Yahne Le Toumelin
Yahne Le Toumelin, née le à Paris, est une artiste peintre française associée depuis la fin des années 1950 au surréalisme puis à l'art abstrait.
Depuis 2000, elle peint dans son atelier installé en Dordogne.
Biographie
Enfance et formation
Née à Paris, Yahne Le Toumelin grandit au Croisic, en Loire-Atlantique, aux côtés de son frère, Jacques-Yves Le Toumelin. À l’âge de 10 ans, elle s’initie au dessin et réalise ses premières peintures à l’huile.
Admise aux Beaux-Arts de Paris en 1940, elle préfère intégrer l'académie de la Grande Chaumière. Après trois années d’étude passées à l'académie, elle intègre l’atelier d’André Lhote où elle rencontre Henri Cartier-Bresson[1].
En 1942, elle rencontre Georges Gurdjieff chez qui elle fait la connaissance de René Daumal, Lanza del Vasto et Luc Dietrich[2].
Vie avec Jean-François Revel
Chargée par Pierre Schaeffer et Jacques Copeau de réaliser des présentations radiophoniques d’œuvres artistiques au Studio d’essai de la RTF, Yahne Le Toumelin fait la connaissance de Jean-François Revel qui la demande en mariage à l'été 1945. En 1946 naît Matthieu Ricard.
Aux côtés de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian, Orson Welles, Jean Cocteau et Juliette Gréco, elle apparaît en 1947 dans Le Désordre à vingt ans[3],[4] de Jacques Baratier qui peint un tableau de la faune hétéroclite de Saint-Germain-des-Prés au lendemain de la guerre.
De 1947 à 1948, le couple part s’installer à Tlemcen[5] en Algérie où Jean-François Revel est nommé professeur. En 1948, naît Ève Ricard.
De 1950 à 1952, Yahne Le Toumelin part s'installer à Mexico où Jean-François Revel est nommé professeur à l’Institut français d'Amérique latine (IFAL)[6].
À Mexico, elle se lie d’amitié avec Leonora Carrington qui deviendra « sa complice de toujours (…) et suivra, elle aussi, un parcours absolument décalé »[7].
En 1951, elle réalise une fresque géométrique de 60 m2 pour l’Institut français d’Amérique latine et peint des affiches de films pour le premier ciné-club du Mexique[8] où viennent Benjamin Péret, Luis Buñuel, Frida Kahlo, Diego Rivera ou Mario Vargas Llosa.
En 1952, Yahne Le Toumelin et Jean-François Revel se séparent.
Le surréalisme et André Breton
En 1955, André Breton présente Yahne Le Toumelin dans sa galerie, À l’Étoile scellée.
De retour à Paris en 1956, elle rencontre l’artiste Georges Mathieu et se lie d’amitié avec Pierre Soulages et Zao Wou-Ki. En 1957, elle expose plus de 100 tableaux à la galerie Orsay et participe à l’édition du catalogue préfacé par André Breton.
André Breton rend hommage à son œuvre dans Le Surréalisme et la Peinture qui paraît chez Gallimard en 1965[9].
En 1959, Yahne Le Toumelin intègre la galerie René Drouin et, en 1961, expose dans une sélection intitulée « Essai pour la peinture de demain » présentée par Drouin[10] et Ileana Sonnabend à la galerie Marcelle Dupuis.
Bouddhisme et spiritualité
En 1967, Yahne Le Toumelin ouvre le Centre d’Expression, une galerie située à Paris et présentée par André Fermigier dans une critique intitulée Trois raisons pour[11]. Quelques mois plus tard, elle part en Inde, se convertit au bouddhisme tibétain et prend les vœux de nonne auprès du 16e karmapa au Sikkim.
En , elle organise une démonstration intitulée La Révolution du cœur[12].
En 1969, Maurice Béjart demande à Yahne Le Toumelin de composer une fresque de 300 m2 et les costumes pour Les Vainqueurs.
Installée à Darjeeling, en Inde, elle cesse de peindre de 1969 à 1975. En 1985, l'artiste s’installe en Dordogne et entre en retraite bouddhique au Centre de Chanteloube[13] à Saint-Léon-sur-Vézère et cesse de peindre pendant cette période qui dure 3 ans, 3 mois et 3 jours.
En 1989, Yahne Le Toumelin réalise le Voile du Radeau de la Méduse pour les décors d'Hommage à la Révolution de Maurice Béjart au Grand Palais, à Paris.
Œuvre
Du surréalisme à l'abstraction lyrique, Yahne Le Toumelin a couvert plusieurs courants artistiques à travers son œuvre.
Salons et expositions
- De 1957 à 1959 - Salon Comparaisons, musée d'Art moderne de la Ville de Paris
- 1958 - Salon Grands et Jeunes d’aujourd’hui, Grand Palais
- 1961 - « Essai pour la peinture de demain », René Drouin et Illiena Sonnabend
- De 1962 à 1964 - Salon de mai, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
- De 1961 à 1967 - Salon des surindépendants, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
- 1966 - Rencontres d'octobre, musée des beaux-arts de Nantes
- De 1966 à 1969 - Salon d'art sacré, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
- 1967 - Salon des artistes français, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
- 1979 - FIAC, Grand Palais
- 1980 - Rétrospective « Yahne Le Toumelin (1939-1979) », maison de la culture de Rennes
- 1996 - « Hommage à la Visitation », maison de la culture de Périgueux
- 1999 - Musée Linden, Stuttgart
- 2016 - Rétrospective « Yahne Le Toumelin », Espace Mabry, Bordeaux
Publication
- Lumière, rire du ciel : traité de peinture, Paris, éditions Pauvert, 2001 (ISBN 2-720-21435-3) ; rééd. illustrée avec une présentation de Matthieu Ricard, Paris, éditions de La Martinière, 2016 (ISBN 978-2-7324-8022-0)
Notes et références
- Le bon plaisir et renseignement généreux d’Henri Cartier-Bresson, INA (Radio France Culture - réf. HD3248 - 17 min 05 s : Yahne Le Toumelin, peintre) en ligne.
- Collectif, Cahier Luc Dietrich, (ISBN 978-2-86853-304-3), cahier 12 (sous la dir. de Frédéric Richaud).
- « Le Désordre à vingt ans », sur jacques-baratier.org.
- « Le désordre a vingt ans de Jacques Baratier », sur collections.forumdesimages.fr.
- « Fonds Jean-François Revel de la Bibliothèque nationale de France », bnf.fr.
- « Réponse au discours de réception de Jean-François Revel à l'Académie Française ».
- « L'abstraction lyrique », sur rireduciel.com.
- « Réponse au discours de réception de Jean-François Revel », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
- André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Gallimard, (lire en ligne).
- Benezit, Dictionnaire des Artistes, Oxford.
- André Fermigier, « Trois raisons pour », Nouvel Observateur, (lire en ligne).
- Emission : Art actualité / Collection : RTF / ORTF / N° de notice : CAF94056059 / Durée : 13 min 46 s / Ina.fr, .
- Emmanuelle Pirat, (Entretien) Matthieu Ricard : Science de la méditation, CFDT, 10 février 2017.
Voir aussi
Bibliographie
- « Le Piéton de Paris », critique d’art, Le Nouvel Observateur, 1952
- André Breton, Le Surréalisme et de la Peinture, Paris, Gallimard, 1965
- XXe siècle – Nouvelle série – XXXVIe Année, n° 42,
- Collectif, Cahier Luc Dietrich, Cahier douze sous la direction de Frédéric Richaud, 1998
- René Passeron, Les Femmes surréalistes, Paris, Jean-Michel Place, 1999
- Henri Behar, Les Pensées d'André Breton : guide alphabétique, Centre de recherches sur le surréalisme, Paris, CNRS/L'Âge d'Homme, 2000
- René Passeron, L’Histoire du surréalisme, Pierre Terrail, 2001
- Stéphane Arguillère, Matière vivante. Regard sur le peintre Yahne Le Toumelin, Paris, Pauvert, 2001
- Stephen Harris, The Art of Losing Oneself wthout Getting Lost, Surrealism Center, Manchester University-Tate Modern, 2004
- Keith Aspley, Historical Dictionary of Surrealism, 2010
Filmographie
- 1947 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier
- Le Bon Plaisir et renseignement généreux d’Henri Cartier-Bresson
- 1992 : Estivales, documentaire de Violaine Dejoie-Robin sur l'artiste
- 1995 : Affaires de femmes, émission sur Yahne Le Toumelin
- 2016 : C'est à vous, « La méditation de mère en fils, avec Yahne Le Toumelin », sur France 5, (consulté le )
Liens externes
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