Abbaye de Port-Royal de Paris

L’abbaye de Port-Royal de Paris a été fondée au XVIe siècle pour décongestionner la maison-mère située en l'abbaye de Port-Royal des Champs. Elle a été fermée en 1790 à la suite de l'expulsion des religieuses, ensuite remplacées par les sœurs visitandines.

Pour les articles homonymes, voir Port-Royal.

Ne doit pas être confondu avec Port-Royal des Champs.

Abbaye de Port-Royal

Le cloître de Port-Royal.
Présentation
Culte Catholicisme
Type Abbaye
Début de la construction 1566
Fin des travaux Fermée en 1790
Protection  Inscrit MH (1928)
 Classé MH (1933)
Géographie
Pays France
Région Île-de-France
Ville Paris
Coordonnées 48° 50′ 19″ nord, 2° 20′ 18″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Paris

Le bâtiment est inscrit comme monument historique français depuis 1928.

L'abbaye longe le boulevard de Port-Royal.

Historique

L'Hôtel de Clagny fut construit par Pierre Lescot entre 1566 et 1569 au faubourg Saint-Jacques à Paris. À sa mort en 1578, Léon Lescot, son neveu en hérite. Le Léon donne à Jehan Blondeau, son valet de chambre et à son petit neveu Robert de Romain, clerc du diocèse de Meaux, « le jardin potager et les jardins vulgairement appelés de Claigny ». Par acte du , Léon échange l’hôtel de Clagny avec Angélique Arnauld, religieuse abbesse de Port Royal des Champs contre une rente de 1 500 livres[1]. Léon meurt le , il est inhumé avec son oncle à Notre Dame.

L'hôtel de Clagny sera remanié vers 1626, pour y accueillir le couvent cistercien de Port-Royal et décongestionner ainsi la maison mère de Port-Royal des Champs à Magny-les-Hameaux dans la vallée de Chevreuse.

La chapelle est construite entre 1646 et 1647, sur les plans de l'architecte Antoine Lepautre. Le cloître est érigé entre 1652 et 1655[2].

Le troisième enfant d’Antoine Arnauld, avocat et de Catherine Marion, Angélique Arnauld, née le , abbesse à Port Royal des Champs prend possession de l’hôtel en 1625. Grâce à la générosité de puissants amis aristocratiques, en 1626, elle demande à l’architecte Antoine Le Pautre de construire des bâtiments monastiques et une église qui sera bénie en 1648 sous le vocable du Saint-Sacrement. Angélique meurt en 1661.

Agnès Arnauld, abbesse de 1661 à 1671 et sœur d’Angélique, dans son ouvrage Constitutions du monastère de Port Royal du Saint Sacrement, à Paris, indique comment sont choisies les sœurs converses : « Les sœurs converses seront choisies saines de corps et d'esprit, doux et docile accompagné de solidité, afin que les occupations exterieures ne leur ostent point l'esprit interieur... On prend soigneusement garde si elles affectionnent leur condition, et que ce ne soit pas seulement l'incapacité d'estre de Chœur mais un veritable amour de la bassesse et de l'humiliation qui leur fassent embrasser cet estat, estant bien aises que la providence de Dieu en ait fait le choix pour elles en ne leur donnant pas les talens necessaires pour aspirer à autre chose. Que si mesme quelque fille qui seroit capable d'estre du Chœur demande d'estre Converse et que cela se puisse faire avec discretion, on luy accordera. [...] Que les Sœurs converses se glorifient donc en leur hautesse comme dit S. Jacques, qui consiste en leur petitesse et en leur abaissement ». Deux guérisons miraculeuses sont attestées dans l’enceinte du couvent : celle de Marguerite Périer, nièce de Blaise Pascal. et celle de sœur Catherine de Sainte Suzanne, fille de Philippe de Champaigne.

L'institution est un foyer du jansénisme. Les sœurs ayant refusé de se rétracter sont expulsées et remplacées par les visitandines jusqu’à la Révolution. Le couvent de Port-Royal sera fermé en 1790 ; il servira de prison de 1790 à 1795 sous le nom de prison de Port-libre ou de la Bourbe. Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (avocat de Louis XVI à son procès) et Madame de Tourzel, ancienne gouvernante des enfants de Louis XVI, y furent détenus.

Par arrêté du , les façades des bâtiments qui entourent la chapelle sont inscrites au titre des monuments historiques et, par arrêté du , la chapelle, le chœur des religieuses, les façades et toitures du pavillon de l'administration, le cloître et son aire, l'ancienne salle capitulaire sont classées monument historique[3].

Marc-Antoine Charpentier compositeur de l'abbaye

Les maternités de Port-Royal et Baudelocque

Fondée sous la Convention en 1795, l'hospice de la Maternité, hôpital public, était à l'origine divisé en deux secteurs d'activités : l'accouchement (bâtiment de l'Oratoire) et l'allaitement (ancienne abbaye)[4].

En 1814 les services d'accouchement et l'école y sont transférés par l'administration hospitalière parisienne, et la maternité est officiellement nommée Maternité de Port-Royal.

En 1890, la clinique Baudelocque est créée par la faculté de médecine de Paris et construite dans les jardins de la Maternité, à l'ouest du cloître. Son nom rappelle le rôle de Jean-Louis Baudelocque, professeur d'obstétrique de la fin du XVIIIe siècle[5].

Durant le bombardement de Paris, le 11 avril 1918 la clinique Baudelocque est frappée par un obus allemand, faisant 20 victimes.

Bombardement de la maternité de la Maison d'accouchement Baudelocque. 11 avril 1918.
Plaque dans le même secteur, rappelant les bombardements de la Première Guerre mondiale.

En plus d'être un service dédié aux accouchements amélioré d'un service de consultations, la clinique obstétricale de la Faculté devient un lieu d'enseignement pour les étudiants en médecine et un centre de recherche. De nouveaux bâtiments sont construits de 1922 à 1929[6].

Au début des années 1950, le pédiatre néonatologue Alexandre Minkowski crée à la maternité Baudelocque, le premier centre de soins pour les bébés prématurés. À côté de ce service clinique est créé en 1955 le laboratoire de recherche « Biologie du développement fœtal et néonatal », de l'INH/association Claude-Bernard, qui deviendra en 1964 l'Unité de recherche Inserm 29. Alexandre Minkowski la dirigera jusqu'en 1985[7].

À partir de 1960, les deux maternités Baudelocque et Port-Royal tiennent en commun les registres d'entrée et sont rattachées progressivement à l'hôpital Cochin, faisant partie du même groupe hospitalier.

En 1966, la Maternité Port-Royal est installée dans de nouveaux bâtiments. Le cloître, la chapelle et la salle capitulaire de l'ancienne abbaye ont été conservés et intégrés dans l'hôpital Cochin. Le cloître abrite actuellement la direction de l'établissement.

En 1966, Alexandre Minkowski crée dans le bâtiment de Port-Royal le premier service de réanimation et de médecine néonatale, service qui porte aujourd’hui son nom. Il le dirige jusqu'en 1986.

Les bâtiments de la clinique Baudelocque sont démolis en 2007.

Historique de la chaire obstétricale de la maternité de Port-Royal

Historique de la Chaire obstétricale de la maternité Baudelocque

Liste des abbesses

  • 1626-1661 : Angélique Arnauld
  • 1661-1671 : Agnès Arnauld (sœur de la précédente)
  • 1671-1685 : Marie-Dorothée Perdereau
  • 1685-1695 : Elisabeth-Marguerite de Harlay de Champvallon
  • 1695-1702 : Marie-Anne de Harlay de Champvallon
  • 1702-1711 : Marie-Louise-Françoise de Rousselet de Château-Renauld
  • 1711-1741 : Henriette-Marie-Palatine de Dio de Montpeyroux
  • 1741-1742 : Louise-Claire de Montmorin de Saint-Hérem
  • 1742-1769 : Henriette-Marie-Palatine de Dio de Montpeyroux
  • 1769-1790 : Marie-Jeanne-Florimonde de Dio de Montpeyroux

Bibliographie

  • Pierre Lescot (1515-1578) par Pierre Lescot, Éditions Persée 2013
  • Perle Bugnion-Secretan, La Mère Angélique Arnauld, Abbesse et réformatrice de Port-Royal, 1591-1661, D'après ses écrits, Paris, Les Éditions du Cerf, 1991, 274 pages + 16 planches.
  • Catherine Cessac, Marc-Antoine Charpentier (1643 1704), compositeur de Port-Royal de Paris, édition Fayard (2004), chapitre VII, page 187.
  • Michel Carmona, Port-Royal, Paris, Éditions Fayard, 2018, 494 p. (ISBN 978-2-213-70157-8)

Notes et références

  1. Laurence Plazenet, Port-Royal, Editions Flammarion, , p. 11
  2. Panneau Histoire de Paris, 119-125 boulevard de Port-Royal.
  3. « Abbaye de Port-Royal (ancienne) », notice no PA00086606, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. INSERM, « Hôpital Baudelocque-Port-Royal, Paris / Histoire de l'Inserm », sur histoire.inserm.fr
  5. Histoire de l'Hôpital Cochin, sur le site de l'Assistance publique de Paris.
  6. Assistance publique - Hôpitaux de Paris, « Clinique Baudelocque », sur FranceArchives,
  7. « Alexandre Minkowski / Histoire de l'Inserm », sur histoire.inserm.fr (consulté le )

L'hospice de la Maternité avait été ouvert en 1795 dans les locaux de l'abbaye de Port-Royal de Paris et ceux de l'Oratoire, voisins. Pour les différents noms portés par les institutions, pour leur regroupement et leur séparation, pour l'arrêté les créant, voir Félix et Louis Lazare, « Accouchement (Hospice de l') », p. 5 de leur Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, Félix Lazare, 1844.

Voir aussi

Articles connexes

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