Vernon Duke

Vernon Duke est un compositeur et lyriciste d'origine russe, naturalisé américain, né Vladimir Alexandrovitch Dukelsky (en russe : Владимир Александрович Дуке́льский) à Parafianovo (Gouvernement de Vilna, dans l'Empire russe, actuel district de Minsk en Biélorussie) le , décédé d'un cancer à Santa Monica (Californie, États-Unis) le .

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Vernon DukeVladimir Dukelsky
Photographié en 1937
Nom de naissance Vladimir Alexandrovitch Dukelsky
(Владимир Александрович Дуке́льский)
Naissance
Parafianovo (Gouvernement de Vilna)
Alors Empire russe
Actuelle Biélorussie
Décès
Santa Monica (Californie)
États-Unis
(naturalisé américain en 1939)
Lieux de résidence New York, Paris ...
Activité principale Compositeur
Style Comédie musicale
Musique de film
Musique classique
Classique : ballet, concerto, mélodie, piano solo, symphonie ...
Activités annexes Lyriciste
Lieux d'activité Broadway, Hollywood, Paris ...
Années d'activité 1918-1968
Collaborations George Balanchine
Serge de Diaghilev
Ira Gershwin
Yip Harburg
Serge Koussevitzky ...
Éditeurs Boosey & Hawkes ...
Maîtres Reinhold Glière
Joseph Schillinger ...
Conjoint Kay McCracken (de 1957 à 1969)

Œuvres principales

Biographie

Né près de Minsk, alors dans l'Empire russe, Vladimir Dukelsky étudie au conservatoire de Kiev de 1916 à 1919, notamment la composition auprès de Reinhold Glière. À la suite de la révolution russe, lui et sa famille quittent le pays en 1920 et, après un passage par l'Europe, émigrent aux États-Unis en 1921, s'installant alors à New York. L'année suivante (1922), Dukelsky rencontre George Gershwin (qui lui suggère d'adopter le nom de "Vernon Duke"), avec lequel il se lie d'une grande amitié ; il se lie également avec le frère de George, Ira Gershwin (l'un de ses collaborateurs par la suite).

De 1924 à 1929, Vernon Duke séjourne en Europe, se partageant entre Paris et Londres. Dans la capitale française, il rencontre notamment ses compatriotes exilés Serge Prokofiev, Serge de Diaghilev (qui lui commande, pour ses Ballets russes, le ballet Zéphir et Flora, créé en 1925) et surtout le chef d'orchestre Serge Koussevitzky, avec lequel il entame une fructueuse collaboration. Ainsi, la première symphonie du jeune compositeur est créée à Paris en 1928, sous la direction du chef, dans le cadre de ses "Concerts Koussevitzky" (notons que la deuxième symphonie de Duke sera également créée à Paris, en 1937, cette fois sous la direction d'Albert Wolff). Plus tard, aux États-Unis, Koussevitzy assurera la création, à la tête de son orchestre symphonique de Boston : de Dédicaces (titre original), pour piano, soprano obligée et orchestre (en 1939, à New York) ; d'un concerto pour violon (en 1943, à Boston, avec la violoniste Ruth Posselt) ; d'un concerto pour violoncelle (en 1946, à Boston, avec le violoncelliste et commanditaire de l'œuvre Gregor Piatigorsky, autre exilé). Pour l'heure, durant son séjour européen, Vernon Duke collabore à Londres, au théâtre, à plusieurs productions musicales diverses entre 1925 et 1929 ; si ces contributions sont le plus souvent modestes (quelques songs), deux sont toutefois de plus grande envergure : l'opérette Yvonne, créée en 1926, dont il réalise l'adaptation musicale pour cette création londonienne (il s'agit au départ d'une opérette allemande de 1925, titrée Uschi, composée par Jean Gilbert) ; et surtout, The Yellow Mask, créée en 1928, sa première comédie musicale comme compositeur à part entière.

De retour à New York en 1929, Vernon Duke entame dès 1930 une carrière à Broadway ; jusqu'en 1958, il compose principalement pour des comédies musicales et revues (dont deux des Ziegfeld Follies), collaborant entre autres avec le chorégraphe George Balanchine et les lyricistes Ira Gershwin et Yip Harburg — lui-même sera occasionnellement lyriciste —. L'un de ses grands succès est la comédie musicale Un petit coin aux cieux (Cabin in the Sky), créée en 1940, chorégraphiée par Balanchine, avec une distribution exclusivement afro-américaine (dont Ethel Waters et Rex Ingram, qui reprendront leurs rôles dans l'adaptation au cinéma de 1943, réalisée par Vincente Minnelli). Sa dernière contribution à Broadway est une musique de scène pour la pièce de Jean Anouilh Léocadia, adaptée sous le titre Time remembered (jouée en 1957-1958). Ultérieurement, les créations prévues à Broadway de deux autres comédies musicales (The Pink Jungle en 1959 et Zenda en 1963) seront annulées, après les représentations préalables en tournée aux États-Unis.

Observons ici que Duke reprend en 1934-1935 ses études musicales et suit des cours d'orchestration auprès de Joseph Schillinger, en prévision notamment de son futur travail à Broadway. Et en 1939, il obtient la citoyenneté américaine, sous le nom désormais officiel de Vernon Duke (occasionnellement, pour certaines de ses compositions "classiques", il continuera toutefois d'utiliser par la suite son nom de naissance).

Après la Seconde Guerre mondiale (il sert alors au sein de l'US Coast Guard), il fait un nouveau séjour à Paris de 1946 à 1948, durant lequel sont créés le ballet Le Bal des blanchisseuses (titre original) — par les Ballets des Champs-Élysées, en 1946 —, ainsi que la cantate Paris aller et retour (titre original) — à la radio, en 1948 —. Revenu aux États-Unis, il quitte New York et s'installe définitivement en Californie. En 1957, il épouse la chanteuse Kay MacCracken qui, devenue sa veuve en 1969, fera donation à la Bibliothèque du Congrès (Washington), dans les années 1980, des manuscrits, correspondances et autres documents du compositeur, désormais librement consultables.

Vernon Duke collabore également avec Hollywood. À côté de ses quelques contributions originales (entre 1929 et 1948), bon nombre des songs qu'il a écrits pour Broadway seront utilisés au cinéma, comme dans Avril à Paris (April in Paris) : ce film musical américain, sorti en 1952, emprunte son titre au song éponyme (écrit pour la revue Walk a Little Faster, créée à Broadway en 1932). Très rapidement, April in Paris (lyrics de Yip Harburg) s'imposera comme un standard de jazz et sera repris notamment par Louis Armstrong, Billie Holiday ou Charlie Parker. Autre exemple, le song Autumn in New York (tiré de la revue Thumb Up !, créée à Broadway en 1936) deviendra de même un standard de jazz.

Dans le domaine de la musique classique, Vernon Duke (influencé par le néo-classicisme — dont Serge Prokofiev est l'un des tenants les plus connus — et le néoromantisme) est l'auteur de pièces pour piano, de quelques œuvres de musique de chambre, de compositions pour orchestre (concertos, symphonies, ballets...), ainsi que de nombreuses partitions pour voix soliste(s) et/ou chorales (dont des mélodies et un opéra).

Enfin, il est l'auteur d'une autobiographie, publiée en 1955[1].

Œuvres classiques (sélection)

Pièces pour piano

Musique de chambre

Œuvres pour orchestre

Œuvres concertantes
  • 1923 : Concerto pour piano en ut majeur[2] ;
  • 1931 : Ballade pour piano, orchestre à cordes et timpani obligés (rév. — révision — 1943) ;
  • 1943 : Concerto pour violon en sol mineur ;
  • 1945 : Concerto pour violoncelle ;
  • 1955 : Our Last Tango, avec piano ; Variations on an Old Russian Chant, pour hautbois et orchestre à cordes.
Symphonies
  • 1928 : Symphonie no 1 en fa majeur ;
  • 1937 : Symphonie no 2 en ré bémol majeur (rév. 1945 puis 1952) ;
  • 1946 : Symphonie no 3 en mi majeur.
Musiques de ballet
  • 1925 : Zéphir et Flora (titre original) ;
  • 1935 : Jardin public (titre original) (rév. 1945 puis 1954) ;
  • 1938 : Entr'acte (titre original) (rév. 1947 puis 1968) ;
  • 1946 : Le Bal des blanchisseuses (titre original) ;
  • 1949 : Songe d'une nuit d'hiver (titre original) ;
  • 1954 : Emperor Norton, d'après Offenbach ;
  • 1961 : Lady Blue.
Autres œuvres
  • 1919 : Verlainiana, petite suite ;
  • 1922 : Gondla, prélude op. 4 ;
  • 1945 : Ode to the Milky Way, créée à New York en 1946, sous la direction de Leonard Bernstein.

Œuvres pour voix soliste(s) et/ou chorales

  • 1921 : 6 mélodies pour voix et piano (éd. New York 1930) ;
  • 1928 : 5 poèmes d'Alexandre Pouchkine pour voix et piano ;
  • 1931 : 6 poèmes de Kevgeny Baratynsky pour voix haute et piano ; Epitath pour soprano, chœurs et orchestre (rév. 1962) ;
  • 1932 : Journey to Italy ou An Italian Voyage, suite pour voix et piano ; The End of St. Petersburg, oratorio pour soprano, ténor, baryton, chœurs et orchestre (rév. 1937 puis 1960), créé au Carnegie Hall de New York en 1938 ;
  • 1937 : Dédicaces (titre original) pour piano, soprano obligée et orchestre (rév. 1965) ;
  • 1943 : Victorian Street Ballads, 6 songs pour voix de femmes et piano ;
  • 1944 : A Song about Myself, pour chœurs et orchestre ;
  • 1945 : Park Avenue Lyrics, 12 songs pour voix et piano ; Six Songs from 'A Shropshire Lady' pour voix et piano ; Ballade made in the Hot Weather, pour voix de femmes et petit orchestre ;
  • 1948 : Paris aller et retour (titre original), cantate pour ensemble vocal et piano ;
  • 1949 : La Bohème et mon cœur (titre original), 7 poèmes de Francis Carco pour voix et piano ; Ogden Nash's Musical Zoo, pour voix et piano ; Three Songs, pour ténor, trois voix de femmes et piano ;
  • 1953 : Six mélodies de Tristan L'Hermite pour voix et piano ;
  • 1955 : Four Songs, sur des poèmes de William Blake, pour voix et piano ;
  • 1956 : 4 chœurs (le premier a cappella, les trois autres avec piano) ;
  • 1957 : The Seven Spirituals Ages of Mrs. Marmaduke Moore, pour voix et piano ;
  • 1958 : Mistress into Maid, opéra en deux actes d'après Pouchkine, dédié à Serge de Diaghilev (commencé en 1928 ; rév. 1967) ;
  • 1964 : 6 romances de Mikhaïl Lermontov pour voix et piano ;
  • 1965 : Ten Songs in American, pour voix et piano ;
  • 1966 : Anima eroica (Ode to St. Brigitte), pour soprano, deux flûtes, hautbois, clarinette et piano.

Théâtre musical (sélection)

Comédies musicales à Broadway, comme compositeur à part entière, sauf mention contraire

Musiques de films

Contributions originales

Notes

  1. Vernon Duke, Passport to Paris, Little - Brown, Boston, 1955, 502 p.
  2. Vernon Duke avait écrit son concerto pour piano à l'attention d'Arthur Rubinstein, en vue d'une création à Paris en 1924 qui n'eut pas lieu ; l'œuvre demeura manuscrite et non orchestrée, jusqu'en 1998, année où le pianiste et chef d'orchestre américain Scott Dunn réalisa une orchestration, et en assura la création au piano en 1999 à Carnegie Hall, avant d'en effectuer un enregistrement, publié en disque-compact chez Naxos, sous la réf. 8.559286 (CD comprenant également le concerto pour violoncelle et la suite pour piano seul Homage to Boston).

Liens externes

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