Sage-femme

Un ou une sage-femme (s'écrit aussi « sagefemme », sans tiret, depuis la réforme de l'orthographe française de 1990[1]), un maïeuticien (terme savant et rare) ou un accoucheur (fonction exercée par un médecin) est, suivant les pays, soit une profession de santé médicale (France), soit paramédicale (la plupart des autres pays du monde), consistant à prendre en charge la femme avant, pendant et après l'accouchement. Pratiquée internationalement et essentiellement par des femmes depuis l'Antiquité, la profession connaît un tournant au XVIIIe siècle et fait au XXIe siècle l'objet de différentes formations selon les pays.

Pour l’article homonyme, voir Sage Femme (film).
Sage-femme
Appellation
Sage-femme, maïeuticien ou accoucheur
Secteur d'activité
Compétences requises
Périnatalité, Gynécologie, Obstétrique, Néonatologie, Médecine fœtale
Niveau de formation
Diplôme d'Etat Sage-femme - Grade de Master maïeutique
Professions voisines
Gynécologue, Obstétricien, Pédiatre
Codes
CITP
IDEO (France)
ROME (France)
J1104 - Suivi de la grossesse et de l'accouchement

Définition

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit « sage-femme[2] » ou « maïeuticien » comme suit :

« Une personne qui a suivi un programme de formation reconnu dans son pays, a réussi avec succès les études afférentes et a acquis les qualifications nécessaires pour être reconnue ou licenciée en tant que sage-femme. Elle doit être en mesure de donner la supervision, les soins et les conseils à la femme enceinte, en travail et en période post-partum, d'aider lors d'accouchement sous sa responsabilité et prodiguer des soins aux nouveau-nés et aux nourrissons. Ses soins incluent des mesures préventives, le dépistage des conditions anormales chez la mère et l'enfant, le recours à l'assistance médicale en cas de besoin et l'exécution de certaines mesures d'urgence en l'absence d'un médecin. Elle joue un rôle important en éducation sanitaire, non seulement pour les patientes, mais pour la famille et la préparation au rôle de parents et doit s'étendre dans certaines sphères de la gynécologie, de la planification familiale et des soins à donner à l'enfant. La sage-femme peut pratiquer en milieu hospitalier, en clinique, à domicile ou en tout autre endroit où sa présence est requise. »

Il s'agit là de la définition reprise internationalement pour cette profession.

Historique

Depuis l'Antiquité

Figurine représentant une sage-femme et une femme en train d'accoucher, provenant de Chypre, début du Ve siècle av. J.-C..

Historiquement, la profession de sage-femme[3] a été une des rares dominées par des praticiennes. Phanarète (ou Phenarete) et Phaestis (ou Phaestias), noms des mères de Socrate et d'Aristote, pratiquent cette activité. Les auteurs antiques évoquent aussi plusieurs Olympias[4]. Les obstetricie medicae sont des praticiennes respectées dans la Rome antique. Elles jouent notamment un grand rôle au point de vue de la médecine légale. La Loi Cornelia (Lex Cornelia de sicariis et veneficis) qui punit l'avortement, demande comme experts cinq sages-femmes[5]. Depuis Agnodice en Grèce antique, la prise en charge des femmes enceintes et des parturientes (femmes en travail) a été considérée comme relevant essentiellement du cercle féminin[6].

Moyen Âge et Renaissance

L'ambivalence de la profession, exercée de façon minoritaire par des femmes formées et très majoritairement par des femmes sans aucune connaissance théorique, perdure pendant tout le Moyen Âge et l'Époque moderne en Europe occidentale.

En France, dans les registres paroissiaux du Moyen Âge, on rencontre les termes de « ventrière » au XIe siècle, « matrone » au XIIIe siècle, dénomination usitée jusqu'au XVe siècle. Le nom de « sage-femme » apparaît dans un acte de l'Hôtel-Dieu de Paris en 1505[7]. Parfois, mais rarement, il est retourné et devient femme sage. On rencontre également à toute époque le terme de « leveuse », de « ramasseuse », d'« accoucheuse », ou de façon très marginale, celui d'« obstétrice »[8].
La langue italienne utilise alternativement les termes « comare », « mammana » et « levatrice ». Le rôle de l'accoucheuse ne se limite pas à l'assistance apportée aux femmes en couches, elle exerce un rôle social et religieux puisqu'elle a la charge d'ondoyer l'enfant lorsqu'il apparaît en danger de mort. C'est souvent la sage-femme qui vient présenter l'enfant sur les fonts baptismaux et qui exerce la fonction de marraine.

Il est possible que la restriction aux hommes d'exercer soit liée au besoin de conserver les possibles écarts des filles-mères sous secret, et aussi à une perception puritaine de tout ce qui touche à l'appareil génital féminin. Il était alors fréquent qu'une fille-mère dissimule sa grossesse au profit de sa mère et que la sage-femme soit alors la seule confidente du secret familial. Dans des sociétés machistes, où la femme est, pour des raisons religieuses essentiellement, encore vue parfois comme l'instrument du malin et où la réputation des femmes a une valeur en soi, la sage-femme se devait alors d'être une femme.

Au Moyen Âge, bon nombre de sages-femmes sont persécutées par l’Inquisition. Elles sont généralement des femmes issues de milieux populaires, qui portent assistance aux paysannes au moment de leur accouchement. Dans les régions du sud-ouest de la France, l'activité de sage-femme est réservée aux cagotes (population exclue vivant à l'écart de tous les villages de ces régions)[9]. Ayant accumulé des connaissances empiriques sur le corps, les plantes médicinales, la prévention et la guérison des maladies, elles sont considérées comme des sorcières par le pouvoir religieux[10],[11]. En 1484, le pape Innocent VIII formule dans son Malleus Maleficarum une déclaration officielle contre le crime de sorcellerie[12] : « Les sages-femmes causent le plus grand dommage. Ainsi, elles tuent les enfants ou les offrent de manière sacrilège aux démons… La plus grande blessure à la foi est commise par les sages-femmes et cela est clairement mis en lumière par elles-mêmes dans les confessions qu'elles ont faites avant d'être brûlées. » Elles furent non seulement accusées d’empoisonner, de tuer et de conspirer, mais également d’aider et de guérir étant donné que leurs traitements « magiques », même bénéfiques, interféraient avec la volonté de Dieu[10]. À l’époque où l’Église n’offre pour soulagement au peuple que la prière et la repentance, un des plus féroces persécuteurs de sorcières en Angleterre écrit[10] : « En conclusion, nous devons rappeler que par sorcières nous n’entendons pas seulement celles qui tourmentent et tuent mais bien tout devin, charmeur, jongleur et magicien, communément appelés hommes ou femmes sages… Font partie de ce groupe de gens, tous ceux et celles qu’on considère comme bons et bonnes sorcières, qui ne font aucun mal, qui ne souillent ni ne détruisent, mais qui sauvent et délivrent du mal… Il vaudrait mieux pour nous tous que la terre soit débarrassée de toutes ces sorcières et particulièrement de celles qui sont bienfaisantes. » Durant la même période, l’Église accepte néanmoins les sages-femmes pour la classe dirigeante[10]. De même, plusieurs villes (France du nord, Bourgogne, Lorraine, Alsace) emploient des sages-femmes à partir du XVe siècle[13].

Le métier de sage-femme survit ainsi à la chasse aux sorcières, mais est souvent resté déconsidéré et empreint de méfiance par une nouvelle classe dirigeante composée de médecins et d’obstétriciens[10].

Le tournant du XVIIIe siècle et l'époque contemporaine

Une enseigne de sage-femme - Musée des arts et métiers de Lyon.

Le , la première sage-femme exerçant à l'Hôtel-Dieu de Montmorency (Val-d'Oise) est nommée. Il s'agit d'Élisabeth Bourgeois, femme du sieur Baudrang, chirurgien de l'Hôtel-Dieu. Au XVIIIe siècle qui voit le développement des forceps, une division s'est faite entre la pratique chirurgicale (qui relevait, elle, du chirurgien), et celle des sages-femmes. L'essor de la science, associé peut-être à un certain mépris, voyait dans la pratique ancestrale et prétendument folklorique des sages-femmes un art moins efficace et moins sûr. C'est dans ce contexte que les médecins qui avaient jusque-là délaissé ce domaine aux matrones (à l'exception des accouchements des familles royales et princières dès le début du XVIIe siècle) se découvrent une vocation pour l'obstétrique[14]. La lutte d'influence entre sages-femmes et médecins accoucheurs (tels Angélique du Coudray, première professeur de la discipline des sages-femmes et François Mauriceau) aboutit en 1750 à l'intervention de l'État qui ordonne que les sages-femmes aient une formation théorique et pratique de 2 ans avec une maîtresse sage-femme, un jury de deux maîtres chirurgiens validant leurs connaissances[15].

Au XIXe siècle, en Angleterre, la plupart des naissances étaient assistées par un chirurgien. En 1882, les Hôpitaux de Paris voient la création d'un corps de médecins-accoucheurs des maternités (première spécialité chirurgicale) qui supplante désormais la profession de sage-femme[16].

Nouvelles tendances

En France

Marie Jonet (Mme Dugès), aurait été sage-femme en chef de l'Hôtel-Dieu de Paris à la fin du XVIIIe siècle. Lithographie vers 1833.

Sous l'Ancien Régime, sage-femme est un métier, et plusieurs ordonnances royales, en particulier sous Louis XIV, exigent que toutes les communautés de village choisissent une sage-femme et décident de percevoir une contribution pour payer leurs gages comme pour les maîtres d'école. Louise Bourgeois est connue pour avoir accouché la reine Marie de Médicis et avoir rédigé le premier livre d'obstétrique incluant des données d'anatomie. Angélique du Coudray est la première sage-femme à enseigner devant public l'« art des accouchements » au XVIIIe siècle[17].

Depuis 1982, la profession s’est ouverte aux hommes[18] même si aujourd'hui la profession est essentiellement féminine (99 % de femmes contre 1 % d'hommes)[19]. Les termes de « maïeuticien » et d'« accoucheur » figurent également dans le dictionnaire de l'Académie Française, mais ne satisfont pas au métier propre de la sage-femme, puisque la maïeutique de Socrate parle « d'accoucher les esprits » et non des nourrissons.

Il s'agit d'une profession médicale à compétence définie[20].

Pour devenir sage-femme, il faut être classé en rang utile à la fin de la Première Année Commune aux Études de Santé (PACES), année commune aux étudiants en médecine, maïeutique (sages-femmes), odontologie (dentaires) et pharmacie. La deuxième année universitaire (L2) s'effectue dans une faculté de médecine jusqu'au master (M2). Les études seront reconnues grade master à partir de la rentrée 2010 avec la mise en place de la L1 Santé (concours commun des professions médicales : sage-femme, médecine, dentaire et pharmacie). La réforme HPST a ajouté comme compétences aux sages-femmes le suivi gynécologique et la prescription de la contraception aux femmes en bonne santé. La profession attend une revalorisation de statut et donc de salaire (les sages-femmes sont actuellement rémunérées à partir des grilles salariales paramédicales).

Les étudiants sages-femmes le souhaitant peuvent par ailleurs s'inscrire en Master I de Recherche Biomédicale parallèlement à leurs études (en deuxième année), comme le font déjà les étudiants en médecine ou en chirurgie-dentaire, ce qui leur ouvre les voies des Master II de Santé et Sciences.

Étymologie du terme

Une étymologie d'abord contestée

En Grèce antique, on parlait de maïeutique, ou « l’art d’accoucher », qui avec le temps et sous l’influence de Socrate a fini par désigner par métaphore, un mode d'échange philosophique, l'accouchement des esprits.

Dans « sage-femme », le mot « sage » est dérivé de sapiens (la connaissance, l'expérience, sources de sagesse). Du fait de cette fonction, la sage-femme s'est distinguée de la « matrone », choisie dans le village sur des critères surtout moraux, religieux, judiciaire, en particulier pour des questions matrimoniales.

L'origine du mot composé reste mal connue. Certains émettent l'hypothèse selon laquelle le mot femme se réfèrerait non pas, comme beaucoup d'auteurs l'ont écrit, à la praticienne mais à la parturiente[21].

La définition donnée dans la première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie Française est la suivante : « On appelle ainsi celle dont le mestier, la profession est d'accoucher les femmes ».

Définition du Littré 

Sage-femme Nature : s. f. Prononciation : sa-je-fa-m'

Étymologie : Sage, dans le sens d'habile, et femme, wallon, seg-damm.

« Celle dont la profession est de faire des accouchements ». Cette définition serait peut-être correcte si, d'une part, elle n'était pas réductrice (la sage-femme est loin de ne faire que des accouchements), et si, d'autre part, elle n'affirmait pas (par le « celle ») quelque chose qui est aujourd'hui sujet à controverse.

Enfin, le terme anglais midwife ne fait allusion qu'à la « parturiente » (mid = avec, du vieil anglais mid, dérivé de l'allemand mit + wife = « la femme, celle qui accouche »), et non pas au sexe de l'intervenant. De ce fait, les livres anciens anglais de « midwifery » précisent toujours lorsqu'il s'agit d'un intervenant masculin : male midwife (ce qui correspond, à la même époque (XVIe et XVIIe siècles), en France, au terme de chirurgien-barbier accoucheur).

La science de l'accouchement et de la grossesse fait l'objet dans la médecine contemporaine d'une spécialité appelée « obstétrique » (c'est-à-dire l'art des accouchements), et cela dans les traités les plus anciens.

Depuis, une position tranchée

Sage-femme, n.f., est attesté sous cette forme en 1212 . On trouve aussi plus tard les variantes « femme sage » ainsi que « sage mère » (XVe siècle) et « mère sage » (1609).

Le mot sage-femme est composé de sage signifiant « expert, habile dans son art » (attesté en 1155), et de femme. Le mot apparaît avec le sens « femme dont la profession est d'accoucher les femmes ».

La profession s'ouvrant aux hommes (depuis 1980), on a proposé « sage-homme », « matron » (sur le féminin « matrone »), « maïeuticien » (proposé à l'Académie française) ou « maïeutiste » (hellénismes savants), « parturologue », termes finalement tous écartés par l'Académie française au bénéfice de « sage-femme » pour les deux sexes, malgré la bizarrerie de l'expression appliquée à un homme.

(Le Robert - Dictionnaire historique de la langue française - Alain Rey et al. Paris 1992)


Le pluriel de sage-femme est sages-femmes.

Particularités universitaires selon les pays

Sage-femme au Canada

Sage-femme au Québec

Actuellement, seule l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) offre le programme de baccalauréat en pratique sage-femme, d'une durée de 4 ans (132 crédits). Le programme est contingenté à 24 étudiantes par année.

La profession de sage-femme est règlementée depuis 1999 au Québec, après plusieurs années de projet-pilote avec des maisons de naissance. Les derniers détails d'assurance permettant aux sages-femmes de suivre des accouchements à domicile ont été réglés en avril 2005. Il faut faire partie de l'ordre des sages-femmes du Québec pour avoir droit de porter le titre. Il est important de noter, cependant, que la sage-femme est une professionnelle limitée puisqu'elle est en mesure de pratiquer seulement quelques actes médicaux de base. Toute complication survenant durant la grossesse ou l'accouchement nécessite une intervention et un suivi par un médecin spécialisé en obstétrique ou en médecine de famille.

Sage-femme en Suisse

Depuis la signature des accords de Bologne par la Suisse, le diplôme de sage-femme est reconnu par les pays européens. La profession reste cependant un métier paramédical au même titre que celui d'infirmier. En Suisse romande il existe deux façons de devenir sage-femme. La première est d'intégrer la filière sage-femme de La Haute École de Santé de Genève (HEdS). Cette école accueille en moyenne 35 étudiants par année. Ce cursus dure 3 ans et aboutit à un diplôme Bachelor. La seconde est d'intégrer l'école de Lausanne, pendant 2 ans, après avoir déjà acquis le diplôme d'infirmière.

Sage-femme aux États-Unis

Il existe deux voies pour devenir sage-femme aux États-Unis : celle des infirmières sages-femmes, et celle des sages-femmes.

Infirmière sage-femme

Aux États-Unis, les « infirmières sages-femmes » sont des infirmières puéricultrices, ayant suivi une formation complémentaire pendant deux années supplémentaires, soit en maîtrise, pour se spécialiser comme sages-femmes.

Sage-femme : voie directe

Leur formation varie selon le mode d'obtention du diplôme : certaines sont diplômées directement d'une école de sage-femme, qui offre diverses formations de taille et de nature différentes. Certaines choisissent de s'inscrire au cursus des infirmières sages-femmes (American College of Nurse-Midwives ou ACNM) : toutes les sages-femmes qui empruntent cette voie doivent ensuite passer le même certificat d'aptitude, les autres acquièrent le statut de sage-femme à l'ancienneté.

Voir aussi

  • Association for Childbirth at Home International (ACHI)
  • Accouchement à domicile

À noter

Les Cadiens de Louisiane utilisent le terme de « chaste-femme ».

Sage-femme en Irlande

La plupart suivent une formation universitaire de quatre ans. Un numerus clausus s'applique.

Certaines infirmières, après l'obtention de leur diplôme et une certaine expérience professionnelle, peuvent ensuite suivre une formation universitaire de spécialiste.

Toutes les sages-femmes doivent s'inscrire au An Bord Altranais.

Sage-femme en France

Article détaillé : Sage-femme en France.

Un cursus en cinq ans en France

Depuis 1992 à Grenoble, généralisé à toute la France en 2002, le concours d’entrée en école de sages-femmes est commun à celui de médecine. Les sages-femmes devraient bénéficier en outre d’un accès aux masters de Santé. La loi s'y rapportant a été votée, référence décret d'application promulgué en mars 2013. L'accès au masters de santé et son application incombent aux différentes universités[22].

Cinq années d'études sont nécessaires pour accéder au diplôme de sage-femme. En effet, après la première année commune aux études de santé (PACES) sélectionnant le nombre d'étudiants admis à poursuivre leur formation, les études se déroulent ensuite en deux phases de deux ans chacune dans des Écoles rattachées aux UFR de la faculté de Médecine de la région.

Malgré des disparités de formation des sages-femmes au niveau national, ainsi qu'entre pays, tout diplôme d'État obtenu dans un pays européen est valable dans n'importe quel autre pays européen.

Le champ de compétences de la sage-femme

Matrone à la maternité de Niodior (Sénégal).

Traditionnellement, la sage-femme est une femme ou un homme qui aide à l'accouchement.

Dans les sociétés industrialisées, il s'agit d'une profession médicale à part entière. Elle relève du domaine médical en France car la sage-femme bénéficie du droit de prescription, ne dépendant d'aucun médecin. La liste des médicaments, stupéfiant, dispositifs médicaux que peuvent prescrire les sages-femmes est fixé entre autres par l'arrêté du 23 février 2004 modifié par l'arrêté du 12 octobre 2005. L'attribution d'un numéro RPPS délivré par le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes et qui remplace le numéro ADELI gérés par les DASS permet aux sages femmes (profession libérale) de recevoir les feuilles de soins émises par les CPAM.

En Belgique, le caractère médical de la profession de sage-femme est fixé par l'Arrêté Royal 78 du 10 novembre 1967. Le texte modifié de l'AR 78 du 13 décembre 2006 élargit le domaine de compétence des sages-femmes belges en y incluant, notamment, le droit de prescrire certains médicaments pendant la grossesse, l'accouchement et la suite des couches.

En France, elle répond à la définition suivante :

  • exerçant une profession médicale, la sage-femme assure, en toute autonomie, le diagnostic, la déclaration (L. 2004-806 du 9 août 2004 art. 101-1) et la surveillance de la grossesse normale, du travail et de l'accouchement, ainsi que celle de la mère et de l'enfant après l'accouchement ;
  • elle pratique les examens cliniques et para-cliniques nécessaires (échographie, etc.) et participe activement à toutes actions de prévention dans le domaine de la santé. Elle prescrit les examens et thérapeutiques (médicament, vaccin, etc.) nécessaires au bon déroulement de la grossesse, de l'accouchement, des suites de couches ;
  • en cas de pathologie, elle exerce en collaboration avec le médecin obstétricien, l'anesthésiste et le pédiatre ;
  • par ailleurs, l'exercice de la profession de sage-femme ne se réduit pas à la pratique des accouchements. La sage-femme assure aussi la surveillance prénatale, la préparation à la naissance et à la parentalité des parents et le suivi à domicile des femmes et des nouveau-nés en cas de sortie précoce de la maternité jusqu’au 21e jour qui suit l’accouchement[23] ;

Pour coordonner ces actions, elle rencontre dès le quatrième mois de grossesses les futurs parents, et peut apprécier dans un entretien personnalisé, les attentes, inquiétudes et souhaits des futurs parents. Moment pour accueillir leur volonté d'expression sur un projet de naissance en vertu de la loi de 2002[24]. Ce moment est aussi privilégié pour se faire partenaire des situations vulnérables : apporter aide et soutien aux femmes précaires, aux problèmes d'addictions, à celle qui subissent des violences ou dont la grossesse n'était pas attendue[25] ;

  • elle pratique également les consultations, les échographies obstétricales, y compris dans le cadre du diagnostic prénatal. Elle pratique également la consultation postnatale (L. 2004-806 du 9 août 2004 art. 101-2) ;
  • la sage-femme assure les suivis des grossesses physiologiques (d'évolution normale) en cabinet ou à domicile ;
  • elle surveille, conseille, accompagne la mère et l'enfant après la naissance. Elle pratique aussi la rééducation périnéale des patientes. Elle conseille les couples et participe au suivi des différents modes de contraception. Elle peut prescrire une contraception hormonale (y compris le dispositif intra-utérin) dans le post-partum, le post-abortum et lors d'une consultation gynécologique de contraception et de prévention qu'elle peut réaliser depuis la loi HPST du 21 juillet 2009 modifiant les articles L4151-1, L5134-1, et L2122-1 du code de la santé publique. Une sage-femme peut désormais poser des dispositifs intra-utérins et les implants contraceptifs ;
  • elle peut aussi avoir une place active dans les services d'orthogénie, de gynécologie, de procréation médicalement assistée ;
  • comme chez les autres professions médicales, les sages-femmes relèvent d'un code déontologique professionnel et doivent justifier, pour pouvoir exercer, de leur inscription au tableau du conseil national de l'ordre des sages-femmes ;
  • depuis 2010 le suivi gynécologique des femmes, en dehors de toute pathologie, appartient désormais à son domaine de compétence. À ce titre elle réalise l'examen des seins, l'examen génital, le frottis cervico-vaginal, la prescription de la contraception, et ce pendant toute la vie génitale de ses patientes. Son rôle primordial dans le dépistage va permettre un meilleur suivi des patientes, et une collaboration avec les gynécologues obstétriciens dont la mission pourra se concentrer sur les pathologies, hélas trop nombreuses, dépistées plus précocement (augmentation déplorée des cancers du sein chez les femmes jeunes).

Code déontologique

Le premier alinéa de l’article R.4127-325 du Code de la santé publique dispose que, dès lors qu'elle a accepté de répondre à une demande, la sage-femme s'engage à assurer personnellement avec conscience et dévouement les soins conformes aux données scientifiques du moment que requièrent la patiente et le nouveau-né. Le caractère personnel de l’exercice de la profession de sage-femme et la notion de responsabilité sont intimement liés. Voici les chapitres du Code de la santé publique relatifs aux sages-femmes (modifié par le décret 2006-1268 du 17 octobre 2006) :

CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Professions de santé → Organisation des professions médicales → Déontologie

Section 3 : Code de déontologie des sages-femmes

  • Devoirs généraux des sages-femmes
  • Devoirs envers les patientes et les nouveau-nés
  • Règles particulières aux différentes formes d'exercice
  • Devoirs de confraternité
  • Devoirs vis-à-vis des membres des autres professions de santé
  • Dispositions diverses

Rémunération

  • 1 600 € brut par mois (+ primes) pour une sage-femme en début de carrière dans la fonction publique hospitalière.
  • Entre 2 700 € et 2 800 € en fin de carrière.
  • 2 300 € en moyenne pour une sage-femme en libéral[26].

Les étudiants sages-femmes sont rémunérés au titre de leurs stages dès la quatrième année. En 2013, la rémunération au titre des stages de quatrième année s’élève à 100 € brut par mois pour 150 heures travaillées.

Sage-femme au Royaume-Uni

Certaines obtiennent leur diplôme d'infirmier et suivent ensuite une formation de dix-huit mois (degree classification). D'autres suivent une formation plus indépendante de trois ans ou plus. Toutes les sages-femmes doivent s'inscrire au Nursing and Midwifery Council.

Notes et références

  1. [http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rectifications_1990.pdf « Les rectifications de l'orthographe » par le Conseil supérieur de la langue française ; page 16, quatrième colonne.Deux remarques : tous les dictionnaires ne prennent pas en compte, dans leurs pages, la réforme de l'orthographe de 1990. En France, les deux orthographes sont acceptées, notamment lors des examens.
  2. Depuis la réforme de l'orthographe de 1990, il est recommandé d'écrire « sagefemme »
  3. Sage du latin sapiens, « savoir », science et d'expérience acquises, probablement assorties de la notion de prudence. Le terme de sage-femme ou sage-mère est attesté en 1212
  4. Alexis Delacoux, Biographie des sages-femmes célèbres, anciennes, modernes et contemporaines, Trinquart, , p. 129.
  5. Danielle Gourevitch, Le mal d'être femme : la femme et la médecine dans la Rome antique, Édition Les Belles Lettres, , p. 217-222.
  6. Bernard This, La requête des enfants à naître, Éditions du Seuil, , p. 122.
  7. Sabine Bosio, La mère et l'enfant dans l'ancienne France, De Bartillat, , p. 95.
  8. Eugène Olivier, Médecine et santé dans le pays de Vaud, Payot, , p. 307.
  9. Henri Marcel Fay et Gilbert Ballet, Lépreux et cagots du Sud-Ouest, Paris, Champion, , 784 p. (OCLC 250524577), p. 64 ; 236
  10. Barbara Ehrenheich et Deirdre English, Sorcières, sages-femmes et infirmières, une histoire des femmes et de la médecine, Montréal, Éditions du Remue-Ménage, bibliothèque nationale du Québec, 1976, 78 p. (OCLC 15847398)
  11. Brau, J.-L., « La sorcellerie », Les cahiers de Fontenay no 11/12, E.N.S. Fontenay/Saint-Cloud, septembre 1978.
  12. (en) Katie Allison Granju, Midwives under the fire.
  13. Jacques Gélis, La sage-femme ou le médecin, Fayard, , p. 24-25.
  14. Jürgen Schlumborg, « Comment l’obstétrique est devenue une science », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, no 143, , p. 18-30
  15. Y.Knibiehler, Maternité. Affaire privée, affaire publique, Bayard, , p. 61-76
  16. Robert Vial, Histoire de L'enseignement des Hôpitaux de Paris : Les blouses blanches en formation initiale et continue, Editions L'Harmattan, (lire en ligne), p. 107
  17. Odile Montazeau, « Histoire de la formation des Sages-Femmes en France », sur cerimes.fr, .
  18. Danièle Kergoat, Yvonne Guichard-Claudic et Alain Vilbrod, L'inversion du genre : Quand les métiers masculins se conjuguent au féminin et réciproquement, Presses universitaires de Rennes, coll. « Des Sociétés », , 401 p. (ISBN 9782753505896), p. 232
  19. lrb/mfo/ed Relaxnews avec AFP, « L'homme, une sage-femme comme les autres », Le Parisien, (lire en ligne)
  20. et non pas limitée, ce dernier terme ne figurant à aucun moment dans la législation française
  21. Danièle Kergoat, Yvonne Guichard-Claudic, Alain Vilbrod, L'inversion du genre : Quand les métiers masculins se conjuguent au féminin et réciproquement, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 240.
  22. pdf sur le site de l'Ordre national des sages-femmes
  23. Recommandations HAS [PDF]
  24. loi de 2002
  25. en France, pdf
  26. (en) « Le CIDJ - Centre d'Information et de Documentation Jeunesse »

Voir aussi

Articles connexes

  • Accouchement
  • Matrone
  • Organisation nationale syndicale des sages-femmes
  • Grève des sages-femmes de 2013-2014
  • Consultante en lactation

Bibliographie

  • Chaumette (Paloma) Parents et sages-femmes : l'accompagnement global, éditions Yves Michel 2005
  • Gélis (Jacques), L'Arbre et le fruit, Paris, Fayard, 1984.
  • Gélis (Jacques), La sage-femme et le médecin, Paris, Fayard, 1988.
  • Nathalie Sage Pranchère, L’école des sages-femmes. Naissance d’un corps professionnel,1786-1917, Presses universitaires François Rabelais, 2017.

Liens externes

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