Abraham Sébastien Crozes

Abraham Sébastien Crozes connu sous le nom de Abbé Crozes, né le à Albi (Tarn) et mort le à Paris est aumônier du dépôt des condamnés de la prison de la Roquette[1]. Il est également un des fondateurs des Sociétés ouvrières de Saint-François-Xavier.

Pour les articles homonymes, voir Crozes.

Biographie

En 1837, il est vicaire de l'église Notre-Dame-des-Champs et crée un institut de bienfaisance avec un frère des écoles chrétiennes[2]. Ce petit groupe grossit et s'organise pour prendre comme patron saint Francois Xavier pour être la Société de Saint-François-Xavier[2]. De 150 personnes en 1840, ils sont 15 000 en 1846[2]. Dans ce cadre, il donne une conference sur le dogme de l'Église catholique[3].

Vers 1842, l'abbé Crozes est en faveur de la réforme de Tocqueville qui vise à la formation des détenus en prison pour limiter le risque de récidives[4]. Il prône également l’isolement en cellules individuelles[4] car les conditions quasi-monacales favorisent la pénitence[5] et l'apprentissage des jeunes[6].

Il demande en 1860 le poste d’aumônier aux prisons de la Petite Roquette, puis de la Grande Roquette[1]. Il y restera jusqu'en 1882[1]. À partir de 1851, la Grande Roquette est devenue le lieu où se font les exécutions capitales à Paris ; soixante-neuf personnes y sont guillotinées jusqu’à sa fermeture en 1899 et le rôle de l’aumônier est notamment d’accompagner les condamnés à mort.

Peu de jours avant son execution le , Avinain repousse avec violence l’abbé Crozes. Avinain lui dit : « Vous perdez votre temps, je ne crois pas à vos simagrées »[7].

Durant la Commune de Paris, l'abbé Crozes est otage et attire la bienveillance en raison de ses services rendus aux détenus de la prison de la Roquette[8]. Henri Rocherfort essaie d'ailleurs de le libérer mais l'abbé Crozes déclare à propos de sa situation « J'en remercie la Providence, car ça me permet de repasser ma théologie, que j'avais un peu négligée. »[8]. Il est sauvé par Maurice Garreau, chef communard de la prison Mazas, lors de son transfert[9]. À l'issue de la semaine sanglante, Maurice Garreau est emprisonné et voit l'abbé avant d’être fusillé le 26 mai[9]. Il semble que l'abbé Crozes donna à sa partenaire Marie Mercier sa lettre d’adieu qui fut ensuite publiée par Victor Hugo[9]. C'est le témoignage favorable de l'abbé Crozes, bien traité par le brigadier communard Victor Doyen, qui évite à celui-ci la peine de mort de celui-ci pour son implication dans la prison Mazas[10].

Dès le , Victor Prévost, meurtrier, reçoit la visite de l'abbé Crozes, aumônier de la prison et, à partir de ce moment, marque un intérêt certain pour la pratique de la religion. Le lendemain il demande à assister à la messe puis, le suivant, il exprime à l'abbé son souhait de faire sa première communion qu'il n'avait pu faire dans son enfance, sacrement qu'il reçoit le à sept heures du matin dans la chapelle de la prison. Au soir de la cérémonie, il écrit une dernière lettre à son frère Adolphe dans laquelle il reconnait ses torts, exprime son repentir et demande « mille fois pardon »[11].

Durant ses 22 ans de service, il rencontre au total deux cents condamnés à mort, dont certains sont graciés et cinquante et un sont tués. On compte, en plus de ceux cités, de la Pommerais, Jean-Baptiste Troppmann, Moreau, Billoir, Barré, Lebiez, Abadie, Menesclou, Perry[1].

Il meurt d'une pneumonie le 25 octobre 1888 à l’infirmerie diocésaine Marie-Thérèse[1].

infirmerie diocésaine Marie-Thérèse, avenue Denfert-rochereau

Œuvre

  • Abraham Sébastien Crozes, L'abbé Crozes,aumonier de la Roquette, otage de la Commune, son arrestation, sa captivité, sa délivrance racontées par lui-même : le capitaine fédéré Révol (4e édition revue et augmentée), Paris, E. de Soye et fils, (lire en ligne)

Références

  1. L’abbé Crozes et aumônier du dépôt des condamnés de la Gr, « L’abbé Crozes, aumônier du dépôt des condamnés de la Grande Roquette », sur Histoire pénitentiaire et Justice militaire, (consulté le )
  2. LIMOUZIN, Jean Leflon et Roger Limouzin-Lamothe, Monseigneur denys-auguste affre, archeveque de Paris (1793-1848), Vrin, (ISBN 978-2-7116-0496-8, lire en ligne)
  3. Georges BOURGIN, « LES CATHOLIQUES SOCIAUX SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET », Revue d'histoire économique et sociale, vol. 11, no 4, , p. 506 (ISSN 0035-239X, lire en ligne, consulté le )
  4. Benoit Jean-Louis, Tocqueville, Paris, Perrin, coll. « tempus », (lire en ligne), « Partie VI - La monarchie de Juillet », p. 367-478
  5. (en) Robbins, K. C., Within “l’Enfer des gosses”: Unprecedented Multi-Media Indictments of Child Abuse in French Juvenile Prisons via Illustration and Mass Circulation of Inmate Testimony by Anarchists, Western Society for French History Annual Meeting, Portland, Maine, (lire en ligne)
  6. Société générale des prisons Paris, Bulletin de la Société générale des prisons, Librairie Marchal et Billard, (lire en ligne)
  7. « L’abbé Crozes, aumônier du dépôt des condamnés de la Grande Roquette », sur Histoire pénitentiaire et Justice militaire, (consulté le ).
  8. Maxime Du Camp, « LES PRISONS DE PARIS SOUS LA COMMUNE: V. MAZAS ET LA GRANDE-ROQUETTE », Revue des Deux Mondes (1829-1971), vol. 23, no 1, , p. 8 (ISSN 0035-1962, lire en ligne, consulté le )
  9. Michel Cordillot, « GARREAU Maurice - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  10. « DOYEN Victor, Auguste - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  11. Abbé Moreau 1884, p. 356-361999

Bibliographie

  • Abbé Moreau, Souvenirs de la petite et de la grande Roquette, t. 2, Paris, Rouff, (lire en ligne), p. 354-361
Recueillis de différents côtés et mis en ordre par l’abbé Moreau successeur de l’abbé Crozes ancien aumônier de la Roquette.

Liens externes

  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail de Paris
  • Portail du catholicisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.