Adam Clayton Powell Jr.

Adam Clayton Powell Jr. (né le et mort le ) était un homme politique américain, qui fut le premier afro-américain à devenir un membre influent du Congrès. Il fut élu à la Chambre des Représentants en 1945, comme représentant du quartier de Harlem, à New York. Il prit la tête du Committee on Education and Labor (comité de l'éducation et du travail) de l'assemblée en 1961. Son mandat comme président du comité fut marqué par l'adoption de lois sociales importantes. Sa carrière s'acheva toutefois par un scandale de corruption.

Les premières actions politiques

Adam Clayton vit le jour dans la ville de New Haven, dans l'État du Connecticut. Son père, Adam Clayton Powell Sr. était un pasteur baptiste influent qui dirigeait l'Église baptiste abyssinienne, l'une des églises les plus célèbres de Harlem. Son grand-père maternel était blanc, de même que la plupart de ses ancêtres maternels. Le jeune Adam étudia dans des écoles publiques, avant d'intégrer le City College of New York puis l'Université de Colgate. Il reçut ensuite un diplôme en éducation religieuse de l'Université Columbia en 1931.

Durant la Grande Dépression, le jeune et charismatique Powell devint l'un des principaux acteurs de la lutte pour l'égalité de droits dans le quartier de Harlem. Il parvint ainsi à rallier de nombreuses personnes à sa cause dans le quartier, ce qui lui offrit un soutien de taille dans sa croisade pour le respect de sa communauté. Il organisa des rencontres publiques, des grèves des loyers, ainsi que plusieurs campagnes publiques, en contraignant les entreprises et les établissements publics, comme le Harlem Hospital à engager ou offrir des promotions aux travailleurs noirs. L'un de ses plus gros succès fut le boycott des magasins de la 125e rue qui pratiquaient une politique discriminatoire à l'embauche.

En 1937, il prit la succession de son père à la tête de l'Église baptiste abyssinienne et fut élu au Conseil municipal de New York en 1941, représentant le quartier de Harlem[1]. Il devint ainsi le premier noir à occuper ce poste, notamment grâce à l'utilisation du scrutin à vote unique transférable. Selon Clayton, l'“action collective est la plus puissante force sur terre”. Selon certains spécialistes, Clayton serait arrivé au Congrès des États-Unis à Washington, D.C. avec un mandat des classes populaires avec lequel il entendait faire la différence.

Powell membre du Congrès

Powell s'adressant à la foule lors d'un meeting en 1942.

En 1944, Powell, membre du Parti démocrate devint membre de la Chambre des Représentants. Sa circonscription électorale, correspondant au 22e district comprenait entre autres le quartier de Harlem. Il devint à cette occasion le premier représentant noir de l'État de New York. Étant l'un des deux seuls représentants afro-américains dans la chambre basse, Powell refusa de se soumettre à l'interdiction d'utiliser certains équipements rattachés au congrès, et qui étaient réservés aux blancs. Il invita par la suite plusieurs électeurs noirs à venir dîner dans un restaurant stipulant “White Only”, c'est-à-dire réservé aux blancs. Il fut pour cette raison mal vu par certains partisans de la Ségrégation raciale dans son propre parti.

En 1956, il quitta le Parti démocrate pour soutenir Dwight D. Eisenhower, républicain candidat pour un second mandat. Il trouvait les projets des démocrates en faveur des droits civiques trop inconsistants. En 1958, il parvint à résister à une tentative du Tammany Hall de l'évincer pour les élections primaires.

Après quinze ans passés au congrès, Powell fut nommé président du puissant Education and Labor Committee (comité au travail et à l'éducation) en 1961. À ce poste, il lutta activement dans des programmes fédéraux pour l'augmentation du salaire minimum, l'éducation et la formation des malentendants, ainsi que l'instauration de normes en matière de formation et d'heures de travail. Il proposa également différents projets en faveur de l'enseignement primaire et secondaire. Il supervisa également l'adoption du programme de John Fitzgerald Kennedy baptisé New Freedom autrement dit “Nouvelle liberté”. Il intervint de même en faveur de l'adoption des projets de Lyndon B. Johnson baptisés Great Society c'est-à-dire “Grande Société”. Cela marqua bien son attachement au Parti démocrate dont il s'était pendant un temps éloigné. Powell détient ainsi le record du nombre de lois adoptées en un seul mandat.

Corruption et déclin

Au milieu des années 1960, Powell fut très critiqué à propos de l'utilisation de son budget, notamment en raison de voyages privés payés avec des fonds publics. Powell se rendant ainsi fréquemment sur l'île de Bimini dans les Bahamas, et manquait de fait les réunions de son comité. Il fut aussi critiqué dans son propre district après qu'il fut arrêté pour avoir refusé de payer une amende consécutive à une accusation de diffamation. Il passa par la suite de plus en plus de temps en Floride, où il avait tendance à exhiber sa richesse, ce qui contrastait avec la pauvreté du quartier qu'il représentait.

En janvier 1967, les allégations de corruption et de détournement de fonds pesant sur Powell contraignirent le comité électoral démocrate à le destituer de ses fonctions de président. Les membres de la chambre des représentants refusèrent qu'il ne puisse retrouver son poste avant qu'une enquête ne soit menée à propos de ses agissements. En mars, les représentants se prononcèrent massivement (307 voix sur 433) en faveur de l'exclusion de Powell.

En juin 1969, la Cour suprême des États-Unis jugea que Powell avait été évincé anticonstitutionnellement étant donné qu'il avait été élu de façon légitime. Powell fit ainsi son retour à la chambre basse, mais son absentéisme fut de nouveau montré du doigt. En 1970, il fut battu lors de primaires démocrates par Charles Rangel qui représentait le quartier depuis toujours. Powell ne parvint ensuite pas à participer au scrutin comme candidat indépendant. Il quitta ses fonctions de pasteur de l'Église baptiste abyssinienne, et se retira aux Bahamas. En avril 1972, il tomba gravement malade, et fut transféré d'urgence à l'hôpital de Miami. Il y mourut le à l'âge de soixante-trois ans. Quelques jours plus tard, ses cendres furent à sa demande dispersées au-dessus de Bimini.

Voir aussi

Notes

  1. Isabelle Richet, « Harlem, l'amertume et l'espoir », dans André Kaspi (dir.), New York, 1940-1950, Paris, Autrement, 1995, (ISBN 978-2-86260-525-8), p. 209

Bibliographie

  • Adam Clayton Powell, Jr (2002). Adam by Adam: The Autobiography of Adam Clayton Powell, Jr. Kensington Publishing. (ISBN 978-0-7582-0195-9).
  • Charles V. Hamilton (2002). Adam Clayton Powell, Jr.: The Political Biography of an American Dilemma. Cooper Square Publishers. (ISBN 978-0-8154-1184-0).
  • Andrée E. Reeves (2990). Congressional Committee Chairmen: Three Who Made an Evolution. University Press of Kentucky. (ISBN 978-0-8131-1816-1).

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de New York
  • Portail des Afro-Américains
  • Portail de la politique aux États-Unis
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.