Malnutrition

La malnutrition désigne un état pathologique causé par la déficience ou l'excès d’un ou plusieurs nutriments. L'apport alimentaire anormal peut provenir d'une nourriture en quantité inadaptée au besoin (apport calorique insuffisant ou, au contraire, excessif) ou de mauvaise qualité (carences nutritionnelles ou excès de graisses…) ; d'autres facteurs, notamment psychologiques et pathologiques, interviennent également.

Cet article concerne la faim dans le monde. Pour l'état de manque, voir Sous-alimentation.
malnutrition
Le ruban orange représentant la malnutrition.
Spécialité Endocrinologie
CIM-10 E46
CIM-9 263.9
MedlinePlus 000404
eMedicine 985140
eMedicine ped/1360 
MeSH D044342

Mise en garde médicale

Dans les pays en développement, le plus grand problème nutritionnel est la « sous-alimentation », due à un apport calorique insuffisant. Mais partout dans le monde, diverses formes de malnutrition existent, débouchant notamment sur l'obésité et sur de graves carences. La malnutrition a ainsi été appelée la « faim invisible » ou « faim cachée » (« hidden hunger » en anglais) par l'Organisation des Nations unies[1], affectant deux milliards de personnes souffrant de carences en sels minéraux et en vitamines, pouvant provoquer des maladies mortelles.

Définition

La malnutrition doit être définie comme une pathologie, et non comme un état. Il s'agit d'une pathologie systémique aux conséquences multiples et d'étiologies tout aussi variées. L'idée d'une séparation entre une approche quantitative et qualitative est à la fois obsolète et réductrice.
La malnutrition, que ce soit dans l'approche qu'en proposent l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les organisations humanitaires d'urgence s'y consacrant, ou les différentes études effectuées sur le sujet, peut être la conséquence de plusieurs facteurs, le plus souvent associés. Les carences alimentaires, qu'elles soient quantitatives ou qualitatives (et elles sont souvent les deux), sont une cause très fréquente conduisant à un état de malnutrition. Cependant, d'autres facteurs entrent très souvent en jeu.

Plusieurs exemples pour illustrer ce que représente la malnutrition incluent :

  • le Niger, été 2005 : les principaux cas de malnutrition rencontrés sont essentiellement dus à une carence majeure en apport alimentaire, du fait de la prolongation de la sécheresse et de l'invasion des zones cultivables par des criquets, ces deux causes ayant conduit à des récoltes largement insuffisantes ;
  • le Liberia, 2004-2005 : l'apport alimentaire est suffisant pour les populations, à la fois grâce à des récoltes et des importations non négligeables, ainsi que grâce à des distributions alimentaires régulières par le PAM. Cependant, les taux de malnutrition sont importants, surtout dans les zones urbaines. Le principal problème identifié tient essentiellement à des pratiques de soins inadaptées, dont les causes sont multiples. Les mères ne sont pas en mesure de fournir à leur enfant des soins efficaces, du fait d'un déficit cognitif, de troubles post-traumatiques, d'une relation pathologique avec l'enfant, etc.
  • l'Afghanistan, 2002-2005 : si les carences alimentaires jouent un rôle important dans la malnutrition présente dans ce pays, il a été constaté que beaucoup d'enfants refusaient les soins (l'alimentation étant ici comprise dans les soins) qui leur étaient prodigués, du fait d'un traumatisme psychologique important. Ce phénomène de refus de s'alimenter a été constaté au Rwanda après le génocide, et dans beaucoup de camps de réfugiés et déplacés dont les résidents avaient eu à vivre des événements traumatisants.

Ces quelques exemples montrent qu'une approche purement alimentaire de la malnutrition ne saurait être suffisante, et la plupart des acteurs internationaux de lutte contre la malnutrition ont dû adapter leur prise en charge en développant des programmes parallèles, allant de la stimulation psycho-sociale des mal-nourris à leur prise en charge psychologique.

De la même manière, on pourra parler de malnutrition face au problème de l'obésité. Là encore, il serait réducteur de considérer un apport alimentaire inadapté comme sa seule étiologie. Il existe l'obésité liée à des facteurs génétiques conduisant à une surabsorption des nutriments, ou liée à une cause anatomique ou physiologique acquise (troubles acquis du fonctionnement des organes de la digestion, ou de la mobilité, par exemple). Mais l'inadaptation de l'apport alimentaire est ici souvent en elle-même une conséquence d'un trouble psychologique.

Effets

Mortalité

La mortalité ferait suite à une malnutrition dans 58 % des cas de mortalités générales en 2006 : « dans le monde, 62 millions d'individus, pour toutes causes de mort, décèdent chaque année ». Un individu sur douze dans le monde est mal-nourri[2]. En 2006, plus de 36 millions d'individus sont morts de la faim ou de maladies généralement liées à des insuffisances alimentaires[3].

D'après l'OMS, la malnutrition est la plus grande cause de mortalité juvénile, présente dans la moitié des cas[4]. Six millions d'enfants meurt de faim chaque année[5]. Le sous-poids et les restrictions alimentaires causent annuellement 2,2 millions de décès chez les enfants. La lactation faible ou inexistante cause 1,4 million de morts. D'autres insuffisances, comme le manque de vitamine A ou de zinc, par exemple, en comptent 1 million. La malnutrition chez les enfants de moins de 2 ans est un cas irréversible. Les enfants mal-nourris grandissent avec des complications de santé. Leurs propres enfants sont également plus petits que la norme. La malnutrition était auparavant perçue comme empirique dans certaines maladies comme la rougeole, pneumonie et la diarrhée. Mais la malnutrition cause aussi bien les maladies et peuvent être mortelles[4].

Conséquences

La malnutrition augmente les risques d'infections et de maladies ; par exemple, elle est un risque majeur dans le développement de la tuberculose[6]. En communauté ou zones dans lesquelles l'accès à l'eau potable est inexistante, ces risques de santé posent un grave problème. Une faible énergie physique et psychologique est ressentie et les victimes sont incapables de remplir les tâches quotidiennes ou d'obtenir une éducation correcte (chez les enfants).

Psychologie

La malnutrition, dans la forme d'une carence en iode, est « la cause la plus répandue de trouble mental dans le monde »[7]. Même une carence modérée en iode, particulièrement chez les enfants et femmes enceintes, diminue l'intelligence de 10 à 15 de QI[7]. Les effets les plus visibles et conséquentes — sans compter le crétinisme ou le nanisme — affecte une minorité, particulièrement localisée dans les villages[7].

Un traitement nutritionnel peut aider à soigner la dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie et le trouble obsessionnel compulsif, les quatre troubles mentaux les plus répandus dans les pays développés[8]. Un traitement supplémentaire pour aider à améliorer et à stabiliser l'humeur incluent l'acide eicosapentaénoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA), la vitamine B12, la vitamine B9 et l'inositol.

Cancer

Le cancer est désormais présent dans les pays en développement. D'après une étude faite par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), « dans les pays en développement, les cancers du foie, de l'estomac et de l'œsophage sont les plus répandus [...] ». Le cancer du poumon augmente rapidement dans ces pays avec la répartition du tabac. Les pays développés incluent les cancers du colon, du rectum, du sein et de la prostate — et peuvent être causés par l'obésité, le manque d'exercice (de sport), l'alimentation et l'âge[9].

Hyponatrémie

Un manque réel d'eau, sans renouvellement en sel de sodium et de potassium, mène à l'hyponatrémie, qui peut de loin conduire à une intoxication par l'eau d'un niveau dangereux. Une histoire de ce genre est survenue en 2007, lorsqu'une américaine nommée Jennifer Strange est morte durant un concours de buveurs d'eau[10]. Plus souvent, la condition survient lors d'une endurance à long-terme (compétitions et entraînements tels que les marathons ou triathlons) et cause petit à petit des troubles incluant maux de tête, étourdissements et confusion ; dans de très sévères cas elle implique un coma, des convulsions et la mort.

Conséquences mondiales

En 2006, plus de 3,5 milliards de personnes souffrent de carence en fer, deux milliards sont en danger de carence en iode et 200 millions d'enfants d'âge préscolaire sont victimes d'insuffisance en vitamine A[11].

Dans les pays en développement, les insuffisances alimentaires causent des maladies comme le kwashiorkor, l'anémie (qui attaque le système sanguin et empêche la concentration), le rachitisme (qui empêche le développement normal des os de l'enfant) ou la cécité (causée par des carences en vitamine A). Le rapport de 2004 de l'Unicef et la Banque mondiale dresse un bilan terrifiant[12] : les carences en fer parmi les bébés de 6 à 24 mois affectent le développement mental de 40 à 60 % des enfants des pays en développement ; les carences en iode ont fait reculer la capacité intellectuelle de ces pays de 10 à 15 %, et causent la naissance de 18 millions d'enfants handicapés mentaux par an ; le manque de vitamine A entraîne la mort d'un million d'enfants chaque année.

Chez les adultes, les plus affectés sont souvent les femmes : l'anémie causée par le manque de fer entraîne la mort de 60 000 jeunes femmes pendant leur grossesse ou leur accouchement ; le manque d'acide folique cause un décès par maladie cardiaque sur dix. Les carences s'additionnent et rendent l'organisme plus vulnérable à d'autres maladies. L'impact économique est énorme, la baisse d'énergie associée aux carences causant une chute de 2 % du PNB dans les pays les plus affectés[12].

La sous-alimentation affecte quelque 800 millions de personnes dans le monde, tandis que l'obésité affecte plus de 300 millions de personnes (voir ces articles pour les détails). Selon MSF, en moyenne sur 2009, un enfant est mort de malnutrition toutes les six secondes (soit plus de cinq millions sur l'année). La lutte contre la malnutrition est par ailleurs l'un des huit Objectifs du millénaire pour le développement, initiés en 2000 par l'ONU. La troisième cible de cet objectif vise à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de malnutrition entre 1990 et 2015.

Dans un rapport publié en octobre 2014, l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) insiste sur le fléau souvent négligé de la faim invisible. Cette forme de malnutrition touche plus de 2 milliards de personnes et survient lorsque l’apport ou l’absorption de vitamines et minéraux ou oligo-éléments (zinc, iode, fer, vitamines A et B) ne suffisent pas à assurer une bonne santé et un bon développement[13].

Lutte contre la malnutrition

L’action contre la malnutrition prend en compte les caractéristiques de cette pathologie qui ont été décrites ci-dessus. Elle vise plus particulièrement les enfants qui sont les premiers touchés, causant la mort de 2,6 millions d'enfants chaque année dans le monde[14].

Elle est menée par une grande variété de structures depuis les organisations internationales jusqu’aux associations humanitaires.

Actions notables

l'Unicef s'efforce de prévenir les pires effets de la malnutrition en accordant aux pays des financements et des aides pour distribuer des micronutriments essentiels pour renforcer le système immunitaire, comme le fer et la vitamine A, durant les campagnes de vaccination ou à travers des aliments enrichis.

L'Unicef, les gouvernements, les producteurs de sel et des organisations du secteur privé tentent aussi d'éliminer la carence en iode, qui est la principale cause des retards mentaux et des lésions cérébrales évitables, dans le cadre de la campagne d'information sur l'iodation universelle du sel (USI).

Dans les communautés, l'Unicef explique aussi comment offrir aux enfants une bonne nutrition aux personnes qui en ont la charge, en pratiquant l'allaitement maternel, par exemple.

Dans les situations d'urgence, l'Unicef évalue les besoins nutritionnels et sanitaires des populations affectées, encourage l'allaitement maternel en créant des espaces protégés pour les femmes enceintes et qui allaitent, fournit des micronutriments essentiels, soutient des centres d'alimentation thérapeutique pour les enfants atteints de malnutrition grave et fournit des vivres pour les orphelins[15].

Le lait riche en énergie spécialement fabriqué pour les enfants sévèrement malnutris, l'est généralement en mélangeant du lait de vache (lait en poudre), de l'huile et du sucre[16]. Or en région tropicale les chèvres produisent un lait de qualité et souvent moins cher[16]. Des études ont montré qu'il était aussi efficace que le lait de vache pour lutter contre la malnutrition[16].

Antenna Technologies[17] a développé des outils et des formations pour produire de manière locale, durable et pérenne un complément alimentaire exceptionnel : la spiruline, une micro-algue qui peut être cultivée localement et apporte des nutriments indispensables tels la vitamine A, les acides aminés essentiels, le fer… En relation avec des structures locales, Antenna développe dans différents pays d’Afrique et d’Asie des bassins de production de spiruline qui accèdent ensuite à l’autonomie financière par la commercialisation d’environ 60 % de la production, le reste étant distribué dans des écoles, dispensaires, hôpitaux… Pour compléter, des centres d’éducation à la nutrition et des cultures légumières sont maintenant développées.

Épidémiologie

Espérance de vie corrigée de l'incapacité concernant la malnutrition sur 100 000 habitants en 2002[18]
  •      Aucune donnée
  •      Moins de 150
  •      150-300
  •      300-450
  •      450-600
  •      600-750
  •      750-900
  •      900-1050
  •      1050-1200
  •      1200-1350
  •      1350-1500
  •      1500-1750
  •      Plus de 1750

Il existe 920 millions d'individus en malnutrition en 2010, 80 millions d'individus de plus qu'en 1990[19],[20] bien que le monde fabrique assez de nourriture pour nourrir tout le monde — 6 milliards d'individus — et puisse théoriquement nourrir le double — 12 milliards d'individus[21].

Année1990199520052008
Nombre d'individus mal-nourris (millions)[22] 843788848923
Année19701980199020052007
Pourcentage des individus sous-alimentés[23] 37 %28 %20 %16 %17 %

Notes et références

  1. C'est notamment l'Unicef qui emploie ce mot, voir la page d'introduction.
  2. (en) Stats
  3. Jean Ziegler, L'Empire de la honte, Fayard, (ISBN 978-2-253-12115-2), p. 130
  4. (en) rédaction, « Malnutrition The Starvelings », The Economist, (lire en ligne)
  5. (en) « U.N. chief: Hunger kills 17,000 kids daily », sur CNN.com,
  6. (en) Schaible UE, Kaufmann SH, « Malnutrition and Infection: Complex Mechanisms and Global Impacts », PLoS Med, vol. 4, no 5, , e115 (PMID 17472433, PMCID 1858706, DOI 10.1371/journal.pmed.0040115, lire en ligne)
  7. (en) Donald G. McNeil Jr, « In raising the world’s IQ the secret is in salt », New York Times, (lire en ligne)
  8. (en) Lakhan SE, Vieira KF, « Nutritional therapies for mental disorders », Nutr J, vol. 7, no 1, , p. 2 (PMID 18208598, PMCID 2248201, DOI 10.1186/1475-2891-7-2, lire en ligne)
  9. (en) Michael Coren, « Study: Cancer no longer rare in poorer countries », sur CNN.com, (consulté le 1er janvier 2007)
  10. (en) « Why is too much water dangerous? », sur BBC News, (consulté le 9 novembre 2008)
  11. FAO et Partenaires de NECF, 2006
  12. (en) Unicef et Banque mondiale, Vitamin and Mineral Deficiency, Global Progress Report, 2004 [lire en ligne]
  13. Laetitia Van Eeckhout, « La « faim invisible » frappe 2 milliards d’humains », sur Le Monde, (consulté le 14 octobre 2014)
  14. Save the Children, "Nutrition in the First 1,000 Days: State of the World's Mothers 2012" (May 2012),http://www.savethechildren.org/site/c.8rKLIXMGIpI4E/b.6115947/k.B143/Official_USA_Site.htm
  15. Action de l'Unicef dans le cadre des Objectifs du millénaire
  16. O. Razafindrakotoa, N. Ravelomananaa, A. Rasolofoa, R.D. Rakotoarimananaa, P. Gourgueb, P. Coquinc, A. Briendd, A Briende and J.F. Desjeuxd (1993), Le lait de chèvre peut-il remplacer le lait de vache chez l'enfant malnutri ? Lait 73 601-611 ; DOI: 10.1051/lait:19935-658 (résumé)
  17. ANTENNA Technologies - Genève et ANTENNA France - Paris
  18. (en) « Mortality and Burden of Disease Estimates for WHO Member States in 2002 » [xls], sur OMS,
  19. (en) « Global hunger declining, but still unacceptably high » Food and Agriculture Organization of the United Nations, Economic and Social Development Department, septembre 2010, Consulté le
  20. (en) Food and Agriculture Organization Economic and Social Development Department. “The State of Food Insecurity in the World, 2008 : High food prices and food security — threats and opportunities”. Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2008, p. 2. « FAO’s most recent estimates put the number of hungry [actually, malnourished] people at 923 million in 2007, an increase of more than 80 million since the 1990–92 base period. »
  21. (en) Jean Ziegler. « Promotion And Protection Of All Human Rights, Civil, Political, Economic, Social And Cultural Rights, Including The Right To Development: Report of the Special Rapporteur on the right to food, Jean Ziegler » United Nations Human Rights Council of the United Nations, 10 janvier 2008. « According to the Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), the world already produces enough food to feed every child, woman and man and could feed 12 billion people, or double the current world population. »
  22. (en) Food and Agriculture Organization Economic and Social Development Department. « The State of Food Insecurity in the World, 2008 : High food prices and food security — threats and opportunities » Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2008, p. 48.
  23. (en) Food and Agriculture Organization Agricultural and Development Economics Division. « The State of Food Insecurity in the World, 2006 : Eradicating world hunger – taking stock ten years after the World Food Summit » Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2006, p. 8. « Because of population growth, the very small decrease in the number of hungry people has nevertheless resulted in a reduction in the proportion of undernourished people in the developing countries by 3 percentage points – from 20 percent in 1990–92 to 17 percent in 2001–03. (…) the prevalence of undernourishment declined by 9 percent (from 37 percent to 28 percent) between 1969–71 and 1979–81 and by a further 8 percentage points (to 20 percent) between 1979–81 and 1990–92. »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Andrew L. Kau (2015), Functional characterization of IgA-targeted bacterial taxa from undernourished Malawian children that produce diet-dependent enteropathy ; Sci Transl Med 25 February 2015: Vol. 7 no. 276 pp. 276ra24DOI:10.1126/scitranslmed.aaa4877 (résumé)
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