Éphésiaques

Les Éphésiaques (en grec ancien Ἐφεσιακά / Ephesiaká), ou de manière plus complète les Récits éphésiens relatifs à Anthia et Habrocomès (Κατ' Ἄνθειαν καὶ Ἁβροκόμην Ἐφεσιακά / kat' Ántheian kaì Abrakómên Ephesiaká), sont un roman grec d'époque romaine, attribué à Xénophon d'Éphèse, auteur dont on ne sait pratiquement rien, et daté généralement du IIe siècle.

Le texte nous est parvenu par un seul manuscrit conservé à Florence, le Laurentianus Conventi Soppressi 627 (fin du XIIIe siècle), qui contient trois autres romans antiques (Daphnis et Chloé, Leucippé et Clitophon et Chéréas et Callirhoé). Organisé en cinq livres, il est assez court au regard de la multiplicité des épisodes du récit ; comme la Souda, dans sa notice sur Xénophon d'Éphèse[1], parle d'un roman en dix livres, on a pu supposer que la version conservée était abrégée[2] — un épitomé —, mais rien n'est moins certain[3], d'autant plus qu'il pourrait s'agir d'une erreur et qu'il faille lire un ε’, en place du ι’[4].

Résumé

Anthia et Habrocomès, deux adolescents d'Éphèse, sont amoureux l'un de l'autre. L'oracle d'Apollon de Colophon prédit qu'ils traverseront de nombreuses épreuves avant d'obtenir le bonheur. Pour qu'ils y échappent, leurs parents les marient rapidement et les envoient en Égypte. Cependant,ils sont capturés par des pirates près de Rhodes et emmenés à Tyr. Manto, fille de leur maître Apsyrtos, tombe amoureuse d'Habrocomès, mais repoussée par lui, elle se venge en l'accusant d'une tentative de viol. Habrocomès est soumis à la torture. Manto, mariée à un certain Mœris, part vivre avec lui à Antioche en emmenant Anthia, que lui a offerte son père ; elle la donne comme épouse à un chevrier nommé Lampon, qui accepte de ne pas consommer le mariage. Alors que Mœris est tombé amoureux d'Anthia, Manto devient folle de rage et commande à Lampon d'emmener la jeune fille dans la forêt et de la tuer. La prenant en pitié, le chevrier se contente de la vendre à des marchands de Cilicie. Le navire de ceux-ci fait naufrage et les survivants, dont Anthia, sont capturés sur le rivage par un brigand nommé Hippothoos.

Cependant Apsyrtos a découvert le mensonge de sa fille et, par repentir, a émancipé Habrocomès et fait de lui son intendant. Apprenant qu'Anthia a été vendue à des Ciliciens, le jeune homme part secrètement à sa recherche. Au moment où Anthia et ses compagnons d'infortune vont être sacrifiés à Arès par les brigands, ils sont secourus par Périlaos, le magistrat chargé de la police en Cilicie, qui tue ou capture tous les brigands sauf Hippothoos, qui parvient à s'enfuir. Périlaos emmène Anthia à Tarse et, tombé amoureux d'elle, la presse de devenir sa femme. Craignant un surcroît d'épreuves si elle refuse, Antiha accepte, mais demande un délai de trente jours.

En arrivant en Cilicie, Habrocomès rencontre Hippothoos, avec qui il sympathise. Ils descendent tous deux dans une auberge à Mazacos, en Cappadoce, et là Hippothoos raconte à Habrocomès comment, né dans une famille noble de Périnthe, en Thrace, il a connu une histoire d'amour tragique avec un beau jeune homme de Byzance, Hyperanthès, qui l'a conduit à commettre un meurtre, puis à se faire brigand après la mort accidentelle de son amant. Apprenant d'Hippothoos le sort d'Anthia, Habrocomès persuade son compagnon de l'aider à constituer une troupe pour aller reprendre son épouse à Périlaos. Pendant ce temps, alors que le jour fixé pour son mariage approche, Anthia est allée voir un médecin, Eudoxe, et lui a acheté ce qu'elle croit être un poison, mais qui n'est en fait qu'un narcotique. Le soir de la noce, elle avale le produit et paraît morte. Périlaos célèbre ses funérailles et la fait placer dans un tombeau, où elle se réveille désespérée d'être encore vivante, et décide de se laisser mourir. Mais le tombeau est visité par des pillards qui la capturent et l'emmènent vers Alexandrie pour la vendre comme esclave. Habrocomès, arrivant à Tarse avec Hippothoos et sa nouvelle bande, apprend le sort de son épouse ; laissant Hippothoos et les autres ivres morts, il s'embarque à destination d'Alexandrie.

Anthia est vendue à un prince indien nommé Psammis, mais parvient à lui faire croire qu'elle est consacrée à Isis et qu'il ne peut la toucher avant un an sans encourir la colère de la déesse. Le navire où s'est embarqué Habrocomès, accostant en Égypte, est attaqué par des bandits, les « Bergers » ; tout l'équipage est vendu à Péluse, et le jeune homme devient l'esclave d'un certain Araxos, dont la femme très laide, appelée Cyno (« Chienne »), tombe amoureuse de lui et empoisonne son mari pour l'épouser. Habrocomès s'enfuit et Cyno, dépitée, l'accuse du meurtre d'Araxos. Le jeune homme est promptement arrêté et conduit à Alexandrie pour y être exécuté. Mais deux tentatives de le mettre à mort (sur une croix, puis un bûcher) échouent par l'action des éléments naturels, et le gouverneur croit à un miracle. Il lui fait raconter son histoire, et finalement l'aide à embarquer pour la Sicile pour continuer ses recherches. Cyno est arrêtée et crucifiée.

Cependant Anthia et Psammis sont partis en direction de l'Éthiopie. Or Hippothoos et sa bande, abandonnant la Cilicie, se sont justement installés près de la ville de Coptos à la frontière de l'Égypte et de l'Éthiopie, et ils y assaillent les voyageurs. Ils tuent Psammis et capturent Anthia, qu'Hippothoos ne reconnaît pas. L'un des brigands veut violer la jeune femme, qui le transperce avec une épée. Hippothoos la fait alors placer dans une fosse avec deux molosses en défendant qu'on leur donne à manger. Mais le bandit chargé de monter la garde a pitié d'elle et jette de la nourriture dans la fosse ; alors qu'Hippothoos et les autres sont partis attaquer un village, il la libère. Mais une troupe envoyée par le gouverneur d'Égypte défait la bande ; encore une fois, seul en réchappe Hippothoos, qui s'enfuit en direction de la Sicile. Anthia est emmenée à Alexandrie, et l'officier commandant la troupe, Polyidos, tombe amoureux d'elle. L'épouse de celui-ci s'en aperçoit et fait enlever Anthia par un esclave, qui l'emmène à Tarente et la vend à un tenancier de bordel. Pour éviter d'être prostituée, Anthia feint l'épilepsie.

Pendant ce temps, Habrocomès a débarqué à Syracuse et il loge chez un vieux pêcheur, qui lui raconte sa propre histoire d'amour avec sa femme, commencée dans leur Sparte natale d'où il l'a enlevée à son père pour se réfugier avec elle en Sicile ; elle est morte peu de temps auparavant, et il l'a fait momifier et continue à vivre avec elle comme si elle était vivante. Ensuite Habrocomès passe en Italie et devient tailleur de pierre à Nocera. Cependant Hippothoos, arrivé en Sicile, a séduit une vieille femme riche qu'il a épousée et dont il a hérité après sa mort très rapide. Il s'est mis en couple avec un jeune homme, Clisthène, et tous deux sont partis pour l'Italie. À Tarente, il rencontre Anthia, qu'il reconnaît cette fois, et qui lui raconte toute son histoire, y compris son lien avec Habrocomès. Il la rachète au proxénète et la ramène à Éphèse. Pendant ce temps, Habrocomès, las, a décidé lui aussi de rentrer. Sur le chemin d'Éphèse, ils se retrouvent tous à Rhodes (y compris d'anciens compagnons de servitude à Tyr et Antioche). Anthia et Habrocomès, enfin réunis, peuvent se jurer qu'ils se sont restés fidèles. Tout le monde part pour Éphèse, où des sacrifices d'actions de grâce sont faits à Artémis, où les deux époux font des funérailles à leurs parents décédés entretemps, et où tous les personnages vivent ensuite heureux.

Notes et références

  1. Souda, ξ, 50 : « Ξενοφῶν, Ἐφέσιος, ἱστορικός. Ἐφεσιακά: ἔστι δὲ ἐρωτικὰ βιβλία ι’ περὶ Ἀβροκόμου καὶ Ἀνθίας: καὶ Περὶ τῆς πόλεως Ἐφεσίων: καὶ ἄλλα. » (« Xénophon, originaire d'Éphèse, historien, auteur des Éphésiaques, histoire de l'amour d'Habrocomès et Anthia — en dix livres —, d'une œuvre sur la ville d'Éphèse, et d'autres écrits. »)
  2. Erwin Rohde évoque un « squelette de roman » (« das Skelett eines Romans ») dans Der griechische Roman und seine Vorläufer, Leipzig, 1876, p. 401 ([1914], p. 429).
  3. Pour une mise au point sur la question, cf. James N. O'Sullivan, Xenophon of Ephesus: His Compositional Technique and the Birth of the Novel, « I. Preliminary », Walter de Gruyter • Berlin • New York (Untersuchungen zur antiken Literatur und Geschichte, Band 44), 1995, p. 10-11.
  4. James N. O'Sullivan, « Xenophon, The Ephesian Tales », in Edmund P. Cueva et Shannon N. Byrne (dir.), A Companion to the Ancient Novel, Wiley-Blackwell, 2014, p. 48.

Édition

  • Xénophon d'Éphèse, Les Éphésiaques ou le Roman d'Habrocomès et d'Anthia, texte et traduction française par Georges Dalmeyda, Les Belles Lettres, Collection des Universités de France, 1926 (réimpr. 2003).
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