Ésaü
Ésaü (en hébreu : עשו /e.'sav/ ; en arabe : عيسو, 'îsou) est un personnage de la Genèse. Il est fils d'Isaac et de Rébecca, et le frère de Jacob.
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עשו
Naissance | av n. ére |
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Profession |
Chasseur Berger |
Ascendants | |
Conjoint | |
Descendants | |
Famille |
Jacob (son frère cadet) |
Récit biblique
Rebecca tombe enceinte de jumeaux, et le premier à naître est Ésaü, talonné par son frère Jacob. Ésaü est donc l'aîné. Il est roux, et velu, portant comme une fourrure de bête[1].
En grandissant, Ésaü devient un chasseur expérimenté et aventureux, tandis que son frère cadet Jacob est solitaire et réfléchi. Isaac préfère Ésaü, tandis que Rébecca préfère Jacob[2]. Un jour, Ésaü rentre affamé d'une de ses chasses. Jacob, qui est en train de préparer la cuisine, ne consent à lui donner à manger qu'à la condition qu'il lui cède son droit d'aînesse. Ésaü accepte[3]. Ésaü est alors appelé Édom[4],[5],[6].
Avant la bénédiction donnée à son frère Jacob par son père Isaac[7], Ésaü, âgé de quarante ans[8], épouse Ada, fille d'Elon le Hittite[9], appelée aussi Basemath[8], qui lui donne un fils appelé Eliphaz (en)[10],[11], premier-né d'Ésaü[12], puis se marie avec Judith, la fille de Bééri le Hittite[8]. Elles se montrent pénibles envers Isaac et Rébecca[13]. Lorsque Isaac, devenu vieux et aveugle, veut bénir Ésaü avant de mourir, il lui demande de partir à la chasse pour lui préparer un repas, afin de pouvoir se régaler en le bénissant. Ésaü s'exécute et part en chasse. Mais Jacob, aidé par sa mère, se présente en premier devant son père, qui le bénit en pensant avoir affaire à Ésaü, et le fait chef de sa fratrie et héritier de ses biens[14],[15].
Lorsque Ésaü revient de sa chasse et se présente à son tour devant son père, il est trop tard. Isaac ne peut retirer la bénédiction donnée à Jacob. Il bénit tout de même Ésaü, et lui prophétise qu'il s'affranchira de Jacob. Ésaü attend la mort d'Isaac pour pouvoir tuer Jacob mais, grâce à Rébecca, ce dernier part vivre chez son oncle Laban pour épouser l'une de ses filles. Après la bénédiction donnée à son frère Jacob par son père Isaac[16] et après le départ de Jacob allant chercher une femme en Paddan-Aram[17], comprenant que ses deux femmes hittites déplaisent à ses parents Isaac et Rébecca à cause de leur origine, Ésaü en épouse deux autres, dont sa cousine Basemath, fille d'Ismaël et sœur de Nabaïoth[18], appelée aussi Mahalath[19], qui lui donne un fils appelé Rahuel[10],[11] et Oolibama, la fille d'Ana, le fils de Sébéon le Hévéen[9], qui lui donne trois fils : Jéhus, Ihélon et Coré[20],[21],[22].
Après vingt ans de services de Jacob pour son oncle Lâban[23],[24], Ésaü retrouve Jacob, et lui fait comprendre qu'il lui a pardonné. Tous deux se sont considérablement enrichis durant l'intervalle. Dieu donne à Ésaü la région montagneuse de Séïr[25]. Ésaü reçoit des messagers de Jacob alors qu'il commence à s'installer au pays de Séïr dans la campagne d'Édom[26] et part à la rencontre de Jacob avec quatre cents hommes[27]. Jacob et tous les membres de sa famille se prosternent alors devant Ésaü[28], puis Ésaü et Jacob pleurent[29]. Ésaü reçoit un cadeau de Jacob[30], puis repart vers la région de Séïr[31]. Après le retour d'exil de Jacob, Ésaü part s'installer définitivement au pays de Séïr. À la mort d'Isaac, âgé de cent quatre-vingts ans[32], Ésaü et Jacob enterrent ensemble leur père[33]. Ésaü prend ses femmes, ses enfants, ses serviteurs, son troupeau et toute sa fortune, et part loin de son frère Jacob[34], la somme de leurs deux troupeaux étant trop importante pour être nourrie par un seul pays, pour aller s'établir dans la région montagneuse de Séïr[35], dont les habitants, appelés Horrhéens, en sont dépossédés et exterminés[36]. Dans la grotte du champ de Makpéla, acquise comme propriété funéraire par Abraham auprès d'Ephron le Hittite[37], et qui est le lieu de sépulture des patriarches, la tête d'Ésaü est posée sur la poitrine d'Isaac[38].
Tradition biblique
La signification du nom « Ésaü » est incertaine[39]. Cette incertitude transparaît aussi dans le récit biblique où les explications données pour son nom (« rouge » et « poilu »[40]) ne se réfèrent pas étymologiquement à Ésaü mais à Édom et à Séïr[41]. Ésaü est associé à Édom (hébreu : ’edôm : « rouge, roux ») et est considéré comme l'ancêtre des Édomites ou Iduméens (Gn 36,1.8).
Dans la tradition juive, Ésaü est le père des civilisations occidentales, notamment de l'Empire romain, dont la « descendance » est le christianisme[42]. Actif et chasseur — le judaïsme interdit la chasse —, il symbolise la force physique sans compréhension, face à son frère Jacob, qui est étudiant et inactif. Esaü se contente de lentilles. Et Jacob « prend » la force physique d'Ésaü grâce à son entendement.
Dans l'islam
La tradition islamique est également en accord avec le judaïsme concernant l'origine ethnique des Romains où ces derniers sont régulièrement surnommés « fils d'Isaac » (en arabe : Banî Is-hâq) par Mahomet, les généalogistes arabes et les historiens musulmans[réf. nécessaire]. Ils réfutent cependant la vision manichéenne des Juifs à propos de la préséance des fils d'Israël et de l'égarement des fils d'Ésaü. Si les premiers furent guidés dans leur majorité, il est à noter qu'une bonne partie des fils d'Ésaü le furent également, comptant à ce titre un prophète d'envergure comme Job, arrière-petit-fils d'Ésaü[43], et dont il est prédit par l'Islam un rôle déterminant dans les événements de la Fin des Temps de par leur fidélité à Jésus[44].
Références
- Genèse 25,22-25.
- Genèse 25,28.
- Genèse 25,29-34.
- Gn 25,30.
- Gn 36,1.
- Gn 36,8.
- Gn 27.
- Gn 26,34.
- Gn 36,2.
- Gn 36,4.
- Gn 36,10.
- Gn 36,15.
- Genèse 26,34-35.
- C'est ainsi d'Ésaü que vient l'expression biblique « Qui va à la chasse perd sa place ».
- Genèse 27,1-40.
- Gn 27,1-46.
- Gn 28,5-7.
- Gn 36,3.
- Gn 28,9.
- Gn 36,5.
- Gn 36,14.
- Gn 36,18.
- Gn 31,38.
- Gn 31,41.
- Js 24,4.
- Gn 32,2-4.
- Gn 33,1.
- Gn 33,3-7.
- Gn 33,4.
- Gn 33,10-11.
- Gn 33,16.
- Gn 35,28.
- Gn 35,29.
- Gn 36,6.
- Gn 36[8.
- Dt 2,12.
- Gn 50,13.
- Targoum Yonathan sur le chapitre 50 verset 13 de la Genèse.
- {עשו est l'équivalent du nom Faber/Favre/Faivre. C'est celui qui fait, qui fabrique. C'est la racine qui donne le verbe לעשות, faire — Je fais : אני עושה etc.}.
- Genèse 25,25.
- Hübner 1992.
- Mireille Hadas-Lebel, « Jacob et Ésaü ou Israël et Rome dans le Talmud et le Midrash », Revue de l'histoire des religions, vol. 201, no 4, , p. 369-392.
- Ibn Kathîr, « Chapitre de Job », dans Al Bidâyah Wa An Nihâyah.
- Muslim An Naysâbûrî, Jâmi' Us Sahîh.
Annexe
Bibliographie
- Ulrich Hübner, « Esau », dans David Noel Freedman (dir.), Anchor Bible Dictionary (en), vol. 2, Doubleday, .
Liens externes
- Jean-Augustin Bost, « Ésaü », dans Dictionnaire de la Bible ou Concordance raisonnée des Saintes Écritures (1re éd. 1849) (lire en ligne [PDF]), p. 418-420,
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