Église orthodoxe macédonienne

L'Église orthodoxe macédonienne - Archevêché d'Ohrid (macédonien : Македонска Православна Црква - Охридска Архиепископија) ou Église orthodoxe macédonienne est la principale Église orthodoxe en Macédoine du Nord. Elle regroupe les chrétiens macédoniens sous l'autorité de l'archevêque d'Ohrid et exerce sa juridiction dans le pays et parmi la diaspora macédonienne.

Pour les articles homonymes, voir Archevêché d'Ohrid (homonymie).

Église orthodoxe de Macédoine
(Македонска Православна Црква)
Fondateur(s) Saint Clément d'Ohrid[1], (par tradition)
Autocéphalie ou autonomie
déclarée 1019-1767 (en tant qu'archevêché d'Ohrid[2]
autocéphalie et indépendance proclamées en 1967[3]
Reconnaissance Autonomie restaurée en 1958
autocéphalie non reconnue
Primat actuel Archevêque Stéphane Veljanovski
Siège Skopje
Macédoine du Nord
Territoire primaire Macédoine du Nord
Extension territoriale Europe, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande
Rite byzantin
Langue(s) liturgique(s) vieux-slave, macédonien
Calendrier julien
Population estimée deux millions environ

En 1958, le Saint-Synode de l'Église orthodoxe de Serbie a donné l'autonomie à l'Église macédonienne afin de restaurer l'archevêché historique d'Ohrid[3], et celle-ci est restée en union canonique avec l'Église serbe, sous l'autorité de son Patriarche. En 1967, à l'occasion des deux-cents ans de l'abolition de l'archevêché d'Ohrid, l'Église macédonienne a proclamé unilatéralement son autocéphalie (indépendance) vis-à-vis de l'Église de Serbie. Le Saint-Synode serbe a condamné cette décision et a déclaré « schismatique » le clergé macédonien. Depuis, et malgré de nombreux efforts, l'autocéphalie de l'Église orthodoxe macédonienne n'est reconnue ni par le Patriarcat de Constantinople, ni par les autres églises autocéphales de la communion orthodoxe, qui la considèrent donc comme « non canonique »[3].

Afin de concurrencer l'Église macédonienne autoproclamée et de proposer aux fidèles une alternative canonique, l'Église orthodoxe serbe a créé en 2002 un exarchat, l'Archevêché orthodoxe d'Ohrid, reconnu canonique par l'ensemble de la communion orthodoxe, mais non-reconnu par les autorités de la Macédoine du Nord[4].

Histoire

Origines

La cathédrale Sainte-Sophie d'Ohrid, siège de l'archevêché d'Ohrid.

En 976, Samuel Ier de Bulgarie contrôle la Macédoine ainsi que les actuelles Bulgarie, Roumanie, Moldavie et des régions d'Albanie, de Serbie, de Grèce et d'Ukraine. Il érige l'évêché d'Ohrid, sa capitale, un patriarcat[5]. Son armée est cependant battue par les Byzantins en 1014, et en 1018, Ohrid est prise par l'empereur byzantin Basile II[6]. Celui-ci, soucieux d'intégrer en douceur les Slaves à l'empire, annule la titulature de Patriarcat d'Ohrid mais lui confirme son autocéphalie en tant qu'archevêché[7].

La région est envahie par les Ottomans au XIVe siècle et ceux-ci instaurent le système des « millets » (communautés religieuses). Le « millet » orthodoxe n'est dirigé que par le patriarcat de Constantinople, et les patriarcats bulgare et serbe sont abolis, respectivement en 1393 et en 1459. Seul l'archevêché d'Ohrid est maintenu et conserve des droits, qui lui permettent de devenir le plus grand centre orthodoxe des Balkans, avant la restauration du patriarcat de Peć en 1557[8].

La croix de Macédoine, l'un des symboles de l'Église

Au XVIIIe siècle, les Grecs phanariotes dominent largement la vie chrétienne de l'Empire ottoman et gouvernent les principautés danubiennes tributaires : afin de renforcer l'influence du Patriarcat de Constantinople, ils abolissent le Patriarcat de Peć en 1766 et l'archevêché d'Ohrid en 1767[9],[10].

Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle ainsi qu'au début du XXe siècle, la communauté religieuse bulgare et macédonienne réclame la restauration de l'archevêché d'Ohrid. En 1872, les Ottomans accordent l'autonomie à un exarchat bulgare nouvellement créé, et les évêchés de Skopje et d'Ohrid s'y rattachent, quittant ainsi l'obédience du Patriarcat de Constantinople. Après les Guerres balkaniques, la Macédoine du Vardar, qui correspond à la république actuelle de Macédoine du Nord, est détachée l'Empire ottoman et partagée entre la Serbie (actuelle Macédoine du Nord), la Bulgarie (Macédoine du Pirin) et la Grèce (Macédoine grecque). Serbes et Bulgares rattachent les églises macédoniennes incluses dans leurs nouvelles frontières à leurs Églises respectives ; les Grecs en revanche ne les rattachent pas à l'Église de Grèce mais les laissent dans l'obédience du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la Macédoine du Nord est annexée par la Bulgarie et ses églises retombent momentanément sous le contrôle de l'Église orthodoxe bulgare.

Combat pour l'autocéphalie

La première assemblée moderne du clergé macédonien a lieu près d'Ohrid en 1943[11]. L'année suivante, un comité pour l'organisation d'une Église orthodoxe macédonienne est officiellement formé[3]. Une résolution, visant la restauration de l'archevêché d'Ohrid en tant qu'Église macédonienne, est refusée en 1945 par le Patriarcat de Serbie. Une autre résolution semblable est toutefois acceptée en 1958 par la Yougoslavie communiste. À la tête de l'archevêché restauré, le Patriarcat de Belgrade place un religieux serbe : Dositej Stojković (en)[3].

L'instauration d'une église macédonienne indépendante du patriarcat de Serbie est pour les Macédoniens slaves un point crucial de leur identité nationale, puisque l'existence d'une telle Église affirme leur existence en tant que nation véritable, bien distincte des Bulgares. Cette instauration fait d'ailleurs partie d'un grand nombre de mesures prises par les communistes yougoslaves après 1945, comme la standardisation du macédonien ou la fondation d'une Académie macédonienne des Sciences et des Arts. Le rétablissement de l'archevêché d'Ohrid est un exemple de coopération entre une religion et un État communiste[12],[13].

En 1967, afin de commémorer les deux cents ans de l'abolition de l'archevêché d'Ohrid par les Ottomans, l'Église macédonienne proclame son autocéphalie (indépendance) vis-à-vis du Patriarcat de Serbie qui, n'ayant pas été consulté, condamne cette décision unilatérale qu'il juge « schismatique ». De ce fait l'Église orthodoxe macédonienne (ÉOM) n'est reconnue par aucune Église de la communion orthodoxe[3] mais en revanche, elle est la seule à être reconnue par le gouvernement de la Macédoine du Nord et regroupe la majeure partie des paroisses du pays, soit près de 1 200 églises[14].

Organisation

Les éparchies macédoniennes
L'église St Nikolaus à Mayence

L'Église orthodoxe macédonienne est organisée en dix éparchies dont les évêques forment le Saint-Synode, à la tête duquel se trouve l'« archevêque d'Ohrid et de Macédoine ».

Éparchies sur le territoire de la Macédoine du Nord

  1. Skopje, conduite par l'archêveque Stéphane d'Ohrid et de Macédoine ;
  2. Polog et Koumanovo
  3. Debar et Kitchevo
  4. Prespa et Pélagonie
  5. Stroumitsa
  6. Bregalnitsa
  7. Povardarie

Éparchies à l'étranger

  1. Amérique et Canada (Toronto)
  2. Europe (Dortmund)
  3. Australie et Nouvelle-Zélande (Melbourne)

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. En tant que fondateur traditionnel de l'Archevêché d'Ohrid, dont le statut autocéphale est réclamé par les Macédoniens
  2. Dates d'existence de l'archevêché original, alors autonome sous l'autorité du Patriarcat de Constantinople
  3. The encyclopedia of Christianity, Volume 3. By Erwin Fahlbusch, Geoffrey William Bromiley. p. 381
  4. La Commission de religion de l'État macédonien ne reconnait que l'Église orthodoxe macédonienne (ÉOM) fondée en 1967, pour le motif qu'un seul groupe peut être enregistré pour chaque confession, et que le nom de l'archevêché orthodoxe d'Ohrid du Patriarcat de Serbie n'était pas suffisamment distinct de celui de l'ÉOM qui, elle aussi, s'appelle « archevêché orthodoxe d'Ohrid » : cf. :
  5. (en) Stojan Saveski, « Samuel's Empire, History of Ohrid », Ohrid.org (Open Society Institute Macedonia) (consulté le )
  6. Valentina Georgieva et Sasha Konechni, Historical Dictionnary of the Republic of Macedonia, Scarecrow Press, 1998, p. 9
  7. (en) Timothy E. Gregory, « Fin de l'empire de Samuel », dans A History of Byzantium, Blackwell, , p. 246
  8. Andrew Rossos, Macedonia and the Macedonians: A History, Hoover Press, 2008, p. 45
  9. Valentina Georgieva et Sasha Konechni, Op. cit., p. 12
  10. Andrew Rossos, Op. cit., p. 56-58
  11. Macedonia and Greece: the struggle to define a new Balkan nation, John Shea, p. 174
  12. Hugh Poulton, Who are the Macedonians ?, C. Hurst & Co. Publishers Ltd, 2000, p. 116
  13. Contrairement à une idée répandue, les États communistes ne pratiquaient pas la laïcité qui n’interdit ni les cultes ni le le prosélytisme, mais sépare l'État des religions qu'elle laisse libres : la laïcité ne promeut ni l'athéisme, ni l'incroyance, ni la croyance, et assure la liberté de conscience dans le respect de la loi ; pour leur part, les régimes communistes, après la consolidation de leur pouvoir et la mort en détention des hiérarques et des clercs insoumis ou réfractaires, prirent le contrôle de la pratique religieuse en rémunérant les clercs tolérés par le régime qui devinrent, bon gré mal gré, des collaborateurs des autorités : une « blague dissidente » affirmait : « Si tu veux dénoncer quelque chose ou quelqu'un à la police politique sans te dévoiler comme délateur, va te confesser à l'église ! » (cf. Viktor A. Pogadaev, (en) « The origin and classification of Russian anecdotes as a folklore genre » in : Folklore and Folkloristics n° 2, vol.5, pp. 9-17, Université de Malaya, déc. 2012 - ), ce qui généra l'apparition d'églises clandestines (cf. William C. Fletcher, L’Église clandestine en union soviétique, A. Moreau, Paris 1971).

Liens externes

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