Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr
Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr (en arabe : عبد العزيز بن موسى (ʿAbd al-ʿAzīz ibn Mūsā ibn Nusayr)), est le deuxième gouverneur d'Al-Andalus[1]. Il est le fils de Moussa Ibn Noçaïr, le gouverneur de l'ifriqiya. Il a une longue histoire d'implication politique et militaire avec son père.
Biographie
Abdelaziz accompagne son père en 712, afin d'aider le général berbère, Tariq ibn Ziyad, dans la conquête de la péninsule ibérique[2]. Il a été spéculé que Moussa Ibn Noçaïr et son fils, deux Arabes, ne voulaient pas que la gloire de la conquête soit revendiquée par un berbère[3]. La conquête de la région progresse doucement sous Tariq, Moussa Ibn Noçaïr et Abdelaziz. Avec le succès apparent de la conquête, Tariq a été rappelé en Syrie en 714, par le calife omeyyade Soulayman. Abdelaziz reçoit le gouvernement d'al-Andalus par son père[4]. Moussa Ibn Noçaïr, à son retour de Damas, est entré en conflit avec le calife et a terminé ses journées à Médine, en « homme vieux et brisé »[5].
Abdelaziz choisit la ville de Séville comme capitale[6]. Sous la direction d'Abdelaziz, après le départ de son père et de Tariq, al-Andalus s'étend au Portugal moderne à l'ouest et aux régions sub-pyrénéennes nord[7]. Dans l'une des terres nouvellement conquises, Abdelaziz signe un traité de paix avec le seigneur wisigoth de Murcie, Theudimer. Son nom en arabe est Tudmir. Le traité, connu sous le nom de traité de Tudmir, donnait aux chrétiens wisigoths le droit de continuer à pratiquer leur religion, aussi longtemps qu'ils payaient une taxe spéciale et restaient fidèles à leurs maîtres musulmans[7].
Abdelaziz reste au pouvoir et épouse la veuve Egilona, l'épouse du dernier roi wisigoth, Rodéric. Egilona prend le nom d'Oum Asim lors de son mariage et de sa conversion à l'Islam[7]. L'influence d'Egilona sur son mari n'était pas commune. Certains ont estimé qu'elle avait trop d'influence et dominait Abdelaziz[7]. Ces liens avec la royauté wisigothique et l'influence d'Egilona conduisirent à l'idée fausse et aux rumeurs selon lesquelles Abdelaziz s'est converti au christianisme. Ces rumeurs ont même atteint le calife omeyyade Soulayman à Damas. Troublé par ces rumeurs, le calife a ordonné qu'Abdelaziz soit tué[8]. Il est très probable, cependant, qu'il s'agissait de rumeurs lancées à la demande de la faction hostile menée par Habib ibn Abi Obeïda al-Fihri, qui a finalement tué Abdelaziz. Certes, Abdelaziz avait la réputation d'être un musulman juste devant ces rumeurs qui ne soutenaient pas cette théorie.
Les sources diffèrent sur l'année, mais Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr a été assassiné par Ziyad ibn Oudhra al-Balawi sur l'ordre du calife Soulayman[7]. Cependant, l'historien Ibn Khaldoun rapporte que l'ordre a été reçu et exécuté par Habib ibn Abi Obeïda al-Fihri[9]. Le calife craignait qu'il veuille établir sa propre monarchie personnelle à al-Andalus, séparée du califat omeyyade basé à Damas[8]. Les dates de son assassinat varient entre les années 715[10], 716[11], ou 718[12]. Abdelaziz a été décapité dans le monastère de Santa Rufina, utilisé à l'époque comme une mosquée[13]. Après sa mort, sa tête a été apportée à Damas et exposée publiquement à une audience où le calife savait que son père, Moussa, était présent[14].
Abdelaziz a été remplacé par son cousin, Ayoub ibn Habib al-Lakhmi, qui aurait joué un rôle dans son assassinat[15]. Son mandat de gouverneur n'a pas duré longtemps et pendant une période de quarante ans après son assassinat, al-Andalus était rempli de chaos et de troubles. Les factions arabes rivales se sont continuellement battues pour gagner le pouvoir, et aussi pour étendre le contrôle islamique dans la région. Les gouverneurs étaient nommés ou choisis, mais ils étaient souvent déposés par des groupes rivaux ou par le calife omeyyade à Damas. Ce modèle a continué au moins jusqu'en 756, quand un émirat omeyyade indépendant a été établi à Cordoue[16]. Cependant, Abd al-Rahman Ier trouve encore beaucoup de résistance à al-Andalus (Tolède, Saragosse, Barcelone et cetera) et doit lutter encore 25 ans pour une maîtrise totale du territoire. Le pouvoir islamique est resté dans la région jusqu'en 1492, quand Ferdinand et Isabelle ont conquis le royaume de Grenade[17].
Références
- (en) Thomas Patrick Hughes, A Dictionary of Islam, Reference Book Publishers, , p. 29
- (en) Paul Fouracre, The New Cambridge Medieval History, vol. 1, New York, Cambridge University Press, , p. 370
- (en) John Joseph Saunders, A History of Medieval Islam, Routledge, (ISBN 978-0-415-05914-5, lire en ligne), p. 88
- (en) P.M Holt, Anne K.S Lambton et Bernard Lewis, The Cambridge History of Islam, vol. 2, London, Combridge University Press, , p. 407
- (en) John Bagot Glubb, A Short History of the Arab Peoples, London, Hodder and Stoughton Ltd, , p. 88
- Hitti, Philip K.. History of The Arabs. (New York: St. Martin, 1956), p. 503.
- Provencal, Levi. Encyclopedia of Islam New Edition Vol. 1 A-B. (Leiden, the Netherlands: E.J. Brill, 1960), p. 58.
- Hitti, History of The Arabs, p. 503.
- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique, 1852 trad., Alger, vol. p. 355
- Collins, Roger. The Arab Conquest of Spain 710-797. Malden, Massachusetts: Blackwell Publishers Inc., 1999. p. 37
- Fouracre, The New Cambridge Medieval History Vol. 1, 370.
- Provencal, Encyclopedia of Islam New Edition Vol. 1 A-B., 58.
- 'Abd al-Rahman ibn Mohammad Ibn Khaldoun et Mac Guckin de Slane, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Imprimerie du gouvernement, (lire en ligne), p. 355 :
« L'historien El Ouakedi nous a transmis la tradition suivante : Quand Abd el Azîz eut appris les malheurs qui avaient frappé son père son frère et les gens de sa maison, il renonça à l'obéissance et leva l'étendard de la révolte. Soleiman lui dépêcha un envoyé pour le ramener dans la droite voie, et comme cette démarche n'eut aucun succès, il écrivit secrètement à Habîb Ibn Abi Obeida petit fils d Ocba Ibn Nafê ainsi qu'aux principaux Arabes l'ordre de le faire périr. Abd el Azîz étant sorti quelque temps après pour présider à la prière, récita la fateha ou première sourate du Coran, et pendant qu'il lisait la hacca [le coup inévitable du même livre], Habîb lui dit : "Ce coup est arrivé pour toi fils d'une prostituée !" et au même instant il lui abattit la tête avec son épée. »
- Hitti, History of The Arabs, 503.
- Collins, The Arab Conquest of Spain 710-797, 45.
- Holt, Lambton, Lewis, The Cambridge History of Islam Vol.2, 407.
- (en) Ibn Abd-el-Hakem (trad. John Harris Jones), The Islamic Conquest of Spain, Gottingen, W. Fr. Kaestner (1re éd. 1858) (lire en ligne), p. 18-22
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