Affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen

L'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen est une affaire politique et judiciaire portant sur des soupçons d'emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti français Front national (FN) (dénommé Le Rassemblement national (RN) depuis le ) siégeant au Parlement européen[1] entre 2012 et 2017[2]. Cette affaire commence en 2014.

Ne doit pas être confondu avec l'affaire Jeanne.

Marine Le Pen au Parlement européen, en 2014.

Les députés sont soupçonnés d'avoir employé ces assistants pour servir les intérêts de leur parti sans travailler réellement sur les dossiers européens. Dans le cas où ces accusations seraient fondées, cela correspondrait à des emplois fictifs financés par le contribuable européen, constituant un délit représentant un préjudice évalué entre 5 millions d'euros (entre 2012 et 2017) et 7,5 millions d'euros (entre 2010 et 2016). Parmi les personnalités mises en examen par la justice française pour détournement de fonds publics ou complicité pour ce délit, figurent notamment Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, Wallerand de Saint-Just, Nicolas Bay et Louis Aliot.

Procédure de l’Union européenne

Chaque député européen dispose d'un budget de 23 392 euros mensuels pour embaucher des collaborateurs. Pour l'ensemble des élus du Front national c'est donc un budget global mensuel de 514 624 euros[3].

Martin Schulz en 2017.

L'affaire débute par un courrier anonyme envoyé en 2014 afin de saisir l'office européen de lutte antifraude (OLAF). Celui-ci commence alors à enquêter sur les rôles de Catherine Griset, ancienne belle-sœur et cheffe de cabinet de Marine Le Pen au siège du FN, et de Thierry Légier, son garde du corps. Martin Schulz, alors président du Parlement européen, saisi l'OLAF en , après avoir constaté que 20 des 24 assistants parlementaires des députés européens FN figuraient dans l'organigramme du parti[4],[5].

Le Parlement européen demande à Marine Le Pen de rembourser près de 300 000 euros avant le , qu'il estime indûment perçus par elle pour avoir « rémunéré des cadres du Front national avec l'argent public ». L'OLAF considère qu'elle a en effet rémunéré deux assistants parlementaires fictifs, Catherine Griset[6] et Thierry Légier[7]. Cette somme est mise en recouvrement, avec une retenue mensuelle prise sur ses indemnités parlementaires.

En réaction, Marine Le Pen indique : « Je ne me soumettrai pas à la persécution, à cette décision unilatérale prise par des adversaires politiques avec exécution provisoire en violation de l’Etat de droit, des droits de la défense, sans preuves et sans attendre que la justice, que j’ai saisie, ne se prononce au fond »[8], ajoutant : « Les autres font pareil, voire pire, et depuis longtemps. Moi, on m’embête seulement pour des broutilles »[9].

Outre les 340 000 euros réclamés à Marine Le Pen, cinq autres députés du Front se voient demander de rembourser les salaires de certains assistants pour 2014 avec des motifs identiques. Jean-Marie Le Pen doit rembourser 320 000 euros. Bruno Gollnisch 276 000 euros, Dominique Bilde 40 320 euros, Sophie Montel 77 000 euros et Mylène Troszczynski 56 000 euros[10]. Après sa démission du Parlement européen le , à la suite de son élection à l'Assemblée Nationale, Marine Le Pen doit rembourser encore 300 000 euros. Le Parlement européen doit attendre la fin de l'affaire en France pour espérer recouvrer cette dette[11].

Le Parlement européen évalue le préjudice subi à 4 978 122 euros indûment perçus[2].

En , le Tribunal de l’Union européenne déboute Marine Le Pen, qui demandait l’annulation de la décision de recouvrement de la somme de 300 000 euros prise par le Parlement européen à la fin de 2016, pour les sommes liées à l'emploi de Catherine Griset[12]. Le pourvoi de Marine Le Pen contre cette décision est rejeté par la Cour de justice de l’Union européenne en [13].

Enquêtes en France

Procédure judiciaire

Le Parlement européen s'est constitué partie civile dans ce dossier et a saisi la justice française sur les cas d'environ vingt assistants parlementaires[14].

Le , le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « abus de confiance », « recel d’abus de confiance », « escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux » et « travail dissimulé »[15], menée par l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF)[5]. Le même mois le parquet saisi les juges d'instruction[5].

Le , une perquisition a eu lieu au siège du Front national à Nanterre, pour la seconde fois[16].

L’avocat du Parlement européen donne une liste de 17 députés FN concernés par cette affaire. L’agence France-Presse (AFP) indique, pendant l’été 2018 : « L’information judiciaire, ouverte pour "abus de confiance" et "escroquerie en bande organisée", cible 17 députés [RN] et les contrats d’une quarantaine de collaborateurs »[17].

Les recours auprès de la cour d'appel de Paris pour contester la compétence de la justice française, déposés par le Rassemblement national et Marine Le Pen, sont rejetés le [18].

En , Marine Le Pen indique que depuis 2009 les assistants parlementaires européens RN travaillent bien au siège de son parti et non pour l’Union européenne mais tout en étant payés par elle, déclarant : « Et alors ? Ils ont fait de la politique avec leur député. C’est sûr, ils n’ont pas fait le travail pour l’Union européenne ! »[19].

Marine Le Pen - Catherine Griset

Marine Le Pen est convoquée le pour être entendue par les services de l'OCLCIFF dans cette affaire. Protégée par son immunité parlementaire[N 1], elle indique qu’elle ne se rendra à aucune convocation policière ou judiciaire jusqu’aux élections législatives des et . Convoquée le même jour, sa cheffe de cabinet Catherine Griset est mise en examen pour « recel d’abus de confiance »[20],[21].

Le , Marine Le Pen est convoquée par les juges d'instruction, en vue d'une possible mise en examen pour « abus de confiance »[5]. De nouveau le , convoquée en vue de sa mise en examen, Marine Le Pen refuse de s'y rendre, invoquant l'immunité parlementaire. Les juges d'instruction demandent la levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen et de Marie-Christine Boutonnet en [22].

Le , Marine Le Pen se rend finalement à la convocation des juges et se voit notifier, à l'issue de son audition au pôle financier, sa mise en examen pour abus de confiance et complicité d'abus de confiance dans l'affaire des assistants parlementaires européens[23]. Outre le dossier pour Catherine Griset et pour son garde du corps Thierry Legier sur la période 2009-2016. Marine Le Pen est également mise en examen pour des faits commis entre 2014 et 2016 en sa qualité de présidente du FN. Ainsi le préjudice du Parlement européen a été réévalué à 5 millions d’euros, pour la période entre le au [24]. En , Charles Van Houtte, ancien assistant parlementaire accrédité de Marine Le Pen, indique aux enquêteurs que Catherine Griset « n'a pas exercé ses fonctions d'assistant accrédité à temps plein »[25]. Le , la mise en examen de Marine Le Pen est requalifiée en « détournement de fonds publics »[26].

Front national et Wallerand de Saint-Just

En , le Front national, en tant que personne morale, a été mis en examen pour complicité et recel d’abus de confiance, dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaire européens[27]. Le , le parti (devenu Rassemblement national) voit sa mise en examen requalifiée en « complicité de détournement de fonds publics », tandis que son trésorier, Wallerand de Saint-Just, est mis en examen pour ce même motif[28].

Charles Hourcade - Marie-Christine Boutonnet

Le , Charles Hourcade, assistant parlementaire de l'eurodéputée frontiste Marie-Christine Boutonnet, est mis en examen pour « recel d’abus de confiance » [29]. Charles Hourcade assurait les fonctions de graphiste du Front national dans les locaux de ce parti à Nanterre, il aurait indûment reçu environ « 37 000 euros brut entre septembre 2014 et février 2015 »[30]. Par ailleurs, comme Marine Le Pen, Marie-Christine Boutonnet a refusé de se déplacer à la suite de la convocation des juges[29].

Le , Marie-Christine Boutonnet est à son tour mise en examen pour abus de confiance concernant l'emploi comme assistant parlementaire de Charles Hourcade[31].

Marine Le Pen - Thierry Légier

Thierry Légier (cravate rouge), derrière Marine et Jean-Marie Le Pen, en 2010.

Thierry Légier est le garde du corps de Jean-Marie Le Pen depuis 1992 puis de Marine Le Pen à partir de 2011[32]. Selon l'Office européen de lutte antifraude (Olaf), Marine Le Pen a reconnu avoir salarié fictivement Thierry Légier pour « régulariser » des salaires précédents. Elle affirme que l'UE avait accepté ce montage, or cette dernière et l'Olaf réfutent cette justification[33]. Thierry Légier, est placé en garde à vue le , mais ressort sans mise en examen dans un premier temps[20],[21]. Le Belge Charles Van Houtte, comptable et ancien assistant parlementaire de Marine Le Pen, indique lors d'une audition en que Thierry Légier « était garde du corps de la famille Le Pen et non pas assistant parlementaire »[34],[35]. Thierry Légier est mis en examen le pour « recel d'abus de confiance »[36].

Jean-Marie Le Pen - Gaël Nofri - Thierry Légier - Jean-François Jalkh

Jean-François Jalkh

Trois des assistants de Jean-Marie Le Pen sont concernés. Gaël Nofri a été employé trois mois en 2011. Thierry Légier, par ailleurs son garde du corps, est concerné pour une période allant de 2004 à 2011. Jean-François Jalkh a été à la fois l'assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen entre 2009 et 2014, et vice-président du FN à partir de 2012[37],[32].

En , Jean-Marie Le Pen refuse de recevoir les policiers venus l'entendre concernant l'affaire des assistants d'eurodéputés FN. Considérant le comportement des autorités policières comme « arrogant », Jean-Marie Le Pen les a renvoyées, dans le cadre de son immunité parlementaire[38]. Celle-ci est levée par les députés européens le [39]. En , Jean-Marie Le Pen est mis en examen pour « détournement de fonds publics » et « complicité » de ce délit[40].

Dominique Bilde - Loup Viallet

Le Tribunal de l'UE a confirmé la décision du Parlement européen de demander à Dominique Bilde le remboursement d'environ 40 000 euros versés par l'institution européenne pour l'emploi d'assistant parlementaire à Loup Viallet dont l'activité reste à prouver. Loup Viallet fait l'objet d'une inculpation depuis pour recel d'abus de confiance[41]. Loup Viallet a été l'assistant parlementaire de Dominique Bilde alors qu’il était aussi délégué national à la prospective au sein du FN[42]. L'immunité parlementaire de Dominique Bilde est levée le [43].

Louis Aliot - Laurent Salles

Louis Aliot en 2015.

Laurent Salles a été l'assistant parlementaire du député européen Louis Aliot de à , pendant ce laps de temps les enquêteurs n'auraient pas trouvés trace de courrier ou d’email entre les deux hommes un seul SMS a été envoyé entre eux. Une enquête est ouverte concernant un éventuel emploi fictif[44]. Le , Louis Aliot a refusé de se rendre à une convocation de la police dans l’enquête sur les assistants parlementaires d’eurodéputés FN[45]. Le , Louis Aliot est mis en examen pour abus de confiance[46]. Le , sa mise en examen est requalifiée en « détournements de fonds publics »[47].

Nicolas Bay - Timothée Houssin

Nicolas Bay est mis en examen le pour « abus de confiance ». Celle-ci concerne l'emploi présumé fictif de son assistant parlementaire Timothée Houssin, entre et début 2015. En effet ce dernier travaillait « en réalité pendant son contrat au sein du secrétariat général (du FN) »[18]. Le , les poursuites requalifiées visent le délit, plus grave, de « détournements de fonds publics »[48].

Bruno Gollnisch - Guillaume Lhuillier - Micheline Bruna - Yann Le Pen

Bruno Gollnisch est mis en examen le pour « abus de confiance », concernant l'emploi présumé fictif de deux assistants parlementaires, Guillaume Lhuillier (ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen) et Micheline Bruna (ancienne conseillère d'Ile-de-France du au et secrétaire particulière de Jean-Marie Le Pen), entre 2005 et 2015. Pour Bruno Gollnisch : « C'est dérisoire. Je n'ai pas détourné un centime du Parlement européen »[49],[50].

Yann Le Pen est mise en examen le pour « recel de détournements de fonds publics » au sujet de salaires perçus entre 2012 et 2014 en tant qu'assistante parlementaire de Bruno Gollnisch[51].

Charles Van Houtte

Charles Van Houtte a rejoint Marine Le Pen au Parlement européen en 2009, en devenant son assistant parlementaire. En 2015, il devient administrateur du groupe Europe des nations et des libertés[52]. Décrit comme un acteur décisif dans l'affaire, il est mis en examen, le , pour « complicité de détournements de fonds publics »[53].

Aymeric Chauprade

Aymeric Chauprade en 2018.

Selon Aymeric Chauprade, ancien chef de la délégation des députés européens FN et conseiller de Marine Le Pen, cette dernière a imposé aux élus européens du FN d'embaucher des assistants parlementaires qui en fait participeront au fonctionnement du FN[54]. Le , il témoigne devant les enquêteurs chargés du dossier. Il rapporte son témoignage au journal Le Monde : « Le 4 juin 2014, Marine Le Pen réunit au Parlement à Bruxelles la vingtaine de députés FN qui ont été élus quelques semaines plus tôt. Elle nous explique que nous n’aurons pas à reverser une partie de nos indemnités au FN [pratique courante pour tous les partis], mais, qu’en échange, il faut accepter de n’embaucher soi-même qu’un seul assistant pour nos activités d’élu. Elle nous dit : C’est moi qui vais contrôler l’enveloppe des assistants. Il y aura un formulaire de délégation de pouvoir pour le recrutement. »[55].

Jean-Claude Martinez

Jean-Claude Martinez reconnait avoir embauché Huguette Fatna une proche de Marine Le Pen : « On me l’avait imposée. Elle gardait les enfants de Marine. J’avais dit que c’était sa nounou et Marine Le Pen m’a poursuivi devant la justice, ainsi que la journaliste Caroline Fourest qui avait relayé mes propos, en 2012 (dans le livre Marine Le Pen démasquée, NDLR). J’ai montré qu’Huguette n’avait jamais mis les pieds à Bruxelles ou Strasbourg ». Par contre il affirme avoir refusé d'embaucher Thierry Légier, le garde du corps de Jean-Marie Le Pen puis de Marine Le Pen[56].

Gaël Nofri

Gaël Nofri est un ancien conseiller de Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle de 2012, jamais encarté au Front National ni au Rassemblement Bleu Marine. Il affirme avoir été victime d'une procédure abusive du FN ayant conduit à le salarier comme attaché parlementaire à son insu alors que son contrat initial portait sur un emploi au sein de la campagne présidentielle. Selon Mediapart, la brigade financière a découvert des fiches de paie à son nom à hauteur de 4 500 euros de à , soit un montant total de 18 000 euros. Gaël Nofri y est inscrit comme assistant parlementaire de l'eurodéputé Jean-Marie Le Pen. Or il indique n'avoir « jamais été assistant de Jean-Marie Le Pen. Jamais, jamais! Je n'ai évidemment jamais été au Parlement européen, [...] Et d'ailleurs je n'ai jamais signé de contrat en ce sens ». Pour sa part, Lorrain de Saint Affrique assure que Gaël Nofri a bien travaillé avec Jean-Marie Le Pen pour préparer les élections européennes de 2014 mais non en tant qu'attaché parlementaire. Mais la plupart des notes de ce travail ont brûlé en 2015 lors de l'incendie du domicile de Jean-Marie Le Pen à Rueil-Malmaison[57].

Deux contrats « fictifs » auraient été établis : l'un comme assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen au Parlement européen et l'autre part comme collaborateur de l’expert-comptable du FN, Nicolas Crochet[58]. Gaël Nofri explique avoir refusé de signer le premier comme assistant de Jean Marie Le Pen, et avoir signé celui de conseiller au sein du cabinet de Nicolas Crochet[N 2]  le seul moyen, pour lui, de régulariser une situation dont il a à l'époque alerté les autorités. Il affirme n'avoir « jamais mis les pieds » dans le cabinet d'expertise[60].

Sophie Montel

Sophie Montel en 2018.

Le , Sophie Montel, qui a quitté en 2017 le FN, est auditionnée, comme « suspect libre », par les policiers de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Elle confirme, lors de cette audition, les propos d'Aymeric Chauprade qui affirmait que Marine Le Pen a demandé aux élus du parti de retenir un seul assistant parlementaire afin de permettre à son collaborateur Charles Van Houtte de choisir les autres. Selon Sophie Montel sur la vingtaine de députés six ont refusé ce montage financier, à savoir : « Aymeric Chauprade, Jean-Luc Schaffhauser, Florian Philippot, Mireille d'Ornano, Bernard Monot et elle-même ». Elle affirme aux policiers que Charles Van Houtte lui a demandé de prendre comme assistante Huguette Fatna, une proche de la famille Le Pen, ce qu'elle a refusé considérant qu'elle n'avait pas les capacités nécessaires pour ce poste.

À partir de cette prise de position, Sophie Montel considère avoir été isolée au sein du groupe FN. C'est alors la députée Dominique Bilde qui a embauché Huguette Fatna. Cette dernière récuse ces allégations : « Comme je suis très proche de Marine Le Pen, Sophie Montel s'attaque à elle en passant par moi ». Concernant une autre députée du FN, Sophie Montel affirme l'avoir vu en larmes car mise en cause dans l'enquête administrative européenne, or elle n'avait jamais vu son assistant désigné par le parti. Afin de la soutenir financièrement, après la retenue sur ses indemnités d'élu, son mari a été embauché en tant qu'assistant parlementaire d'un autre député frontiste. Par ailleurs, les policiers ont présenté à Sophie Montel une liste d'une trentaine d'assistants parlementaires susceptibles d'avoir occupé des emplois fictifs. Elle a confirmé pour une dizaine d'entre eux la réalité d'un travail d'assistant parlementaire[61].

Conséquences

Politiques

En 2017, Marine Le Pen et le Front national sont inquiétés dans cette affaire, dans l'affaire Jeanne, et dans quatre autres dossiers[62]. Lors de l’élection présidentielle, également marquée par l’affaire Fillon, les intentions de vote de la candidate FN semblent indiquer que ses électeurs ne tiennent pas compte de ces affaires, contrairement à ceux du candidat de droite[63].

Financières

Le , les juges d'instruction financiers chargés de l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen demandent la saisie de deux millions d'euros d'aide publique due au Rassemblement national (il touche chaque année 4,5 millions d’euros, basés sur ses résultats aux élections législatives de 2017). Les juges Renaud Van Ruymbeke et Claire Thépaut justifient cette décision en invoquant l'endettement du Rassemblement, la subvention pouvant rembourser des emprunts et être donc indisponible[18]. Le Rassemblement national, dénonçant les risques de banqueroute du parti, a déposé un recours. Après examen de celui-ci le lundi , les magistrats de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris rendront leur décision le . Wallerand de Saint-Just, trésorier du parti, annonce que les salaires et les cotisations sociales ne pourront pas être payés fin septembre[64].

Afin de pallier la saisie des deux millions d'euros, Marine Le Pen a lancé un appel aux dons, ce qui a permis de récolter 500 000 euros. Pour l'universitaire Abel François, spécialiste du financement de la vie politique : « Dans l’absolu, c’est une belle bouée, mais par rapport aux voix remportées à la présidentielle, ou à ce que d’autres partis peuvent lever, c’est peu »[65].

Le , la cour d'appel de Paris  qui valide l'ordonnance « dans son principe » mais tient compte des difficultés financières du parti[66]  se prononce sur le recours introduit par le RN en réduisant le montant de la saisie à un million d’euros[67].

Bibliographie

Mathias Destal et Marine Turchi, Marine est au courant de tout..., Flammarion, , 411 p.

Notes et références

Notes

  1. L'immunité parlementaire de Marine Le Pen a été levée par ses collègues du Parlement européen après qu'elle a diffusé des tweets de cadavres suppliciés par Daech, mais uniquement pour ces faits. Elle est ainsi toujours protégée pour d'autres affaires dont celle des soupçons d'emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des vingt-trois députés européens du Front national siégeant au Parlement européen.
  2. Pour Mediapart ; Nicolas Crochet, « membre éminent de la “GUD connection” » se trouve au centre de l'affaire [59].

Références

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  5. « Marine Le Pen convoquée par les juges dans l'affaire des assistants parlementaires », sur lefigaro.fr,
  6. Si, l'assistante parlementaire de Marine Le Pen devait bien résider à Bruxelles
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  10. Destal et Turchi 2017, p. 294-295
  11. Geoffrey Bonnefoy Affaire assistants parlementaires: la grosse ardoise de Le Pen à Strasbourg L'Express, 15 juillet 2017
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  60. Le Niçois Gaël Nofri ancien conseiller de Marine Le Pen dénonce « un système de corruption généralisé » au FN France Info 26 février 2017 : « En septembre, Crochet me donne le contrat, je vois que ce n'est pas un contrat de campagne mais de conseil dans son cabinet d'expertise comptable. J'assume, je signe après cinq mois sans salaire ni chômage, confirme-t-il à l'AFP, alors qu'il dit n'avoir « jamais mis les pieds » dans ce cabinet. »
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  64. Saisie de deux millions d'euros d'aides publiques au Rassemblement national : "Fin septembre, on ne pourra pas payer les salaires" France Info, 6 août 2018
  65. Soupçons d'emplois fictifs: Le Rassemblement national (ex-FN) est-il en danger après la saisie de 2 millions d'euros? 20minutes, 6 aout 2018
  66. « Rassemblement national : la justice réduit le montant de la saisie à 1 million d’euros », sur lemonde.fr,
  67. Le Rassemblement national respire un peu Le Point, 26 septembre 2018

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