Viginum

Viginum, pour « service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères », est le nom de l'agence nationale de lutte contre les manipulations de l'information que la France prévoit de créer en . Ce service à compétence nationale sera rattaché au secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN).

Historique

Plusieurs pays ou groupes d'États se sont dotés de structures similaires. En 2015, l'Union européenne a créé l'East StratCom Task Force (en) (ESCTF) consacrée à la lutte contre les manipulations en provenance de Russie. Aux États-Unis, le Global Engagement Center au sein du Département d'État a la mission de « diriger, synchroniser, intégrer et coordonner les efforts du gouvernement fédéral pour détecter, comprendre, exposer et contrer la propagande étatique et non-étatique, les manœuvres de désinformations visant à saper ou influer sur la politique, la sécurité ou la stabilité des États-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires ». Des initiatives similaires ont été prises en République tchèque et en Suède[1].

L'assassinat de Samuel Paty en est suivi d'une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux. Une « Task force Honfleur » est mise en place afin de détecter et de caractériser cette tentative de déstabilisation qui s'avérera d'origine turque[2].

Lors du conseil de défense du , Emmanuel Macron prend la décision de pérenniser la task force en créant une agence de lutte contre les opérations de manipulation de l'information[3]. Quatre personnes sont chargées du dossier pour un lancement initialement prévu le 1er juin, puis reporté à septembre.

Le nouveau service à compétence nationale est créé par le décret n° 2021-922 du 13 juillet 2021 publié au Journal officiel du 14 juillet[4].

Les élections législatives en Allemagne du et le référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie du serviront de tests[5]. D'autres dossiers sont évoqués : élection présidentielle française de 2022, intervention française au Sahel (Opération Barkhane)[6].

Missions

Selon le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale Stéphane Bouillon, les mission de Viginum seront de « veiller, détecter et caractériser les opérations d'ingérence numérique étrangères aux fins de manipulation de l'information sur les réseaux sociaux »[7]. Il s'agit plus précisément des contenus accessibles publiquement sur les plateformes en ligne.

Le secrétaire général a indiqué lors de son audition par la commission défense de l'assemblée nationale en  : « Soyons bien clair, il ne s'agit absolument pas pour nous de commencer à dire telle information est exacte, telle information est inexacte. Cela c'est le rôle des politiques, des médias, et c'est le rôle de la justice. Cela ne peut pas être le rôle d'une administration et cela ne dois pas être son rôle »[6],[8].

Direction

Par une décision du 15 juillet 2021, le lieutenant-colonel Marc-Antoine Brillant est nommé adjoint au chef[9]. Il est diplômé de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr et de l’école de guerre, titulaire du Mastère spécialisé business performance management de l’ESCP. Il a travaillé à l'agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) entre 2018 et 2021 avant de rejoindre brièvement le SGDSN.

Moyens

L'agence doit comporter 40 personnes d'ici fin 2021 et 65 à la fin , principalement des experts des données et des réseaux sociaux, des analystes, linguistes et informaticiens[10].

Viginum sera doté d'un comité éthique et scientifique composé d'un président choisi parmi les conseillers d’État, d'un membre du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et de six personnalités qualifiées.

Le budget de lancement est évalué à 5 millions puis 12 millions d'euros par an[10].

Notes et références

  1. (en) « L’Agence nationale de lutte contre les manipulations de l’information, nouvelle arme anti-fake news du gouvernement », sur portail-ie.fr (consulté le ).
  2. « Que sait-on de la future agence de lutte contre les manipulations numériques venues de l'étranger ? », sur www.franceinter.fr, (consulté le ).
  3. (en) « FRANCE : Emmanuel Macron launches anti-fake news task force Honfleur - 01/02/2021 », sur Intelligence Online, (consulté le ).
  4. Décret n° 2021-922 du 13 juillet 2021 portant création, auprès du secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, d'un service à compétence nationale dénommé « service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères »
  5. « La France va créer une agence nationale de lutte contre les manipulations de l’information », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Question au Secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale. » (consulté le ).
  7. « Comment l'Etat lutte en coulisses contre les infox », sur LExpansion.com, (consulté le ).
  8. « Le gouvernement va lutter contre les fake news venues de l’étranger avec une quarantaine de Geeks », sur La Revue du Digital, (consulté le ).
  9. Décision du 15 juillet 2021 portant nomination de l'adjoint au chef du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères
  10. Pierre Alonso et Amaelle Guiton, « Les dessous de «Viginum», la future agence contre les manipulations de l’information », sur Libération (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

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