éprouver

Français

Étymologie

(Date à préciser) Mot dérivé de prouver avec le préfixe é-. (1080) esprover, « mettre quelqu’un à l’épreuve ».

Verbe

éprouver \e.pʁu.ve\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Mettre à l’épreuve, tester.
    1. Tester un objet pour se rendre compte s’il a toutes les qualités voulues.
      • J’allai dans la sellerie où je choisis des courroies solides dont j’éprouvai la force de résistance.  (Octave Mirbeau, Contes cruels : Le Colporteur)
      • Je la suivis, tandis que le prince surveillait l’attelage des mules et éprouvait la solidité des sangles et des courroies.  (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; éd. Le Livre de Poche, 1967, p. 52.)
      • C’est un remède que j’ai éprouvé.
      • Éprouvez si cela vous fera du bien.
    2. Tester des personnes pour vérifier leurs qualités, leurs sentiments, etc.
      • Ils se fièrent aussi en Dieu, les pauvres moines, et en leur bonne cause.
        […]. Mais les bénédictins avaient mal placé leur confiance. Dieu pour les éprouver sans doute, jugea à propos de les abandonner.
         (H. Leymarie, « Excursion à Die », dans la Revue du Lyonnais, Lyon : chez Léon Boitel, 1835, vol. 1, p. 466)
      • Éprouver quelqu’un avant de se fier à lui. — Éprouver la fidélité, la probité de quelqu’un. — Le malheur nous éprouve.
  2. Ressentir, connaître par expérience, tant au sens physique qu’au sens moral.
    • Elle rangeait sa chambre tous les matins, et elle éprouvait un ravissement inconnu à caresser la soie de son pyjama […]  (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "« Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Cependant l’aérostat s’abaissait vers la terre, et la nacelle, rasant les inégalités du sol, éprouvait de fortes secousses.  (Julien Turgan, Les Ballons : histoire de la locomotion aérienne, chap. 18, 1851, p. 203)
    • La courte nuit d’été lui parut cependant interminablement longue. Il éprouvait une sensation désagréable d’insécurité et il s’imaginait, sans la moindre raison, que le jour la dissiperait.  (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, p. 98 de l’éd. de 1921)
    • De retour chez lui, le colonel éprouva que sa joie s’accroissait encore de ce que sa femme et toute la famille venaient de sortir.  (Jules Supervielle, Le voleur d’enfants, Gallimard, 1926, collection Folio, page 64.)
    • Parfois elles étaient si dures les nouvelles selles merveilleuses, qu’elle en éprouvait un mal affreux au fondement… Des déchirements…  (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
    • C’était bizarre. Jamalou n’éprouvait plus, devant cette face douloureuse dont les yeux révulsés, la bouche aux lèvres tuméfiée, presque noire, révélaient l’atroce agonie, aucune espèce de compassion.  (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Je n’éprouvais plus qu’une sensation vague des objets et des êtres. Tout passait devant moi, avec des formes indécises.  (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Le vrai fait nouveau, aujourd’hui, n’est peut-être pas que les peuples éprouvent les passions politiques, mais qu’ils prétendent les éprouver. Cette prétention suffit, d’ailleurs, à les rendre agissants et à fournir un merveilleux terrain d’exploitation à leurs meneurs.  (Julien Benda, La Trahison des clercs, 1927, éd. 1946)
    • À cause des obstacles de chaque côté de la grand-route, il éprouva des difficultés à faire tourner ses chars et half-tracks pour les lancer à l’attaque.  (Charles B. Mac Donald, Noël 44 : La bataille d’Ardenne, traduit par Paul Maquet & Josette Maquet-Dubois, Luc Pire Éditions, Bruxelles, 1984, p. 287)
  3. (Par analogie) Subir des changements, des variations, des altérations, qui surviennent aux choses.
    • Les altérations qu’une substance éprouve quand elle est soumise à l’action du feu.
    • Sa conduite, son caractère en éprouva un changement notable.

Dérivés

Traductions

Prononciation

Anagrammes

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (éprouver), mais l’article a pu être modifié depuis.
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