André Lebon (homme d'affaires)

André Lebon, né à Dieppe le et mort à Paris le , a été un enseignant en histoire et sciences politiques, renommé de son temps, puis un homme politique français, avant de faire carrière dans les affaires. Il est également connu sous le nom de plume d'André Daniel[1].

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Biographie

Débuts

André Lebon est d'abord professeur à l’École libre des sciences politiques.

Ardent partisan de la revanche, ce patriote qui est aussi républicain devient député des Deux-Sèvres (de 1893 à 1898)

Dérive affairiste de la colonisation française

Ministre des Colonies entre 1896 et 1898 et premier à y avoir effectué une visite, ce républicain ardent instaure en Afrique équatoriale, contre l'avis de son découvreur Brazza, un régime de concession qui se révèle sévère, rompant avec la tradition française d'administration directe.

Proche des milieux d'affaires, ce nationaliste quitte la carrière politique pour prendre la tête de diverses grosses sociétés françaises. Devenant un des premiers dirigeants du capitalisme français, il met son sens de l'organisation et des relations à étendre et développer l'influence des entreprises qu'il dirige.

En poste du au , juste avant l'affaire de Fachoda, ce ministre qui a été un des plus jeunes de la Troisième République confie en 1897 à une quarantaine de sociétés concessionnaires l'exploitation économique des 650 000 km2 du « Congo français », regroupant le Gabon, le Congo et l'Oubangui-Chari dont l'exploration et la conquête viennent d'être achevées.

Détail du tableau Portrait d'André Lebon, ministre des colonies (1897) de Paul Merwart.

Brazza s'oppose à sa décision, redoutant les conséquences pour les populations et, en , André Lebon l'écarte, le plaçant « dans la situation de mise en disponibilité », mais la suite va donner raison à l'explorateur : l'action des sociétés qui se partagent le territoire va décimer les populations, soumises au portage et aux travaux forcés, victimes de réquisitions violentes et de représailles à la moindre désobéissance[2].

Alors que l'Afrique-Occidentale française est soumise à l'administration directe des autorités officielles françaises, la décision d'André Lebon inaugure pour l'Afrique-Équatoriale française un régime de concession, proche de celui en vigueur au Congo belge voisin. Livrées aux appétits des sociétés capitalistes, véritables maîtresses de ces territoires, ces contrées et leurs populations connaîtront une exploitation féroce dont les premiers abus seront dénoncés peu de temps après son départ du ministère[réf. nécessaire].

En , c'est aussi André Lebon qui lance la mission « Mission Afrique Centrale-Tchad », confiée aux capitaines Paul Voulet et Julien Chanoine (mission Voulet-Chanoine) dont la dérive tragique, jusqu'en 1899, au moment où la France multipliait les conquêtes coloniales, cause un des premiers scandales coloniaux.

Pendant son ministère, il se retrouve sur le devant de la scène et devient la cible des dreyfusards qui lui reprochent d'être le « bourreau » de Dreyfus par les renforcements successifs du régime appliqué à son plus célèbre prisonnier (palissade, mise aux fers, correspondance arrêtée, etc)[3].

Un politique dans les affaires

André Lebon entame ensuite une nouvelle carrière comme administrateur dans diverses sociétés importantes, devenant un des premiers politiques à s'investir dans le monde de l'entreprise privée et un des dirigeants majeurs du capitalisme français.

Membre du conseil d'administration du Crédit foncier de France, des Messageries maritimes (président de 1902 à 1914), du Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie (qu'il préside pendant plus de trente ans), du Crédit foncier d'Orient, du Crédit foncier de Syrie (président), de la Banque française de Syrie (vice-président), de la Compagnie du canal de Suez, d'Air France, de la Compagnie générale des colonies, de la Compagnie du PLM et de L'Industrielle Foncière[4], il reste toujours soucieux des intérêts économiques de son pays, il s'emploie cette fois à en développer l'influence en particulier dans la zone méditerranéenne.

André Lebon est un précurseur du syndicalisme d'union patronale : il fonde en 1903 la Fédération des industriels et des commerçants français, première institution qui vise à regrouper l'ensemble du patronat français.

Franc-Maçon, André Lebon appartenait à la Loge « Cosmos » de Paris.

Il possédait le domaine de l'abbaye du Bois d'Allonne, dans les Deux-Sèvres.

André Lebon est enterré au cimetière de Clairefontaine-en-Yvelines, avec son épouse, née Zinka Paléologue (1857-1924), sœur de l'ambassadeur Maurice Paléologue.

Le musée Turpin de Parthenay conserve une reproduction en bronze du célèbre groupe sculpté Gloria Victis d'Antonin Mercié, qui fut offert à Lebon « par ses amis républicains ».

Publications

  • (Sous le pseudonyme d'André Daniel)[1] L'Année politique, 33 vol., Paris, Charpentier, 1875-1906
  • Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu’à la Révolution (1648-1789), vol. VII Bavière, Palatinat, Deux-Ponts, 1889
  • Voyage au Sénégal et au Soudan de M. André Lebon, Ministre des Colonies, Saint-Louis, Imp. Générale du gouvernement, oct./nov. 1897, 219 pages. Texte en ligne
  • Problèmes économiques nés de la guerre, Paris, Librairie Payot & Cie, 1918, 274 pages

Notes et références

  1. Jean-Denis Bredin, L'Affaire, nouvelle édition refondue, Paris, Fayard/Julliard, 1993, p. 784, n. 10.
  2. Armand Megglé, dans son ouvrage Afrique Équatoriale française, Société Française d'Éditions, 1931, professe un tel mépris à l'encontre de Lebon qu'il se refuse même à citer son nom : « Dans le même temps [...], Brazza était rappelé en France et mis en disponibilité par un Ministre des Colonies que les hasards de la politique placèrent au Gouvernement de la France d'outre-mer. Quelques rares coloniaux seulement connaissent le nom de ce parlementaire qui a marqué son court passage au Pavillon de Flore, par la mesure odieuse qui plaçait en disponibilité à la date du 2 janvier 1898 cet homme admirable qui donna à la France l'immense empire centre-africain ».
  3. Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Paris, les Belles Lettres, 2014, pp. 169-170, 192-193, 248-263
  4. http://www.scriponet.com/societe.php?idP=2148&idR=840001

Voir aussi

Bibliographie

  • Joël Dubos, André Lebon : un homme d’affaires en République (1859-1938), Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2001, 400 p. (ISBN 2-86847-586-8)
  • « André Lebon (homme d'affaires) », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

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