Agence Havas

L'agence Havas, créée en France au XIXe siècle, est la plus ancienne agence de presse au monde[1]. Elle sera scindée en deux branches en 1940, qui deviendront d'une part le groupe de publicité Havas et d'autre part l'agence France-Presse.

Pour les articles homonymes, voir Havas (homonymie).

Agence Havas

Création 1835
Disparition 1940
Fondateurs Charles-Louis Havas
Siège social successivement :
Hôtel Bullion, 3 rue Jean-Jacques Rousseau, Paris 4e (1832-1875)
• 34 rue Notre-Dame-des-Victoires
• 13 place de la Bourse, Paris 2e
 France
Activité Agence de presse

L'« Agence des feuilles politiques »

L'agence Havas est fondée le par l'ancien banquier Charles-Louis Havas, sous le nom d'« Agence des feuilles politiques, correspondance générale ». L'activité d'origine de cette petite entreprise parisienne consiste à traduire et importer les nouvelles données par les journaux étrangers, et à compiler celles données par les journaux français. C'est ainsi que naît le métier d'« agencier papier ».

Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Charles-Louis Havas va développer avec ardeur son activité de manière à se rendre indispensable pour l'ensemble de la presse parisienne. En 1838, le gouvernement le charge de lui confectionner une « correspondance ministérielle » pour tenir informés les agents de l'État, dessinant les prémices des relations étroites entre l'État et l'Agence. Le réseau de correspondants à l'étranger s'étend, les moyens les plus rapides sont employés pour transmettre les informations : alors que les nouvelles en provenance des journaux étrangers sont envoyées par pigeon voyageur et traduites dès leur arrivée à Paris, l'Agence des feuilles politiques est ainsi en pointe pour l'utilisation du télégraphe, dès 1845.

De l'information à la publicité

En 1852, Charles-Louis Havas cède la place à ses deux fils, Charles-Guillaume Havas et Auguste Havas, dont le premier décèdera en 1873[2]. Ils développeront en 1855 une nouvelle activité, plus lucrative que l'information : la publicité. La Société générale des annonces (SGA) fusionne avec Havas en 1865[3].

Pour réduire les coûts, ils passeront des accords de partage du monde avec deux concurrents, anciens employés de leur père : Julius Reuter qui s'est installé à Londres, et Bernhard Wolff qui est à Berlin.

En 1879, à la retraite d'Auguste Havas, l'entreprise perd son caractère familial. Elle est acquise par le baron Émile d'Erlanger et transformée en société anonyme au capital de 8,5 millions de francs. Les actions de 500 francs, au nombre de 17 000, sont vendues à la Bourse[2].

C'est l'époque où la presse connaît un développement rapide, notamment en France grâce aux Lois sur le télégraphe de 1878, qui permettent à l'agence d'ouvrir des bureaux télégraphiques en province, alors que c'était jusque-là réservé au monopole d'État. Puis c'est la loi du 29 juillet 1881, qui consacre la Liberté de la presse en France. Les moyens techniques qui permettent d'acheminer l'information progressent aussi. Havas investit dans le téléphone, le téléscripteur et les ondes longues radio. En 1896, l'agence Havas s'installe place de la Bourse, à Paris, à l'emplacement de l'immeuble occupé aujourd'hui par l'Havas

Plusieurs petites agences disparurent : en 1883 l'Agence Ewig et en 1893 l'Agence Libre, mais d'autres se créent comme L'Agence de presse Fournier fondée en 1879 et spécialiste des informations économiques, qui sera rachetée [réf. souhaitée] dans les années 1930 par l'Agefi (France) et l'Agence télégraphique républicaine[4], créée en 1885. L'agence La Presse Nouvelle, au capital de 2,7 millions de francs, créée en 1905 par des journaux catholiques, est restée pour sa part marginale[5]. Tout comme La Presse régionale, du trust de presse créé par Paul Féron-Vrau, héritier de Philibert Vrau[6].

En 1904, l'Agence Havas intente un procès à l'Agence de presse Fournier pour concurrence déloyale, en l'accusant de piller ses dépêches, et fait valoir qu'elle dispose de plus de 500 correspondants en France, mais l'avocat de l'Agence de presse Fournier apporte la preuve que celle-ci est parfois en avance sur sa rivale, et parfois même la corrige[6].

Dans les années 1930, une nouvelle révolution technologique, les ondes courtes améliorent encore les communications, à tel point que les accords entre agences de presse sont rompus, chacune développant son propre réseau. Les investissements sont lourds, et le gouvernement français trouve son intérêt à en financer une partie estimée à plus de 47 %, car le réseau de Havas participe à la présence française à l'étranger dans un contexte international tendu.

Lorsque la France est envahie par l'Allemagne en 1940, l'agence perd son indépendance. La branche publicité reste dans le privé, sous le nom d'Havas, et la branche information passe dans le giron du régime de Vichy sous le nom d’Office français d'information (OFI).

La fin d'une histoire

Lors de la Libération de Paris, le , des journalistes membres de la Résistance s'emparent de l'OFI. Ils émettent la première dépêche d'une agence libre qui prendra le nom d'agence France-Presse (AFP) le .

De son côté, l'agence Havas de publicité est nationalisée. Elle se lancera dans le tourisme et étendra ses activités à différentes formes de communication avant d'être privatisée le pour prendre la dénomination de Havas S.A. [7].

Aujourd'hui, les archives de l'Agence Havas sont conservées aux Archives nationales sous la cote 5 AR[8].

Vers le statut de 1957:


Une loi votée en 1957 dotera enfin la grande agence française d'un statut définitif qui lui apportera, outre l'indépendance à l'égard du gouvernement, garantie par un Conseil Supérieur formé de personnalités extérieures aux pouvoirs en place, une structure et des règles de fonctionnement proches de celles d'une coopérative de l'ensemble de la presse française.


La révolution numérique:


En 1985, l’agence se lance dans l’aventure de la photographie. Un grand projet dont l'objectif est d'atteindre le premier rang des agences mondiales et l'ambition de réunir les meilleurs photo-reporters. Pour cela, elle doit développer des technologies de pointe pour la capture, le traitement et le transport des images.

Durant ces dix dernières années, une véritable révolution technologique s’est produite, aussi bien dans l'imagerie numérique que dans la rapidité des transmissions. Le bélinographe, ancêtre des transmetteurs d’images, créé en 1907, était encore employé dans les rédactions jusqu’à la fin des années 1980. L’arrivée du premier ordinateur de transmission d’images baptisé Dixel, développé avec le fabricant suédois Hasselblad en 1988, peut être comparée, dans cette révolution en marche, à l’apparition d’appareils de petit format, maniables et rapides comme le furent en leur temps le Rolleiflex ou le Leica.

En amont de la chaîne, l’équipement du photo-journaliste a évolué très vite au fil des années : les lourdes cantines en zinc qui transportaient les bacs à développement des images argentiques, installés le soir dans les salles de bains d’hôtel, ont laissé la place aux harnais près du corps et aux ceintures bananes qui contiennent le mini-ordinateur et l’antenne hertzienne permettant de diffuser, à partir du lieu même de la prise de vue, le cliché numérique pris une seconde avant. En 1985, chaque image noir et blanc mettait de 7,30 à 15 minutes pour parvenir au siège ; aujourd’hui moins d’une minute suffit pour transporter des images couleurs sur des lignes à haut débit. Quatre minutes après que le champion olympique du 100 mètres a franchi la ligne d'arrivée, son image de vainqueur est dans les ordinateurs des rédactions photo de tous les journaux du monde.

Directeurs généraux

Présidents du conseil d'administration

Voir aussi

Notes et références

  1. Jean-Marie Charon, Le journalisme, Milan, , 63 p. (ISBN 978-2-7459-2598-5), p. 24
  2. Histoire de la Société générale: 1864-1890, la naissance d'une banque moderne, par Hubert Bonin
  3. « Des petits journaux au grandes agences », par Michaël Palmer, page 253
  4. Des petits journaux aux grandes agences, par Michael B. Palmer, page 247, chez Aubier, 1983
  5. La lumière de Paris — Les usages de la photographie — 1919-1939, par Françoise Denoyelle, page 155
  6. Des petits journaux aux grandes agences, par Michael B. Palmer, page 247, Aubier, 1983
  7. ' Arrêté du 22 mai 1987 fixant les modalités de la privatisation de l'Agence Havas ',sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 23 décembre 2013
  8. Notice du fonds de l'Agence Havas conservé aux Archives nationales
  9. http://expositions.bnf.fr/afp/arret/1/index.htm
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