Abdel Karim Kassem

Abdel Karim Kassem (en arabe : عبد الكريم قاسم), né le à Bagdad et mort le dans cette même ville, est Premier ministre de l'Irak du au .

Abdel Karim Kassem

Abdel Karim Kassem, le 8 janvier 1961.
Fonctions
Premier ministre irakien

(4 ans, 6 mois et 25 jours)
Président Muhammad Najib el-Roubai
Prédécesseur Mukhtar Baban (en)
Successeur Ahmad Hassan al-Bakr
Biographie
Nom de naissance Abdul Karim Qasim
Date de naissance
Lieu de naissance Bagdad (Empire ottoman)
Date de décès
Lieu de décès Bagdad (République d'Irak)
Nature du décès Exécution sommaire
Nationalité Irakienne
Parti politique Sans étiquette
Religion Islam sunnite

Premiers ministres irakiens

Jeunesse et carrière dans l'armée

Le père d'Abdel-Karim, Kassem Mohammed Bakr Al-Fadhli Al-Zubaidi était un agriculteur du sud de Bagdad[1] et un musulman sunnite irakien mort pendant la Première Guerre mondiale[2], après la naissance de son fils. La mère de Kassem, Kayfia Hassan Yakoub Al-Sakini était une musulmane chiite de Bagdad

Quand Kassem eut six ans, sa famille s'installa à Suwayra, une petite ville proche du Tigre, puis à Bagdad en 1926. Kassem était un excellent élève et entra dans une école secondaire grâce à une bourse du gouvernement. Après l'obtention de son diplôme en 1931, il fréquente l'école primaire Shamiyya. Ecole du au , date de son admission au collège militaire. En 1934, il obtint son diplôme de sous-lieutenant. Kassem fréquente ensuite le collège al-Arkan (Irakian Staff) et obtient son diplôme avec mention (grade A) en . En 1951, il suit un cours d'officier supérieur à Devizes, dans le Wiltshire. Kassem a été surnommé "le charmeur de serpents" par ses camarades de classe à Devizes en raison de son don de les convaincre de prendre des mesures improbables lors d'exercices militaires[3].

Militairement, il a participé à la répression des troubles tribaux dans la région du Moyen Euphrate en 1935, pendant la Guerre anglo-irakienne en et la guerre au Kurdistan en 1945. Kassem a également servi pendant la guerre de Palestine de mai 1948 à juin 1949. Vers la fin de la mission, il commandait un bataillon de la première brigade, situé dans la région de Kafr Qassem, au sud de Qalqilya. En 1956-1957, il a servi avec sa brigade à Mafraq en Jordanie au lendemain de la crise de Suez. En 1957, Kassem avait assumé la direction de plusieurs groupes d’opposition constitués au sein de l’armée[4].

Révolution du 14 Juillet

Le , Kassem et ses partisans ont utilisé les mouvements de troupes planifiés par le gouvernement comme une occasion de s'emparer du contrôle militaire de Bagdad et de renverser la monarchie. Cela a entraîné l'assassinat de plusieurs membres de la famille royale et de leurs proches collaborateurs, dont Nouri Saïd.

Le coup d'Etat a été discuté et planifié par le Mouvement des officiers libres et des civils, mais a été exécuté principalement par Kassem et le colonel Abdel Salam Aref. Cela a été déclenché lorsque le roi Hussein de Jordanie, craignant qu'une révolte anti-occidentale au Liban se propage en Jordanie, a demandé l'aide de l'Irak. Au lieu de se diriger vers la Jordanie, toutefois, le colonel Aref a dirigé un bataillon à Bagdad et a immédiatement proclamé une nouvelle république et la fin de l'ancien régime. Placée dans son contexte historique, la révolution du était le point culminant d'une série de soulèvements et de tentatives de coup d'État qui ont commencé avec le coup d'État de 1936 Bakr Sidqi et comprenaient le mouvement militaire Rachid Ali al-Gillani de 1941, le soulèvement de Wathbah de 1948 et les manifestations de 1952 et 1956. La révolution du ne rencontra pratiquement aucune opposition.

Le prince Abdul Ilah ne voulait aucune résistance contre les forces qui assiégeaient le palais royal de Rihab, dans l'espoir d'obtenir l'autorisation de quitter le pays. Le commandant du bataillon de la Garde royale en service, le colonel Taha Bamirni, a ordonné aux gardes du palais de cesser les tirs.

Le , la famille royale, dont le roi Fayçal II, le prince Abdelilah, la princesse Hiyam (épouse d'Abdelilah), la princesse Nafisah (mère d'Abdelilah), la princesse Abadiyah (tante du roi), et plusieurs serviteurs ont été attaqués alors qu'ils quittaient le palais. Quand ils arrivèrent tous dans la cour, on leur dit de se tourner vers le mur du palais. Tous ont ensuite été abattus par le capitaine Abdus Sattar As Sab, membre du coup d’État dirigé par le brigadier Abdel-Karim Kassem[5].

Le roi Fayçal II et la princesse Hiyam ont été blessés. Le roi est décédé plus tard avant d'arriver à l'hôpital. La princesse Hiyam n’a pas été reconnue à l’hôpital et a réussi à se faire soigner. Plus tard, elle est partie en Arabie Saoudite où vivait sa famille. Elle a finalement déménagé en Égypte et y a vécu jusqu'à sa mort[réf. nécessaire].

À la suite du coup d'État réussi, la nouvelle République irakienne était dirigée par un Conseil révolutionnaire[5].

À sa tête se trouvait un conseil de souveraineté composé de trois membres, composé de membres des trois principaux groupes ethniques/communautaires irakiens. Mohammed Mahdi Kubbah représentant la population chiite; Khalid al-Naqshabandi les Kurdes; et Najib al Rubay’i, la population sunnite[6].

Cette tripartite devait assumer le rôle de la présidence. Un cabinet a été créé, composé d’un large éventail de mouvements politiques irakiens: deux représentants du parti national-démocrate, un membre d’Al-Istiqlal, un représentant du Baas et un marxiste.

Après avoir pris le pouvoir, Kassem a assumé les fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense, tandis que le colonel Aref a été choisi comme vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Ils sont devenus la plus haute autorité en Irak, dotée à la fois de pouvoirs exécutif et législatif. Muhammad Najib ar-Ruba'i est devenu président du Conseil de la souveraineté (chef de l'État), mais son pouvoir était très limité.

Le , la Constitution provisoire est adoptée dans l'attente d'une loi permanente à promulguer après un référendum libre. Selon le document, l'Irak devait être une république et une partie de la nation arabe, tandis que la religion officielle de l'État était inscrite à l'Islam. Le Conseil des ministres était investi des pouvoirs législatifs, avec l'approbation du Conseil de la souveraineté, tandis que la fonction exécutive était également conférée au Conseil des ministres[6]. La constitution proclame l'égalité de tous les citoyens irakiens dans la loi et leur accorde la liberté sans distinction de race, de nationalité, de langue ou de religion. Le gouvernement a libéré des prisonniers politiques et accordé l'amnistie aux Kurdes qui ont participé aux soulèvements kurdes de 1943 à 1945. Les Kurdes exilés sont rentrés chez eux et ont été accueillis par le régime républicain.

Premier ministre de la République

De juillet 1958 à , il occupe le poste de Premier ministre et de ministre de la Défense, tandis que le colonel Abdel Salam Aref est vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Ils deviennent la plus haute autorité de l'Irak en disposant à la fois du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Muhammad Najib el-Roubai devient président de la souveraineté du Conseil (chef de l'État), mais son pouvoir reste très limité.

Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du Parti communiste. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc[7]. C’est aussi un renouveau culturel avec la multiplication des œuvres. Le poète Mohamed Mahdi Al-Jawahiri se fait le chantre du nouveau régime[7].

Il nomme ministre Naziha al-Dulaimi, qui devient ainsi la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe. Elle participe à l'élaboration de la loi civile de 1959 sur les affaires civiles, qui est très en avance sur son temps dans la libéralisation des lois sur le mariage et l'héritage au profit des femmes irakiennes[8]. La nouvelle loi civile, considérée comme la plus progressiste du Moyen-Orient, comprend également l'interdiction du mariage des fillettes et entrave la polygamie[9].

Une nouvelle Constitution, adoptée en juillet 1958, reconnait des droits nationaux au peuple kurde au sein de l’État irakien et cela au même titre que les Arabes, ce qu'avait toujours refusée la monarchie. Les autorités favorisent la création d'une commission de savants kurdes pour rédiger une histoire de leur peuple destinée à être enseignée dans tous les établissements scolaires, y compris les écoles arabes. Fait unique dans les annales de l’État irakien, la construction de lycées et d'une université kurdes est entérinée par Bagdad. Enfin, un système d’autonomie administrative commença à être installé dans le Kurdistan irakien[10].

Kassem met rapidement fin au pacte de Bagdad pour se rapprocher de l'Union soviétique.

Tentative d'assassinat et décès

Il est victime d'un attentat manqué à la mitraillette par deux jeunes révolutionnaires anonymes devenus célèbres : le dictateur déchu Saddam Hussein et le milliardaire anglo-irakien Nadhmi Auchi. La fuite à cheval, ou à la nage, en Syrie de Saddam Hussein à la suite de cet attentat est un des éléments de la mythologie du dictateur. Dans les années 1980, un film d'État irakien, The long days, a retracé cet épisode. La voiture criblée de balles a été exposée dans un palais de Saddam Hussein. Nadhmi Auchi est jugé en compagnie de Saddam Hussein pour son implication dans cette tentative d'assassinat. Il reconnaît avoir hébergé les armes de cet attentat, mais nie toute implication directe dans les tirs.

En 1961, las des atermoiements du pouvoir irakien, le général kurde Mustafa Barzani prend la tête d'une rébellion visant à contraindre Bagdad à réellement appliquer les dispositions de la Constitution accordant aux Kurdes des droits nationaux égaux à ceux des Arabes. Les combats qui s'ensuivent avec l'armée irakienne fragilisent le régime[10].

Le général Kassem est exécuté le , après un coup d'État fomenté par le parti Baas. Son organisateur est le général Ahmed Hassan al-Bakr, déjà impliqué en 1958 dans des tentatives de complot contre Kassem[11]. Le maréchal Abdel Salam Aref, devient par la suite président[12] et le général Bakr président du Conseil. Le parti Baas prend le pouvoir pour la première fois, interdit le Parti communiste irakien, pourchasse ses membres et sympathisants et les emprisonne.

Liens externes

Références

  1. Malcolm Yapp, The Near East Since the First World War: A History to 1995, Routledge, (ISBN 978-1-317-89054-6, lire en ligne), p. 84
  2. « Iraq - REPUBLICAN IRAQ », sur www.country-data.com
  3. « The Dissembler », Time, (lire en ligne)
  4. Spencer C. Tucker, Persian Gulf War Encyclopedia: A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-61069-415-5, lire en ligne), p. 355.
  5. (en) T. Abdullah, A Short History of Iraq: 636 to the present, Harlow, Pearson Education, .
  6. (en) Phebe Marr, The Modern History of Iraq, Westview Press, (ISBN 9780813336152, lire en ligne), p.158.
  7. Matthieu Rey, « 1958. Quand l'Irak découvrait l'espérance révolutionnaire », sur Orient XXI,
  8. (en-US) Zahra Ali, « Analysis | Women's rights are under threat in Iraq », Washington Post, (ISSN 0190-8286, lire en ligne)
  9. Rachida El Azzouzi, « En Irak, le corps des femmes est un champ de bataille », sur Mediapart,
  10. Eric Rouleau, « Ouverture à Bagdad, inquiétudes à Ankara et Téhéran », Manière de Voir,
  11. « Article "Irak" », sur Les clés du Moyen Orient, article publié le 01/02/2010 (consulté le )
  12. Abd al-Karim Kassem, Larousse.
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