Allemagne de l'Ouest
Cet article concerne l'histoire de la République fédérale d'Allemagne entre 1949 et 1990. Pour la période qui commence avec la réunification, voir Allemagne.
Pour les articles homonymes, voir FRG.
Drapeau de la République fédérale d'Allemagne. |
Armoiries de la République fédérale d'Allemagne. |
Devise | en allemand : Einigkeit und Recht und Freiheit (« Unité et droit et liberté ») |
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Hymne |
Ich hab mich ergeben (1949–1952) Das Lied der Deutschen |
Statut | République fédérale |
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Texte fondamental | Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne |
Capitale | Bonn |
Langue(s) | Allemand |
Religion | Protestantisme et catholicisme |
Monnaie | Mark allemand |
Fuseau horaire | UTC+1 (été UTC+2) |
Domaine internet | .de |
Indicatif téléphonique | +49 |
Population (1990) | 63 254 000 hab. |
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Superficie (1990) | 248 717 km2 |
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23 mai 1949 | La Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne est promulguée. |
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9 mai 1955 | Entrée dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord à la suite des Accords de Paris : remilitarisation du pays. |
18 avril 1951 | Création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. |
1er janvier 1957 | Rattachement de la Sarre. |
25 mars 1957 | Le Traité de Rome instaure la Communauté économique européenne. |
13 août 1961 | Construction du mur de Berlin par la République démocratique allemande. |
18 septembre 1973 | Entrée dans l'Organisation des Nations Unies. |
12 septembre 1990 | Signature du Traité de Moscou. |
3 octobre 1990 | Réunification allemande. |
(1er) 1949–1959 | Theodor Heuss |
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(Der) 1984–1994 | Richard von Weizsäcker |
(1er) 1949–1963 | Konrad Adenauer |
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(Der) 1982–1998 | Helmut Kohl |
Chambre haute | Bundesrat |
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Chambre basse | Bundestag |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
L'Allemagne de l'Ouest (en allemand : Westdeutschland), nom d'usage donné à la République fédérale d'Allemagne, souvent abrégée en RFA (en allemand : Bundesrepublik Deutschland ou BRD, parfois traduit à tort par « République fédérale allemande[2] » ; en anglais : Federal Republic of Germany ou FRG), correspondait entre 1949 et 1990 à l’État couvrant la partie occidentale de l'Allemagne. La capitale politique de cet État avait été installée à Bonn, sur les bords du Rhin, tandis que le secteur Berlin-Ouest de l'ancienne capitale du Reich bénéficiait d’un statut politique spécial mais pouvait de facto être considéré comme faisant partie de l’Allemagne de l’Ouest, notamment à propos de la circulation des personnes[alpha 1].
La dénomination « Allemagne de l’Ouest » permettait de la distinguer de la République démocratique allemande, abrégée en « RDA » (en allemand : Deutsche Demokratische Republik ou DDR), appelée de façon informelle « Allemagne de l'Est ».
L'actuelle Allemagne issue de la réunification de 1990 est de jure le résultat de l’absorption des territoires de l'Allemagne de l'Est par l'Allemagne de l'Ouest. Elle repose donc sur la même constitution que la RFA d'avant 1990, porte le même nom et a adopté les mêmes emblèmes.
République fédérale d'Allemagne
Historique
Création
Cette division résultait de l'occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide qui a suivi. Alors que les Soviétiques occupent l'Est de l'Allemagne, les Occidentaux, c'est-à-dire les Britanniques, les Américains et les Français, se partagent l'ouest de l'Allemagne. En , à la suite du blocage par les Soviétiques des produits agricoles de leur zone vers les zones de l'Ouest, les Anglais et les Américains fusionnent leurs zones respectives pour constituer la Bizone, où ils instaurent une nouvelle monnaie, le Deutsche Mark. Mais Staline, inquiet de la possible reconstitution d'une Allemagne hostile, tout en désirant y étendre son influence, organise en le blocus de Berlin. Les Occidentaux répondent par un pont aérien de très grande ampleur et ininterrompu en direction de Berlin, via notamment l'aéroport de Tempelhof. Les Soviétiques réagissent aussi en mettant en place l'Ostmark (qui deviendra la monnaie de l'Allemagne de l'Est), mais doivent finalement mettre fin en au blocus de Berlin qui a donc échoué après 11 mois. Après cette décision, les Occidentaux créent la République fédérale d'Allemagne à partir de la Trizone (zones d'occupation américaine, britannique et française), sur la base de la Loi fondamentale du adoptée le précédent par le Conseil parlementaire réuni à Bonn.
À la suite de l'adoption de la Loi fondamentale, le Conseil parlementaire est invité à désigner le « siège provisoire des organes fédéraux », le terme de « capitale » étant réservé à Berlin. Alors qu'il apparaît qu'une majorité de représentants est prête à désigner Francfort-sur-le-Main, c'est finalement Bonn qui est retenue lors du vote du . Cette décision est confirmée le par le Bundestag, qui réaffirme l'objectif de rapatrier à Berlin les institutions fédérales dès que des élections libres auront eu lieu en « zone d'occupation soviétique ».
L'article 23 de Loi fondamentale faisait du Grand-Berlin un Land fédéral. Néanmoins, la constitution n'y fut appliquée unilatéralement que partiellement à Berlin-Ouest, où les premières élections législatives eurent lieu le . Ce même article donnait également la possibilité aux Länder allemands n'ayant pas pu participer à l'élaboration de ladite Loi fondamentale, de pouvoir y adhérer ultérieurement à titre individuel. Cette disposition visant particulièrement les zones sous occupation soviétique qui furent privées d'élections libres, et constituèrent de leur côté la République démocratique allemande (RDA), le .
La reconstruction et le développement de l'Allemagne de l'Ouest furent supervisés par les alliés occidentaux au sein d'une Haute commission alliée.
Redressement économique et politique de rapprochement avec la France
Le , la révision du statut d'occupation permet à l'Allemagne d'établir de nouveau des relations diplomatiques et de créer ainsi un Office des Affaires étrangères (équivalent à un ministère).
Le , Konrad Adenauer, ancien maire de Cologne et résistant au nazisme, est élu premier chancelier fédéral de l'Allemagne de l'Ouest. Tout en redressant économiquement le pays (grâce notamment au plan Marshall), il poursuit une politique portant essentiellement sur le regain de la souveraineté allemande. S'éloignant des Soviétiques, il recherche par ailleurs la protection militaire des États-Unis et intègre la République fédérale d'Allemagne dans le bloc de l'Ouest. Parallèlement, il désire aussi se rapprocher de la France dont le chef du gouvernement, à partir de 1958, est Charles de Gaulle. Une amitié unit les deux hommes, ce qui facilite le rapprochement franco-allemand. De Gaulle comme Adenauer avaient comme objectif de mettre fin à l'hostilité qui divisait les deux pays depuis 1870 et de permettre, à travers une entente franco-allemande, l'édification d'une Europe unie. Malgré certaines divergences politiques (de Gaulle, au contraire d'Adenauer, voulait se séparer des États-Unis afin de mettre en œuvre la troisième voie), les deux hommes d'État signent le traité de l'Élysée, au palais de l'Élysée, le , qui scelle la réconciliation entre les deux pays.
Sur le plan militaire, Adenauer réorganise l'armée ouest-allemande fondée en 1955, la Bundeswehr, qui devient, en termes numériques, la plus importante composante des forces armées de l'OTAN en Europe. La RFA retrouve de plus sa souveraineté le , dans le cadre de la convention avec les Trois puissances[3] (dite aussi convention de Bonn) qui signe la fin de son occupation par les Alliés. Malgré ces succès diplomatiques, militaires et économiques, Adenauer est obligé de démissionner en octobre 1963 sous les pressions de son propre camp.
Le , la RFA connaîtra son premier agrandissement territorial par l'intégration de la Sarre qui, jusqu'alors, constituait un État indépendant et souverain, sous protectorat français.
Guerre froide et relations est-ouest allemandes
Devenu un membre important de l'OTAN après son adhésion en 1955, cet État et la RDA (membre, de son côté, du Pacte de Varsovie) furent l'un des points de cristallisation de la confrontation Est/Ouest, appelée « guerre froide ». L'Allemagne de l'Ouest, membre du bloc de l'Ouest et alliée aux États-Unis, s'opposait à l'Allemagne de l'Est, soumise, elle, à l'influence de l'empire soviétique et membre du bloc de l'Est. Cette confrontation et ces désaccords idéologiques s'inscrivaient plus généralement dans la lutte d'influence qui divisait depuis 1945 les États-Unis et l'Union soviétique.
Toutefois, sous le gouvernement du chancelier ouest-allemand Willy Brandt, la RFA organise une politique de rapprochement avec la RDA au début des années 1970. C'est l'Ostpolitik mise en place par Willy Brandt, qui aboutit à plusieurs accords amicaux entre les deux Allemagne et entre la RFA et la Pologne ( : traité de Varsovie). L'Allemagne de l'Ouest et la RDA se reconnaissent mutuellement en 1972 en signant le traité fondamental en décembre de la même année (Grundlagenvertrag, entré en vigueur en ), tout en devenant membres de l'ONU peu après.
Grâce notamment au soutien du plan Marshall, destiné à aider à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique de l'Allemagne de l'Ouest, appelée Wirtschaftswunder (le « miracle économique »), fit qu'elle devînt rapidement la troisième puissance économique mondiale, après les États-Unis et le Japon. De plus, la RFA, bien qu'au niveau de l'accroissement démographique assez faible, fut l'objet et le bénéficiaire d'une forte immigration en provenance de la RDA, les Allemands de l'Est fuyant la dureté du régime socialiste de la RDA et partant s'établir à l'ouest (plus de trois millions d'immigrants entre 1953 et 1961). La fondation du mur de Berlin, en août 1961, et donc l'interdiction des Allemands de l'Est d'émigrer à l'ouest, entrava ce mouvement migratoire, mais la RFA favorisa ensuite l'installation d'immigrants turcs, russes, polonais, ukrainiens et tchèques attirés par la prospérité économique de l'État.
Réunification
Début 1989, la perspective d'une réunification de l'Allemagne paraît encore lointaine, le secrétaire général du comité central au SED (parti socialiste unifié d'Allemagne, alors au pouvoir en RDA), Erich Honecker, promettant que le mur de Berlin allait encore vivre « mille ans » de plus. Mais, contre toute attente, les mouvements de protestation se multiplient à travers toute la RDA, les manifestants réclamant pacifiquement mais avec insistance la libéralisation du régime et la mise en place d'élections libres. Les manifestations du lundi (Montagsdemonstrationen), débutées en à Leipzig, prennent de l'ampleur, et devant cet état de fait et les pressions exercées par le vent de contestations qui souffle fin 1989 sur toute la RDA, Honecker doit démissionner dans l'année même. Mais les manifestants est-allemands se mettent à réclamer un rattachement à l'Allemagne de l'Ouest. Le , le mur de Berlin tombe, laissant les frontières entre Berlin-Ouest et Berlin-Est ouvertes. De très nombreux citoyens est-allemands se rendent alors en RFA. En 1990, le régime se libéralise enfin, et des élections libres confirment la victoire des partis ligués contre le SED.
Le , la réunification allemande est effectuée et incorpore la « République démocratique allemande » à la « République fédérale d'Allemagne » en utilisant les dispositions de l'article 23 de la Loi fondamentale citées plus haut. Le pays résultant de cette réunification est alors simplement appelé dans le langage courant « Allemagne » (le nom officiel de l'État restant « République fédérale d'Allemagne »).
Organisation
À la veille de la réunification en 1990, l'Allemagne de l'Ouest, qui était un État fédéral, se composait de dix Länder :
- Bade-Wurtemberg (né en 1952 de la fusion de trois Länder : Bade, Wurtemberg-Bade et Wurtemberg-Hohenzollern) ;
- Bavière ;
- Brême ;
- Hambourg ;
- Hesse ;
- Basse-Saxe ;
- Rhénanie-du-Nord-Westphalie ;
- Rhénanie-Palatinat ;
- Sarre (constituait jusqu'en 1957 un état indépendant et souverain, sous protectorat français) ;
- Schleswig-Holstein.
Le statut de Berlin-Ouest faisait quant à lui l'objet d'un traitement particulier.
L'Allemagne de l'Ouest était dirigée par un président fédéral (Bundespräsident), qui était le chef d’État. Le chef du gouvernement portait le titre de chancelier fédéral (Bundeskanzler).
Vie politique
À partir des années 1960, la RFA connaît un système politique dominé par trois grandes tendances politiques : l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et l'Union chrétienne-sociale (CSU), le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti libéral-démocrate (FDP).
Pendant une vingtaine années, la RFA a suivi la doctrine Hallstein : elle revendiquait le droit d'être la seule à représenter l'Allemagne et rompait toute relation diplomatique avec les pays qui reconnaissaient la RDA. Cette doctrine fut finalement abandonnée en octobre 1969, au profit de la Ostpolitik du chancelier Willy Brandt, qui préconisait une politique de rapprochement et de détente avec l'Union soviétique et ses alliés du Pacte de Varsovie.
Société
Jusqu'aux années 1970, les homosexuels font l'objet de persécutions par les autorités ouest-allemandes. Ils seront 50 000 à être condamnés pour homosexualité sur la base d'une loi instaurée sous le régime nazi mais conservée par la RFA[4].
Code
L'Allemagne de l'Ouest a pour code :
Liste des chanceliers
- Konrad Adenauer (1949-1963)
- Ludwig Erhard (1963-1966)
- Kurt Georg Kiesinger (1966-1969)
- Willy Brandt (1969-1974)
- Helmut Schmidt (1974-1982)
- Helmut Kohl (1982-1998)
Notes et références
Notes
- C'est d’ailleurs à partir de la chute du mur de Berlin, disposé entre les deux secteurs Berlin-Ouest et Berlin-Est, qu'a débuté fin 1989 le processus de réunification de l'Allemagne.
Références
- Absorption de la RDA par l’Allemagne de l'Ouest (RFA).
- « Demande d'admission à l'Unesco » [PDF], sur unesdoc.unesco.org, (consulté le ), p. 1 : ce texte officiel en français comporte en première page les deux traductions, « République fédérale d'Allemagne » et « République fédérale allemande ».
- (fr) « Convention sur les relations entre les Trois Puissances et la RFA (Bonn, 26 mai 1952) », sur www.cvce.eu, (consulté le ).
- « L'Allemagne réhabilite les homosexuels condamnés après guerre », AFP, (lire en ligne).
Bibliographie
- Marie-Bénédicte Vincent, Une nouvelle histoire de l'Allemagne. XIXe – XXIe siècle, Perrin, 2020.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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