Halopéridol
L'halopéridol (R1625) est une butyrophénone et un médicament antipsychotique typique de la classe des neuroleptiques. Il a été développé en 1957 par la firme belge Janssen Pharmaceutica (actuellement Janssen-Cilag).
Halopéridol | |||
Structure de l'halopéridol | |||
Identification | |||
---|---|---|---|
DCI | haldoperidol | ||
Nom UICPA | (R,S)-4-[4-(4-chlorophényl)-4-hydroxy-1-pipéridyl]-1-(4-fluorophényl)-butan-1-one | ||
No CAS | |||
No ECHA | 100.000.142 | ||
No EC | 200-155-6 | ||
Code ATC | N05 | ||
DrugBank | APRD00538 | ||
PubChem | 3559 | ||
ChEBI | 5613 | ||
SMILES | |||
InChI | |||
Apparence | poudre amorphe ou cristalline inodore de couleur blanche à jaune pâle[1] | ||
Propriétés chimiques | |||
Formule brute | C21H23ClFNO2 [Isomères] |
||
Masse molaire[2] | 375,864 ± 0,021 g/mol C 67,11 %, H 6,17 %, Cl 9,43 %, F 5,05 %, N 3,73 %, O 8,51 %, |
||
pKa | 8,66[1] | ||
Propriétés physiques | |||
T° fusion | 151,5 °C[1],[3] | ||
Solubilité | eau :14 mg·l-1 à 25 °C[1] soluble in chloroforme, méthanol, acétone, benzène, acides dilués[1] |
||
Précautions | |||
SGH[4] | |||
Transport[4] | |||
Écotoxicologie | |||
DL50 | 128 mg/kg(rat, oral)[3] 30 mg/kg (souris, i.p.)[3] |
||
LogP | 4,3[1] | ||
Données pharmacocinétiques | |||
Biodisponibilité | 60 à 70 % (oral)[5] | ||
Liaison protéique | ~90%[5] | ||
Métabolisme | hépatique[5] | ||
Demi-vie d’élim. | i.v. : 14 à 26 heures , i.m. : 20,7 heures, oral : 14–37 heures[5] | ||
Excrétion |
bile (fèces), urine[5] |
||
Considérations thérapeutiques | |||
Classe thérapeutique | neuroleptique; antiémétique | ||
Voie d’administration | oral, i.v., i.m. | ||
Caractère psychotrope | |||
Catégorie | neuroleptique | ||
Mode de consommation |
gouttes ou intramusculaire (retard: haldol descanoas) |
||
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |||
Ce médicament est utilisé pour le contrôle des symptômes des psychoses aiguës, de la schizophrénie aiguë, des phases maniaques chez les bipolaires (maniaco-dépressifs), de l'hyperactivité et pour contrôler l'agressivité, l'agitation extrême et les pensées psychotiques, qui peuvent être induites par l'usage détourné de substances psychotropes telles que les amphétamines, le LSD ou la PCP.
À faibles doses, il est efficace pour contrôler les sautes d'humeur et les hallucinations.
Il a été utilisé chez des sujets atteints de troubles de la personnalité, pour la chimiothérapie de certains tics[6] et contre le syndrome de Gilles de la Tourette[7],[8],[9] et selon Sanberg & al/ (1989) dans le cas du syndrome de Gilles de la Tourette, son effet semble pouvoir être potentialisé par la nicotine[10].
Il agit sur les récepteurs de la dopamine dans le cerveau, mais aussi sur les récepteurs α1-adrénergiques et muscariniques, ce qui explique ses effets secondaires.
L'halopéridol est une poudre cristalline inodore de couleur blanche à jaune. Son nom IUPAC est la 4-[4-(p-chlorophényl)-4-hydroxypipéridino]-4′-fluorobutyrophénone et sa formule brute est C21H23ClFNO2.
Le médicament a de forts effets secondaires extrapyramidaux. Parmi ces effets secondaires, on trouve sécheresse de la bouche, léthargie, rigidité musculaire, crampes musculaires, agitation, dyskinésie tardive, tremblements, prise de poids, bien que ces effets secondaires soient plus fréquents si le médicament est pris plusieurs fois par jour pendant une longue période, parfois des années.
Le risque de dyskinésie tardive est d'environ 4 % chez des patients jeunes, plus élevé que chez d'autres antipsychotiques ; chez des patients âgés de plus de 45 ans, ce pourcentage peut être beaucoup plus élevé. Ces symptômes peuvent être permanents, même après l'arrêt du traitement.
Le syndrome malin neuroleptique est un important effet secondaire possible.
L'ester décanoïque correspondant (Haldol décanoate, R13672) constitue une prodrogue de l'haldol permettant une action prolongée après injection intramusculaire. Outre le décanoate d'halopéridol, on peut également utiliser le lactate d'halopéridol.
Historique
Vers le milieu des années 1950, Paul Janssen, à la recherche d'un brevet pour l'entreprise familiale, avait entendu parler de l'effet psychotisant de l'amphétamine constaté chez des cyclistes dopés. Il en déduisit qu'un antagoniste de l'amphétamine pourrait avoir un effet antipsychotique ce qui se confirma avec l'halopéridol. C'est alors que s'imposa, d'abord en Belgique puis dans le reste du monde occidental, celui qui allait devenir le premier des neuroleptiques en psychiatrie. Il présentait en outre l'avantage d'être essentiellement antidélirant, et moins sédatif que les dérivés de la chlorpromazine.
L'halopéridol a été utilisé en psychiatrie punitive en URSS ainsi que sur Abu Zubaydah, l'un des détenus de Guantanamo[11]. Il est également utilisé hors indication médicale lors de l'expulsion des immigrés illégaux aux États-Unis[12] .
Une molécule proche, créée par le même laboratoire, est la rispéridone qui agit comme antagoniste des récepteurs 5HT2A à la sérotonine en plus d'agir sur les récepteurs à dopamine. Plus efficace chez certains patients[13], et présentant moins de risques de toxicité extrapyramidale[14], cette molécule tend à remplacer l'halopéridol dans le traitement des troubles psychotiques.
Classe chimique
Halopéridol (per os ou injectable i.m.) | |
Noms commerciaux |
NB : en France le halopéridol est également présent dans une association médicamenteuse |
---|---|
Classe | Butyrophénone |
Autres informations | Sous classe : |
Décanoate d'halopéridol (injectable i.m.) | |
Noms commerciaux |
|
---|---|
Classe | Butyrophénone |
Autres informations | Sous classe : |
Propriétés pharmacologiques
- Psycholeptique
- Neuroleptique
- Antiémétique
Mécanisme d'action
Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (mai 2013). Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source. |
Blocage des récepteurs dopaminergiques centraux de type D2-like (D2, D3 et D4) et dans une moindre mesure D1-like (D1 et D5). L'activité antipsychotique pourrait venir du blocage des récepteurs dopaminergiques méso-limbiques. Les symptômes extra-pyramidaux proviendraient du blocage de récepteurs dopaminergiques striataux. L'hypersécrétion de prolactine aurait pour origine le blocage de récepteurs dopaminergiques du système tubéro-infundibulaire. L'activité antiémétique serait due à une action au niveau des chemorécepteurs de la trigger zone (en).
Indications
- psychose aiguë et chronique
- Syndrome de Gilles de la Tourette
- Neuroleptique
- Antihallucinatoire
- Antiémétique
Effets secondaires
- Somnolence et sédation
- Modifications du comportement
- Syndrome extra-pyramidal
- dyskinésie tardive
- prise de poids
- Euphorie
Précautions d'emploi
Certains effets indésirables de l'halopéridol sont graves (à risque vital) et doivent motiver l'appel immédiat des urgences médicales : il s'agit du syndrome malin des neuroleptiques (pâleur, hyperthermie, troubles végétatifs) ou de mouvements musculaires incontrôlables (touchant en particulier le visage et la langue). En outre, il n'est pas rare d'observer des spasmes et une instabilité de la face et du cou, tremblements, troubles des règles, impuissance, hypertrophie des seins, sécrétion lactée, prise de poids.
Contre-indications
- Grossesse et allaitement : l'halopéridol peut être pris pendant une grossesse, cependant certains risques peuvent exister[15].
Divers
L'halopéridol fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2013)[16].
Liens externes
- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Halopéridol
Notes et références
- PubChem CID 3559
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) « Haloperidol » sur ChemIDplus.
- Fiche Sigma-Aldrich du composé Haloperidol, consultée le 16 mai 2017. + (pdf) Fiche MSDS
- S. Kudo, T. Ishizaki, "Pharmacokinetics of haloperidol: an update", Clinical pharmacokinetics, 1999, vol. 37(6), pp. 435–56. DOI:10.2165/00003088-199937060-00001, .
- DOLLFUS, S. (1993). Traitement chimiothérapique des tics. In Annales de psychiatrie (Vol. 8, No. 1, p. 18-23). Expansion scientifique publications.
- Boris, M. (1968). Gilles de la Tourette's syndrome: remission with haloperidol. JAMA, 205(9), 648-649.(résumé)
- Legrand, G., Noton-Durand, F., & Jalenques, I. (2008, July). Prise en charge thérapeutique du syndrome de Gilles de la Tourette chez l’enfant et chez l’adulte. In Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique (Vol. 166, No. 6, p. 481-491). Elsevier Masson.
- Hartmann A (2010) Le syndrome Gilles de La Tourette. Les Grands Dossiers des Sciences Humaines, 20(9), 28-28.
- Sanberg, P. R., McConville, B. J., Fogelson, H. M., Manderscheid, P. Z., Parker, K. W., Blythe, M. M.... & Norman, A. B. (1989). Nicotine potentiates the effects of haloperidol in animals and in patients with Tourette syndrome. Biomedicine & pharmacotherapy, 43(1), 19-23.
- (en) Peter Finn, Defense Lawyers Get Access To Secret Guantanamo Camp, Washington Post, 28 octobre 2008
- (en) Amy Goldstein et Dana Priest. « Some Detainees Are Drugged For Deportation » Washington Post, 14 mai 2008, consulté le 29 avril 2013
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2918314/
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11793611
- « Crat - Halopéridol »
- WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013
- Portail de la chimie
- Portail de la médecine
- Portail de la pharmacie