ennui

Voir aussi : Ennui

Français

Étymologie

Déverbal de ennuyer, dérivé du bas latin inodiāre, formé sur l’expression in odio esse « être un objet de haine » du latin classique [1]. Ennui a signifié au XIIe siècle « tourment », puis « tristesse profonde, chagrin, dégoût » pour prendre progressivement, par affaiblissement, celui de « lassitude d’esprit, manque de goût, de plaisir ».

Nom commun

SingulierPluriel
ennui ennuis
\ɑ̃.nɥi\

ennui \ɑ̃.nɥi\ masculin

  1. Lassitude, langueur temporaire causée par une occupation dépourvue d’intérêt, monotone, déplaisante ou trop prolongée, ou par le désœuvrement.
    • L’ennui est la grande maladie de la vie ; on ne cesse de maudire sa brièveté, et toujours elle est trop longue, puisqu’on n’en sait que faire. (Alfred de Vigny. Journal d’un poète (1867). Editions Librairire Delagrave, 1921, p.86)
    • Nous étions tous possédés d’une inquiétude lente qui nous faisait languir. Personne ne s’ennuyait, mais cette sensation poignante était cent fois pire que l’ennui. Il paraissait d’avance que cette nuit n’aurait pas de fin.  (Ivan Tourgueniev, L’Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
  2. Lassitude morale permanente qui fait qu’on ne prend d’intérêt, qu’on ne trouve de plaisir à rien.
    • Beaucoup s’en vont. Ceux qui restent se désaffectionnent de leur champ ; ils traînent leurs ennuis sur la glèbe, tourmentés par des aspirations vagues, des idées confuses d’ambitions nouvelles et de jouissances qu’ils ne connaîtront jamais.  (Octave Mirbeau, Le Tripot aux champs, Le Journal, 27 septembre 1896)
    • Cet état de tranquillité un peu dolente […] cessa brusquement. Un jour, l’ennui s’implanta en lui, l’ennui noir qui ne permet ni de travailler, ni de lire, ni de prier, qui vous accable à ne plus savoir ni que devenir, ni que faire.  (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • […] ; sa mère est une cyclothymique avérée passant, sans motifs apparents, d'un sentiment profond d’ennui à celui d'une gaîté plus ou moins exubérante.  (Encéphale : Journal de neurologie et de psychiatrie, 1913, vol.8, n°2, p.71)
    • Tout homme qui obtient ce qu'il désire, ou qui va l'obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que les serments prodigués par les amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée vient l’ennui : c'est pourquoi beaucoup les confondent.  (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l'Amour, Albin Michel, 1961, p.147)
    • Mais l’ennui dense et profond de bourgeois du XIXe siècle, stade élémentaire, mal élaboré de l’inquiétude métaphysique, vite et facilement converti en suicide individuel ou collectif, était-il préférable ? Le bovarysme fut un problème de masse.  (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris : Le Livre de Poche, 1980, page 172)
    • Le problème de l’homme moderne n’est pas sa méchanceté. Au contraire, il préfère, dans l'ensemble, pour des raisons pratiques, être gentil. Simplement il déteste s’ennuyer. L’ennui le terrifie alors qu’il n’y a rien de plus constructif et généreux qu’une bonne dose quotidienne de temps morts, d’instants chiants, d'emmerdement médusé, seul ou à plusieurs.  (Frédéric Beigbeder, 99 francs, Gallimard, 2000, collection Folio, page 151.)
  3. Contrariété ; souci. — Note d’usage : Dans ce sens, il s’emploie souvent au pluriel.
    • Autrefois j’avais des ennuis et je ne m’ennuyais pas ; les ennuis, c’est une grande distraction.  (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; éd. Le Livre de Poche, 1967, p. 54.)
    • Et puis, on leur avait créé d’autres ennuis, suscité d’autres chicanes mesquines.  (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Laurent Hénart, député de Meurthe-et-Moselle, est un beau gosse dans le genre fonceur qui a eu quelques ennuis avec les flics pour excès de vitesse et qu'André Rossinot parraine comme son futur successeur à Nancy.  (Frédéric Mitterrand, La Récréation, éd. Robert Laffont, 2013, p. 29)

Synonymes

Antonymes

Dérivés

Traductions

Prononciation

  • France  : écouter « ennui [ɑ̃.nɥi] »
  • France (Muntzenheim) : écouter « ennui »

Voir aussi

  • Le thésaurus ennui en français
  • ennui sur l’encyclopédie Wikipédia
  • ennui dans le recueil de citations Wikiquote

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (ennui), mais l’article a pu être modifié depuis.
  • [1] : « ennui », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage

Anglais

Étymologie

Emprunt au français ennui, de l’ancien français enui.

Nom commun

ennui \ɒnˈwiː\

  1. (Poétique) Ennui ; lassitude, langueur temporaire, mélancolie.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  2. Contrariété, souci, problème.
    • “Well, not here, it doesn’t,” Kelly replied, looking around the boat to make sure that there was no loose gear. Below, he knew, everything was in its proper place, because it always was, ennui or not. Then he switched on his marine radio. He caught a weather forecast at once, one that ended with the usual warning.  (Tom Clancy, Without Remorse, 1993)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Synonymes

Prononciation

  • États-Unis ɑnˈwi : écouter « ennui »

Néerlandais

Étymologie

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Nom commun

ennui \Prononciation ?\ neutre (Indénombrable)

  1. (Gallicisme) Ennui.
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