Affaire Éric Calers

L'affaire Éric Calers est une affaire criminelle française dans laquelle Éric Calers a été assassiné le , abattu devant chez lui à Busnes. L'auteur de ce crime n'a pas été identifié.

Pour les articles homonymes, voir Calers.

Affaire Calers
Titre Affaire Éric Calers
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Assassinat
Pays France
Ville Busnes
Nature de l'arme Arme à feu
Type d'arme Carabine
Date
Nombre de victimes 1 : Éric Calers
Jugement
Statut Affaire non résolue

Biographie

Éric Calers, né le , est un homme sérieux, discret, timide, introverti et n'a pas d'ennemi connu[1]. Il a trois sœurs, c'est le benjamin de la fratrie. Les parents, exploitants agricoles depuis plusieurs générations, cultivent la betterave à Busnes dans le Pas-de-Calais. Sa sœur Françoise est mariée avec Jean-Michel Leblanc. Ils ont trois enfants et habitent Busnes eux aussi. Jean-Michel, employé à l'agence Adecco est délégué syndical[1]. En , Éric épouse Cécile Cordonnier, une des huit enfants de la ferme voisine. En , ils ont un fils, Rémi. Cécile est vendeuse dans une grande surface à Béthune. Éric passe beaucoup de son temps libre à cultiver son jardin. Il est ouvrier ajusteur à l'usine de la Cristallerie d'Arques[1],[2]. Il a d'excellentes relations avec ses collègues. Il n'a pas d'ami proche. Son collègue Bruno Havet, l'emmène chaque jour en voiture pour le trajet de chez lui à son travail[2]. Éric a mis en vente sa Renault 11, garée en évidence devant sa maison, rue de Lillers à Busnes[2],[3].

Les faits et l'enquête

Le vendredi à 21 h 30, Bruno Havet dépose Éric Calers devant chez lui. Éric constate que les deux pneus de sa voiture, côté conducteur, le long de la rue, sont à plat[4]. Il entre dans sa maison et dit à Cécile et Rémi qu'il ressort pour voir les pneus. Peu après, ne voyant pas Éric revenir, Cécile sort le rejoindre et le trouve allongé sur le dos dans la rue, le long de sa voiture, agonisant. Les pompiers arrivent peu après et constatent la mort d'Éric, il a un impact de balle dans le dos. Les deux pneus ont été crevés par deux balles chacun. Il y a quatre autres impacts sur la voiture. Aucune douille n'est trouvée sur place[3],[5]. Personne n'a entendu de coup de feu. Un voisin qui promenait son chien affirme qu'à 21 h 23, il est passé à côté de la voiture d'Éric, dont les pneus étaient intacts.

Le , l'autopsie du corps d'Éric Calers est réalisée au centre hospitalier de Lens. Il n'a qu'une blessure, causée par une balle de .22 Long Rifle entrée à droite de la 7e vertèbre dorsale et a perforé l'artère aorte. Il est rapidement mort de l'hémorragie massive ainsi provoquée. La trajectoire va de bas en haut, il a donc été atteint quand il était accroupi devant les pneus. Les analyses toxicologiques mettent en évidence des traces de benzodiazépines dans le sang d'Éric. Ses proches ne comprennent pas et ne trouvent pas de raison pour laquelle il consommait ces anxiolytiques. Les experts balistiques établissent qu'il y a eu six balles tirées. Il n'y a eu qu'une balle perdue qui est retrouvée dans la voiture. Deux balles ont été tirées sur chacun des deux pneus, et ont provoqué les autres impacts sur la voiture. Le tireur était vraisemblablement couché dans le fossé entre la route départementale et la rue. Ce guet-apens et la précision des tirs font penser à une exécution par un tireur professionnel. Mais l'arme du crime et la personnalité d'Éric ne correspondent pas à ce scénario[1].

Les enquêteurs recherchent donc les carabines .22 Long Rifle. Aucune des carabines trouvées ne correspond aux balles. Les enquêteurs découvrent qu'un voisin des Calers est un policier de la brigade des stupéfiants, se sentant menacé par des personnes du milieu toxicomane. Éric Calers ne ressemble pas du tout à ce policier, il est donc improbable qu'il ait été tué par erreur. Cécile déclare aux enquêteurs que peu de temps avant l'assassinat, elle a eu une courte aventure extraconjugale avec un collègue de travail, boucher à Bourecq[5]. Cet homme est à l'opposé d'Éric, machiste, très endetté, ayant fait l'objet de plusieurs plaintes pour violences conjugales. Il fournit un alibi. Quelques semaines avant d'être assassiné, Éric souscrit une assurance-vie au bénéfice de son épouse et son fils, pour un montant pouvant aller jusqu'à un million d'euros. Le , Éric n'éteint pas correctement la friteuse électrique ce qui provoque un incendie qui endommage une partie de la maison. Éric avait culpabilisé d'avoir mis en danger sa famille et semblait soucieux et inquiet. Éric informe sa mère et sa sœur Brigitte au sujet de cette assurance-vie qu'il a souscrite. Cécile déclare avoir découvert l'existence de cette assurance-vie après l'assassinat. Elle a reçu en réalité 81 780 euros[5].

Depuis un décret de 1998, une personne possédant une arme à feu doit la déclarer. Jean-Michel Leblanc (beau-frère d'Éric) possède des armes à feu. Il aurait dû les déclarer au commissariat ou à la préfecture, mais il ne l'a pas fait avant l'assassinat d'Éric. Étant en infraction, Jean-Michel craint d'être sanctionné. Quand les enquêteurs l'interrogent, Jean-Michel leur ment et déclare qu'il ne possède pas d'arme à feu. Sa femme Françoise confirme ses déclarations. Mais un voisin affirme que Jean-Michel a des armes. Les Leblanc sont mis en garde à vue et finissent par avouer qu'ils ont deux armes, dont une carabine 22 Long Rifle. Dans un sac poubelle, les enquêteurs trouvent également des morceaux d'une carabine 22 Long Rifle cassée. Les enquêteurs ne sont pas convaincus par l'alibi de Jean-Michel. L'expert en balistique (« médecin légiste », rappelle Me Califano, l'avocat de Jean-Michel Leblanc[6]) établit que les balles ont été tirées par la carabine de Jean-Michel Leblanc. Le , Jean-Michel Leblanc est mis en examen pour meurtre avec préméditation et mis en détention provisoire à la prison de Béthune[2],[5]. Il clame son innocence et il n'y a pas de mobile. La défense de Jean-Michel Leblanc est assurée par les avocats Mario Califano[1],[7], Hubert Delarue[3] et Martine Malinbaum[5]. Ils obtiennent une deuxième expertise de la carabine. Le , les conclusions de celle-ci sont opposées à celle de la première expertise[1],[8]. Le juge d'instruction refuse les demandes de remise en liberté de Jean-Michel Leblanc. Ses proches font appel à l'association de Roland Agret pour le compte de laquelle le détective privé Roger-Marc Moreau reprend l'enquête. Le , une troisième expertise confirme que la carabine n'est pas l'arme du crime.

Au sujet des morceaux de 22 Long Rifle trouvés dans le sac poubelle, Jean-Michel Leblanc explique qu'il l'a cassée pour la faire disparaître. Quelques années auparavant, il a aidé à déménager un gendarme, Régis Dumont[5],[2]. Celui-ci avait oublié cette carabine dans le camion, Jean-Michel ne la lui a pas rendue. Régis Dumont déclare qu'il n'avait pas réclamé cette carabine, car elle avait un défaut de culasse et ne permettait de tirer que des petites cartouches[3]. Le , Jean-Michel Leblanc est libéré sous contrôle judiciaire[3],[7], interdit de séjour dans le Pas-de-Calais, assigné à résidence chez sa sœur Elizabeth en Rhône-Alpes.

Le , un non-lieu est prononcé à l'encontre de Jean-Michel Leblanc. Xavier Brunet, avocat de Cécile Calers, fait appel de cette décision[7]. En , le procès en appel à la cour d'assises de Douai est ajourné pour complément d'information[9], une expertise balistique devant être réalisée sur une carabine 22 Long Rifle d'une famille ayant quitté Busnes après l'assassinat[10]. Le , la chambre d'instruction de la cour d'appel d'Amiens prononce un non-lieu[11] et en , la Cour de Cassation confirme l'ordonnance de non-lieu[12].

Notes et références

  1. « Accusé de meurtre sans preuve ni mobile » Article de Stéphanie Maurice publié le 11 décembre 2002 dans Libération
  2. « L'affaire Eric Calers resurgit » Article de Rémi Foulon publié le 27 février 2014 dans L'Écho de la Lys également publié dans L'Avenir de l'Artois
  3. « Meurtre d'Éric Calers, à Busnes : une nouvelle arme expertisée » Article d'Isabelle Mastin publié le 4 novembre 2011 dans Nord Éclair
  4. « J.-M. Leblanc bénéficie d’un non-lieu douze ans après le meurtre d’Éric Calers » Article de Stéphane Degouve publié le 6 septembre 2013 dans La Voix du Nord
  5. « Pas-de-Calais : Le meurtre mystérieux de Burnes » Article de Jean-Michel Décugis publié le 26 février 2004 dans Le Point
  6. « Ce dimanche soir, sur France 2, «Non élucidé» revient sur l'affaire Calers », sur nordeclair.fr, .
  7. « Busnes : non-lieu pour Jean-Michel Leblanc, 12 ans après le meurtre d'Eric Calers » Article publié le 7 septembre 2013 sur France 3 Nord-Pas-de-Calais
  8. « Une arme en miettes pour toute enquête » Article de Stéphanie Maurice publié le 9 juin 2003 dans Libération
  9. « Meurtre de Busnes : la chambre de l’instruction demande un complément d’information » Article publié le 6 mai 2014 dans La Voix du Nord
  10. « Busnes : une nouvelle arme relance l’affaire du meurtre Éric Calers » Article d'Isabelle Mastin publié le 5 mai 2014 dans La Voix du Nord
  11. « Busnes : nouveau non-lieu pour Jean-Michel Leblanc dans l'affaire Eric Calers », sur francetvinfo.fr, .
  12. Claire Mesureur, « Jean-Michel Leblanc définitivement lavé des accusations de l'assassinat de son beau-frère après 17 ans de procédure », sur francebleu.fr, .

Documentaires télévisés

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Émission radiophonique

  • « Qui a tué Éric Calers ? » le , « L'affaire Éric Calers : la fin d'un feuilleton judiciaire » le et « L'affaire Éric Calers » le dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.

Voir aussi

Articles connexes

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