Vol Air India 182

Le , une bombe placée à bord du Boeing 747 effectuant le vol Air India 182 explose, détruisant l'appareil à 31 000 pieds (9 450 mètres) d’altitude au-dessus de l’océan Atlantique, au sud-ouest de l’Irlande. L'avion de la compagnie indienne Air India assurait la liaison Montréal - Bombay via Toronto, Londres et Delhi. Les 329 personnes à bord dont quatre-vingt enfants et 268 personnes de nationalité canadienne meurent dans l'attentat. Les restes de l'avion tombent dans l'océan à environ 190 kilomètres au sud-ouest de l'Irlande. L'attentat du vol Air India 182 est la pire attaque terroriste de l'histoire du Canada, l'accident aérien le plus meurtrier d'Air India et l'acte de terrorisme aérien le plus meurtrier jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001.

Vol Air India 182

Le Boeing 747 deux semaines avant l'explosion
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeExplosion en vol
CausesAttentat à la bombe
SiteAu-dessus de l'Atlantique
Coordonnées 51° 03′ 36″ nord, 12° 49′ 00″ ouest
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBoeing 747-237B
CompagnieAir India
No  d'identificationVT-EFO
PhaseCroisière
Passagers307
Équipage22
Morts329
Blessés0
Survivants0

Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique

L'attaque du vol 182 coïncide avec une autre explosion, au sein de l'aéroport de Narita au Japon, se produisant le même jour. Les enquêteurs pensent que les deux complots sont liés et que les responsables visaient un double attentat aérien. Cependant, la bombe de Narita explose avant d'être chargée dans un avion d'Air India car les auteurs n'ont pas tenu compte du fait que le Japon n'utilise pas l'heure d'été.

L'enquête pointe le groupe terroriste Babbar Khalsa d'être à l'origine de l'attentat. Cette organisation armée nationaliste sikh revendique la création du Khalistan, un État souhaité par les indépendantistes sikhs de l'État indien du Pendjab. Bien qu'une poignée de membres sont arrêtés et jugés pour l'attentat, la seule personne condamnée est Inderjit Singh Reyat, un ressortissant canado-britannique et membre de l'International Sikh Youth Federation (ISYF). Il plaide coupable en 2003 d'homicide involontaire coupable et est condamné à quinze ans de prison pour avoir assemblé les bombes qui ont explosé à bord du vol 182 d'Air India et à Narita.

L'enquête et les poursuites qui suivent l'explosion du vol 182 durent près de vingt ans. Il s'agit du procès le plus coûteux de l'histoire du Canada, avec près de 130 millions de dollars canadiens dépensés. Le gouverneur général en conseil nomme en 2006 l'ancien juge de la Cour suprême du Canada, John C. Major, pour diriger une commission d'enquête. Son rapport, publié le , conclut qu'une « série d'erreurs » du gouvernement du Canada, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a permis à l’attaque terroriste d'avoir lieu.

Déroulement des faits

Le à 13 h 30 UTC, un homme se présentant comme M. Singh réserve un siège sur le vol Canadian Pacific Airlines (CP) à partir de Vancouver pour Toronto, demandant que sa valise soit transférée sur le vol 182 (un Boeing 747, VT-EFO, surnommé Kanishka). Les agents, qui l’ont enregistré comme non confirmé, refusent d’abord de mettre le bagage dans le circuit puis acceptent.

À 15 h 50 GMT, M. Singh se présente à Vancouver pour le vol Air India 182. L’agent Jeannie Adams place son bagage pour le vol. À 16 h 18, le vol part sans M. Singh.

Aucune information n'est connue sur l'enregistrement de M. L. Singh à Vancouver pour le vol CP Airlines pour l’aéroport de Tokyo. Jeannie Adams prend aussi son sac qui prend place dans la soute du vol 301 à destination de Bangkok. L.Singh se fait attribuer le siège 38H.

À 20 h 22 GMT le vol CP Airlines 60 arrive à Toronto avec 12 minutes de retard. Quelques passagers et bagages, y compris celui de M. Singh, sont transférés sur le vol d’Air India. D'autres passagers et bagages du vol Air Canada 136 venant aussi de Vancouver font le même trajet.

À 0 h 15 GMT (le ) le vol Air India 181 part de Toronto pour Montréal, avec un retard de 1 h 40 min en raison d'un changement de réacteur sous l’aile gauche. Il arrive 45 min plus tard.

À 5 h 41 le vol pour Tokyo arrive 14 minutes avant l’horaire prévu. Le bagage qui était en transfert pour le vol Air India 301 explose tuant deux des bagagistes et blessant quatre autres personnes. La valise piégée était prévue pour un autre vol de la compagnie Air India, le vol 301, qui devait faire la liaison Tokyo-Bangkok avant de rejoindre New Delhi. Le vol Air India 301 part de Narita à 8 h 5 GMT et parvient en Thaïlande sans problème.

À 7 h 15 le vol 182 disparaît des radars de Shannon et un bruit d’explosion se fait entendre. L’avion devait arriver une heure plus tard.

Les morceaux de l’épave reposent par 2 000 m de fond à près de 250 km des côtes de l’Irlande et s'étalent sur 16 km de long et km de large.

La bombe a tué 22 membres d’équipage et 307 passagers, dont 82 mineurs. C’est l’attentat le plus important commis sur des citoyens canadiens (280 passagers). 2 passagers survécurent à l’explosion ainsi qu'à la chute, mais se noyèrent. L'une des deux victimes noyées, une femme enceinte, fut décrite avec précision par le Dr John Hogan dans un témoignage qu'il porta au coroner, à Cork, le  : « D'autres découvertes significatives furent la présence de grandes quantités de liquide mousseux dans la bouche et les narines, toutes les voies respiratoires et les poumons étaient obstrués par l’eau et extrêmement lourds. L'estomac et l'utérus étaient remplis d'eau. L’utérus contenait un fœtus mâle normal d’environ cinq mois. Le fœtus n’a pas été traumatisé et, à mon avis, la mort est due à la noyade. »[1]

Pour ce qui est des autres victimes, les corps de 197 passagers n'ont jamais été retrouvés, rendant la cause de leur mort incertaine. Sur les 132 corps restants, 8 présentent un type particulier de blessure indiquant que leurs corps se trouvaient en dehors de l'appareil avant le contact avec l'océan (ce qui était une preuve médico-légale de l'explosion en vol), 26 présentent des signes d'hypoxie (manque d'oxygène), 25 (principalement des victimes situés près des hublots) des signes directs de décompression explosive, 23 des signes de « blessures causées par une force verticale ». Tandis que 21 corps ont été retrouvés nus ou en haillons[2].

Un responsable cité dans le rapport du NTSB concernant la catastrophe, le Vice-maréchal de l'air Kunzru, déclara : « Toutes les victimes, comme établi dans le rapport du Premier ministre, seraient décédées à la suite de multiples blessures. Deux des morts, un nourrisson et un enfant, auraient succombé à une asphyxie. Il n'y a aucun doute sur la mort par asphyxie du nourrisson. Cependant, dans le cas de l'autre enfant (le cadavre n°93), le doute est permis car les résultats pourraient aussi être dus au fait qu'il subissait une rotation ou un basculement au niveau du point d'ancrage des chevilles. »[3].

Ahakista Memorial

Secours

Des opérations de secours sont immédiatement organisées afin de repêcher les corps. 17 bateaux, avions et hélicoptères d'Irlande, des États-Unis et de la Grande-Bretagne sont impliqués dans cette manœuvre. 123 cadavres sont récupérés dans les jours suivants. En tout, 131 corps seront retrouvés. Une autre victime sera repêchée quatre mois plus tard en même temps qu'une épave de l'avion, lors d'une dernière opération de recherche effectuée par un navire canadien. 197 corps sont portés disparus.

Passagers et membres d'équipage

Équipage

  • Le commandant de bord : H.S. Narendra, 56 ans, 20379 heures de vol, dont 6488 sur Boeing 747.
  • Le copilote : S.S. Binder, 41 ans, 7489 heures de vol, dont 2469 sur Boeing 747.
  • L'ingénieur de vol : D.D Dumasia, 57 ans, 14885 heures de vol, dont 5512 sur Boeing 747.
  • Personnel de cabine : 19 personnes.

Bilan des victimes

NationalitéPassagersEquipageTotal
Canada2700270
Royaume-Uni27027
Allemagne303
Brésil202
États-Unis303
Italie202
Japon101
France101
Mexique101
Russie101
Australie101
Chine101
Belgique101
Irlande101
Cuba101
Inde02222
Total30722329

Parmar

Le principal suspect était le chef d’un groupe armé sikh, le Babbar Khalsa, agissant au Canada. Talwinder Singh Parmar (en) était supposé avoir conçu l’attaque alors qu’il vivait en Colombie-Britannique. Parmar était un citoyen canadien naturalisé que l’Inde voulait extrader pour ses actions au Punjab. Le service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) obtint l’autorisation d’enregistrer ses conversations téléphoniques le , trois mois avant les attentats.

En 1992 Parmar est tué par la police au Penjab.

Le procès

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En la GRC arrête Ripudaman Singh Malik et Ajaib Singh Bagri sur l’inculpation des meurtres décrits ci-dessus et la tentative de meurtres sur les passagers d’Air India 301. En 2001 elle arrête Inderjit Singh Reyat, suspecté d’être le constructeur des bombes. En 2003 Reyat plaide coupable.

L’avant de la carlingue a pu être reconstitué avec des morceaux de l'épave. Le procès de Malik et Bagri, retardé par des problèmes légaux, commence en et le ils sont acquittés, dans un arrêt[réf. nécessaire] qui dénonce une accusation basée sur des témoignages très fragiles. Les forces de l'ordre déclarent qu'elles maintiennent une équipe d'enquêteurs sur le dossier.

Il y a des allégations[réf. nécessaire] disant que le SCRS est intervenu dans l’enquête en détruisant des centaines de bandes enregistrées afin de protéger leur taupe dans le groupe terroriste. Le SCRS déclare qu’elles étaient sans intérêt.

Médias

L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé « Preuves explosives » (saison 5 - épisode 7).

Références

  1. Jiwa, Salim., The death of Air India flight 182, Paperback Division of W.H. Allen, (ISBN 0352319526 et 9780352319524, OCLC 18985467, lire en ligne), p. 139
  2. (en) « Air India Flight 182 Report » [archive], sur Montereypeninsulaairport.com, (consulté le )
  3. (en) « Air India Official AAR » [archive] (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Listes des passagers

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