Église Saint-Nicolas de Caen

L'église Saint-Nicolas, parfois appelée Saint-Nicolas-des-Champs, est une église fondée au XIe siècle dans le Bourg-l'Abbé de Caen. Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1]. Son cimetière est un site classé depuis 1939 et elle est aussi connue pour sa confrérie et son matrologue.

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Église Saint-Nicolas
Présentation
Nom local Saint-Nicolas-des-Champs
Culte Catholique romain
Type Désaffectée
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XVe siècle
Style dominant Roman
Gothique
Protection  Classé MH (1913)
 Site classé (1939)
Géographie
Pays France
Région Normandie
Département Calvados
Ville Caen
Coordonnées 49° 11′ 02″ nord, 0° 22′ 30″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Normandie
Géolocalisation sur la carte : Caen

Histoire

Chevet de l'église Saint-Nicolas

Pour passer du gros bourg de constitution monarchique à une ville importante, Guillaume le Conquérant, fort de la conquête de l'Angleterre, implante à l'est et à l'ouest ses deux célèbres abbayes. L'abbaye aux Hommes, par son rayonnement considérable, suscite une nouvelle extension de la ville vers l'ouest, les églises Saint-Nicolas et Saint-Ouen se veulent le cœur de nouveaux bourgs mais ne connaissent qu'un succès mitigé, la ville ayant trouvé ses limites qu'elle conservera jusqu'au XIXe siècle[2].

L'implantation nouvelle du quartier du Bourg-l'Abbé se trouve sur des terrains de paroisses appartenant à la cathédrale de Bayeux qui les cède à la reine Mathilde de sorte que les moines de l'abbaye aux Hommes se trouvent sous la dépendance spirituelle de l'abbesse de Caen. C'est pour se soustraire à cette dépendance qu'ils construisent l'église Saint-Nicolas.

Dans la charte de Guillaume de 1083, il y a 72 maisons dans le Bourg-l'Abbé qui restent dans leur ancienne paroisse, sauf cinq construites pendant le litige qui forment le noyau de la paroisse Saint-Nicolas que l'on nomme des champs à cause de sa situation. Achevée en 1093, les moines conserveront jusqu'à la Révolution le patronage de cette église, l'abbé se réservant les droits honorifiques, les fonctions curiales étant exercées par un vicaire perpétuel.

L'église Saint-Nicolas possède trois confréries, une de charité, une du Saint-Sacrement et celle des filles vertueuses de la Vierge, les chapelles de la Sainte-Vierge, du Saint-Sacrement, Saints-Anges-Gardiens, Sainte-Croix, Saint Marcouf, Sainte Catherine, Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Cécile

La paroisse faisait partie du doyenné de Caen, dans le diocèse de Bayeux. À partir de 1793, l'église n'est plus utilisée pour le culte catholique. Elle sert tour à tour d'écurie pour la cavalerie de l'armée puis de dépôt de remonte[3].

Le matrologue

Le registre de 128 pages en parchemin et papier avec de belles enluminures donne les statuts de la confrérie de charité de l'église Saint-Nicolas en 1452, la liste des échevins jusqu'en 1487, la liste des frères et sœurs de la confrérie et les chapelains établie par paroisses dont 244 affiliés pour Saint-Nicolas jusqu'en 1789.

Les confrères acquittent une cotisation et se réunissent pour prier, accomplir des œuvres de charité et ils se doivent assistance mutuelle. Le chef est l'échevin, assisté d'un prévôt et d'un sous-prévôt. Au-dessous, douze frères servants et les associés en nombre illimité. On y trouve des commentaires sur la vie de la paroisse comme les ravages de la guerre de religion et la révocation de l'édit de Nantes[4].

Architecture

L'église s'inspire de la tradition monastique bénédictine normande (abbatiale de Cerisy ou de Boscherville). Elle présente une façade harmonique non achevée, le narthex ouvre sur l’extérieur ; elle comporte sept travées dont l’élévation latérale est à trois étages : grandes arcades moulurées seulement aux trois dernières travées retombant sur des piles cruciformes, chapiteaux très simples, niveau intermédiaire comportant deux meurtrières non moulurées ouvrant sur les combles des bas-côtés, l’étage supérieur comporte une grande fenêtre non ornée. La croisée des transepts est surmontée d’une tour-lanterne.

Les bras du transept comportent chacun une absidiole (cinq arcatures au nord, trois au sud) et la présence d'une tribune s'inspire de l'abbaye aux Hommes. Le niveau moyen de l’élévation du chœur est plus décoré (quatre étroites baies au lieu de deux, inscrites dans de courtes arcatures en plein cintre). L'élévation extérieure est d’un grand dépouillement, fenêtres non moulurées inscrites dans de grands arcs en plein cintre. La tour centrale ne comporte qu’un étage percé de hautes baies en plein cintre.

Le chœur moins austère : deux arcatures plaquées par travées à la base du chœur, voussure des baies moulurées, cordon de billette au niveau des archivoltes du second étage, corniche à modillons et hautes demi-colonnes. Le voûtement est très novateur et constitue le premier exemple normand de chœur voûté d'arêtes avec doubleau entre les deux arêtes[5].

Fiche technique :

  • Longueur totale : 66 m
  • Longueur de la nef : 35 m
  • Longueur du transept : 35 m
  • Profondeur du chœur : 19 m
  • Hauteur de la voûte : 15 m

Les graffitis

Des graffitis importants pour l'histoire architecturale de l'église Saint-Nicolas et de l'abbatiale Saint-Étienne de Caen sont présents au premier étage de la tour Nord de l'église. Ils sont d'une grande qualité graphiques et leur ancienneté est datée par la version primitive de la façade de Saint-Étienne où la tour lanterne qui s'est écroulée en 1566 est la partie la plus élevée de l'édifice. Les tours de la façade sont beaucoup moins hautes que celles du XIIIe siècle après les travaux.

L'église Saint-Nicolas n'est pas encore surmontée de son clocher du XVe siècle mais la tour Sud est déjà plus haute et a quelques similitudes avec celle de l'abbatiale de la Trinité de l'abbaye aux Dames, ce qui confirme que la façade romane n'a jamais été terminé et que la tour Nord est restée dans l'état où elle est aujourd'hui[6].

Le cimetière

Au pied de l'église, au nord-est de l'abside, l'ancien cimentière utilisé jusqu'à la fin du XIXe siècle est planté d'arbustes monumentaux et abandonné, il disparaît sous la végétation et est classé en 1939 pour le caractère pittoresque des lieux[7]. Il est blotti sous un petit bois et, passé la grille d'entrée, quadrillé par des allées et quelques bancs. De petits sentiers serpentent à travers les tombes éparses et la végétation. C'est un chaos de stèles et de croix de guingois, un petit bois en centre ville avec une atmosphère étrange dans l'ombre de la vieille église[8].

Références

  1. « Ancienne église Saint-Nicolas », notice no PA00111137, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. P. Lacroix, P. Margerie, J.-Y. Marin: Les Églises de Caen du VIIe au XIIe siècles, dans : Actes du congrès de la société d'archéologie médiévale, 1994, volume: 4, page: 131.
  3. M. Gervais: Note sur l'église Saint-Nicolas, dans: Mémoires de la société des antiquaires de Normandie, 1844, Volume: 14, pages: 384-396, 393.
  4. Le matrologue est visible en ligne : Archives départementales du Calvados - Archives numérisées - Autres fonds numérisés - Matrologue de la confrérie de Saint-Nicolas - Matrologue de la confrérie. E de Beaurepaire Le matrologue de la Charité de Saint-Nicolas, dans : Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, tome: XVI, 1894, pages 464-480.
  5. Maylis Baylé: L'architecture normande au moyen-âge, tome: 2, page: 62-64; Lucien Musset: Normandie romane, tome: 1, page: 107-110.
  6. Giovanni Coppola, Jean-Yves Martin, « Les signes lapidaires sur les monuments de Caen (XIe-XIIe) », Revue archéologique de l'Ouest, vol. 7, no 1, , p. 104 (lire en ligne).
  7. Sont également classés par le même arrêté trois autres cimetières dormants caennais : le cimetière Saint-Jean, le cimetière Saint-Pierre et le cimetière des Quatre-Nations.
  8. Site classé no 14056, DREAL Basse-Normandie/SRMP/DSP.

Annexes

Bibliographie

  • Louis Serbat, Guide du congrès de Caen tenu en 1908 : Les monuments du Calvados, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne)

Articles connexes

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