Adrien Sadoul

Adrien Sadoul, né le et mort le , est un avocat puis un magistrat, militant nationaliste[1] et résistant français[2].

Pour les articles homonymes, voir Sadoul.

Biographie

Origine familiale

Adrien Ludovic Paul Sadoul naît à Bar-le-Duc le [3]. Petit-fils d'Adrien Sadoul, conseiller général de Raon-l'Étape et ami de Jules Ferry, fils de Louis Sadoul, magistrat à Nancy, neveu de Charles Sadoul (1872-1930), Adrien Sadoul est aussi le cousin germain de Paul Sadoul, directeur du Pays lorrain[4]. Il se marie en 1928 avec Renée Droit, fille d'un notaire nancéien, dont il aura 4 enfants.

Première Guerre mondiale

Il s'engage volontairement le et sert dans l'artillerie lourde. Il est formé à l'école militaire de Fontainebleau où il est aspirant en 1918. Il est démobilisé en , après avoir été brièvement envoyé sur le front D'Orient, avec une croix de guerre et le grade de lieutenant de réserve[5]. Il devient membre de l'association des officiers de réserve de Nancy.

Carrière professionnelle

Licencié en droit en 1922, il devient avocat auprès du barreau de Nancy à partir de 1923[5]. Propriétaire à Raon-L'Étape (Vosges), il est aussi magistrat à Metz - président de la Cour d'appel[6] -, en Algérie, puis à Amiens après la Seconde Guerre mondiale.

Engagement politique dans l'entre-deux-guerres

Militant « national » depuis 1924[7], il est l'initiateur d'un incident anticommuniste à Nancy en 1924. Membre du Faisceau, premier groupement fasciste français, en 1926[8], il devient aussi membre des Jeunesses patriotes puis de son avatar, le Parti national populaire jusqu'en 1936[9]. Il est aussi proche de l'Action française, et membre des Croix-de-feu en 1934. Il mène comme orateur de nombreuses réunions des Ligues en Lorraine, pour les JP surtout et pour le Front national[10]. Il est l'avocat de militants « nationaux » lors de procès à Nancy et à Metz : il défend en 1934 aux côtés de Georges Scapini et de François Valentin (homme politique) deux membres de la solidarité française et un militant des JP ayant commis un vol dans un local de la CGTU à Nancy[11] et il défend Charles Berlet à Metz en 1936, accusé de complicité de coups lors d'une altercation pendant une réunion privée de l'Action française à Château-Salins en 1935[12]. Il est enfin membre du comité directeur et animateur actif du Rassemblement national lorrain (RNL) de juillet 1936 à 1939.

Il se présente à une élection cantonale partielle à Raon-l'Étape en 1931, afin de succéder à son oncle Charles Sadoul, décédé[13]. Mais sans succès. Il crée, préside et anime avec Maurice François-Brajon et le soutien du député Constant Verlot un groupement de l'Union des républicains du canton de Raon-l'Étape à partir de  : il y accueille des militants nancéiens et des parlementaires comme Charles Reibel, Philippe Henriot ou Jean-Louis Tixier-Vignancour, pour des conférences et réunions[14]. Ce groupement s'affilie au RNL. Sadoul invite en 1937 l'écrivain nationaliste Antoine Rédier pour une conférence sur Hitler; l'orateur cite des extraits de Mein Kampf[15]. Il est conseiller municipal (d'opposition) de Raon-l'Étape de 1935[16] à 1937.

Résistance

Il est mobilisé comme capitaine d'artillerie en 1939, est fait prisonnier en 1940 et libéré en . Il s'engage aussitôt dans la Résistance à Nancy, avec son ami l'avocat Jean Bertin[17]. Il fait partie du « groupe d'autodéfense » nancéien de la future O.R.A. (Organisation de résistance de l'armée), qui fournit des renseignements au 2e Bureau de Vichy. Il contacte le colonel de réserve Andlauer de Saint-Dié, ancien officier du renseignement au 2e Bureau, qui lui fait parvenir des renseignements par sa fille chaque semaine et qu'il se charge de transmettre. En même temps, il est recruté par le réseau mis en place par le colonel Rémy par l'intermédiaire de Jean Bertin, recruté dès . Un accord est ensuite conclu entre les deux mouvements et les courriers sont alors réalisés en double exemplaire à partir du , à destination de Londres via le réseau Confrérie Notre-Dame de Rémy et de l'ORA.

Arrêté par la Gestapo le , il passe deux mois à la prison Charles III à Nancy. Il est libéré le , faute de preuves. Il quitte Nancy avec Bertin le , séjourne à Paris, échoue à passer en Espagne pour rejoindre Londres[18]. Il regagne Paris, où il est nommé en septembre 1943 assistant d'André Favereau (Bronzen), responsable pour la zone nord du « service national maquis ».

Il rejoint les maquis de l'Yonne, dont il devient le chef en mars[19] 1944. Il rejoint la première armée française, avec le nom et le grade de colonel Chevrier[20]. Après la libération de l'Yonne, il est ensuite, en , commandant du 1er Régiment FFI du Morvan de la Ire Armée française et est promu colonel. Le régiment est constitué de volontaires de la Nièvre et de l'Yonne. Il est grièvement blessé en Alsace le [21]. Il est démobilisé en .

Il figure au premier tour à la deuxième place sur une liste menée par l'avocat et résistant Henri Teitgen aux élections municipales de Nancy en 1945[22], aux côtés notamment de Jean Lionel-Pèlerin, futur maire de Nancy en 1947. Sa liste se retire avant le second tour, dénonçant les « mesquineries politiques » et « les politiciens habiles davantage profiteurs qu'ils n'ont été participants (qui) s'emparent du beau titre de la résistance »[23].

Sources

  • Robert Bailly, Occupation hitlérienne et résistance dans l'Yonne (et zones limitrophes), Yonne, A.N.A.C.R., .
  • Robert Bailly, Si la Résistance m'était contée: à travers les événements de l'Yonne (et environs), Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Comité de l'Yonne), .
  • Robert Chantin, Des temps difficiles pour des résistants de Bourgogne : échec politique et procès, 1944-1953, Paris, L'Harmattan, .
  • Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux (thèse de doctorat), Université de Paris X-Nanterre, .
  • Claude Delasselle, Joël Drogland et Thierry Roblin (Tirésias), Un département dans la guerre, 1939-1945 : occupation, collaboration et résistance dans l'Yonne, Association pour la recherche sur l'occupation et la résistance dans l'Yonne, .
  • Général Pierre Denis, La libération de la Lorraine 1940-1945, Metz, Ed. Serpenoise,
    Adrien Sadoul est son beau-père. L'ouvrage de Pierre Denis est factuel, mais avec une tonalité assez anticommuniste et "gaullo-pétainiste".
  • Colonel Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre, Paris, France-Empire, , p. 56, 60, 62, 71-73.
  • Colonel Rémy, On m'appelait Rémy : De l'espoir à la libération, Perrin, , p. 332.
  • Colonel Rémy, La ligne de démarcation : L'épopée des petites gens, Perrin, , p. 120-121
  • Pierre Scherrer, Un hôpital sous l'occupation : Souvenirs d'un psychiatre, Atelier alpha bleue, .
  • Association pour la recherche sur l'occupation et la résistance dans l'Yonne, La résistance dans l'Yonne : la diversité des organisations, .

Liens externes

Notes et références

  1. Cf. Jean-François Colas, Les Droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, Thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002.
  2. Notice sur cnd-castille.org
  3. Dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore
  4. « Notes sur la famille Sadoul ».
  5. Cf. les souvenirs de son père, sur le site de la famille Sadoul, rubrique Documentation.
  6. Annuaire, Sociétés d'histoire de la vallée de la Weiss, 1989
  7. Cf. une lettre d'Adrien Sadoul, du 2 septembre 1937, sur le site de la famille Sadoul, rubrique Documentation.
  8. Jean-Étienne Dubois, Leçon d'histoire pour une droite dans l'opposition ? Les mobilisations de droite contre le Cartel des gauches dans la France des années Vingt, Thèse de doctorat en Histoire, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand II, 2013, p. 278
  9. Le Télégramme des Vosges, 25 février 1933], Ibid., 13 mars 1933, Ibid., 21 juin 1936
  10. Le Télégramme des Vosges, 11 mai 1934, Ibid., 10 avril 1934, Ibid., 18 avril 1935
  11. Le Télégramme des Vosges, 20 octobre 1934
  12. Le Télégramme des Vosges, 21 février 1936
  13. Le Télégramme des Vosges, 15 janvier 1931, L'Express de l'Est, 7 mars 1931. C'est Charles Weill, radical-socialiste, qui est élu.
  14. Le Télégramme des Vosges, 3 juillet 1931, Ibid., 7 mars 1933, Ibid., 19 septembre 1933, Ibid., 30 mai 1933, Ibid., 17 avril 1934, Ibid., 12 décembre 1934, Ibid., 16 avril 1935, Ibid., 17 avril 1935, Ibid., 7 juillet 1936, Ibid., 25 janvier 1937
  15. Le Télégramme des Vosges, 4 mars 1937
  16. Le Télégramme des Vosges, 13 mai 1935
  17. Le bureau de Jean Bertin se situait au rez-de-chaussée de l'immeuble où logeait la famille Sadoul, au 24 place de la Carrière à Nancy. Prisonnier de guerre évadé (mars 1941), résistant, avocat nommé avoué en 1943 ( L'Echo de Nancy, 19 avril 1943, p. 2 ), arrêté par la Gestapo et déporté à Buchenwald, Jean Bertin sera après la guerre le président puis le président d'honneur ( 1947 ) de la Fédération nationale des combattants prisonniers de guerre (FNCPG): Annuaire, Sociétés d'histoire de la vallée de la Weiss, 1989, Jean Védrine, Les Prisonniers de guerre, Vichy et la Résistance: 1940-1945, Fayard, 2013, Christophe Lewin, Le retour des prisonniers de guerre français: naissance et développement de la F.N.P.G., 1944-1952, Publications de la Sorbonne, 1986, p. 230
  18. Général Pierre Denis, op. cit., Notice sur « Français libres.net »
  19. Ou mai 1944 ? Les sources ne concordent pas sur la date.
  20. Durant cette période, il laisse à l'écart les FTP de l'Yonne.
  21. Cf. Colonel Rémy, op. cit., p. 73; Pierre Scherrer, op. cit., p. 167 : Il décrit Sadoul comme « un homme de droite, certains diraient peut-être aujourd'hui d'extrême droite ».
  22. L'Est républicain, 27 avril 1945, Ibid., 30 avril 1945
  23. L'Est républicain, 12 mai 1945
  • Portail de la politique
  • Portail de la Résistance française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.