Antoine Simon (1736-1794)

Antoine Simon, né le à Troyes, mort guillotiné le à Paris, est un maître cordonnier et révolutionnaire français, passé à la postérité pour avoir été le geôlier de Louis XVII au Temple en 1793.

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Le cordonnier Simon attribué à Antoine-Jean Gros fin XVIIIe siècle

Biographie

Fils de François Simon, marchand boucher à Troyes, et de Marie-Jeanne Adenet, il est baptisé le [1]. Envoyé jeune à Paris, il y apprend le métier de cordonnier. Il se marie une première fois, en , avec Marie-Barbe Hoyau, veuve Munster, qui meurt à l'Hôtel-Dieu, le [2]. Il se remarie le , dans la paroisse Saint-Côme-Saint-Damien, avec Marie-Jeanne Aladame, née à Paris (Paroisse Saint-Étienne-du-Mont) le [3], morte dans la même ville, à l'hospice des Incurables, le [4] enterrée au cimetière de Saint-Sulpice à Vaugirard, servante, fille de Fiacre Aladame, charpentier, et de Reine-Geneviève Aubert.

Louis XVII et le cordonnier Simon. Gravure de Yan' Dargent, d'après le dessin d'E. Deschamps (Histoire de la Révolution d'Adolphe Thiers, 1866).

Engagé dans le mouvement révolutionnaire, il devient officier municipal de la Commune de Paris. Le , le Comité de salut public lui confie la garde et l'éducation du fils de Louis XVI[5].

Les auteurs royalistes, comme Jacques Mallet du Pan, ont diffusé l'image d'un Simon violent, vulgaire et alcoolique qui, avec son épouse, aurait eu un comportement abusif et brutal envers l'ancien dauphin[6],[7]. Il n'est cependant pas prouvé que l'enfant ait subi des sévices durant cette période.

Georges Bordonove trace le portrait d'un Simon « brave bougre », d'une intelligence et d'une culture limitées, entièrement dévoué à la cause révolutionnaire, malléable et fortement influencé par des dirigeants politiques comme Pierre-Gaspard Chaumette et Jacques-René Hébert, qu'il renseignait scrupuleusement. Arborant un grand bonnet de laine lui donnant une image repoussante, le cordonnier suivait l'idée de Chaumette de « donner quelque éducation » au prince en l'éloignant de sa famille « pour lui faire perdre l'idée de son rang »[8].

N'ayant pas d'enfant et ne sachant pas s'en occuper, Simon réclame l'aide de sa femme, Marie-Jeanne Aladame, qui lui est accordée par la commune, avec trois mille livres d'appointement. Il semble que Madame Simon ait pris un certain soin de l'enfant, le nourrissant parfois plus que de raison et parvenant à lui rendre de la vivacité[9]. Les époux Simon sont cependant considérés par les historiens comme des personnages frustes et incultes. Selon certaines sources, Simon aurait parfois fait boire du vin à l'enfant, dans l'idée de lui donner de la vigueur, et lui aurait appris des mots grossiers « pour en faire un homme ». Le régime alimentaire et les leçons d'éducation administrés au prince par le couple Simon semblent avoir été fantaisistes[9].

En outre, Simon aide apparemment Hébert à échafauder les accusations d'inceste contre Marie-Antoinette, l'enfant déclarant dans un procès-verbal que la reine encourageait ses séances de masturbation et le mettait souvent à coucher entre elle et sa tante à cette occasion[10] mais il est probable que le procès-verbal soit truffé de chausse-trappes tendus au jeune enfant et pas exclu qu'il ait pu le rédiger sous la menace d'une gifle ou sous l'emprise d'une rasade d'eau-de-vie, comme le montrerait sa signature en bas du procès-verbal[11].

En , son épouse tombe malade et Simon quitte le Temple pour assumer ses fonctions municipales.

Mis hors-la-loi avec les autres membres de la Commune le 9-Thermidor, Antoine Simon est guillotiné sur la place de la Révolution le (10 thermidor An II) en même temps que Robespierre, Saint-Just et Couthon.

Représentation

En 2005, le musée de la Révolution française a acquis un tableau d'Émile Mascré représentant Louis XVII au temple avec ses geôliers[12].

Il existe de nombreux croquis ou dessins où on voit Antoine Simon essayer de frapper le jeune Louis-Charles dit Louis XVII ou encore le fils Capet

Notes et références

  1. Gérald Pietrek, Simon présidan: geôlier de Louis XVII, Éditions Coprur, 1997, 160 pages, p. 14 (ISBN 2842080149).
  2. G. Lenotre, Le Roi Louis XVII et l'énigme du temple,Perrin, 1927, 451 pages, p. 101.
  3. voir Archives de Paris - État civil reconstitué.
  4. Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, vol. 88-94, 1970, p. 55.
  5. Maurice Garçon, Louis XVII ou la fausse énigme, Hachette, , p. 8
  6. Jacques Bainville, Petite Histoire de France.
  7. Louis XVII. Analyses ADN cœur de Louis XVII et mystère.
  8. Georges Bordonove, Louis XVII et l'énigme du temple, Pygmalion-Gérard Watelet, 1995, p. 177-179.
  9. Georges Bordonove, Louis XVII et l'énigme du temple, Pygmalion-Gérard Watelet, 1995, p. 179-181.
  10. Georges Bordonove, Louis XVII et l'énigme du Temple, Pygmalion, , p. 191
  11. Philippe Delorme, L'Affaire Louis XVII, Éditions Tallandier, , p. 93-97
  12. Annales historiques de la Révolution française, N°346, octobre-décembre 2006.

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