Alexis Mossa

Alexis Mossa est un peintre de genre, de figures et de paysages né le à Santa-Fe de Bogota (Colombie) de parents niçois (François-Isidore Mossa - issu d'une famille savoyarde établie à Nice vers 1730, les Mossaz devenus Mossa à cause d'une mauvaise transcription d'état-civil[1] - et son épouse originaire de Biot, née Louise Durbec). Il est également l'auteur de projets d'architecture. Il est mort le à Nice où une rue porte aujourd'hui son nom.

Biographie

Arrivant à Nice à l'âge de 6 ans (en 1850), Alexis y éprouve l'éblouissement que lui avait déjà procuré la lumière de son pays natal. Il fait ses études au Collegio Convito Nazionale de Nice (futur lycée Masséna) où sa prédisposition remarquée pour le dessin l'amène à suivre les cours de Carlo Garacci (1818-1895)[2]. Il entera à l'école des beaux-arts de Paris en 1861 où l'enseignement académique de François-Edouard Picot et d'Alexandre Cabanel fera de lui un peintre de genre exposant au Salon à partir de 1866 (voir rubrique Expositions ci-dessous).

Des ressources qu'il tire de ventes de ses toiles et aquarelles, mais aussi d'affiches publicitaires (telles que pour Vilmorin), permettent à Alexis de mener à Paris une vie de bohème, fréquentant les cercles artistiques et littéraires, aimant le village de Barbizon, côtoyant les frères Goncourt, Henri Regnault, Jean-François Millet ou Catulle Mendès[3].

Palais Marie-Christine, Nice

Déçu toutefois par le manque de reconnaissance de la capitale (malgré ses relations qui vont jusqu'à Ingres, il ne sera jamais lauréat du Prix de Rome[4]), Alexis Mossa ambitionne, à titre de revanche sur le destin, de devenir une personnalité artistique niçoise de premier plan. Revenu à Nice en 1869, il donne en 1872 des cours de peinture à l'intérieur du Palais Marie-Christine, sur la Promenade des Anglais, à des élèves prestigieux (comme le consul d'Angleterre, le comte et la comtesse de Neuville), décore de riches villas, fonde la Société des beaux-arts de Nice en 1876 puis l'École nationale des arts décoratifs de Nice en 1881, est élu adjoint au maire de Nice en 1886, œuvre à la création du musée municipal dont il devient conservateur en 1905.

Parallèlement à tout cela, il convient, au lendemain de 1870, de faire oublier à la riche clientèle d'hivernants niçois, venant du monde entier, les tourments de la guerre, de la chute du Second Empire et de la Commune. Alexis s'implique dès 1873 dans le comité qui se crée à cet effet, organisant le premier des défilés de chars qui deviendront en 1882 le Carnaval de Nice. Alexis est alors considéré comme le grand imagier du carnaval[5]: les projets de chars, les albums de carnaval et les affiches qu'il peint vont, par leurs références culturelles, par leur originalité, voire leur drôlerie, aboutir à un univers proche du fantastique (ils inspireront le Carnaval de La Nouvelle-Orléans), mêlant les personnages mythiques, symboliques ou allégoriques ("Sa Majesté Carnaval", "Madame Carnaval" sont ses créations[1]) aux figures historiques locales. Son fils Gustav-Adolf Mossa (1883-1971), qui fut aussi son élève, poursuivra dans cette voie. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, Gustav-Adolf est grièvement blessé le . Son hospitalisation à Houlgate inspire à Alexis, moralement brisé, une suite allégorique douloureuse de cent aquarelles peintes entre la fin 1914 et 1916 et constituant l'ensemble intitulé La Satanique Tragédie[6]. Cette part symboliste majeure d'Alexis Mossa sera exposée à Nice en 2001 (voir Expositions ci-dessous)[7].

C'est en 1920 que, fatigué et éprouvé, Alexis quitte le quartier Sainte-Hélène où se situait sa résidence-atelier pour se retirer dans le quartier Saint-Isidore de Nice où, malade, il s'éteindra à l'âge de 82 ans.

On connaissait moins de son vivant les aquarelles d'Alexis Mossa[8] qu'il exposait rarement[9]. Elles ne furent vraiment révélées que cinquante ans après son décès (en fait après la disparition de Gustav-Adolf qui les avait gardé confidentielles dans des cartons à dessins), lorsque le , Godeau, Solanet & Audap, commissaires-priseurs à Paris, mirent en vente aux enchères à l'Hôtel Drouot 140 d'entre elles, généralement de format 26×20cm (Gérald Schurr évalue qu'il en signa en fait plus de 8.000[10], Raoul Mille estimant qu'il en peignait 300 chaque année[11]), révélant que l'émerveillement initial d'Alexis face aux lumières colombiennes ou niçoises s'était de même produit en Italie (à Venise, Gênes, Pise, Sienne ou Florence), dans la Forêt de Fontainebleau, en Normandie, à Bendejun, à la Porte des Barres du Cians ou au Baou de Saint-Jeannet à Vence[12]. Pour une part d'entre elles (exposition au Musée du Palais Lascaris en - [13]), ces aquarelles ont le mérite historique de recenser et décrire un patrimoine ecclésial méconnu ou oublié[14].

Le besoin de classer par genres fit dire alors qu'Alexis Mossa était peintre paysagiste à l'encontre de Gustav-Adolf qui fut symboliste. La réalité, plus fusionnelle car ils voyagèrent et peignirent beaucoup ensemble[4], est qu'ils furent tous deux à la fois l'un et l'autre.

Expositions

  • Salon de peinture et de sculpture, Paris, de 1866 à 1881.
  • Salon de la Société des beaux-arts, Nice, à partir de 1876.
  • Salon des artistes français, Paris, de 1881 à 1889.
  • Alexis Mossa, Nice et ses environs à la Belle Époque, Galerie des Ponchettes, Nice, mars-.
  • Mossa père et fils, Musée des Beaux-Arts de Nice, avril-[15].
  • Alexis et Gustave-Adolphe Mossa, témoins de la peinture médiévale du Comté de Nice, Musée d'art et d'histoire, Palais Masséna, Nice, - .
  • Alexis Mossa - Satanique Tragédie (œuvres 1914-1916), Galerie de la Marine, Nice, - [7].
  • Mois de l'art sacré - Les chapelles du pays niçois, aquarelles d'Alexis Mossa, Musée du Palais Lascaris, Nice, - [13].
  • Alexis Mossa - Lumière de Nice, rétrospective-hommage (80 tableaux), Galerie des Ponchettes, Nice, 2008[16].
  • Un siècle d'aquarelles: Ernest Lessieux, Alexis Mossa…, Palais de l'Europe, Menton, .
  • C'était t'en souviens-tu... à Cagnes, Château-musée Grimaldi, Cagnes-sur-Mer, juin-[17],[18].
  • Alexis Mossa, peintre paysagiste du XIXe Siècle, aquarelles d'Alexis Mossa sur le thème de la lumière, Villa Masséna, Nice, [19].

Collections publiques

Références

  1. Rosanna Delpiano, Le carnaval de Nice
  2. Voir Carlo Garacci, directeur de l'École de dessin de Nice, dans le Dictionnaire Bénézit, Gründ 1999, tome 5 page 853.
  3. Hélène de Martino: Alexis Mossa, peintre niçois (Cf. Bibliographie ci-dessus).
  4. Jean-Paul Potron, Dictionnaire historique du Comté de Nice, Serre éditeur, 2002 (Communication Nice RendezVous).
  5. Ammie Sidro, Alexis Mossa, inventeur de la BD du Corso (Communication Nice RendezVous).
  6. Raoul Mille: Ma Riviera II, chroniques (Cf. Bibliographie ci-dessus). Sur la guerre de 1914 et la composition par Alexis de La Satanique Tragédie, voir page 162.
  7. Présentation de l'exposition Satanique Tragédie, 2001-2002 Galerie de la Marine.
  8. Léon de Groër, Les aquarelles d'Alexis Mossa in Le pays de Nice et ses peintres au XXe siècle, Éditions Académia Nissarda, site du Conseil général des Alpes-Maritimes.
  9. Gérald Schurr, « Les aquarelles d'Alexis Mossa » La Gazette de l'Hôtel Drouot (Cf. Bibliographie ci-dessus).
  10. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  11. Raoul Mille: Ma Riviera II, chroniques, op. cit. page 154.
  12. Jean-Paul Potron, Alexis Mossa, une biographie in Le pays de Nice et ses peintres au XIXe siècle, Éditions Académia Nissarsa, site du Conseil général des Alpes-Maritimes.
  13. Présentation de l'exposition Les chapelles du pays niçois, aquarelles d'Alexis-Mossa, 2002-2003 Palais Lascaris.
  14. Luc Thévenon : Alexis Mossa, témoin de la peinture médiévale du Comté de Nice (Cf. Bibliographie ci-dessus).
  15. Gérald Schurr, « Les expositions - Nice : Mossa père et fils », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°16, 19 avril 1974, page 17.
  16. L'exposition Lumière de Nice, Galerie des Ponchettes, reportage video durée 1 min 10 s Source: dailymotion.
  17. Ville de Cagnes-sur-Mer, Présentation de l'exposition
  18. Cagnes-sur-Mer, le Montmartre azuréen reprend des couleurs Nice-Matin, mardi 21 juin 2011.
  19. L'exposition Lumière de Nice, Villa Masséna, 2014
  20. Ville de Nice, Présentation du Musée Masséna

Annexes

Bibliographie

  • Gustav-Adolf Mossa, Nice et ses environs à la Belle Époque par Alexis Mossa, Éditions de la Galerie des Ponchettes, Nice, 1974.
  • Claude Marumo, Barbizon et les paysagistes du XIXe Siècle, Les éditions de l'amateur, 1975.
  • Gérald Schurr, « Les aquarelles d'Alexis Mossa », La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi .
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1980. Voir tome 3 pages 65 et 66.
  • Jean-Roger Soubiran, « Le plus grand paysagiste niçois au siècle dernier, Alexis Mossa », Revue Nice historique, no 3, 1984. Voir pages 33 à 46
  • Jean-Roger Soubiran, Gustav-Adolf Mossa, Ediriviera & Alligator, 1985.
  • Jean Forneris et Jean-Paul Potron, « Alexis Mossa à Bendejun », revue Lo Rohl, no 4, 1991. Voir pages 7 à 14.
  • Hélène de Martino, Alexis Mossa, peintre niçois, mémoire de licence en Histoire de l'art, Université de Genève, 1995.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996. Voir page 669.
  • Ouvrage collectif préfacé par Danièle Giraudy, Le pays niçois et ses peintres au XIXe siècle, Académia Nissarda, 1998. Contient la biographie d'Alexis Mossa par Jean-Paul Potron et le chapitre Les aquarelles d'Alexis Mossa par Léon de Groër.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. Voir tome 9 page 893.
  • Luc Thévenon, Alexis Mossa, témoin de la peinture médiévale du Comté de Nice, Serre éditeur, 2002.
  • Jean-Paul Potron, Dictionnaire historique du Comté de Nice, Serre éditeur, 2002.
  • Raoul Mille, Ma Riviera II, chroniques, Éditions Gilletta - Nice-Matin, 2003. Voir pages 154 à 164 le chapitre Alexis et Gustave-Adolphe Mossa, destins croisés (sic : l'orthographe proposée par Raoul Mille est irréprochable: c'est parce qu'il était germanophile dans sa culture musicale et littéraire que « Gustave-Adolphe » se plaisait à écrire son prénom à l'allemande.).
  • Corinne Paolini, Dans la lumière d'Alexis Mossa, Saisons d'aquarelles entre mer et montagne, Encre d'Or Éditions, 2013.

Liens externes

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