Al-Hussein ibn Ali

Abû ʿAbd Allah al-Husayn ibn ʿAlî îbn Abî Tâlib Sayyîd ach-Shuhâdâʾ[1] ou Husayn, Hussein, surnommé Sayyd ach-Chuhâdâ (prince des martyrs)[2],[3] (né le - mort le lors de la bataille de Karbala) est le petit-fils du prophète de l'islam Mahomet, fils d'Ali et de Fatima. À la mort de son frère aîné Hasan en 670, il devient le troisième des douze imams du chiisme duodécimain[4]. Sa mort constitue un événement essentiel dans le développement de la pensée chiite. Son soulèvement contre l'oppression fait de lui un objet de profonde vénération : entre 17 et 20 millions de personnes viennent chaque année lui rendre hommage à son mausolée de Kerbala, et commémorer le 40e jour qui suit la date de son martyre, au cours d'une cérémonie appelée « Arbaïn » (le mot signifie 40, c'est-à-dire soit 40 jours après le décès).

Pour les articles homonymes, voir Ben Ali (homonymie) et Hussein.

Les formes équivalentes sont Hossein en persan, Hüseyin en turc et Ousseynou pour l'Afrique subsaharienne.

Biographie

Fils d'Ali Ibn Abi Talib et Fatima Zahra Bint Mohammad (prophète d'islam), frère cadet d'Hassan. Il naquit le dix octobre 626, (le troisième Chaabane 4 AH) à Médine. Sa naissance était prématurée (il est venu au monde au sixième mois de la grossesse).

On disait qu'il ressemblait beaucoup à son grand-père, le prophète Mahomet, aussi bien physiquement que moralement. Le prophète disait de lui : « Hussein est de moi et je suis de Hussein. Qui m'aime doit aimer Hussein » ou encore « Hassan et Hussein sont les chefs des jeunes du Paradis »[5]. Il était connu pour sa grande bonté et sa générosité sans faille.

Le Prophète dit à Ali : « Oh Ali! Tu es pour moi ce que Haroune était pour Moïse sauf qu`il n`y a pas de prophète après moi. Le Prophète Haroune avait deux enfants appelés Shabbar et Shabbir. La traduction de Shabbar en arabe est Hassan et celle de Shabbir est Hussein »[6].

Après l'assassinat de son père, Ali ibn Abi Talib, Hussein prêta allégeance à son frère Hassan (le deuxième imam après Ali). Cependant, ce dernier fut contesté par Mu'awiya qui le menaca et fit tout pour que Hassan se rétracte. Hassan accepta alors de signer un traité dont l'une des clauses était que Mu'awiya avait l'interdiction de désigner un successeur après lui. Mu'awiya régna ainsi jusqu'en 680.

Famille

On ne trouve pas d’indications claires sur la présence ou non des épouses de l'Imam Hussein, au cours des évènements de Karbala. Il n’existe que des écrits partiels, qui expliquent seulement une partie de la vie ses quatre épouses [7], qui sont:

  1. Laylâ Bint Abî `Urwah Ibn Mas`ûd Ath-Thaqafî, la mère de `Alî l’aîné,
  2. Shahrbânû[8], fille du dernier empereur sassanide de Perse Yazdgard III, défait par les armées de `Umar Ibn Al-Khattâb, et qui fut la mère d’As-Sajjâd et de `Alî le médian,
  3. Rabâb Bint Imru’ Al-Qays Ibn `Adî, mère de Muhammad et de `Abd Allâh,
  4. Quda`iyyah, mère de Ja`far, Umm Ishâq Bint Talhah Ibn `Ubayd Allâh, Umm Fâtimah.

De toutes ces épouses, Al-Husayn eut dix enfants : six fils et quatre filles. Ses fils sont : `Alî l’aîné, dit le Martyr, `Alî le médian, dit Imâm Zayn Al-`Âbidîn, `Alî le cadet, Muhammad, `Abd Allâh le martyr et Ja`far. Ses filles sont : Sukaynah, Fâtimah, Zaynab et Ruqayyah.

Mort

En 680, Muʿawiya Ier, premier calife de la dynastie omeyyade, décède, amenant son fils Yazīd Ier à lui succéder. Hussein refuse de lui prêter allégeance arguant que cette succession est une violation du traité Hassan-Muawiya (en)[9]. En effet, en plus du fait d'avoir trahi le pacte, Yazid est réputé pour être un homme cruel et sans aucune piété, sans se soucier des commandements de Dieu et de son prophète. Il était réputé pour être un homme assoifé de pouvoir et injuste. Pour éviter le serment d'allégeance à Yazîd, il part de Médine et se réfugie à La Mecque. Or, le gouverneur du calife Yazid, Ibn Ziyad, fait tuer Moslim ibn Aghil l'émissaire que Hussein lui a envoyé à Kufa[10]. Peu après, Hussein se met en route pour cette ville. Il aurait ainsi rencontré en chemin le poète Abu Firas Hammam dit « al Farazdak » qui l'aurait prévenu : « Ô Hussein, leurs cœurs sont avec toi mais leurs épées sont sorties de leur fourreaux ! » [11]

"Je ne me suis pas soulevé de gaieté de coeur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle, ni par subversion ni injustement. Je me suis soulevé pour réformer la nation de mon grand-père, le Messager d’Allah, pour commander le bien et interdire le mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père (p)". Tels sont les mots de Hussein lorsqu'il décide de se soulever contre un calife indigne de régner à ses yeux.

Le soulèvement de Hussein est un soulèvement qui aujourd'hui inspire un bon nombre de personnes musulmans ou non. Prenons l'exemple de Mahatma Gandhi : "Ce que j'ai appris de Hussain c'est comment parvenir à la victoire bien qu'opprimé." Ou encore Washington Irving : "L’Imam Hussein (AS) pouvait sauver sa vie en cédant à la volonté de Yazid, mais la responsabilité qu’il a en tant que chef de la communauté musulmane, ne lui permet de reconnaître Yazid comme calife. Il se prépare rapidement à tout malheur et à toute pression afin de libérer l’islam du joug des omeyyades. L’âme de l’imam Hussein (AS) reste éternellement vivante sous le soleil brûlant et sur les sables torrides des déserts de l’Arabie. O mon héros ! O symbole du courage ! O mon chevalier, Hussein !"

Escorté d'une petite troupe de 72 personnes, dont les membres de sa propre famille, il part rejoindre ses partisans de Kufa qui l'avaient appelé à l'aide et lui avaient promis obéissance[9]. Ibn Ziyad intercepte cette troupe à Kerbala et exige qu'Hussein prête allégeance au calife Yazid. Devant le refus de celui-ci, une bataille très inégale s'engage, la bataille de Kerbala, le (10 muharram 61AH). Tous les compagnons de Hussein sont tués. Le combat semble perdu d'avance, la petite armée de Hussein ne pouvant se mesurer à 30 000 adversaires[réf. nécessaire], et ce d'autant plus que l'armée omeyyade contrôle tous les accès à l'eau. Ils sont donc obligés de combattre durant deux journées sous un soleil de plomb et sans aucune eau, pour un siège de 10 jours au total l’imam Hussein finit par être assassiné par Shimr ibn Dhil-Jawshan qui le décapita de la plus cruelle des façons.

Reliquaire en argent dans la grande mosquée des Omeyyades, à Damas où la tête d'Hussein avait été envoyée.

Seul le plus jeune fils d'Hussein, Ali Zayn al-Abidin, (qui deviendra le quatrième Imam) est épargné, avec les femmes et sa sœur Zaynab fille d'Ali. Le cadavre d'Hussein est laissé sur place sans linceul sur le sable chaud de Kerbala tandis que sa tête est envoyée à Damas au calife Yazid, ainsi que les survivants devenus captifs.

Lorsqu’on apporte la tête de l'imam Hussein au calife, Yazîd Ier, celui-ci frappe les lèvres de Hussein d'une baguette s'amusant à lui donner des coups en face de la famille de Hussein[12].

Perception théologique de la mort d'Hussein

Pour certains musulmans sunnites, sa mort est attribuée à l'initiative malheureuse d'un lieutenant outrepassant le commandement du calife. Pour les chiites et certains religieux sunnites, dont l’Imam Ahmad Ibn Hanbal, la responsabilité en incombe au calife Yazid et à ses agents, et ils blâment aussi les gens de Kûfa d'avoir abandonné Hussein après lui avoir demandé de se mettre à leur tête[9].

Kerbela, où le corps de Hussein a été enseveli, prit le nom de Qabr al-Ḥusayn (tombeau de Ḥusayn) et devint le lieu de rassemblement chiite le plus grand du monde. Plus de 20 millions de personnes s’y rendent pour accomplir le pèlerinage [13],[14].

Quelques paroles de l'imam Hussein

« Si vous ne croyez pas à une quelconque religion et n'avez pas peur du Jour de la Résurrection, au moins, soyez libres dans ce monde. »

« Évitez d'opprimer celui qui n'a pas de défenseur contre vous, car le Dieu tout-puissant est son défenseur »[15].

Notes et références

  1. arabe : abū ʿabd allāh al-ḥusayn ibn ʿalī sayyid aš-šuhadāʾ, أبو عبد الله الحسين بن علي سيد الشهداء
  2. « MARTYRE DE ḤUSAYN », sur universalis.fr (consulté le )
  3. arabe : sayyid aš-šuhadāʾ, سيد الشهداء, seigneur du témoignage/martyr
  4. Mohamed Ali Adraoui et Leyla Arslan, Islam en France pour les nuls, First/Gründ, , p. 17
  5. « Biographie de l'imam Hussein », (consulté le )
  6. « la-biographie-d-imam-hussein-p-le-maitre-des-martyres » (consulté le )
  7. « les-epouses-de-limam-hussein-apres-karbala » (consulté le )
  8. persan : šahr bānū, شهر بانو, dame de la cité
  9. Dictionnaire de l'islam, Encyclopedia Universalis, article Hussein, p. 361
  10. « Relâchement et retournement de la situation » (consulté le )
  11. (en) The Editors of Encyclopaedia Britannica, « Al-Ḥusayn ibn ʿAlī : MUSLIM LEADER AND MARTYR », sur britannica.com, The Editors of Encyclopaedia Britannica,
  12. Il frappa d’un coup de baguette la bouche de Husayn et dit : « Nous nous serions contentés de la soumission des habitants de l’Irak sans ce meurtre ». Un spectateur présent lui dit : « Écarte cette baguette de cette bouche que le Prophète a maintes fois baisée. » Alors Yazid irrité se retourna vers Ali Zayn et lui dit : « Fils de Hussein, ton père a brisé les liens de la parenté et c’est pour cela que Dieu lui a fait ce que tu as vu. N'est-ce pas Dieu lui-même qui a fait mourir ton père ? N'est-ce pas Dieu qui l'a puni pour s'être rebellé contre le commandeur des Croyants ? » À quoi Ali fils de Husayn répliqua : « Non tyran ! Ne déforme pas les versets coraniques. Ne change pas leur signification ! Dans son infinie sagesse, Dieu donne à chacun le temps et les occasions pour agir en bien ou en mal, avec justice ou en oppresseur. Le châtiment divin atteint toujours les tyrans, tôt ou tard ! Le Saint Coran ne raconte-t-il pas les tribulations des prophètes, qui ont souffert mille maux de la part des peuples auxquels ils avaient été envoyés ? »Tabarî, traduit du persan par Hermann Zotenberg, La Chronique Histoire des prophètes et des rois, vol. II, Actes Sud / Sindbad, coll. « Thésaurus », (ISBN 978-2-7427-3318-7), « Les Omayyades », p. 50
  13. « Hossaïn » (consulté le )
  14. « KERBELA ou KARBALĀ » (consulté le )
  15. « 40-hadith-du-imam-hussein » (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Abou Mikhnaf, L’événement de Karbala, Madagascar, Éditions Booky, 338 p. (ISBN 978-2-37657-001-1)
  • Dr. Nadhir AlKhazraji, Encyclopedie Hussaynite (définition Générale) (lire en ligne)
  • Tabarî, La Chronique Tome II, Les Omayyades, éditions Actes Sud / Sindbad

Articles connexes

Liens externes

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