J. F. Ade Ajayi, Histoire générale de l'Afrique : L'Afrique au XIXe siècle jusque vers les années 1880, UNESCO, , 936 p. (ISBN 978-92-3-201712-3, présentation en ligne)
  11. Amédée Tardieu, S. Chérubini, Adolphe Noël Desvergers, Sénégambie et Guinée, Firmin Didot frères, (présentation en ligne)
  12. Patrick Puy-Denis 1994, p. 29
  13. Laënnec Hurbon, Geneviève Calame-Griaule 2002, p. 73
  14. Les Achantis : un empire sur la côte-de-l'Or, p. 174 de L'Âge d'or des monarchies, Sélection du Reader's Digest, 2006, (ISBN 2709818086)
  15. Louis-Vincent Thomas, René Luneau 1992, p. 174
  16. Louis-Vincent Thomas, René Luneau 1992, p. 28
  17. Louis-Vincent Thomas, René Luneau 1992, p. 98

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Osei Kwadwo, A handbook on Asante culture, Kumasi, Ghana, Suame, , 164 p. (ISBN 978-9988-7-5965-0)
  • Jean-Michel Deveau, L'or et les esclaves : histoire des forts du Ghana du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Karthala, , 330 p. (ISBN 978-2-84586-588-4 et 9782845865884, notice BnF no FRBNF39952077, présentation en ligne)
  • Patrick Puy-Denis, Le Ghana, Paris, Karthala, , 228 p. (ISBN 978-2-86537-465-6 et 9782865374656, notice BnF no FRBNF35709390, présentation en ligne)
  • Laënnec Hurbon et Geneviève Calame-Griaule, Dieu dans le vaudou haïtien, Paris, Maisonneuve & Larose, , 268 p. (ISBN 978-2-7068-1619-2 et 9782706816192, notice BnF no FRBNF38870455)
  • Marie-Joseph Bonnat, Marie-Joseph Bonnat et les Ashanti : journal, 1869-1874 / [publ. par] Claude-Hélène Perrot, Albert van Dantzig, Paris, Société des africanistes, , 672 p. (ISBN 978-2-908948-00-4)
  • Gérard Pescheux, Le royaume asante (Ghana) : parenté, pouvoir, histoire, XVIIe – XXe siècles, Paris, Karthala, , 582 p. (ISBN 978-2-84586-422-1 et 9782845864221, notice BnF no FRBNF39095574, présentation en ligne)
  • Louis-Vincent Thomas, René Luneau, La terre africaine et ses religions : traditions et changements, Paris, L'Harmattan, , 335 p. (ISBN 978-2-85802-162-8 et 9782858021628, présentation en ligne)
  • Marie-Christine Boni, Le Maître des Bois Sacrés, Toulouse, Amazon, , 349 p. (ISBN 978-2-9567189-0-1, notice BnF no FRBNF45724763, présentation en ligne)

Discographie

  • (en) Ashanti folk tales from Ghana : from the Hat-Shaking dance and other tales from the Gold Coast (voix, Harold Courlander), Smithsonian Folkways recordings, Washington, D.C., 1959

Articles connexes

Liens externes

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