Propranolol

Le propranolol (DCI) est un médicament faisant partie de la classe des bêta-bloquants non sélectifs. C'est un médicament sympatholytique, c'est-à-dire qu'il inhibe le système sympathique. Les sympatholytiques sont utilisés dans le traitement de l'hypertension, l'anxiété et les attaques de panique. Découvert par James W. Black en 1960, c'est le premier bêta-bloquant découvert. James W. Black a obtenu le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1988 pour cette découverte. Comme d'autres bêta-bloquants, le propranolol est une substance considérée comme dopante[3].

Propranolol
Identification
Nom UICPA (RS)-1-(isopropylamino)-3-(naphtalèn-1-yloxy)propan-2-ol
No CAS 525-66-6 (racémique)
5051-22-9 R(+)
4199-09-1 S(–)
No ECHA 100.007.618
No EC 208-378-0
Code ATC C07AA05
DrugBank DB00571
PubChem 4946
SMILES
InChI
Apparence Poudre cristalline blanche
Propriétés chimiques
Formule brute C16H21NO2  [Isomères]
Masse molaire[1] 259,3434 ± 0,0151 g/mol
C 74,1 %, H 8,16 %, N 5,4 %, O 12,34 %,
pKa 9.42[2]
Propriétés physiques
fusion 96 °C[2]
Solubilité 61,7 mg·l-1 (eau,25 °C)[2]
Écotoxicologie
LogP 3,48[2]
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 30 à 70 %
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 4 - 5 h
Excrétion

Urinaire (< 1 %)

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Bêta-bloquant
Voie d’administration Orale
Intraveineuse

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

propranolol
Noms commerciaux
  • Avlocardyl (France)
  • Hemangiol (Suisse)
  • Hemipralon LP (France)
  • Inderal (Belgique, Canada, Suisse)
  • Karnodyl (France)
Laboratoire AstraZeneca, Helvepharm AG, Nu-Pharm Inc, Pfizer, Pharmascience, Sandoz
Sels chlorhydrate
Forme comprimés et gélules à 10, 40 et 80 mg, LP à 160 mg, solution buvable à 3 75 mg·ml-1, forme iinjectable à 5 mg/5 ml
Administration per os
Classe Antihypertenseur, ATC code C07AA05
Autres informations Sous classe : Bêta-bloquant
gélule de 80 mg de propranolol.

Histoire et développement

Le scientifique britannique James W. Black développa le propranolol dans les années 1960[4]. En 1988, il reçut le prix Prix Nobel de physiologie ou médecine pour sa découverte. Le propranolol est dérivé d'antagonistes découverts précédemment : le dichloroisoprenaline et le pronethalol. La modification structurelle majeure, qui fut ensuite réutilisée pour les autres bêta-bloquants, était l'insertion d'un groupe oxyméthylène sur la structure aryléthanolamine du propranolol, ce qui augmente ainsi l'efficacité du composé. Ceci élimine aussi apparemment le caractère carcinogène retrouvé avec le pronethanol dans les modèles animaux.

De nouveaux bêta-bloquants plus sélectifs comme le nébivolol, le carvédilol ou le métoprolol sont maintenant utilisés dans le traitement de l'hypertension. Le brevet de fabrication est tombé dans le domaine public. Il est donc disponible sous une forme générique.

Mécanisme d'action

Il s'agit d'un des tout premiers bêta-bloquants développés. Il est dit non cardio-sélectif car il bloque les récepteurs bêta-1 cardiaques et bêta-2 non cardiaques (vaisseaux, bronches). Par ce biais, il diminue, voire annule, l'arrivée des influx nerveux sur le cœur et le ralentit, augmente la contraction des vaisseaux sanguins, réduit la consommation en oxygène du cœur et bloque les fonctions du système nerveux sympathique sur les autres organes. Le propranolol par ailleurs inhibe les actions de la noradrénaline, un neurotransmetteur qui facilite la consolidation de la mémoire.

Indications

En cardiologie, cette molécule a été progressivement supplantée par des molécules plus récentes, n'agissant que sur le cœur. Elle n'est donc plus guère utilisée (même si elle reste efficace) dans :

  • hémangiomes de l'enfant qui peut entraîner de nombreuses complications. Contrairement aux traitements antérieurs, le propranolol est facile à prendre et l'hémangiome diminue rapidement et de façon assez spectaculaire[5],[6] ;
  • tremblement essentiel ;
  • tremblement associé à une anxiété ou à un traitement par lithium[7].

Il a été utilisé par des chirurgiens pour diminuer leurs tremblements de mains pendant la chirurgie[8] ;

Utilisation hors AMM

Le ministère de la défense américain a participé au financement d'une hauteur de 5 millions de dollars pour soigner ses soldats (plus de 60 000 soldats américains se sont suicidés après la guerre du Viêt Nam, ce qui dépasse le nombre de soldats tués au combat : 47 539 morts). Les tests sont un succès avec 70 à 80 % de résultats positifs[17] Le propranolol fait l'objet d'un engouement grandissant car certains chercheurs affirment qu'il permettrait de se remémorer des situations stressantes déjà vécues tout en gommant l'impact émotionnel. Des études ont montré que les individus qui prenaient du propranolol immédiatement après une expérience traumatique montrent moins de symptômes sévères de syndrome de stress post-traumatique que les groupes comparatifs sans traitement (Vaiva et al. 2003). Le propranolol diminue les effets des cauchemars sur l'activité cardiaque en diminuant le rythme sinusal lent pendant les cauchemars.

  • Utilisation comme produit dopant

Le Nord-Coréen Kim Jong Su a été contrôlé positif à ce produit lors des Jeux olympiques d'été de 2008 dans la compétition de tir au pistolet, et ses 2 médailles lui ont été retirées[18]. L'effet recherché est le ralentissement du rythme cardiaque et de réduire le tremblement pour favoriser la précision du tir et la concentration.

  • Utilisation comme anti phobique [19] . (en expérimentation)

Deux chercheuses du département Psychologie de l'Université d’Amsterdam (Marieke Soeter et Merel Kindt) ont mené une étude sur 45 arachnophobes volontaires afin d’étudier les effets du propranolol utilisé comme anti-phobique.

Merel Kindt a déclaré : "Ici, nous montrons pour la première fois qu'un médicament amnésique donné en même temps que la réactivation de la mémoire transforme un comportement d'évitement en comportement d'approche chez les personnes ayant une réelle peur des araignées".

Les volontaires ayant reçu du propranolol avaient beaucoup moins de comportements d'évitement et plus de comportements d'approche.

Cette modification du comportement phobique a été confirmée par d’autres tests au cours de l’année suivante.

Divers

Le propranolol fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2015)[20].

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) « Propranolol » sur ChemIDplus, consulté le 29 octobre 2009
  3. (en) [PDF]The 2009 prohibited list, World anti-doping agency
  4. (en) Black JW, Crowther AF, Shanks RG, Smith LH, Dornhorst AC, « A new adrenergic betareceptor antagonist », Lancet, vol. 283, no 7342, , p. 1080–1081 (PMID 14132613, DOI 10.1016/S0140-6736(64)91275-9)
  5. Science et Avenir no 747, mai 2009, rubrique Santé
  6. (en) Léauté-Labrèze C et al., « Propranolol for Severe Hemangiomas of Infancy », New England Journal of Medicine, vol. 358, no 24, , p. 2649–2651 (PMID 18550886, DOI 10.1056/NEJMc0708819)
  7. (en) YD Lapierre, « Control of lithium tremor with propranolol », Can Med Assoc J, vol. 114, no 7, , p. 619-20, 624. (PMID 1260604, PMCID PMC1956865, lire en ligne [PDF])
  8. (en) Elman MJ, Sugar J, Fiscella R. et al., « The effect of propranolol versus placebo on resident surgical performance », Transactions of the American Ophthalmological Society, vol. 96, , p. 283–91; discussion 291–4 (PMID 10360293, PMCID 1298399)
  9. (en) Kevin G. Shields and Peter J. Goadsby « Propranolol modulates trigeminovascular responses in thalamic ventroposteromedial nucleus:a role in migraine » Brain 2005;128(1):86-97. PMID 15574468
  10. (en) Mervyn J. Eadie The biochemistry of migraine, Springer, 1985, 228 pages.
  11. (en) Vieweg V, Pandurangi A, Levenson J, Silverman J, « The consulting psychiatrist and the polydipsia-hyponatremia syndrome in schizophrenia », International Journal of Psychiatry in Medicine, vol. 24, no 4, , p. 275–303 (PMID 7737786, DOI 10.2190/5WG5-VV1V-BXAD-805K)
  12. (en) Kishi Y, Kurosawa H, Endo S, « Is propranolol effective in primary polydipsia? », International Journal of Psychiatry in Medicine, vol. 28, no 3, , p. 315–25 (PMID 9844835, DOI 10.2190/QPWL-14H7-HPGG-A29D)
  13. (en) Kramer MS, Gorkin R, DiJohnson C, « Treatment of neuroleptic-induced akathisia with propranolol: a controlled replication study », The Hillside Journal of Clinical Psychiatry, vol. 11, no 2, , p. 107–19 (PMID 2577308)
  14. (en) « Doctors test a drug to ease traumatic memories - Mental Health - MSNBC.com » (consulté le 30 juin 2007)
  15. (en) Brunet A, Orr SP, Tremblay J, Robertson K, Nader K, Pitman RK, « Effect of post-retrieval propranolol on psychophysiologic responding during subsequent script-driven traumatic imagery in post-traumatic stress disorder », Journal of Psychiatric Research, vol. 42, no 6, , p. 503–6 (PMID 17588604, DOI 10.1016/j.jpsychires.2007.05.006)
  16. (en)A pill to forget
  17. En finir avec la peur, comment la science peut agir sur nos souvenirs, reportage diffusé sur Arte, 2011.
  18. « Un double médaillé nord-coréen en tir a été contrôlé positif », Lemonde.fr.
  19. « Effacer les peurs : un traitement d'une session grâce à un médicament anti-hypertension (propranolol) », sur Psychomédia, https://plus.google.com/104445900187483316643/ (consulté le 11 janvier 2016)
  20. (en) WHO Model List of Essential Medicines, 19th list, avril 2015

Liens externes

  • Page spécifique dans la base de données sur les produits pharmaceutiques (Canada)
  • Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Propranolol
  • Page spécifique sur le Répertoire Commenté des Médicaments, par le Centre belge d'information pharmacothérapeutique
  • (de) Page spécifique dans la base de données sur les produits vétérinaires (Veterinärprodukte, Futtermittel & Zusatzstoffe, Suisse)
  • Page spécifique sur le Vidal.fr
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