Émile Buhot-Launay

Émile Buhot-Launay (né le à Kérity et mort le à Sainte-Maxime) est un administrateur colonial français.

Enfance et famille

Issu d'une fratrie de huit enfants aux origines profondément bretonnes, Émile passe son enfance à Paimpol. Son père, un temps maire de Kérity est armateur et capitaine au long cours. Ce dernier part donc pêcher au large des côtes islandaises durant de longues périodes. C'est certainement cet esprit aventurier qui va pousser Émile vers une carrière coloniale. Par ailleurs, certainement du fait qu'il n'a pas souhaité infliger à sa femme et ses enfants ce que son père lui avait imposé en partant naviguer, Émile voyagera toujours le plus souvent possible avec sa femme et ses enfants. Il les emmènera ainsi à Madagascar et à Cayenne. Sa femme, Gabrielle Mombur, fille du sculpteur Jean-Ossaye Mombur, accouchera même par trois fois à Madagascar.

Formation (1901-1903)

Il est reçu au concours d'admission à l'École coloniale début . Il opte alors pour la section des carrières africaines[1]. La formation dure trois ans.

Premiers départs pour Madagascar (1902, 1906)

Début 1902, Émile rejoint un de ses cousins qui réside depuis quelques mois à Fénérive et qui a une petite plantation sur place. Il est colon à Vohitrambo en [2], il occupe alors une partie de la zone des pas géométriques sur une surface de 3 hectares 8 ares à Fénérive destinée à la plantation de vanille. Il demande une parcelle à Vohitrambo et obtient 200 hectares qu'il ensemence de pommes de terre, haricots et autres mais la plus grande partie de son terrain est plantée en riz, en manioc et notamment de 1200 caféiers[3]. Il envisage alors d'essayer la vanille et le cacao[4].

Cette perspective n'aboutira pas, son père meurt en . Il reste sur place jusqu'au début 1905. De santé fragile, touché régulièrement aux poumons, il est rapidement réformé et ne sert que quelques mois sous les drapeaux[alpha 1],[5]. Il occupe brièvement, entre avril 1905 et mars 1906, un poste de directeur d'une école de langue et professeur de français, à Magdebourg puis Amsterdam, soutenant la méthode Berlitz[5],[6].

Il perd officiellement sa parcelle à Fénérive sur la zone des pas géométriques en pour ne pas s'être "acquitté des redevances desquelles il était tenu et qu'il n'a fait aucune installation ni culture sur le terrain qu'il avait prévu d'occuper" (il l'a simplement abandonnée)[7].

Il obtient quatre « permis de recherche de mines d'or, de métaux précieux et de pierres précieuses » entre et [alpha 2].

A Vohitrambo, lors de son installation, il construit sa propre maison, défriche des terres, trace des routes, tout cela avec seulement l'aide de deux domestiques. La main d’œuvre est en effet très difficile à trouver en ces temps-là à Madagascar[8].

Carrière coloniale (1906-1938)

Émile gravit progressivement les échelons au sein de l'administration coloniale. Il entre à l'administration le [9] et est affecté au service des publications officielles du gouvernement général[10].

Depuis commis des Affaires indigènes de l'Afrique-Occidentale française à Gorée[11] (d' à ), il est promu adjoint de 2ème classe aux affaires indigènes de l'AOF ([12] - 1909), puis adjoint de 1ère classe[13] (1909 - ). En il est alors nommé administrateur adjoint de 3ème classe des colonies ([14] - ). Il sera ensuite nommé administrateur adjoint de 2ème classe ([15] - ), adjoint de 1ère classe ([16] - ), administrateur de 3ème classe ([17] - ), de 2e classe ([18] - ), de 1re classe ([19] - ), et finalement administrateur en chef des colonies à compter de [20].

Sénégal (1906-1907)

Emile commence sa carrière au Sénégal, à Gorée puis à Dakar en 1906 où il restera en poste jusqu'en (dans les faits il revient à Madagascar en tant que colon dès 1908 puis il quitte le pays pour rentrer en France pour 8 mois de à , en congé de convalescence prolongé[21],[22],[23]).

Madagascar (1908-1923)

En , Émile, revenant d'un long congé en France, est mis à la disposition du gouverneur général de Madagascar[24]. En novembre, il est y alors affecté à la direction des finances et de la comptabilité[25].

Il change régulièrement d'affectation : à la province de l'Itasy (en temps qu'adjoint au chef de la circonscription)[26] de janvier à à rédacteur au bureau du cabinet du gouverneur général puis chef de section au cabinet de février à [27], et à Antsirabe (en temps qu'adjoint au chef de la province du Vakinankaratra[28]) d' à .

Il est, en , chargé des fonctions de chef par intérim du district de Betafo pendant la durée d'absence de l'administrateur en poste[29]. Ces nouvelles fonctions le chargent de multiples fonctions auxiliaires à son poste : chargé du service des mandats postaux intérieurs du bureau auxiliaire de Betafo[30], vérificateur des poids et mesures dans le district (à partir de )[31], greffier après la justice de paix d'Antsirabe et notaire[32] ainsi que délégué des domaines de la curatelle, débitant des timbres fiscaux et enfin comptable de l'assistance médicale indigène dans la province du Vakinankaratra (en )[33],[34]. L'administrateur colonial était en effet amené à faire une multitude de tâches, toujours sur le terrain et au contact de la population.

Émile est affecté à Andovoranto (voir Anivorano) en temps qu'adjoint au chef de la province en [35] et nommé chef du district d'Anivorano en [36], poste qu'il occupera jusqu'en [37]. Il occupe alors des fonctions auxiliaires à son poste similaires à celles occupées à Betafo à partir de [38],[39],[40],[41],[42].

Période 1914-1918

Alors en séjour à Diego-Suarez, Emile est affecté comme adjoint à l'administrateur-maire et chef de la province à Diego-Suarez en [43]. Il est ensuite chef du district de Port-Bergé de février à [44],[45]. Il se fixe alors à Tananarive pour deux ans où il est adjoint au gouverneur.

Il obtient fin une citation au Journal officiel "pour s'être particulièrement distingué à l'occasion du recrutement des troupes indigènes"[46],[alpha 3],[alpha 4]. Les administrateurs sont en effet mobilisés pour encourager le recrutement (volontaire) de troupes nécessaires au soutien sur le territoire métropolitain.

Emile alors chef du district d'Andramasina, est, en , affecté à la direction du contrôle financier[47] puis retrouve ses fonctions de chef du district d'Andramasina[48] en juin 1918 après avoir été remplacé de ses fonctions à la direction du contrôle financier. Il est ensuite chef du district d'Ambohidratrimo de [49] à .

Après-guerre

Il est chef de la province de Maevatanana de fin [50] à .

En , il obtient un congé administratif de 11 mois à Nice[51].

Il est nommé, à son retour de congé, adjoint au chef de la province d'Ambositra en [52] puis chef de la province de Morondava de [53] à .

Moyen-Congo (1923)

Émile est mis à disposition du gouverneur général de l'Afrique-Équatoriale française[54] en et en poste au Moyen-Congo jusqu'en décembre[55].

Tchad (1924-1926)

Il arrive à Fort-Lamy en [56] puis revient en France en [57]. Il est alors domicilié à Nice[58].

Il est nommé secrétaire de la section des matières grasses du conseil économique de l'AEF en [59]. Le , il donne une conférence à la Société de Géographie de Lille sur le sujet : "L'Afrique Équatoriale Française"[60]. Il participe la même année au Congrès de l'Institut colonial de Marseille.

En , il est sous-directeur de l'Agence économique de l'AEF, il est décoré de la Légion d'honneur en août.

Guyane (1927-1929)

Émile est muté en Guyane en pour remplir les fonctions de secrétaire général du gouvernement[61] et de président du contentieux administratif de la Guyane[62] et restera en poste jusqu'à fin . Il sera également de à gouverneur par intérim[63] en remplacement du Gouverneur Maillet[64]. Il est accusé durant son intérim d'avoir notamment déclenché les "émeutes sanglantes qui ont soulevé la Guyane en 1928-1929" par l'hebdomadaire satirique Bec et ongles[65],[66], faits l'obligeant à rentrer en France, toujours selon la même source.

Tchad (1929-1932)

Buhot-Launay est placé, sur sa demande, à la disposition du gouverneur général de l'AEF en [67]. Il part donc de Bordeaux pour le Tchad le [68]. Il est chargé par intérim des fonctions de Lieutenant-gouverneur du Tchad (en remplacement de M. de Coppet)[69] le et ce jusqu'au [70]. Il rencontre à Fort-Lamy durant cette période Paul-Louis Hoefler, un reporter et explorateur britannique alors sur le tournage du film "Africa speaks"[71],[alpha 5].

Il dirige jusqu'en le contrôle financier du gouvernement général de l'AEF.

Moyen-Congo (1932-1935)

Le , Émile est chargé par intérim des fonctions de Lieutenant-gouverneur du Moyen-Congo pendant l'absence du titulaire [72]. Cette nomination est notamment discutée par l'hebdo satirique et anticolonialiste Bec et ongles[65],[66]. Il reste officiellement en poste jusqu'au [70] date à laquelle le gouvernement du territoire est délégué au gouverneur général de l'AEF. En réalité il poursuit au moins jusqu'en [73].

Il remplit des voyages d'inspection dans son gouvernement comme en . Il part de Brazzaville, il est à Ouesso le 28[74] et revient à Brazzaville le [75].

Il inaugure le la Foire-Exposition de Pointe-Noire[76] avec le gouverneur général p.i. M. Alfassa. Il inspecte aussi régulièrement la ligne de chemin de fer en construction Congo-Océan[77],[78].

En , il est nommé membre du Conseil du Contentieux en AEF pour la fin d'année[79].

Émile est présent à la clôture de la Conférence Impériale sur les colonies au Sénat le [80]

Il est nommé chef du département du Kouilou en [81] pour une courte période jusqu'en novembre. Il est alors nommé Inspecteur des Affaires administratives du Moyen-Congo[82], poste qu'il occupe jusqu'en .

République centrafricaine (1936-1937)

En , Émile est chargé par intérim des fonctions de gouverneur délégué du gouverneur général de l'AEF à Bangui[83].

Tchad (1938)

Il est nommé par intérim en gouverneur du Tchad[84] jusqu'au date à laquelle lui succède au poste Félix Éboué[70]

Il fait valoir ses droits à une pension de retraite pour ancienneté de service en [85] et l'obtiendra quelques mois plus tard, en 1939[alpha 6]

Dessins et croquis

Émile peint et dessine tout au long de sa vie, encore plus particulièrement dans les colonies, illustrant ainsi ses voyages et son quotidien.

Décorations

Notes et références

Notes

  1. (de novembre 1903 à mars 1904 ainsi qu'en mars 1905)
  2. Les poteaux-signal sont alors situés à 450 mètres de Vohitrambo sur le bord de la route allant à Betampona ; sur le bord de la route conduisant du lac Alaotra à Fénérive à 1500 mètres à l'Est de Betampona ; à 750 mètres au Nord- Ouest d'Ambatoharanana et à 750 mètres au N.-N.-O. d'Ambodivoanio et un dernier situé à 2800 mètres à l'Ouest d'Ankorabe au sommet d'un pic. Ils se périment tous un an après leur délivrance.
  3. Voir page 16
  4. Le film sur Youtube
  5. Écrit une lettre à Félix Éboué le 18 décembre 1938 (à déterminer)

Références

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  2. Madagascar Auteur du texte, « Journal officiel de Madagascar et dépendances », sur Gallica, (consulté le )
  3. Madagascar. [from old catalog], Annuaire général, [Tananarive, Impr. officielle], (lire en ligne)
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  5. « Fiche matricule », sur Archives départementales des Côtes-d'Armor
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  14. « Nomination d'administrateur de 3ème classe », sur gallica.bnf.fr, Journal officiel de Madagascar et dépendances,
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