Vichap

Un vichap ou vichab (en arménien Վիշապ, višap) est un type de mégalithe en forme de poisson datant de la période néolithique à l'âge du bronze, que l'on retrouve à proximité des rivières du haut-plateau arménien. Par extension, le nom désigne également les dragons ou serpents du paganisme arménien.

Vichap sur les pentes de l'Aragats, Arménie.

Mégalithe

Ces menhirs datent de la période néolithique à l'âge du bronze[1]. Ils sont antérieurs aux Arméniens, qui les ont parfois ornés de croix (ce qui les rapproche des khatchkars[2], même s'il n'y a pas de lien apparent avec ceux-ci[3]), voire aux Urartéens, qui les ont parfois gravés de cunéiformes[2]. On les retrouve à proximité des rivières du haut-plateau arménien[2]. En Arménie même, on en recense une trentaine[1], dans le Gegham et sur les pentes de l'Aragats[3].

La forme du vichap est décrite comme celle d'un grand poisson[3], d'une baleine[1] ou d'un cigare[2]. Il est gravé d'idéogrammes[3] et de représentations de poissons et de taureaux[2]. La pierre est souvent d'une taille supérieure à 10 pieds[2],[Note 1].

Ces pierres sont liées à un culte de l'eau[1], et notamment à celui de la déesse arménienne Astghig Derketo[3]. Elles avaient vraisemblablement une fonction apotropaïque destinée à éloigner les monstres des rivières[2].


Vichaps découverts dans le Gegham, expédition Marr-Smirnov, 1909[4].

Créature fabuleuse

Vahagn étranglant un vichap, Erevan.

Ces vestiges de cultes pré-arméniens[5] ont intégré le paganisme arménien, dans lequel les vichaps sont des animaux fabuleux, dragons ou serpents[6]. Ces créatures très malveillantes, responsables de tempêtes[2], sont chassées par le dieu Vahagn, le vichapakagh (« étrangleur de dragons »)[5] ; les légendes rapportent ainsi que ce dernier tue tout vichap du lac de Van ayant tellement grandi qu'il pourrait dévorer le monde[2]. Certains de ces vichaps peuvent prendre apparence humaine, comme le « roi dragon » ou « roi serpent » Ajdahak (qui est chez l'historien arménien médiéval Movsès Khorenatsi l'équivalent arménien d'Astyage, roi des Mèdes)[7].

Ces vichaps sont par ailleurs devenus un motif traditionnel des tapis arméniens[6].

Notes et références

Notes
  1. Soit plus de 3 mètres.
Références
  1. Hewsen 2001, p. 22.
  2. Russell 2000, p. 47.
  3. Azarian 1978, p. 27.
  4. Avakian 1994, p. 128.
  5. Chaumont et Traina 2007, p. 107.
  6. Donabédian et Thierry 1987, p. 613.
  7. Khorène 1993, livre I, ch. 24, note 5, p. 338-339.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Anne M. Avakian, Armenian folklore bibliography, Berkeley, Los Angeles, Londres, University of California Press, , 212 p. (ISBN 978-0-520-09794-0, lire en ligne).
  • (hy+ru+en) Levon Azarian (photogr. Manoug Alemian), Խաչքարեր / Хачкары : Armenian Khatchkars, Erevan, Éditions Erebuni, , 213 p. (ASIN B000TD1OSK)
  • Marie-Louise Chaumont et Giusto Traina, « Les Arméniens entre l'Iran et le monde gréco-romain (Ve siècle av. J.-C.-vers 300 ap. J.-C.) », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) [détail des éditions] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 101-162.
  • Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, Les arts arméniens, Paris, Éditions Mazenod, (ISBN 2-85088-017-5).
  • (en) Robert H. Hewsen, Armenia: A historical Atlas, Chicago et Londres, The University of Chicago Press, (ISBN 0-226-33228-4).
  • Moïse de Khorène (trad. Annie et Jean-Pierre Mahé), Histoire de l'Arménie, Paris, Gallimard, coll. « L'aube des peuples », (ISBN 978-2-07-072904-3).
  • (en) James R. Russell, « Van and the Persistence of Memory », dans Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Van/Vaspourakan, Costa Mesa, Mazda, (ISBN 978-1-568-59130-8), p. 43-56.
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