Jean Anouilh

Jean Anouilh (/a.nuj/) est un dramaturge et scénariste français né le à Bordeaux (Gironde) et mort le à Lausanne (Suisse). Son œuvre théâtrale commencée en 1932 est particulièrement abondante et variée : elle est constituée de nombreuses comédies souvent grinçantes et d'œuvres à la tonalité dramatique ou tragique comme sa pièce la plus célèbre, Antigone, réécriture moderne de la pièce de Sophocle.

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Anouilh a lui-même organisé ses œuvres en séries thématiques, faisant alterner d'abord Pièces roses et Pièces noires. Les premières sont des comédies marquées par la fantaisie comme Le Bal des voleurs (1938) alors que les secondes montrent dans la gravité l'affrontement des « héros » entourés de gens ordinaires en prenant souvent appui sur des mythes comme Eurydice (1941), Antigone (1944) ou Médée (1946).

Après la guerre apparaissent les Pièces brillantes qui jouent sur la mise en abyme du théâtre au théâtre (La Répétition ou l'Amour puni en 1947, Colombe en 1951), puis les Pièces grinçantes, comédies satiriques comme Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes (1956). Dans la même période, Jean Anouilh s'intéresse dans des Pièces costumées à des figures lumineuses qui se sacrifient au nom du devoir : envers la patrie comme Jeanne d'Arc dans L'Alouette (1953) ou envers Dieu comme Thomas Becket (Becket ou l'Honneur de Dieu en 1959). Le dramaturge a continué dans le même temps à servir le genre de la comédie dans de nombreuses pièces où il mêle farce et ironie (par exemple Les Poissons rouges ou Mon père ce héros en 1970) jusque dans les dernières années de sa vie.

Jean Anouilh a également adapté plusieurs pièces d'auteurs étrangers, Shakespeare en particulier. Il a aussi mis en scène certaines de ses œuvres (par exemple Colombe en 1974), en même temps qu'il travaillait à des scénarios pour le cinéma ou à la télévision.

Biographie

Genèse d'une passion (1923-1932)

Jean-Marie-Lucien-Pierre Anouilh est le fils de François Anouilh, tailleur, et Marie-Madeleine Soulue, professeur de piano et pianiste d'orchestre à Arcachon[1]. C'est en 1923 au lycée Chaptal que son amour pour le théâtre se manifeste. C'est également là qu'il fera la connaissance de Jean-Louis Barrault[2]. Des rencontres littéraires essentielles interviennent. Tout d'abord, vers 1926[3], celle de Jean Cocteau avec Les Mariés de la tour Eiffel. Jean Anouilh relate lui-même cette découverte en ces termes :

« J'ouvris le numéro, désœuvré, distrait, je passais les romans, homme de théâtre en puissance je méprisais déjà ces racontars et j'arrivais à la pièce dont le titre insolite m'attira. [...] Dès les premières répliques quelque chose fondit en moi : un bloc de glace transparent et infranchissable qui me barrait la route. [...] Jean Cocteau venait de me faire un cadeau somptueux et frivole : il venait de me donner la poésie du théâtre[3]. »

À cette époque, Anouilh se nourrit des lectures de Paul Claudel, Luigi Pirandello et George Bernard Shaw. Deuxième grande découverte celle de Jean Giraudoux en 1928, au poulailler de la comédie des Champs-Élysées, à travers sa pièce Siegfried, qu'Anouilh finit par apprendre par cœur[4].

Après avoir travaillé quelques semaines au bureau des réclamations des Grands Magasins du Louvre puis pendant deux ans dans l'agence de publicité Étienne Damour avec, entre autres, Jacques Prévert, Georges Neveux, Paul Grimault[5] et Jean Aurenche[6], Anouilh, succédant à Georges Neveux, devient entre 1929 et 1930, le secrétaire général de la comédie des Champs-Élysées, que dirige alors Louis Jouvet[7]. Anouilh est chargé de rédiger des notes sur les manuscrits reçus et de composer la salle pour les générales. La collaboration entre Anouilh et Jouvet est houleuse, Jouvet sous-estimant les ambitions littéraires de son employé. Ni Anouilh lui-même, qu'il surnomme « le miteux »[8], ni son théâtre ne trouveront grâce aux yeux de Jouvet. Après la lecture de La Sauvage, il déclare à Anouilh : « Tu comprends mon petit gars, tes personnages sont des gens avec qui on ne voudrait pas déjeuner ! »

En , Jean Anouilh est mobilisé et part faire son service militaire à Metz puis à Thionville. Après deux mois de service, il est réformé temporaire et revient à Paris[9]. Anouilh vit alors, dans un atelier à Montparnasse puis dans un appartement rue de Vaugirard, meublé avec l'aide de Jouvet, avec qui il s'est provisoirement réconcilié[10]. Il emménage avec la comédienne Monelle Valentin[11], qui créera entre autres le rôle-titre d'Antigone en 1944, et dont il aura une fille, Catherine[12], (1934-1989), et qui deviendra elle aussi comédienne (elle créera la pièce que son père écrira pour elle Cécile ou l'École des pères en 1954). Le couple se sépare en 1953 et Anouilh épouse la comédienne Nicole Lançon qui deviendra sa principale collaboratrice et avec laquelle il aura trois enfants : Caroline[13], Nicolas et Colombe[14].

Premières œuvres (1932-1936)

En 1932, Jean Anouilh fait représenter sa première pièce, Humulus le muet, écrite en collaboration avec Jean Aurenche en 1929. C'est un échec. Quelque temps après, il propose L'Hermine à Pierre Fresnay qui accepte immédiatement de la jouer[15]. Le a lieu la création de L'Hermine, au théâtre de l'Œuvre, mise en scène par Paulette Pax. 90 représentations seront données. L'adaptation cinématographique de L'Hermine lui procure 17 000 francs de droits qui lui permettent de faire déménager ses parents « vers la banlieue de leurs rêves »[16]. Les deux pièces qui suivent, Mandarine, créée en 1933 au théâtre de l'Athénée, et Y'avait un prisonnier en 1935 au théâtre des Ambassadeurs (dans une mise en scène de Marie Bell), sont des échecs. Ce sont à nouveau les droits cinématographiques de Y'avait un prisonnier, acquis par la Metro Goldwyn Mayer, qui permettent à Anouilh de vivre convenablement pendant un an en Bretagne, avec Monelle Valentin et sa fille, période au cours de laquelle il retravaille La Sauvage et écrit Le Voyageur sans bagage[17]. C'est en 1935 également que Jean Anouilh rencontre pour la première fois Roger Vitrac, avec qui il se lie d'amitié[18] et dont il reprendra, en 1962, la pièce Victor ou les Enfants au pouvoir.

Premiers grands succès : du Voyageur sans bagage (1937) au Rendez-vous de Senlis (1941)

En 1936, Louis Jouvet, à qui Anouilh espère confier la création du Voyageur sans bagage, le « fait traîner avec des proverbes de sagesse agricole »[19]. Furieux lorsqu'il apprend que Jouvet préfère finalement monter Le Château de cartes de Steve Passeur, Anouilh transmet le jour même son manuscrit à Georges Pitoëff, directeur du théâtre des Mathurins. Il raconte :

« Je portai un soir ma pièce aux Mathurins des Pitoëff dont je n'avais même pas vu un spectacle. Le lendemain matin je recevais un pneumatique me demandant de passer le voir. Il m'attendait, souriant, dans un petit bureau étriqué, tout en haut du théâtre (je n'y pénètre jamais depuis, sans avoir le cœur qui bat - c'est là que j'ai été baptisé) et il me dit simplement qu'il allait monter ma pièce de suite. Puis, il me fit asseoir et se mit à me la raconter... J'étais jeune, je ricanais (intérieurement) pensant que j'avais de bonnes raisons de la connaître. Je me trompais. Je m'étais contenté de l'écrire, avec lui je la découvrais... [...] Ce pauvre venait de me faire un cadeau princier : il venait de me donner le théâtre[19]... »

Créé au le dans une mise en scène de Georges Pitoëff, Le Voyageur sans bagage est le premier grand succès d'Anouilh, avec 190 représentations[20]. Les acteurs principaux sont Georges et Ludmilla Pitoëff. Darius Milhaud en écrit la musique de scène, sous forme d'une Suite pour violon, clarinette et piano (op.157b). Dès lors, Anouilh gardera toute sa vie une réelle affection pour les Pitoëff[note 1] et notamment Georges, celui qu'Anouilh décrit comme l'« étrange Arménien dont le Tout-Paris bien pensant se moquait »[19] et à propos duquel Jouvet avait dit « Je n'aime l'Arménien que massacré »[21].

En 1938, il obtient deux nouveaux succès critiques et publics avec deux pièces écrites au début des années 1930 et retravaillées à plusieurs reprises au cours des années suivantes : La Sauvage (créée le au théâtre des Mathurins, à nouveau dans une mise en scène de Georges Pitoëff et avec une musique de scène de Darius Milhaud)[22] et Le Bal des voleurs (créée le au théâtre des Arts), pièce par laquelle Anouilh inaugure sa collaboration avec André Barsacq, qui dirige alors la compagnie des Quatre-Saisons[23] et qui sera son principal interlocuteur et metteur en scène, pendant plus de quinze ans. L'accueil de la critique est très favorable pour ces deux pièces, reconnaissant unanimement Anouilh comme un grand dramaturge, La Sauvage générant toutefois des oppositions idéologiques plus fortes, principalement en raison de la place occupée par la religion dans la pièce[24]. Colette écrit en 1938 :

« Un accent qui se reconnaît dès les premières répliques, une aptitude à la grandeur, la facilité, dévolue à Anouilh, de dépasser les auteurs dramatiques de sa génération, les charmes d’une fraîche matière intellectuelle, voilà bien de quoi emporter, effacer ce qu’au passage nous avons cru pouvoir nommer faiblesses[25]. »

Cette même année 1938, Anouilh participe à la création de la revue La Nouvelle Saison avec notamment Jean-Louis Barrault, René Barjavel et Claude Schnerb, qui publie Humulus le muet (jamais publiée depuis sa création en 1932), avec des dessins de Raymond Peynet[26], ainsi que sa nouvelle Histoire de M. Mauvette et de la fin du monde[27]. Toujours la même année, il rencontre Robert Brasillach (dont il demandera la grâce en 1945) « dans les coulisses, chez Pitoëff ». Anouilh décrira ainsi cette rencontre en 1955 dans Défense de l'Occident :

« Voilà un jeune homme qui vous aime bien, et qui aime bien le théâtre, me dit Georges, vous devriez le connaître. Un gros regard étonné derrière de grosses lunettes, un sourire enfantin. Pas de choc de sympathie particulier. Mon vieux complexe devant les « intellectuels » qui vont me faire le coup du mépris. Le coup du mépris que je leur fais moi-même, aussi injustement. Le normalien répugne vaguement et fait impression, en même temps, au bachelier sans mention et sans latin que je suis. Ma méfiance inguérissable pour ceux qui ont des idées générales. Il me dit qu'il aimerait publier une de mes pièces dans son journal. Je la promets[28]. »

En , Anouilh est rappelé en service auxiliaire et affecté à la garnison d'Auxerre, comme secrétaire d'un commandant. Fait prisonnier en juin, il est finalement libéré grâce à l'oubli du tampon sur son livret militaire lors de son incorporation, faisant croire à son arrestation comme civil, alors qu'il se rendait à une visite médicale dans sa garnison[29]. Anouilh rejoint alors à Paris sa femme et sa fille.

En , Le Bal des voleurs est repris par André Barsacq qui vient de succéder à Charles Dullin à la direction du théâtre de l'Atelier[30]. Suivent en l'espace de quelques mois, deux nouveaux succès pour Anouilh. Le premier, grâce à Léocadia, montée au théâtre de la Michodière par Pierre Fresnay, qui appréciait le talent d'Anouilh depuis le succès du Voyageur sans bagage[30]. La création a lieu le avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay dans les premiers rôles, sur une musique de Francis Poulenc (op.106) et dans des décors et des costumes d'André Barsacq. Brasillach rappelle alors à Anouilh sa promesse et obtient la publication de Léocadia dans Je suis partout, étalée sur cinq numéros. Le second, avec Le Rendez-vous de Senlis, créé au théâtre de l'Atelier par André Barsacq le . Les deux pièces font chacune l'objet d'environ 170 représentations[31].

Antigone et l'Occupation (1941-1945)

L'Antigone classique, contrastant avec « la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux » d'Anouilh.

À l'été 1941, Anouilh et sa femme se réfugient à Salies-de-Béarn, où ils resteront jusqu'en  ; Anouilh y travaillera à ce qui sera sa prochaine pièce, Eurydice[30]. Tous deux tentent de protéger Mila, femme juive d'origine russe d'André Barsacq. Ils l'hébergeront plusieurs mois dans leur appartement de l'avenue Trudaine à leur retour à Paris.

C'est en pleine Occupation allemande qu'Anouilh fait jouer deux Pièces noires, tout d'abord Eurydice, créée le , puis Antigone, créée le , toutes deux au théâtre de l'Atelier dans une mise en scène, un décor et des costumes d'André Barsacq, avec Monelle Valentin dans le rôle-titre.

Faut-il accorder une portée politique aux deux pièces et tout particulièrement à Antigone ? Anouilh n'a officiellement pris position ni pour la Collaboration ni pour la Résistance et il est vraisemblable qu'il n'ait eu, jusqu'à la création d'Antigone qu'une vague idée de ce qu'était réellement la Résistance[32]. Pour autant, un faisceau d'éléments amène à voir dans Antigone une forte allusion aux excès ou aux drames de la Collaboration (plus qu'à une apologie de la Résistance). Plusieurs dizaines d'années plus tard, Anouilh donne des explications allant dans ce sens. Ainsi, il écrit dans La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique :

« Antigone, commencée d'écrire le jour des terribles affiches rouges[note 2], ne fut jouée qu'en 1944 [...]. Plus perspicace, un écrivain allemand [...] alerta, m'a-t-on dit, Berlin, disant qu'on jouait à Paris une pièce qui pouvait avoir un effet démoralisant sur les militaires qui s'y pressaient. »

Toujours à l'appui de cette thèse, la 4e de couverture d'Œdipe ou le Roi boiteux (écrite par Anouilh en 1978 et publiée en 1986) indique :

« L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai ré-écrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre[33]. »

Autre indice allant dans ce sens, le , Anouilh écrit à Barsacq :

« S'il en est encore temps avant de donner Antigone, relisez le manuscrit en pensant à la censure et si vous repérez des phrases dangereuses (les affiches, le discours du chœur à la fin), envoyez-le-moi. Il vaut mieux que cela ne soit pas tripatouillé sur le manuscrit qu'on enverra[34]. »

Malgré cela, quelques critiques et résistants ont voulu voir au contraire dans Antigone une apologie de la collaboration[35],[36]. Parmi les faits reprochés à Anouilh à la Libération : son amitié pour Pierre Fresnay, les textes publiés dans des journaux collaborationnistes et son soutien actif à la demande de grâce en faveur de Brasillach. Parmi les ennemis d'Anouilh figuraient Armand Salacrou[37] et le journal clandestin Les Lettres françaises qui écrivit : Antigone « est une pièce ignoble, œuvre d'un Waffen-SS »[38],[note 3]. Anouilh restera très longtemps marqué par ces accusations, qu'il considérait comme profondément injustes[39],[40],[41].

A contrario, pour les tenants de l'interprétation anti-collaborationniste, la plus couramment adoptée et répandue aujourd'hui[note 4], le personnage d’Antigone, inspiré du mythe antique, mais en rupture avec la tradition de la tragédie grecque, devient l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois édictées par Créon / Pétain qu'elle juge iniques. Si l'allégorie est réelle, le parti de l'auteur n'était vraisemblablement, lui, acquis à aucun des deux camps[42].

Les « deux » premières d'Antigone, celle antérieure à la Libération de Paris le , comme celle postérieure le , furent toutes deux des succès[43]. La pièce est jouée 226 fois en un peu moins d'un an.

À la Libération, Anouilh s'érige contre l'épuration. Tentant de sauver la tête de Robert Brasillach, au même titre que 50 personnalités dont Albert Camus, François Mauriac, Paul Valéry ou Colette[44],[45], il participe activement au recueil des signatures. Anouilh n'est revenu qu'assez tardivement sur ces épisodes, qui ont toutefois constitué une réelle blessure :

« La liste inutile (on aurait eu autant de chance en la déposant au pied d'une statue de Bouddha au musée Guimet) portait, je crois me souvenir, cinquante et une signatures célèbres. Je m'honore d'en avoir décroché sept, sur une douzaine de visites. J'aurais donc fait, on me l'a assuré, un assez bon représentant en clémence — article difficile à placer entre tous, on le constate encore de nos jours, à des gens en proie à l'indifférence et à la frousse, ces deux maladies des guerres civiles. Je suis pourtant revenu vieux — si vieux que je n'ai même plus envie de dire à cause de qui et pourquoi[46]. »

Une carrière prolifique (1945-1955)

En 1945, Anouilh contribue indirectement à la création des éditions de la Table ronde en confiant Antigone à son jeune fondateur Roland Laudenbach, neveu de son ami le comédien Pierre Fresnay. L'année suivante, alors qu'Antigone est jouée à New York avec Katharine Cornell dans le rôle-titre, Roméo et Jeannette est mise en scène par André Barsacq au théâtre de l'Atelier ; il s'agit de la première pièce interprétée par Michel Bouquet qui deviendra l'acteur-fétiche d'Anouilh, mais aussi par Jean Vilar, Suzanne Flon et Maria Casarès. Malgré cette distribution et 123 représentations, Anouilh qualifie cette pièce de four mémorable[30]. En 1947, Anouilh s'installe en Suisse, à Chesières, près de Villars-sur-Ollon, dans le canton de Vaud. Renouant avec les Pièces roses, il écrit L'Invitation au château, montée la même année, toujours par Barsacq, et avec une musique de scène de Francis Poulenc (op.138). La pièce reste à l'affiche pendant plus d'un an, accueillie quasi-unanimement par la critique et le public réunis. Elle sera reprise plusieurs fois, notamment en 1953 avec Brigitte Bardot, qui fera ses débuts à la scène[30].

Par la suite, la fécondité de l'auteur ne tarit plus. La carrière d'Anouilh sera accompagnée de nombreux succès pendant une trentaine d'années. En , sa première pièce, Humulus le muet, qui n'avait jamais été montée, est créée au théâtre de la Cité universitaire de Paris[note 5]. 1948 est aussi l'année d'une rencontre importante, celle de Jean-Denis Malclès qui deviendra son décorateur attitré jusqu'aux dernières pièces, à l'occasion de la création à la comédie des Champs-Élysées de Ardèle ou la Marguerite (classée par son auteur parmi les Pièces grinçantes) et de Épisode de la vie d'un auteur, mises en scène par Roland Piétri. C'est aussi, à l'occasion de ces deux pièces, qu'Anouilh s'éloigne du théâtre de l'Atelier et d'André Barsacq, plus orientés vers le théâtre d'avant-garde (même si Colombe en 1951 et Médée en 1953 y seront montées)[47]. En 1948, Anouilh rencontre aux cours Simon celle qui sera sa seconde épouse, Nicole Lançon[48]. En , c'est la naissance de Caroline, la première des trois enfants issus de son union avec Nicole[49]. La même année, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[50].

Chaque année qui passe voit la création d'une pièce et l'écriture de la suivante : La Répétition ou l'Amour puni en 1950, Colombe en 1951, La Valse des toréadors en 1952 (qui sera reprise avec Louis de Funès en 1973), Médée (dernière collaboration avec André Barsacq) et L'Alouette en 1953, Cécile ou l'École des pères en 1954 (dont le rôle-titre est joué par la propre fille de Jean Anouilh, Catherine) et Ornifle ou le Courant d'air en 1955. Toutes sont des succès et sont accompagnées d'une réception critique plus ou moins enthousiaste, mais jamais négative[51].

En 1952, Anouilh s'installe avec Nicole, leurs deux enfants (Nicolas, son fils, est né en [52]) et Catherine, sa première fille, dans une maison à Montfort-l'Amaury[53]. À la fin de l'année 1953, Catherine se marie avec Alain Tesler, assistant réalisateur (notamment sur Deux sous de violettes et Le Rideau rouge, films dans lesquels joue Monelle Valentin et aux dialogues desquels a travaillé Jean Anouilh)[54]. Le , Anouilh épouse Nicole en Angleterre. Leur troisième enfant naîtra deux ans plus tard. Toute la famille s'installe en 1954 à Paris, rue de Furstenberg dans le 6e arrondissement[55],

Controverse autour de Pauvre Bitos (1956-1958)

Créée le au théâtre Montparnasse-Gaston Baty, dans une mise en scène conjointe de Roland Piétri et d'Anouilh lui-même, avec notamment Michel Bouquet, Pierre Mondy et Bruno Cremer, Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes imagine un dîner dont les protagonistes sont déguisés en personnages de la Révolution française. Le convive qui joue Robespierre, Bitos, est un ancien camarade de classe des autres convives, celui qui raflait tous les premiers prix, le seul roturier de la bande, mais également celui devenu procureur qui a requis, après la guerre, contre tous les collaborateurs ou ainsi présumés[56].

Anouilh dénonce ainsi à nouveau, sous la figure des excès de la Terreur, ceux de l'épuration d'après-guerre, dans un contexte français de montée de la violence en Algérie. Il règle ses comptes, en quelque sorte, avec ceux qui, dix ans plus tôt, l'accusaient d'avoir collaboré. Au-delà, la pièce est un manifeste contre tous les exercices abusifs du pouvoir, quels qu'ils soient, et les critiques contemporains s'accordent sur une vision plus intemporelle de la pièce que celle qui a prévalu à sa création[57].

Tandis que la générale laisse supposer un échec (silence tout au long de la pièce, quelques applaudissements à la fin, un timide rappel, fureur et bagarres à la sortie), la pièce connut un réel succès auprès du public (308 représentations)[57]. De même, dès le lendemain les critiques se déchaînent, accablant Anouilh et voyant notamment dans Pauvre Bitos un pamphlet contre la Résistance[58]. Des voix contraires s'élèvent (notamment dans la presse d'extrême-droite, mais pas seulement), certains autres journaux « comptant les points » et recensant les pour et les contre[57].

Le triomphe de Becket (1959-1961)

Enluminure du XIIIe siècle représentant le meurtre de Thomas Becket.

L'année 1959 est une année importante dans la carrière de Jean Anouilh. Il reçoit le prix Dominique de la mise en scène et fait monter trois nouvelles pièces : L'Hurluberlu ou le Réactionnaire amoureux, La Petite Molière et Becket ou l'Honneur de Dieu. Fidèle à son habitude, Anouilh change plusieurs fois d'avis dans le choix des comédiens pour L'Hurluberlu et fait finalement appel à Paul Meurisse[59]. Les trois pièces remportent l'adhésion du public et de la critique.

Écrite en 1959, Becket ou l'Honneur de Dieu est créée au théâtre Montparnasse-Gaston Baty le , toujours dans une mise en scène de Roland Piétri et de l'auteur lui-même, et toujours également avec des décors de Jean-Denis Malclès. Daniel Ivernel y joue le rôle de Henri II et Bruno Cremer celui de Thomas Becket. La pièce reste presque deux ans à l'affiche et fait immédiatement l'objet de reprises et de tournées. Très rapidement, elle est créée à l'étranger, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis, avec le même succès. En 1964, elle fait l'objet d'une adaptation cinématographique avec Peter O'Toole et Richard Burton dans les rôles principaux, avant de rentrer au répertoire de la Comédie-Française en 1971. Louée quasi-unanimement par la critique, Becket restera comme l'un des plus grands succès de Jean Anouilh[60].

Adaptateur et metteur en scène (1961-1967)

La création de la pièce suivante, La Grotte, est vécue comme un échec par Anouilh. Bien qu'ayant tenu l'affiche quatre mois, elle reçut en effet un accueil plutôt négatif de la critique.

Pendant les six années qui suivent, Anouilh n'écrira plus[61] ou presque. Du moins, aucune des pièces qu'il commencera pendant cette période ne sera montée, les deux pièces qui sont créées en à la comédie des Champs-Élysées, L'Orchestre et La Foire d'empoigne, ayant été écrites les années précédentes. Il se consacre principalement à la mise en scène et à des traductions et adaptations de pièces étrangères. Ainsi, en 1960, il monte Tartuffe avec, en lever de rideau, un impromptu de sa composition Le Songe du critique. En 1962, il adapte L'Amant complaisant de Graham Greene avec sa femme Nicole. La même année, il met en scène au théâtre de l'Ambigu Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, créé en 1929 par Antonin Artaud et qui rencontre enfin le succès, alors que la pièce n'en avait pas réellement eu jusque-là. En 1963, c'est L'Acheteuse de Stève Passeur qu'Anouilh monte à la comédie des Champs-Élysées. Puis, en 1964, Richard III de Shakespeare au théâtre Montparnasse-Gaston Baty. À cette époque, Pauvre Bitos est montée à l'étranger avec des fortunes diverses : succès en Angleterre, 17 représentations seulement aux États-Unis[57].

À l'occasion du procès de Jacques Laurent en 1965, condamné pour offense au chef de l'État (Charles de Gaulle) en raison de son pamphlet Mauriac sous de Gaulle, Anouilh signe avec une vingtaine d'écrivains, parmi lesquels Jules Roy, Emmanuel Berl, Jean-François Revel ou son ami Marcel Aymé, une pétition contre son inculpation. L'Ordalie ou la Petite Catherine de Heilbronn de Heinrich von Kleist, qu'Anouilh traduit et monte en 1966 au théâtre Montparnasse, est un échec, qui signera la fin des adaptations et de la mise en scène des pièces des autres. Anouilh se consacrera de nouveau à l'écriture et à la mise en scène de ses propres pièces pour l'essentiel.

L'année suivante, au cours de l'été, Anouilh écrit 47 fables, dans l'esprit de celles de La Fontaine, dont certaines seront montées sous forme de spectacle de marionnettes au théâtre de la Gaité-Montparnasse en 1968 sous le titre de Chansons Bêtes[62]. Jean Anouilh se sépare de Nicole à cette époque[63].

Retour au théâtre : douze ans de succès (1968-1980)

Le est créée à la comédie des Champs-Élysées Le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron. Tous les partenaires des succès passés (et futurs) sont là : Roland Piétri pour la mise en scène, Jean-Denis Malclès pour les décors et les costumes, Michel Bouquet dans le rôle principal (dont ce sera toutefois le dernier rôle dans une création d'Anouilh). Comme cela aura fréquemment été le cas avec Anouilh, la critique est partagée, mais l'accueil du public est favorable[64].

En 1969, sa nouvelle compagne, Ursula Wetzel, une jeune femme suisse, donne à Jean Anouilh son cinquième enfant : une fille, Anouk[65],[30].

Les pièces se succèdent : Cher Antoine ou l'Amour raté en 1969 (avec Jacques François et Hubert Deschamps), Les Poissons rouges ou Mon père ce héros en 1970 (avec Jean-Pierre Marielle et Michel Galabru). En l'espace de deux ans, Anouilh se voit descerner le prix de la Critique dramatique pour la meilleure création française (Les Poissons rouges), le prix mondial Cino del Duca pour son message « d'humanisme moderne » et le prix du Brigadier de l'Association des régisseurs de théâtre[66]. Toujours en 1971, Anouilh entre au répertoire de la Comédie-Française à l'initiative de Pierre Dux avec Becket, jouée par Robert Hirsch et Georges Descrières[60]. Comblé et malgré les approches de ses confrères, Anouilh refusera l'idée d'entrer à l'Académie française[67].

Les succès se poursuivent avec Ne réveillez pas Madame en 1971, qui tient l'affiche à la comédie des Champs-Élysées pendant presque deux ans (600 représentations)[68] ou Le Directeur de l'Opéra en 1972 avec Paul Meurisse. Créations et reprises alternent au théâtre Antoine, au théâtre des Mathurins et à la comédie des Champs-Élysées. En 1973, il remonte sur le nom de Louis de Funès La Valse des toréadors, une pièce en laquelle il croit beaucoup mais qui avait été assassinée par la critique en 1952[69]. Ayant beaucoup apprécié son Machetu dans Ornifle en 1956, il avait tenté vainement d'écrire une pièce pour de Funès pendant plusieurs années[69]. La manière dont Anouilh met en scène sa pièce déroute l'acteur : il dirige les répétitions de façon trop distante, avec peu d'indications, données une fois la pièce entière jouée, alors que le comédien préfère la méthode de Raymond Rouleau de reprendre chaque réplique[69]. Par ses inventions, qui plaisent au dramaturge, Louis de Funès allonge la durée de pièce[69]. La pièce est un triomphe critique et commercial et tient 198 représentations, jusqu'à ce que le comédien, épuisé, soit rattrapé par des problèmes de santé[69].

En 1974, Anouilh soutient la création de la première (et unique) pièce de son gendre, Franck Hamon de Kirlavos (mari de Caroline)[70]. Bien qu'il ne vive plus à leurs côtés, Anouilh conserve des relations aussi bien avec Monelle Valentin (dont il se préoccupera de la santé jusqu'à sa mort) qu'avec Nicole Lançon, à qui il confie les mises en scène de Monsieur Barnett[71] et de Vive Henri IV ! ou la Galigaï en 1977. Chers zoiseaux, Le Scénario et Le Nombril seront ses trois derniers plus grands succès à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

Anouilh est à nouveau récompensé, par le Grand prix du théâtre de l'Académie française en 1980 et par le Grand prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques en 1981.

Dernières années (1980-1987)

En 1980, Anouilh est atteint d'une maladie virale qui lui détruit la thyroïde[72]. En 1983, il est victime d'une crise cardiaque. Très affaibli, il se retire de manière définitive en Suisse, où il vit auprès d'Ursula. Ses pièces continuent à être jouées à Paris, mais Jean Anouilh ne peut plus participer à leur mise en scène. Il écrit jusqu'en 1986 ses souvenirs dans un récit autobiographique La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique. En 1987, il reprend son scénario de Thomas More ou l'Homme libre, qui sera publié quelques mois après sa mort. Au début du mois d', il entre à l'hôpital de Lausanne pour une transfusion et renoue avec son fils Nicolas, avec qui il s'était brouillé[73], avant de mourir le .

Œuvre

Théâtre

À partir de 1942[note 6], Jean Anouilh a classé la majeure partie de son œuvre dramatique par qualificatifs : Pièces roses, Pièces noires, Pièces brillantes, Pièces grinçantes, Pièces costumées, Pièces baroques, Pièces secrètes et Pièces farceuses.

L'auteur traite presque toujours les mêmes thèmes : la révolte contre la richesse et contre le privilège de la naissance, le refus d'un monde fondé sur l'hypocrisie et le mensonge, le désir d'absolu, la nostalgie du paradis perdu de l'enfance, l'impossibilité de l'amour, l'aboutissement dans la mort.
Anouilh ne verse pas dans la pièce à thèse, mais diversifie ses créations depuis la fresque jusqu'à la satire en passant par la tragédie. Il place avant toute chose le jeu théâtral
[réf. nécessaire].

Note: Les dates suivantes sont celles de publication ou à défaut de rédaction.

Pièces roses (1942)

En 1942, Anouilh étrenne ses séries « thématiques » avec les Pièces roses qu'il fait alterner avec les Pièces noires. Ce sont des comédies savoureuses, où l'auteur se laisse aller à sa fantaisie.

Dans l'univers « rose » d'Anouilh, il y a deux catégories de personnages : « les marionnettes », qui sont pour la plupart des vieux ridicules et inconsistants et « les amoureux », des jeunes gens sincères qui croient à leur amour.

Pièces noires (1942)

Nouvelles pièces noires (1946)

Dans l'univers noir d'Anouilh, il y a deux sortes d'hommes qui s'affrontent, « les gens pour tous les jours » et « les héros ».

La race nombreuse des « gens pour tous les jours » comprend deux catégories assez distinctes. D'abord les fantoches, égoïstes et mesquins, plats et vulgaires, vicieux et méchants, contents d'eux-mêmes et de la vie ; ce sont, dans la plupart des cas, les pères et les mères des héros. Ensuite, il y a le groupe des gens dignes et intelligents, mais incapables de grandes aspirations, faits pour une vie tranquille, sans complications.

Les « héros », jeunes pour la plupart, s'opposent également à ces deux groupes nombreux, en rejetant le bonheur commun où ceux-ci se complaisent ; mais ils ne constituent pas une catégorie unitaire. Deux types peuvent être distingués : ceux qui ont un passé chargé, auquel ils cherchent à échapper et ceux pour qui le passé s'identifie au monde pur de l'enfance, qu'ils s'efforcent de conserver intact. Les héros d'Anouilh sont incapables de se débarrasser de leur passé. Ils sont « maudits », ils appartiennent à ce passé. Prisonniers de leur passé, de leur position sociale, de leur pauvreté, ils ne trouvent autre issue que la fuite ou la mort, surtout la mort.

Les Pièces noires Eurydice, Antigone et Médée sont des reprises des mythes connus, mais Anouilh en fait des œuvres modernes, où l'histoire ne joue plus le premier rôle.

Ces pièces frappent dès le début par la familiarité du ton et par le style parlé, parfois vulgaire, très éloigné du style noble et recherché, propre à la tragédie classique. Comme son maître Jean Giraudoux, Anouilh use abondamment de l'anachronisme : on y parle de cartes postales, de café, de bar, de cigarettes, de fusils, de film, de voitures, de courses, etc. De plus, les personnages portent des vêtements du XXe siècle.

Dans Antigone, Anouilh emploie, avec une réécriture moderne, le procédé du « théâtre dans le théâtre » qu'il emprunte à Pirandello.

Pièces brillantes (1951)

Dans Colombe (1951), Anouilh reprend son procédé favori : le « théâtre dans le théâtre ».

Pièces grinçantes (1956)

Après la Libération, la production dramatique d'Anouilh est marquée par les Pièces grinçantes (depuis Ardèle ou la Marguerite jusqu'au Nombril). Son cadre de prédilection y est celui de la comédie satirique, où se meut surtout la race plus ou moins vulgaire des « gens de tous les jours ».

Pièces costumées (1960)

Le meurtre de Thomas Becket (détail du vitrail de la cathédrale de Canterbury).

La race des « héros » réapparaît dans deux Pièces costumées publiées après la Libération, L'Alouette et Becket, ainsi que dans Thomas More ou l'Homme libre sa dernière pièce publiée en 1987, mais on n'y retrouve plus l'univers angoissant de ses premières Pièces noires.

Jeanne d'Arc (L'Alouette), Thomas Becket et Thomas More sont des figures lumineuses qui acceptent de se sacrifier non pas pour des raisons existentielles, mais au nom du devoir : envers la patrie (Jeanne) ou envers Dieu (Becket et More).

Nouvelles pièces grinçantes (1970)

Pièces baroques (1974)

Pièces secrètes (1977)

Pièces farceuses (1984)

Adaptations

Jean Anouilh a adapté et traduit plusieurs pièces d'auteurs étrangers dont :

Mises en scène

Outre son travail d'auteur, Jean Anouilh a aussi travaillé au théâtre comme metteur en scène, le plus souvent en collaboration[74].

mise en scène avec Roland Piétri, Comédie des Champs-Élysées

Autres œuvres

L'œuvre littéraire de Jean Anouilh comprend un recueil de fables, quelques récits, plusieurs livrets d'opéra ainsi que de nombreux scénarios et adaptations cinématographiques et télévisuelles.

Il est aussi le créateur de la revue La Nouvelle Saison avec Jean-Louis Barrault et René Barjavel en 1939.

Littérature

  • 1962 : Fables
    Anouilh y reprend notamment La Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine sous le titre La Cigale, mais en renversant le sens.
  • 1987 : La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, autobiographie
  • 2000 : En marge du théâtre, recueil d'articles, de préfaces et de présentations de ses œuvres théâtrales, publié de manière posthume, sous la direction d'Efrin Knight.

Cinéma et télévision

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Opéra

  • 1953 : Le Loup, ballet de Henri Dutilleux, argument de Jean Anouilh et Georges Neveux, chorégraphie de Roland Petit, créé au théâtre de l'Empire en
  • 1961 : Colombe, « comédie lyrique » en quatre actes et 6 tableaux de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh d'après sa pièce, créée le à l'Opéra de Bordeaux avec Maria Murano, dans une mise en scène de Roger Lalande, décors et des costumes de Jean-Denis Malclès
  • 1970 : Madame de…, « comédie musicale » en deux actes de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh, créée le à l'Opéra de Monte-Carlo avec Suzanne Sarroca dans une mise en scène d'André Barsacq
  • 1971 : Eurydice, « drame lyrique » en 3 actes de Jean-Michel Damase, livret de Jean Anouilh d'après sa pièce, créé en 1971 dans le cadre du Festival de mai de Bordeaux puis repris l'année suivante à l'Opéra de Bordeaux
  • 1999 : Antigone, opéra en deux actes de Míkis Theodorákis, livret du compositeur d'après la pièce de Jean Anouilh, créé le à Athènes

Distinctions

Adaptations de l'œuvre

Plusieurs pièces d'Anouilh ont été adaptées au cinéma, notamment :

Bibliographie

  • Jacqueline Blancart-Cassou, Anouilh, Paris, Pardès, collection « Qui suis-je ? », 2014.
  • Benoît Barut et Élisabeth Le Corre (dir.), Jean Anouilh, artisan du théâtre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2013.
  • Michel Mourlet, « Anouilh l'hurluberlu », Écrivains de France, XXe siècle, réédition augmentée, Paris, France Univers, 2011.
  • Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », Paris, Les Cygnes, 2010.
  • Bernard Beugnot (dir.), « Anouilh aujourd'hui », Études littéraires, vol. 41, no 1, Département des littératures de l'université de Laval, Canada, 2010.
  • Jacqueline Blancart-Cassou, Jean Anouilh : Les Jeux d'un pessimiste, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, coll. « Textuelles », 2007.
  • Bernard Beugnot, « Chronologie », « Notices » et « Répertoire des pièces » dans Jean Anouilh, Théâtre (2 vol.), Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2007.
  • Christophe Mercier, Pour saluer Jean Anouilh, Paris, Bartillat, 1995.
  • Caroline Anouilh, Drôle de père, Paris, Michel Lafon, 1990.
  • Pol Vandromme, Jean Anouilh, un auteur et ses personnages, Paris, La Table ronde, 1972.
  • Paul Ginestier, Anouilh, Paris, Seghers, coll. « Seghers Théâtre », 1971.

Notes et références

Notes

  1. Caroline Anouilh écrit à ce sujet : « Jusqu'à la fin de ses jours, il garda pour ces miséreux grandioses une admiration sans bornes. Il conservait leurs deux portraits sur sa table de travail où qu'il soit. Il leur vouait aussi une totale reconnaissance : grâce à eux, Le Voyageur sans bagage et La Sauvage, dont Ludmilla fut l'émouvante et grande interprète, le placèrent au premier rang des auteurs dramatiques de sa génération. » Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 24.
  2. Il est vraisemblable qu'Anouilh confonde les Affiches rouges, qui n'ont été placardées qu'après le selon les historiens (alors même qu'Antigone aurait été écrite dès 1942 et influencée par l'affaire Paul Collette). Bernard Beugnot dans l'édition La Pléiade émet l'hypothèse qu'Anouilh fasse référence aux affiches placardées après l'exécution de Jacques Bonsergent pour faire peur aux Parisiens et couper court aux actes de résistance.
  3. Anouilh rapporte dans La vicomtesse d'Eristal (et sa fille Caroline s'en fait l'écho dans Drôle de père) qu'on lui aurait indiqué que l'auteur de l'article fût André Breton.
  4. Les très nombreux ouvrages scolaires ou para-scolaires et autres fiches de lecture, dont certains disponibles sur Internet, ne retiennent que cette interprétation.
  5. Malgré cette création tardive, les reprises furent nombreuses, dont une pour Antenne 2 en 1985, mise en scène par Nicole Anouilh, sa seconde épouse, avec Denise Grey, Jacques François et Jean Parédès. Cf. Bernard Beugnot, Notice de Humulus le Muet dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., p. 1278.
  6. Date de la première publication des Pièces roses et Pièces noires.
  7. Seulement dans la réédition de 1958.

Références

  1. Bernard Beugnot, Chronologie 1903-1952, dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2007, p. XLI (ISBN 978-2070115877)
  2. Jean-Louis Barrault, Cahiers de la compagnie Madeleine Renaud : Jean-Louis Barrault no 26, mai 1959.
  3. « Cadeau de Jean Cocteau », Voix des poètes, avril-juin 1960, cité dans Jean Anouilh, En marge du théâtre, textes réunis et annotés par Efrin Knight, La Table ronde, 2000 p. 100 (ISBN 978-2710309529)
  4. Caroline Anouilh, Drôle de père, éditions no 1-Michel Lafon, 1990, p. 20 (ISBN 978-2863913734)
  5. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 21.
  6. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, La Table ronde, 1987, p. 15 (ISBN 978-2710303046)
  7. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 27.
  8. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 34.
  9. Bernard Beugnot, « Chronologie 1903-1952 » dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. XLV.
  10. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 97.
  11. Les Gens du cinéma
  12. Les Gens du cinéma
  13. Mère de Gwendoline Hamon.
  14. Colombe Anouilh épousera François d'Harcourt (né en 1953), fils de Bernard d'Harcourt, lui-même fils de Bruno d'Harcourt et d'Isabelle d'Orléans (1900-1983).
  15. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 62.
  16. Paul Wagner, préface de Graine d'ortie, citée dans Jean Anouilh, En marge du théâtre, op. cit., p. 270.
  17. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 103.
  18. Bernard Beugnot, « Chronologie 1903-1952 » dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. XLVII.
  19. Jean Anouilh, « Georges Pitoëff : Anouilh se souvient… », Le Figaro, 15 janvier 1983, cité dans Jean Anouilh, En marge du théâtre, op. cit., p. 242.
  20. Bernard Beugnot, Notice du Voyageur sans bagage dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. 1292.
  21. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 35.
  22. Bernard Beugnot, Notice de La Sauvage dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. 1302.
  23. Bernard Beugnot, Notice du Bal des voleurs dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. 1311.
  24. Bernard Beugnot, Notice de La Sauvage dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. 1303.
  25. « La Jumelle noire », Romans, récits, souvenirs (1941-1949), critique dramatique (1934-1938), coll. Bouquins, Robert Laffont, 1989.
  26. La Nouvelle Saison no 7, 1939, pp. 225-235.
  27. « Anouilh nouvelliste », Revue d'histoire littéraire de la France, décembre 2010, 110e année, no 4, Presses universitaires de France.
  28. « Février 1945 : Souvenir de Robert Brasillach », Défense de l'Occident, février 1955, dans Jean Anouilh, En marge du théâtre, op. cit., p. 73.
  29. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., pp. 115-144.
  30. Biographie de Jean Anouilh sur le site de l'Association de la régie théâtrale
  31. Bernard Beugnot, Notice du Rendez-vous de Senlis dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 1, op. cit., p. 1324.
  32. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 166.
  33. Jean Anouilh, Œdipe ou le Roi boiteux, La Table ronde, 1986 (ISBN 978-2710302704)
  34. Jean-Louis Barsacq, Place Dancourt, Gallimard, 2005, p. 246 (ISBN 978-2070775958)
  35. Bernard Beugnot, Notice d'Antigone dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., pp. 1346-1352.
  36. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 171.
  37. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 172.
  38. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., p. 66
  39. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., pp. 170-175
  40. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., pp. 163-166
  41. Bernard Beugnot, « Introduction » dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., pp. XIV-XV.
  42. Bernard Beugnot, Notice d'Antigone dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., pp. 1352.
  43. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., pp. 164-168.
  44. Pierre Pellissier, Brasillach le Maudit, Denoël, 1989 (ISBN 978-2207236093)
  45. Alice Kaplan, Intelligence avec l'ennemi : Le Procès Brasillach, Gallimard, 2001 (ISBN 978-2070759095)
  46. Préface dans Robert Brasillach, Œuvres tome 5, Club de l'Honnête Homme, 1964.
  47. Bernard Beugnot, « Chronologie » dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., p. LII.
  48. « Pour saluer Nicole Anouilh, femme de théâtre « Copie archivée » (version du 21 juillet 2014 sur l'Internet Archive) », Le Figaro, 27 février 2007.
  49. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », Les Cygnes, 2010, p. 123 (ISBN 978-2915459333)
  50. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 397.
  51. Bernard Beugnot, « Notices, Notes et variantes » dans Jean Anouilh, Théâtre vol.1, op. cit., pp. 1361-1383.
  52. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 142.
  53. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., pp. 37-41.
  54. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., pp. 88-92.
  55. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., pp. 50-54.
  56. Robert Bourget-Pailleron, « Revue dramatique », Revue des deux Mondes, première quinzaine de novembre 1956.
  57. Bernard Beugnot, Notice de Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., pp. 1385-1392 (ISBN 9782070115884).
  58. Jean Anouilh, La vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balai mécanique, op. cit., pp. 188-191.
  59. Bernard Beugnot, Notice de L'Hurluberlu ou le Réactionnaire amoureux dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., pp. 1402-1403.
  60. Bernard Beugnot, Notice de Becket ou l'Honneur de Dieu dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., pp. 1411-1417.
  61. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 158.
  62. Bernard Beugnot, « Chronologie »" dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., p. XIV.
  63. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 164.
  64. Bernard Beugnot, Notice du Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., p. 1438.
  65. De son nom complet Veronika Maria Anouk Anouilh.
  66. Bernard Beugnot, « Chronologie » dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., pp. XV-XVI.
  67. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 108.
  68. Bernard Beugnot, Notice de Ne réveillez pas Madame dans Jean Anouilh, Théâtre vol. 2, op. cit., p. 1465.
  69. Bertrand Dicale, Louis de Funès, grimace et gloire, Paris, Grasset, , 528 p. (ISBN 978-2-246-63661-8 et 2-246-63661-2, présentation en ligne), p. 432-440
  70. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 101.
  71. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 171.
  72. Anca Visdei, Anouilh, un auteur « inconsolable et gai », op. cit., p. 174.
  73. Caroline Anouilh, Drôle de père, op. cit., p. 216.
  74. Base de données et catalogue des affiches originales de l'Association de la Régie théâtrale.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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